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Full text of "Histoire complète du procès du maréchal Ney ; contenant le recueil de tous les actes de la procédure instruite, soit devant le conseil de guerre de la 1re. division militaire, soit devant la Cour des Paris, avec le texte des Mémoires, requêtes, consultations, discours et plaidoyers, relatifs à cette sur la vie du maréchal"

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HISTOmE COMPLÈTE 

DU PROCÈS 

DU MARÉCHAL NEY. 



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HISTOIRE COMPLÈTE 

DU PROCÈS 

DU MARÉCHAL NE Y; 

CONTENANT 

Le Recueil de tons les actes de la procédure instruite, soit 
devant le conseil de cuerre delà i'*. division militaire , 
soit devant la cour des pairs , avec le texte des Mémoires , * 
Requêtes, Consultations, Discours et Plaidoyers relatî£i 
à cette cause câèbre ; précédée d*nne Notice Historiquk' 
sur la vie du Maréchal. 

Pae Étamste D.tî??.? ^'^'^ 



TOME SECOND. 



) 

PARIS,^ 

Chez DELâUNÂT, Libraire, au Palais-Royal ; 
Et an Bwreaa du CossTmiTioinfBi., rué de Voltaire» n*. 3. 



\\ 



DÉCEMBRE l8l5. 



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PROCÈS 



DU 



MARÉCHAL NEY. 






COUR DES PAIRS. 

JLja Chambre des Pairs , appelée à prononcer sur 
le sort du maréchal Ney , a usé pour la première^ 
fois, depuis son institution, du droit constitu- 
tionnel qui lui est acquis de juger les crimes de 
haute trahison. Il est douloureux qu'elle ait eu à 
faire l'essai de cette grande et noble prérogative 
sur un homme qui combattit vingt-cinq ans pour 
^son pays, sur un guerrier illustré dans cent com- 
bats, sur Fun des plus glorieux défenseurs de la 
patrie. 

Les temps de troubles et de révolutions , dont 
nous sommes à peine sortis ^ pouvaient seuls nous 
offrir un spectacle aussi déplorable ; et c'est un 
nouveau malheur attaché aux époques funestes où 
les factions déchirent le sein de la patrie ^ que 
t(5me II. I 



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de voir transformer en coupables des hommes 
qu'elle aimait à citer avec orgueil, des citoyens 
qui firent long-temps sa gloire, des guerriers dont 
la postérité admirera la valeur et les hauts faits. 

Durant les troubles qjue suscitèrent en France 
lesennemî^ du cardinal de Richelien ; le duc de 
Montmorenci , l'un des seigneurs les plus iïïus- 
tres de la cour de Louis Xlll , embrassa , dçns un 
moment d'erreur, les intérêts de Gaston , duc 
d'Orléans, frère du Roi : après avoir fait des, pro- 
diges de valeur , la fortune trahit son courage , 
succombant sous les blessures qu'il avait reçues ' 
en comK-ntant pour la cause d'un prince ingrat et 
rebelle , il fut pris les armes à la main. On lui fit 
son procès; il fut condamné et exécuté à Tou- 
louse. 

Quelques années après l'exécution du duc de 
Montmorenci, sa veuve obtint d'Anne d'Au- 
triche Fautorisationdc faire élever un tombeau aux 
mânes de son époux. Sa mort avait en quelque 
sorte effacé son crime; lorsqu'il eut payé de sa 
vie le funeste égarement qui le conduisit à l'écha- 
faud , on oublia qu'il avait été un instant coupa- 
ble; sa mémoire ne fut point flétrie, et l'histoire a 
précieusement conservé le souvenir de ses grandes 
qualités et de son courage. 

Comme le duc de Montmorenci , le maréchal 



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Ney , dont les exploits ne doivent redouter aucune 
comparaison , s^est trouvé entraîné dans labime 
par là uitalité des circonstances; comme le duc de 
Montmorenci, il avait acquis et mérité une grande 
renommée ; jusqu'au moment où il tourna ses 
armes contre son Roi, sa loyauté avait égalé sa 
valeur. Pourquoi l'histoire serait-elle plus sévère 
pour lui quplle ne la été pour le duc de Mont- 
morenci? S'il est affligeant de porter ses regards sur 
1 attentat reproché au maréchal Ney , il est conso- 
lant de penser que son nom pe sera point en hor- 
reur à la postérité , et qu'un moment d'oubli 
n'effacera pas dans l'avenir une longue carrière 
illustré^ par d'éminens services et de nombreux 
exploits. 

C'est le ^i novembre i8i5 que le maréchal 
Ney a comparu devant la chambre des pairs , réu- 
nie au palais du Luxembourg. Pour cette cause 
câèbre, la chambre des pairs avait été convertie 
en cour de justice. Dès le matin , les «tribunes dis- 
posées pour le public étaient remplies' db person- 
nages de distinction , étrangers et français , qui , 
admis pour la première fois dans cette enceinte , y 
avaient porté la décence et le respect que com- 
mandaient à la fois et l'auguste tribunal et fillustre 



accusé. 



Les |>ortes intérieures du palais étaient confiées 



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4 . ' 

à la garde nationale de Paris. Le maréchal, trans^ 
féré de la Conciergerie , à deux heures du matin , 
dans une des pièces attenant à la grand'salle^ 
attendait dans un profond recueillement le mo- 
ment où il paraîtrait devant ses juges , naguère ses 
égaux et ses collègues. 

A dix heures et demie, M. le chancelier, pré- 
sident, est entré*, le public s'est tenti debout jus- 
qu'au moment où les pairs ont eu pris leurs places , 
et Taudience a été ouverte. 

M. le chancelier, président, a dit : a Messieurs, le 
maréchal Ney, accusé de haute trahison et d'attentat 
contre la sûreté de Féfat , va être amené devant la 
chambre des pairs : je fais observer au public, pour 
la première fois témoin de nos séapces, qu'il ne 
doit se permettre aucun signe d'approbation bu 
d'improbation. Les témoins doivent être écoutés ; 
les réponses de l'accusé religieusement entendues» 
J'ordonne. à la force publique d'arrêter quiconque 
violerait le silence qui doit être observé dans cette 
enceinte, quiconque s'écarterait du respect dû à 
cette auguste assemblée , et des égards que réclame 
le malheur. » 

Les témoins ont été immédiatement, introduits. 

Le maréchal Ney est ensuite entré dans la salle , 
conduit par quatre grenadiers royaux. H était velu 
d'un simple Jbabit d'uniforme, sans broderie, por-^ 



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5 
tant les épaulettes de maréchal , et la grande déco- 
ration de la légion d'honneur. — Après avoir salué 
rassemblée , il s'est assis entre ses deux défenseurs, 
M«. Berryer et M«. Dupin , qui étaient allés au-de- 
vant de lui. 

Le greffier a fait l'appel noniinal des pairs. 

Cet' appel terminé, M. le président a demandé 
au maréchal quels étaient ses noms, prénoms, 
âge , lieu de naissance , domicile et qualités. 

Le maréchal, d'une voix calme et assurée, a 
répondu : Je me nomme Michel Ney ; je suis né à 
Sar - Louis, le 1 7 février 1 769 ; mes qualités sont : 
maréchal de France, duc d'Elchingen, prince de la 
Moscowa , pair de France \ le titre de mes ordres , 
chevalier de Saint-Louis, grand cordonde la légion 
dlionneur, officier de la ôouronùe de fer, grand*- 
croîx de Tordre du Christ. 

M. le président a invité l'accusé à prêter à ce qui 
allait être lu la plus grande attention ^ il a ajouté : 
Je recommande à vos défenseurs d'ohserver la plus 
grande modération dans les débats; je les invite à 
ne parler ni contre leur conscience, ni contré 
l'honneur, et à se renfermer dans tout le respect 
qui est dû aux lois. 

Le greffier a ensuite donné lecture des pièces de 
la procédure dans l'ordre suivant : 



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6 

L'orçlonnance du.Roi du 1 1 novembre ( Ployez 
cette ordonnance , page 2 1 6 du i ^^. vol. ). 

La ' seconde ordonnance du lendéniam 12 
(Ployez page 218 du i*', vol. ). 

L'acte d'accusation , conçu en ces termes : 



«»««l««««««^«M««»V 



Jlcte d accusation contré le maréchaLHey, due 
dŒlchingen y princê'de la Mosçvùidr'e:cfpair^ 
de France. . ' ^ . iî , 

<c Les commrssaires du Roi chargés , j)ar çrdon- 
nances.de Sa Majesté des n et 12 dç ce. mois, de 
soutenir devant la chambre des pairs racciisalioa 
de haute*trahison et d attentat contre la sûreté de 
l'Etal , mtçntée au maréchal Ney, et sa discussion \ 

» Déclarent que des pièces et de Tinstruction* 
qui leur ont été communiquées par s^ui'tq djs For- 
donnance qu'a rendue , en datç du 1 5 du présent , 
M, le baron Séguier , pair de France , cbn^ëillçr 
d'état, premier président de la cour royale de 
Paris , commissaire délégué par M. le chancelier , 
président de la chambre , pour faire ladite instruc- 
tion , résultent les faits suiyans : 

» En apprenant le débarquement effectué à 
Canne?., le i^r. mars dernier, par Buon^aparte, à 
la tête d'une bande de brigands de. plusieurs na- 
tions, il paratt que le maréchal Soult, alors ministre 



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l 

de Is| guerre , envoya , par un de ses^ aides-de-camp , 
au maréchal Ney , qui était dans sa terre des Cou- 
âreaus , pf es Qiâteaudun , l^ordre de se rendre dans 
son goùverberiient de Besançon , où il trouverait 
dés'instruôtions. 

» Le maréchal Ney virit à Paris le 6 ou le 7 
( car léjôur eil resté idcêrtbîû;. él au surplus cette 
circonstance est peu importante ), au liéii de's(5 
rendre directement dans son gouvernement. 

» * La raiscm' qulf en a donnée , est qu'il n avait 
pas ses uniformes. / . 

» Elle est plausible; • f ■ ' ^ . 

'w * Ce qùîTest moins, c'est que, sUî va ut le ma- 
recKal , il 'ignorait encore, lorsqrfil est arrivé à 
raris-, et f événement dû 'débarquement de Buo*- 
naparle à Cannes, et la vraie causé de Tordre qu'on 
lui donnai! de se rendre dans son'gouvernemeû't 
de Besançon! Il est bien inifraïsetnblabîé que faîde- 
de-camp du ministre dé la' gùert^e ait fait au maré- 
chal, à* qui 11 portait Tordre de partir subilémebt , 
un' secret si' bizarre de cette nouvelle , devenue 
Tobjet de ratienlion et des conversations généra- 
. les j secret dont on ne peut même soupçonner le 
motif: comme il ne Test pas moins que le maré- 
chal ait, manqué de curiosité sur les causes quî'lui 
faisaient ordonner de partir soudaîn pour son gou- 
Ternemem^ et nVil pas interroge Faide-de-çamp , 



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é . 

qui n'eûi pu alors se défendre de répondre. 

» he maréchal veut pourtant qu on admette 
celle supposition ; et il soutient qu'il n'a appris 
cette grande nouvelle qu'à Paris, py hasard, et 
chez son notaire , Batardi. 

» Le maréchal a-c-il cru qu'en aOèctant cette 
ignorance prolongée du débarquement de Buo- 
naparte , il ferait plus facilement croire qu'il n'était 
pour rien dans les mesures qui font préparé , puis- 
qu'en effet il n'eût pas dû rester indifférent à ce 
point sur le résultat du complot? On n'en sait rien. 
Ce qu'où sait, c'est que cette ignorance n'est pas 
ncturelle, et qu'elle est plus propre à accrottre 
qu'à dissiper les soupçons sur la possibilité que le 
maréchal ait trempé dans les manœuvres dont ce 
débarquement a été le funeste résultat.|| , 

» Ces soupçons , sur la participation que le ma-* 
réchal a pu prendre à ces manœuvres, se sont con- 
sidérablement augmentés parles dépositions d'un 
assez grand nombre de témoins , qui ont rapporté 
divers propos attribués au maréchal , dont la con- 
séquence serait que le maréchal était prévenu do ' 
celte arrivée. 

» C'est ainsi que le sieur Beausire dépose que, 
peu de temps après sa défection , le maréchal lui 
disait que^ quand lui Beausire avait traité d'une 
fourniture avec le gouvernement du Roi, il ava^ ^ 



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dû prévoir quHl traitait pour le souverain légitime 
( Buonaparte). 

» Le comte de La Genetiére dépose qu'après 
avoir fait lecture de la proclamation , dont il va 
bientôt être questiop, le maréchal dit aux per- 
sonnes qui lentouraient : Que le retour de Buo- 
naparte était amtngé depuis trois mois. 

1» Le comte de Favemey assure aussi qu'au dire 
du général Lecourbe , le maréchal* lui avait dit qu'il 
avait pris toutes les mesures pour rendre plus né- 
cessaire et plus inévitable la défection de ses trou- 
pes y qu'il sut ensuite déterminer par la lecture de 
la proclamation. 

» D autres témoins encore , comme les ^eurs 
Magin , Perrache, et Pantin ^ affirnient qu'on leur 
< a dit que le maréchal avait positivement déclaré, 
danç une auberge de Montereau , qi^e le retour d^ , 
Buonaparte avait été concerté dés long-t^mps. A 
ces témoignages on en eut pu ajouter plusieum 
encore, comme ceux du baron Gapelle^ du. mar- 
quis de Vaulchier, du sieur Beauregard, et du sieur 
Garnier ^ maire de DôIe , qui ont été entendus, sur 
commissions rogatoîres, dans la procédure tenue 
* devant le conseil de guerre, où fut d'abord traduit 
le maréchal Ney. Mais , ^es témoins n'étant plus 
sur les lieux , on a cru pouvoir négliger de les faire 
entendre de nouveau. Leurs déportions, déjà re« 



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lO 

cueillies par des officiers publics, restent du moins 
comme retiseignemens. 

» La justice toulefois exige que l'on dise que 
plusieurs autres témoins, qui ont vu agir le maré- 
chal dans fes jours qui ont pk-écédé la lecture de la 
proclamation , paraissent croife que jusque-là il fut 
de bonne Toi, et déposent de faits qui annonceraient 
qu'à moins d'une profonde dissimulation , le mare-* 
chai était alors dans la disposition d'éire fidèle au 
Roi. 

» Quoi qu'il eâ soit, au reste , de cette disposi-' 
tîon réelle ou feinte, et, si e^le fut réelle, de sa 
d'urée, le maréchal, avant de quitter Paris, eut 
l'honneur de voir le Roi , qui lui parla avec la bonté 
là plus touchante , comme avec la plus grande con- 
fiance. Le maréchal parut pénétre de l'opinion que 
son souverain conservait de sa loyauté-, et, dans 
un transport vrai du simulé , il protesta de rame- 
ner Buonaparte dans une cage de fer, et scella ses 
protestations de dévouement en baisant la main 
que le Roi lui tendit. Le maréchal avait d'abord 
voulu nier et cette expression de l'enthousiasme 
apparent de son zèle, et la liberté que le Roi lui 
avait permis de prendre. Il a fini par en convenir. 

» C'est le 8 ou le g que le maréchal partit de ^ 
Paris. Il n'a pas suî fixer le jour avec exactitude. 

» Il trouva à Besancon des instructions du mi- 



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II 
DÎstre de la guerre. Ces ordres portaient en subs- 
tance : ce qu'il réunirait le plus de forces' disponî- 
Bîes, afin de pouvoir seconder efficacement les 
opérations de S. A. IK. Monsieur /ejt de manœu- 
vrer de manière à inquiéter ou détruire lennemi. » 
M Ob a vu que , d'après les récits opposés de cer- 
tains témoins, dont les uns rapportent des discours 
du maréchal qui sembleraient supposer qu'il savait 
dès long-temps ce que méditait Fennemi de la 
France , et dont les autres assurent n'avoir remar- 
que dians ses mesures et dans ses discours que de 
la droiture , il est au moins permis de conserver 
beaucoup de doutés. à cet égard. 

)> Mais ce sur quoi toutes les opinions se réu- 
nissent 5' c'est sur la conduite que le maréchal tint 
à^ Lons^le-Saulnier, le i4 mars. 

'» Le maréchal ^yait dl/igé sur cette ville toutes 
les forces qui étaiçat éparses sous son. comman- 
dçnjent.' 

. » Quelques officlers,.bons observateurs, et même 
de^ administrateurs locaux , qui avaient conçu de 
justes inquiétudes sur les dispositions de plusieurs 
militaires de divers grades , et sur des insinuations 
perfides faites aux soldats, avaient indiqué au ma- 
réchal , comme un moyen probable d'affaiblir ces 
mauvaises inspirations , le mélange qu'il pourrait 
faire de bous et fidèles serviteurs du Roi, qu'on 



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choisirait dans les gardes nationales, avec la troupe, 
quç , par leur exemple et leurs conseils , ils main- 
tiendraient dans le devoir. Le maréchal , de pre- 
mier mouvement , rejeta ces propositions , même 
avec une .sorte de dédain, en disant t gu'il ne çou- 
IcUt ni pleurnicheurs ni pleurnicheuses ; et qjuoi- 
qu'il fléchit un peu ensuite sur celte idée, ce fut 
avec tant de lenteur et de répugnance , que la me- 
sure ne put mialheureusement ni être réalisée , ni 
empêcher le mal que le maréchal semblait prévoir 
sans beaucoup d'inquiétude. 

» Cet aveuglement ou celte mauvaise disposition 
secrète du maréchal eut bientôt les graves consé- 
quences qu'avec d'autres intentions le maréchal 
eût dû redouter. 

i) Quelques témoins pensent que, jusqu'au i5 
mars au soir, le maréchal fut fidèle. 

» En admettant leur favorable opinion , l'effort 
n'éiait pas considérable. Le maréchal était parti de 
Paris le 8 ou le 9. C'était le 8 ou le g qu'il avait 
juQs au Rai une fidélité à toute épreuve, et. un dé- 
vouement tel , qu'il lui ramènerait, selon son expres- 
sion , dans une cage de fer'son ancien compagnon 
de guerre. Depuis lors, quatre ou cinq jours seule- 
ment s'étaient écoulés. Quatre à cinq jours suffi- 
satent-ils à éteindre ce grand enthousiasme ? quatre 
à cinq jours durant lesquels le maréchal n^avait ep- 



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i3 

core ni rencontré d^obstacle, ni vu Fennenû, n'a- 
vaient pas dû consommer, à ce qu'il semble, FoU'- 
bli de sa foi. 

H II est triste pour la loyauté humaine d'être 
obligé de dire qu il en fut autrement^ 

» Cinq jours seulement après de telles promes- 
ses faites à son maître^ qui l'avait combip d'affec- 
tion et de confiance, et qu'il avait trompé par l'ex^ 
pression démesurée peut-être d'un sentiment dont 
le monarque ne lui demandait pas l'espèce de preu- 
ves qu'il en offrait , le maréchal Ney trahit sa gloire 
passée', non moins que son Roi , sa patrie et l'Eu- 
rope, par la désertion la pli^ criminelle, si l'on 
songe au gouffre de maux dans lequel elle a plongé 
la France, dont le maréchal, autant qu'il était en 
lui, risquait de consommer la perte, en même 
temps que , sans nulle incertitude , il Consommait 
celle de sa propre gloire. Ajoutons même qu'il 
trahit sa propre armée restée fidèle jusque-là ; sa 
propre armée , dans laquelle le gros des soldats sa- 
vait résister encore aux brouillons et aux mauvais 
esprits , s'il en était qui cherchassent à l'agiter*, sa 
propre armée, qu'il est apparent qu'on aurait vue 
persister dans cette loyale conduite, si elle eût été 
assez heureuse pour s'y voir confirmée par l'exem- 
ple d'un chef dont le nom et les faits militaires 
commandaient la confiance aux soldats; sa propre 



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armée enfin, qu'il contraignit, en quelque sorte, 
par les provocations dont il va être rendu compte, 
à quitter de meilleures resolutions pour suivre son 
chef dans la route du parjure ou il Tentraînait après 
lui. 

)> On vient de dire, que le maréchal Ney n'avait 
pas vu l'ennemi. 

» On s'est trompé. 11 ne l'avait vu que trop : non 
pas, il est vrai, comme il convient aux braves, en 
plein jour et au champ d'honneur, pour le com- 
battre et le détruire, mais, comme c'est le propre 
des traîtres, au fond de sa maison, et dans le se- 
cret de la nuit, pour contracter avec lui une al- 
liance honteuse , et pour lui Hvrer son Roi , sa 
patrie, et jusqu'à son honneur. 

» Un émissaire de cet artisan des maux de l'Eu- 
rope , encore plus habile à tramer des fraudes et des 
intrigues qu'à remporter des victoires , était par^ 
venu jusqu'au maréchal dans la nuit du i3 au i4 
mars dernier. Il lui apportait une lettre de Ber- 
trand, écrite au nom de son maître, dans laquelle 
celui-ci appelait le maréchal le brave des braves , 
et lui demandait de revenir à lui. 

» S'il est vrai que le maréchal jusque-là ne fut 
encore entré dans nul complot , il n'en fallut pas 
davantage du moins pour qu'il consentit à trahir 
ses sermens. Sa vanité fut flattée -, son ambition se 



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ï5 
reveilla ; le crime fut accepté : et ce ne Tut pas 
plus tard quau lendemain matio qu^en fut renvoyée 
Icxécution. ^ 

}) Le lendemain malin , 1 4 mars 1 8 1 5 , il révéla 
celle disposition , nouvelle en apparence ou en réa- 
lité , aux généraux de Bourmont et Lecourbe. 

» Ceux-ci ont affirmé qu^ils firent leurs efforts 
pour lui donner de Thorreur d'une telle résolution 5 
tout ce qu'ils purent lui dire pour l'en pénétrer fut 
inutile. 

» Il les çnlrâîna sur le terrain où il avait ordonné 
à ses troupes de se former jen carré ^ et là il lut lui- 
même aux soldats la proclamation suivante : 

ORDRE DU JOUR. 

Le mar<^hal prince de la Mosco'wa ans troupes de son goaver^ 
nement. 

« Officiers, sous-officieis et soldats, • 
» La cause des Bourbons est à jamais perdue ! 
)> La (j^ynastie légitime que la nation française a 
» adoptée va remonter sur le trône : c'est à l'em- 
» pereur Napoléon , notre souverain , qu'il appar- 
» lient seul de régner sur notre beau pays ! Que 
M la noblesse des Bourbons prenne le parti de s'ex- 
)) patrier encore , ou qu'elle consente à vivre au 
» milieu de nous » que nous importe ? La cause 



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^6 

» sacrée de la liberté et de notre indépeûdanc^f 
n ne soutfrira plus de leur funeste influence. Ds 
» ont voulu avilir notre gloire militaire \ mais ils 
» se sont trompés : cette gloire est le fruit de trop 
» nobles travaux, pour que nous puissions jamais 
» en perdre le souvenir. 

)i Soldats ! les temps ne sont plus où j^on gou-^ 
» vemaitlês peuples en étouffant tous leurs droits : 
» la liberté triomphie enfin , et Napoléon ^ notre 
s> auguste empereur , va l'affermir à jamais. Que 
» désormais cette cause si belle soit la nôtre et 
» celle de tous les Français ! Que tous les braves 
» que j'ai Tbonneur de commander se pénètrent 
» dé cette grande vérité ! 

» Soldats ! je vous ai souvent menés à la vie-* 
9 toire ^ maintenant je veux vous conduire à cette 
» phalange immortelle que l'empereur Napoléon 
» conduit à P^ris , et qui y sera sous peu de jours \ 
» et là , notre^espérance et notre bonheur seront 
» à jamais réalisés, p^içe t empereur J 

» Lons-le-SauInier, le i3 mars i8i5. 

» Le maréchal cC empira , 
1^ Signé prince de la Moscowa. » • 

» On peut juger de l'effet que durent produire 
sur la ma$$e des soldats cette conduite et ces ordres 
d'un chef révéré. 



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% La surpmse, (Tailleurs, eut pu 0[ érer les mau- 
vais effets ^'il est hors de doute qu'on avait déjà 
prépaie par d'autres moyens. Ces moyens toute- 
fois avaient si peu obtenu un ^lein succès, et les 
troupes auraient été si faciles à maiptenir dans un 
devoir qu'en effet le cœur des Français n'est pas 
fait poÙi* trahir, quand la perfidie ne cherche pas 
il Eès égarer, qu'au dire d'un témoin enteadu dans 
la procédure du conseil de guerre ( le diief d'es- 
cadron Beauregard ) , tandis que les soldats qui 
étalent plus près dé leur géùéral , entraînés par les 
réductions de Tohéissànce, répéuient le cri de ré- 
beWîoh'qu'a avsât jeté: viç^e Vempereur! les sol- 
dais y plus éloignés, fidèllés au mouvement de leur 
coeur et a l'honneur firaû'çais, et qui étaient loiu 
dé supposer Fëxécrablé action du maréchal Ney, 
ct^ëckpiirèlèRoi! 

» L*égàk*èment'métxiè, daWs ces premiers mo- 
mens', firt si loin d'être universel , que , selon le 
ménië teàîoiu , beaucoup d'officiers et de soldats 
indignés sortirent des rangsV 

i- Pëiidâfhtqùe la éotistei^nation , selon que font 
attesté aussi trois autres témoins, les conites de 
Bburmbàt, de la Génetière et de Grivel, était 
daffls Pâmé des gënéi*aux et d'un granid nombre 
d^officieris et soldats, oh s'empressa, pour achever 
F erreur des troupes, de leur offrir Tappât lé plus 
Toaie II. a 



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"^ 



séduisant pour les hommes privés d'éducation y 

celui de la licence, du pillage et de fivresse. Sous 

prétexte de détruire les signes de la royauté, dont 

. le maréchal Ney venait de proclamer Tan^^ntis- 

sement, on leur permit de se répandre, dans la 

. ville , et de s y livrer aux excès qui devaient ache- 

. ver de perdre leur raison et de jes fixer dans leurs 

, torts , par la mauvaise honte d'en revenir après s'y 

être trop enfoncés. 

» Cette mauvaise honte , malgré Finfluence d'un 
tel chef, ne retint pas pourtant quelques âmes 
élevées et quelques cœurs droits : tant il est per- 
mis de croire que , si le maréchal eût été fidèle 
lui-même , une armée dans laquelle tout le pou- 
voir de son exemple trouvait pourtant de si grandes 
résistances, lut elle-même, sans ses, perfides pro- 
vocations , devenue , par son dévouement au ;Iloi , 
rhonneur de la France ; en «orte que toute la honte 
de sa conduite retdnibe véiîtablemient ^ur le chef 
parjure qui fourvoyait Ja raison et la loyauté ins- 
tinctive de ses soldats ! 

» Un grand nombre d'ofiiciers , stupéfaits de 
n'avoir plus de chef, se retirèrent^ comme le 
lieutenant-général Delort , le général Jarry, le co- 
lonel Dubalen , etc. MM. dé Bourmont et de la 
Genetièr<3 se séparèrent avec une sorte de dés- 
espoir d'un général qui ne jouait plus, auprès 



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'9 
de ses subordonnés , que le rôle d'un corrBpleur; 
Le comte de la Genetière lui écrivit même avec 
amertume la lettre suivante , qu'il faut recueillir 
comme une circonstance propre à diminuer l'es- 
- pèce de flétrissure imprimée sur les troupes par 
une défection dont il est facile de juger que ia 
surprise ne fut pas une des causes les moins agis- 
santes. 

(c Ne sachant pas transiger avec Thônneur, et 
. 1» ne me croyant pas dégagé des promesses solenr 
» -neUes que j'ai faites au Roi , entre les mains de 
» S. A. R. Monsieur , lorsqu'il me reçut che- 
» valier de S»nt*Louis -, ne pouvant , d'après mes 
» principes, continuer plus long-temps àes fonc- 
» lions préjudiciables à l'intérêt de mon prince , 
»» je quitte l'état-^major et me rends à Besançon. 
» J'ai eu long»temps l'bonn^tir de servir sous vos 
)> ordres, Monsieur le maréchal', aujourd'hui je 
» n'ai qu'un regret, c'est -celui de les avoir exécu- 
n tes pendant vingt-quatre heures. Mon existence 
» pût-elle être compromise^ je la sacrifie à mon 
» devoir^ »' .: . ^ . . . i 
» Voilà le cri dé l'honneilr françsiis l 
% Voilà la conduite qui console; et des erreurs 
d'autres officiers, ou même des erreurs commises 
par ceux-là mêmes qui savent les réparer si noble- 
ment et si vite! : .. . 



■ Digitizedby VjOOQIC 



)» Voilà 2^u$si les ^ntimeq$ qui ràrèleot les io- 
tentious qu'au milieu de nos observations politi- 
ques conservèrent les braves , dont le courage ne 
vit que la patrie dans les guerres où ils furent en* 
Images , et dont 1^ gloire , en effet , lorsqu'elle fut 
accompagnée d'une telle droiture, dut être adoptée 
par le Mpnarque , qucÀju elle ne fût pas toi^ours 
acquise en défendaut sa cause. 

» Sur-le-champ M. de la Geuelière passa sous 
les ordres de M. Gâ^ëtan de la Rochefoucauld , 
dopt il suffit de prononcer le nom pour réveiller le 
souvemr de son dévouement. 

^) D'autres officiers sortirent aussi, de sous les 
o^res dki ma^réchal. MM- de Bourmont et Le- 
couri>e revip ren t à, Parijs. 

» Le baron Clguet , son propre aide-de- camp , 
kù demanda de le quitter , et le quitta en effei. 

» Leçons bien amères données au chef par ses 
inférieurs ^ et dont il eût dû profiler pour réparer 
^ses fautes par un prompt retour aux conseib de 
l'honneur! 

» Cest ce que ne fît pas le maréchal Ney : il 
s'enfonça de plus en .plus d^is là trahison. 

i) Le jour n^éme où; il lut sa proclamation à ses 
troupes , il donna Tordre, écrit de faire, marcher 
.toutes celles qui se trouvèrent sotis ises ordres pour 
les réunir à celles de Buonaparte. 



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ai 

» La nuit qui suivit , il envoya M. Passinges , 
baroa da Préchamp , à Buouaparte, pour lui ap« 
prendre ce qu'il avait fait. 

» Le.jourdaprèd^pouracheverdeséduireM.de 
la Genetière , il luii montra la lettre de Bertrand' , 
qui lui disait contenir lassurance que tout éiait 
convenu avec le cabinet de Vienne. 

» Le même jour , il fit imprimer , et mettre à 
Forcke de Barmée, la proclamation qu'il avait lue 
la veille , pour que le poison piit s'en propager 
avec plus de facilité, et qu'il arrivât jusqu'à, ceux 
.qui avaient été assez heureux pour ne pas en en** 
tendre la lecture* 

» Dès le i4s lè maréchal aVâit voulu séduir^f le 
marquis de Vaulchier , préfet du Jùra^ et l'eoga* 
ger à gouverner pour Buonaparte. Sur l'hon eur 
que ce magistrat £k}èic lui manifesta, il lui dit 
même que cette hori:eur était ime bêtise. Dans 
la nuit dui i4 au iS, il lui eo donna l'ordre 
par écrit, que ce préfet moatrja mélné à M. de 
Grivel. 

>i Les jours suivans , il s'occupa d'insUi^er tous 
les pays où il passait , et d'y faire imprimer sa pro* 
clamation:': il y en eut une édiiicm a^Dôie« 

» Le 19 mans , il décerna xxn ordre d'arrestation 
contre ceux des officiers -généraux et magistrats 
dont la^ résistance avait été la- plus marquante', 



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et à qui il ne ps^rdonnait pas , soit de Ta voir ^ 
abandonne , soit d avoir résiste à ses ordres f 
savoir : 

MM. de Bourmont . Lecoarbe , Delort , Jàrry, 
la Genetière , Durand, Duballeo , son propre aide-' 
.de-camp Clouet, le comte de Scey,et le corn-* 
mandant d'Auxonoe. 

» Il écrivit au duc de Bassano , par ordre de 
Buonaparte, de suspendret outes mesures à Paris ; . 
ce qui sentend sans doute de quelques mesures 
qui avaient été méditées par cet usurpateur , s'il 
eût éprouvé quelque résistance. 

« Il osa même écrire aux maréchaux ducs 
de Réggîo et d'Albuféra pow leur transmettre 
des ordres de Bertrand. 

» Il donna l'ordre au commandant d' Auxonne 
de rendre sa ville aux troupes de Buonaparte 5 et 
ce fut même pour punir Tindocillté Eonorable de . 
cet officier, que peu de jours après il inscrivit son 
nom dans la liste de ceux qu'il ordonnait de priver 
de leur liberté. 

» Il fatit s'arrêter ici. 

» Toute la France, toute l'Europe a su que.^ 
depuis , le maréchal Ney a persisté avec éclat dans 
sa Tébellion -, mais tous les faits qui se rattachent 
à sa. conduite ultérieure, n'étant que la consé- 
quence de sa première trahison , méritent à peine 



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23 

d* être remarqués auprès de ce grand acte d'infido^' 
lité, Tune des sources des malheurs qu'une fatale 
usurpation attira sur la France. 

» Ces malheurs aussi ne doivent pas être retra- 
cés, tout propre que serait le tableau fidèle que 
Fon en pourrait faire à soulever l'indignalion uni- 
verselle contre Tun des hommes qui en furent les 
principaux artisans. 

» Il faut en détourner la vue, parce que le spec- 
tacle en est intoléi^able \ il faut en détourner la 
vue, sans pouvoir comprimer pourtant la cruelle 
réflexion que tous les maux dont la patrie est dé- 
solée sont dus à Une poignée d'hommes qui , parce 
qu'ils se distinguèrent par quelques beaux faits 
militaires , ont cru qu'ils avaient le droit de se 
mettre au-dessus des lois , de se jouer des senti- 
mens les plus sacrés , de la fidélité elle-même à 
leur Roi et à leur pays , et d'y faire impunément 
toutes les révolutions dont peut s'aviser leur anlroi- 
tiou souvent irréfléchie ^ persuadés qu'ils sont que 
parce qu'ils furent de braves militaires , il leur est 
permis d'être, à la face de la natioil et de TEu- 
rope , des sujets déloyaux et de mauvais citoyens : 
doctrine déplorable qui n'est heureusement que la 
doctrine -exclusive de cette poignée d'amlntieux 
pervers; doctrine désavouée par le véritable hon- 
neur militaire et par cette foule de braves dont tes 



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a4 
yeut jçnfin 4essil|és ne peuvent plus repopnsiUre 
la gloire daps ceux que jadis ils vir^pt mx champs 
de rhonneur, s'ils ne les retrouvent pas dans les 
routes de la fidélité à leur Roi et à leur patrie, et 
s'ils ne les voient pas se montrer à la fois grancb 
citoyens autant que grands capitaines, et hommes 
de bien non moins que guerrier^ pleins de valeur^ 

» Eu conséquence de tous ces diflerens faits, 
Michel Ney, maréchal de France, c|uç ^'Elchin- 
gen , prince de la Moscowa , ex-pair de France , 
est accusé devant la chambre des pairs de France 
par les ministres du Roi et par le procureur-géné- 
ral près la cour rpyale del^aris , commissures de 
S. M- , . 

» D avoir entretenu avec Buonaparte de^ intel- 
ligences à Teffet de faciliter à lui et à se$ bandes 
leur entrée sur le territoire français , et de lui li- 
vrer des villes, forteresses, magasins et arseriaux , 
de lui fournir des secours en soldats et en hom- 
xpes , et de seconder le progrès de ses armes sur 
les possessions françaises,' notan^ment en ébran- 
lant la fidélité des officiers et soldats \ 

)) De s'éti:e mis à la tête de bandes et troupes 
armées, dy avoir exercé un commandement pour 
envahir des villes dans Fintérét de Buonaparte , et 
pour faire rédstance à b force publique agissant 
contre lui ; 



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» D'aypu* P^ ^ r^pnemî avec une partie des 
troupes sous ses ordres ; 

>) Daypir» par discours tenus en lieux publies, 
placards affichés , et ecriis imprimés, excité <£- 
rectement les çitojew à 9 armer les uns contre les 
autres; 

» D Voir excité ses .camarades à passer à Teu- 

» Ënfip , d'avoir commis une trahison envers le 
^oi e< r£tat, et d avoir pris part à un complot 
do^t le but était de détruire et changer le gouver- 
nçmçQ t et 1 Vi:dre de successibifité au troi^e ; comme 
aussyi ^exciter la guerre civile en armant ou por- 
tât Ic^ citoyens et habitans à s*armer les uns con- 
tre lee^^uitres; 

» Tous crimes prévus par les articles 77 , 87, 
$8, 89, gi, 92, ç3, 94, 96 et 102 du Code 
péwlf et par les articfes i^'. et 5 du t^tre I"^. , et 
par TarUcle i*'. du ^tre IR de la loi du 21 bru- 
nu|ire.ai^5. 

» Fait et arrêté en notre cabinet , au palais de 
la chambre des pairs, le 16 novembre i8i5, à 
midi. » 

» 5^/ie Richelieu, Barbié-Mahbois, Ip courte 
nu Bouchage, le duc de Feltrj:, Yau- 

BLANC, CORVETTO, DE CaZES, BÊlLART. » 



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26 

C^le lecture terminée, M. le préàident a adressé 
la parole au maréchal , et lui a dit : 

(( Vous avez entendu la lecture dés charges qui 
s*élèvent contre vous. Vous êtes accusé d'avoir 
abusé dû commandement d'une. armée destinée à 
repousser l'usurpateur^ pour favoriser ses projets ; 
d avoir excité ou fait exciter, par y os ordres, la 
défection de Tarmée ; d'avoir lu devant vos troupes 
une proclamation séditieuse , de l'aVoir soutenue 
dans des ordres du jour, de l'avoir fait imprimer 
et afficher^ enfin, d'avoir donné l'exemple d'une 
défection qui a été si fatale. Le crime dont on 
vous accuse est odieux à tous les bons Français , 
mais ce n'est pas dans la chambre que vous avez 
des haines à craindre^ vous y trouverez plutôt des' 
intentions favorables dans les souvenirs glorieux 
attachés à votre nom. Vous pouvez parler sans 
crainte, expliquer les moyens que vous pouvez 
avoir contre les charges qui pèsent contre vous ^ 
mais avant d'ouvrir les débats, je dois vous deman* 
der si vous avez des moyens préjudiciels à pro- 
poser. » 

Le maréchal s'est levé , et a répondu : 

ce Monseigneur le chancelier et Messieurs , 

» La chambre des pairs ayant décidé qu'il me 
serait permisde présenter des moyens préjudiciels, 



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17 
je demande qu'on veuille bien en entendre le dé- 
veloppement avant de passer outre à aucune partie 
de rinstruction; » « . 

M. le procureur général Bellart^ commissaire du 
R(H, a demandé que le maréchal fût tenu de pré- 
senter ses moyens cumulativement, attendu, a<- 
t-il ajouté , lurgente nécessité de mettre fin à une 
affaire qui intéressait si essentiellepent la sûreté 
de leiat. 

M*. Beiryer ayant ensuite obtenu la parole, a 
pronoùcé le plaidoyer suivant : 

« Je parle pour le maréchal Ney; mes conclu- 
sions sont à ce qu'il plaise à la cour, vu Tarticle 55 
do h Charte constitutionnelle ; vu l'article 54 de 
la même Charte, attendu qu'une loi spéciale esc 
nécessaire pour compléter l'organisation de la 
chambre des pairs eu cour de justice, il soie or-' 
donné qu'il sera sursis à toute poursuite contré le 
maréchal Ney , jusqu'à ce que , par une loi orga- 
nique et spéciale, la procédure à tenir eala cour 
- ait été fixée. 

» Il est pénible , pour Iç maréchal Ney et ses 
conseils^ d'être réduits à proposer de nouvelles 
exceptions; nous devons, à la prudence et à la 
sagesse du Roi, d'avoir reconnu l'erreur dans la- 
quelle les ministres du mois de juillet étaient tom- 
bés en attribuant le jugement d'un jpair à uu 



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28 

conseil permanent militaire; noix& devons à son 
i^iÇrojable magnanimité, d avoir voiila qoe cette 
atteinte portée à }a Charte (ut réparée ; noua 
devons à cetjle bonté toudlianie qui le caractoîse 
én^ncmment 9 d*avoir sanctionné la déclaration.par 
laquelle ce conseU s'est déclaré incompétent -, dâ- 
yQiF rendu k h chambre des pairjs la. haute préro- 
gative de connaître des crimes et délita commis 
par ses membres en matière criminelle. 

» L'ordonnance du Roi a,G%é invariablement la 
compétence de la cbambre des pairs à Tégard du 
luaréchal Ncy. Il est enfin. rendu à. ses juges na- 
turels, qu'il u'avait pas cessé de réclamer; c'est 
donc à vous, seuls qu'ilappartient de prononcer sur 
son sort. 

» Je regrette seulement que les ministres du 
Roi n's^ient rendu qu'en partie au maréchal la jus* 
tice qu'il réclamait : c'était comme investi de la 
qualité de pair au i4 mars., et n'ayant pu perdre 
cette qi^alité que par un jugement, qu'il réclamait 
votre juridiction. Les ministres paraissent avoir ^ 
craint d'avoir fût cet<te concession toute entière, 
celle surtout, sî importante, qu^ les di:oits de la, 
pirie à vie ne peuvent se perdre que par im jug^*- 
ment; et ne rendant hommage qu'àTartide 35 de. 
la, Charte^ le maréchal n'a été traduit devant vous 
€pp commecaupable de haute, trahison; c'est-à-' 



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^9 
dire, que les ministres né vous ont supposé la 
compétence qu'à raison de la maëerô et dé la 
nature du déHt, et qu'ils tou^ l'ont impKcitement 
niée sous le rapport de fa perionne. 

n Etrange abstraction (ministénèlle ! problème 
qu'ils ont trandbé, dé saToir st le statut com^tîtû- 
iionDcl n élève pas un pair de France , membre du 
premier corps de France , à ee degré d'inmdi^lîl^ 
qu il ne peut être dépouillé de sa qualité que {«tr 
«me condamnation émanée dé yoos i 

» Si cet acte âait matnienn^ il nr'j auraift pios 
Tombre d'une garantie peur hs pairs comré téfs 
entreprises mimsèérielleS) contré l'esprit de* p^rti, 
qui ont lant de fcns attaqué et reaver^é lés insiitii- 
lions les pix» utiles. 

» Le oàaréûbal Ney n'a pas cesaé de penser ifÊe 
mégré le poids de l'accusation terrible qui pèse 
sur sa téte^^ Fintégnité des pairs n'a cessé ée le pt^^ 
téger, et h protégera^ teo jows fusqu'à Isf fin de sa 
vîeci^le. 

. n. Le maréchale Nej, traduii de^né mm y éiàt 
sans cimftredît pair de France dcFiâômiiiaiidn fofûh 
dtt i4 mu»; il vous «ara impbàsîidë 'îAâr iiepitë- % 
pkger en 4:ett6 4uaKtés eo même léttipb i{tie tôt» 
apprécierezTaction qu^on lui impute, èb* jugeant le 
mérite de Saecusiaton. Il ViipétVé dé HArt séatir 
cette dîstiacdoa^ aib dfeneîâfft^ sé(lè(rér Fintëfâ 



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3o 

de Faccusé d'avec rintérét de b pairie engagé dans 
l'affaire. Faisèns donc abstraction du cas accidentel 
-de démission ou d'abdication -, c'est le jour seul où 
lé délit est censé avoir été commis qui doit être 
pris en considération^ l'état possédé au jour de la 
faute, voilà le régulateur éternel de la forme du 
jugement criminel duquel seul il peut résulter que 
le pair demeure sans sauve-garde puisqu'il est sans 
titre. 

» Après ce premier coup d'œil , je m'abstien- '^ 
.drai des impressioi^s nombreuses que l'acte d'accu^ 
sation a faites sur faccusé ; fextrême urgence de 
Ja provocation^ le ton d'alarme qui y règne, la 
France , l'Europe qu'on y représente comme sou- 
levées, faccusé offert comnie en holocauste ; ceci 
r^t du domaine de l'attaque , c'est le langage de 
faccusateui* , celui de la passion;^ je iie, pais croire 
jcpe ce soil celui du Roi.et de f Europe. 

» Je ne m'arrêterai pas sur un a^tre point de 
vue, sur le premier acte dé plainte non reçu ni 
décrété par 1^ chambré. Je xie pourrais que m'affli- 
ger de cette déviation de la marche ordinaire; û 
•sera toujours '£($^z, temps pour la défense dé fac^ 
eusé, de deipap(i^r{,$ii cette conc^uite est bien le 
résultat dn4evQir.^.,, ; r . .. . x ». 
. ^ » Je ne vous occuperai .point d'un- iroisâiàtne 
point de vijie; sq^s l^uel fordonnanoea blessé les 



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3t 
regards el dtonaé les esprits même les^'plus pré- 
veaus. Je veux parler de cette espèce d'injoDctioa 
d'instruire à huis -clos sur une procédure illégale. 

» Les amendemens généreux apportés dès le 
lendemain par la sublime inspiration du monarque. 
Tordre postéiîeur d'insèruire publiquement, ins- 
pirent le respect et la reconnaissance. Ah , Mes- 
sieurs !.f ose en concevoir le plus doux espoir; 
qu il nous soit perons de Tépanchér dans des cœurs 
fra:nçais!,Si TEui^ope considère ce procès solennel- 
lement instruit à la face de Tunivers , ce monarque 
comprimant les passions , opposant à leur déborde- 
ment une longàiûmité si touchante , l'Europe 
reconnattraquunsôjCiverainn'a jamais mieux connu 
les ressorts de la monarchie qu'en la plaçant dans 
son cœur et dans son ineffable bonté. C'est encou- 
ragé par cette espérance que je passe à l'analyse de 
la seconde ordonnance. 

» Cette ordonnance se réfère aux principes 
constans ; on y trouve nouvelle audition de té- 
moips^communicatio'n avec l'accusé, publicité des 
débâts ; on respire. Pourtant , quand on considère; 
J'indépendance, la gravité de .l'accusation, l'auto- 
rité qqi accuse, le temps , les événemens où le fait 
.qui donne lieu à l'accusation^ s'est passé , la défi- 
nition du délit , combien l'accusé diffère àes pré- 
venus ordinaires, on se demande ; maU conVennait-il 



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3± 

que tes ministres sisuh fuSMiii chargée de Èier le 
mode d'instruire et de juger; qu'ils allassent èh 
prendre le modèle dans les eofurâ Spécisiles, et 
qu'ik le modifiassent sur une fodte d'articles ma- 
jeurs et de fôrmàlitës tutébirek? 

» Permettez-moi de plsleer ici t|c(è!ques ré- 
fléitlonr ^oéraies qui vieadroht te foUidrè dans le 
déreloppeaiefit des principe» pedhiquei. Nous 
msircfamis an mîHeo de ruinés d'édifice^ des^tife 
p» dliriiiles architectes^ et âàtu \éi platis folxt 
encore iUi»ion. 

. M Vous éies isretneHeftient tous les jours occapies 
du soiti de metife la Charte en haï^moûiè avec des 
lobantërienrénienc posélSl Ifêtééiiàti de là pairie^ 
esire^ autres, en nh tribiittat âe justice crimineUe 
ponr juger de tout« aocusatio6 coiÈ^tre é^ méihbres, 
est one inistitmion nûtf^eit'è. ilien de cette pro- 
fonde pensée ne se retrouvé diAi^t/èiâ àsâgës^ dabs 
nos souvemrs ancieftis ou réef^S; rien, sôk fiour 
y spiscificatto» de^ criittes oti lëbi' cfàteeinëbt, sfôît 
pour là qualité des pré^Ëifu^v étlbore nibitis stair 
Kolïganiaarioil do tribunuly suf^ h" garantie qu'il 
dùk offrir. Gependam on est obligé dé tout éln- 
pmnîtér àierlégislatton précédëûfie : mais cet em- 
prunc est41i%àl? ek-il fait par ittié autorité siiffi- 
same-yùn^en tôntcas defns l'intégrité néceâsiaire ? 
Voilà lë'|R)iEtt^ de vue sous i^^uel- l'exception pré- 



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33 ' 
judicieUe doit être présentée elinéditée par vous. 

» Eq rexaminant plus à fond , vous trouverez 
dans cette fusion des principes de la législation 
précédente avec ceux posés par la Charte , deux 
singularités qui doivent vous empêcher de l'àdopterj 
d'abord , c'est que cette fusion est imaginée uni- 
quement pour le besoin particulier d'une affaire 
. spéciale , et qu'aucune loi ni règlement ne peu- 
vent être portés que pour disposer sur les cas géné- 
raux et à regard de tous les membres de leiat. Voilà 
ce qui fait sentir la nécessité d'une loi générale, v 

)) La seconde singularité, c'est la fusion des 
anciens principes de la jurisprudence criminelle, 
opérée par la seule puissance des ministres de 
S. M. , qui sont en même temps accusateurs du 
maréchal. 

» Sans doute, les ministres sont tous mus par 
le sentiment du devoir; sans doute , ils sont tous 
citoyens en même temps qu'hommes d'état ; mais ^ 
dans l'occurrence particulière, toujours est-il qu'i's 
sont chargés par le* piînce de la poursuite d'une 
offense envers sa personne; et alors, coaiment con- 
cevoir qu'ils puissent être revêtus de cette double 
qualitîé de législateurs et d'accusateurs ? . 

» Il faut une ligne de démarcation (brtèmenc 
tracée pour que les pouvoirs ne soient pas con- 
fondus dans leur exercice , pour qu'il y ait entre le 

TOME H. 3 



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34. 
prince qui fiie la punition e( le coupable qui doit 
k^ubir , des pouvoirs intermédiaires qui «lappli- 
quent ^ autrement, plusdemonanchie eonstitulion* 
Belle. 

» Ces réflexions, dans Tordre général, nous 
amènent à cette proposition , dans notre espèce , 
que rérection de la pairie en tribunal ne peut être 
feite que par une loi qui la complète pour tous 
ks membres de la cité et pour tous les temps ; et 
cette proposition démontre la nécessité d'une loi 
générale rattachée à la'Cbartè, et qui règle le sort 
de tous ceux qnr^urraient en être atteints. Il ne 
&ut pas quon se laisse allçr â aucune idée^ même 
éloignée, que le tribunal qui a prononcé était un 
tribunal d'une institution transitoire, extraordi- 
naire, momentanée. Il ne faut pas que Ton réveille 
ces réflexions de la censure , qu'il y aurait là l'i- 
mage d'une commission. Il ne faut pas que vous 
ayez à concevoir la moipdre inquiétude qu'on 
assimile, vous, membres du premier corps de 
l'état, à des commissaires ; votre dignité en serait 
trop blessée ) vous craindriez la répétition d'un 
premier abus, et vous vous reprocheriez d'avoir 
débuté dansxsette uoble carrière de juges par une 
procédure, j'ose le dire, totalement arbitraire. La 
qualité de juge , qui vous est attribuée et par la 
Charte constitutionnelle, et par l'ordonnance des 



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35 
tniaiaira» de Sa Mnîeste, et par k récIamatîoQ de 
Pacousé ; oetla cjusitîtét i)ui vous est sî dignement 
déférée, ne ecœpaie pa» seide loua les pouvoirs 
qui peuvent voua être nécessaires , ne précise 
pas toutes les raatîàret i|iib pourront être de votre 
compétence; il faut qpie Feyerciqe de vos pouvoirs 
soit régularisé; il faut cR^oidir si voua êtes «iirdessus 
de toute possibilité de recoora ^ il faut déterminer 
si vous prononcerez comme un tribunal réuni à 
d^s jurés , ou comme un grand JMÎ wmmI ^ aï la- 
chambre des pairs ne sera, pt liâpaée hr*m noble 
co^acûence; il faut qu'on préeiâe la nature même 
de vos délibérations, Tesprit que vous aure3 à y 
apporter, si voua serez juges de Tinteniion , dans le 
casdavoir égard aui circonstances auénuaniâs dans 
des matières aussi délicates. Cest surtout dans une 
cause où 1 accusation est née de circonstances aussi 
imprévues , née de discordes civiles , de troubles 
intérieurs^ de divergence d'opinions, née d'une 
entreprise dont laudace fut extrême ^ qu'il faut 
que la chancre des pairs arrive à Texamen du pré-- 
venu avec la COUviolion qu'il lui sera possible 
d'avoir égard aux actes de force majeure qui ont 
précédé la journée oix la loyauté du oaaréchal Ncjr 
a été compromise. Il faut qu elle ait la puissance de 
dcicrrainer quelle inflnence ont pu avoir sur la 
volonté et surins facultés moralçsdum^iréehal, les 



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36 

actions de ceux qui fai.vorisaiem les dëmarcbes de 
l'usurpateur ^ deses coQpérateurs déjà innombrable^ 
qui ne sont pas recherchés ; qui , vu leur nombre , 
ne sont pa$ rechercbables , et qui se trouvaient les 
auteurs àt Teatrainement de plusieurs , et notam-» 
ment de celui auquel le maréchal Ney n'aurait pu 
opposer aucune résistance. Yoilà l'idée de iauguste 
ministère dont vous éte& investis légalement. 

» Au milieu de si graves considérations , vous 
serez étonnés de voir que l'acte d'accusation yous 
range sèchement, vous, chambre des pairs, vous 
premier ordre de l'état , dans la classe d'une cour 
erimineile spéciale, 

» Lorsque le maréchal Ney, pour lequel plai- 
dent tant de belles actions, a songé à réclamer sa 
qualité de pair , cette qualité dont il était investi 
au 14 niars , quelle a été sa condition? C'est que 
la cour des pairs ne lui serait pas plus défavorable 
qu'un autre tribunal. Le maréchal Ney a espéré 
trouver dans un tribunal si respectable des juges 
généreux; il a espéré trouver ce que vous êtes en 
eflet , le sénat de la nation 5 il a espéré trouver 
Pélite de toutes les classes de la société, et, si j'ose 
m'expriiher aiùsi, le creuset qui neutralisait tous 
les partis. Il a du espérer trouver en vos dignités 
une autorité qui partageait là pensée de celui qui 
pouvait tout , et investie d'un grand pouvoir dis- 



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jireiiotiqairef vqîlà pouix:|upi il allache une si haïuè 
imporlalice à son déclioaloire motivé sur sa qua« 
licé de pair de. ndminatioQ royale du i4 ^^^* 
Quoi! le marédialNey se litouverait,eQ réclamant 
la faveur signalée que lui accorde la Charte , avoir 
échangé ripûexible pouvoir militaire contre une 
sorte de pouvoir prevôtal? A quel point son at- 
tente sei^ait déçue, et surtout celle de. tous les 
homme$;qui savent se dé^dér par de sages déter- 
miki£|to<>ns ? ^Oju^ avee prinoipabment à vous dé« 
fendre,. Meâsieiars,, de créer t^n tribunal dexcep** 
tioD^:.pour juger des crime&detat ed généi-al, dut 
premier comme, de^. subseqU^ns, il faut créer ud 
tribunal d état» Ce tribunal, tel que j'en c^çois 
la subli^^e ictstitul^on , il ei^iste* dans les articles 
53 et 54 c^e la Charte. Le pouvoir législatif doie 
organiseï" :C0 pouvoir âdguste, et en Titulariser 
lexercice., * . 

» Me6^ur^., je saisis désormais les tenmes pré* 
cis d|e Ja 4Ucu$^on. Par qui le^rcice de votre 
co^npétencë . constitutionnelle.. pourrait - il* êtw 
valablèm^i iOrganisé ? Dans Tétat actuel de Tins* 
truction , Qn.i'épond qu'elle est réglée par les deux 
«^rdOnhances qiki sont présentées, à la chambre des 
pairs. Avec le respect du aux actes du gouverne- 
méni , il mb setabte que je tes écarte' par une seule 
objection. Lé« ordonnances données au nom dé 



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.38 
S. M. ne sont Touvrage <pie de Ton de^ ttt>i$ pou- 
voirs créés par lariicle 5 de la Ghartft. La puis*- 
sance l^istaûve s'exerce ooilectivemeiit par les 
trois pouvoirs. L'un dft ôte pouvoirs, tout respec- 
table qu'il est , perd quelque those de sou carac^ 
fère imposant quand iL devient partie intéres- 
sée. Que porte la Charte ? L'artide a4 décide 
positivement "que la chambre des pairs est partie 
essentielle de la puissance lé^slative. Il nésulte 
donc de ce teite si «iinpts, que* la chambre 
àes pairs doit concourir à sa propre organisation. 
Quelle idée fau(41 se fàmàe cette organisation ? 
Veuillez bien vous pénétrer de la distiiâction qUé 
) établis. La ciiamliiTè d'^st ftà^ ^eulehl^^t {tige de 
ses membres. Si la Cherté se bornait à <:es fermes» 
aloi^ s élèverait la question de savoir si elle ferait 
libre.de faire ses propre^lois comm^ lé règlement 
intérieur de ses séances. La chambre des pairs , 
surtout par la dernière décision «des ministi<«s , 
doit se considérer comnne juge de tous W pré- 
vetius de liante trahison; et alors elle est 'cons- 
tituée cour d'état , et elle ne peut recevoir son 
d^rganisation que d'une loi organiqi^. Je soutiens 
que y surtout en matière crimiaelli^, cette loi est 
nécessaire ; et c'est l'objet principal de l'etception 
préjudicielle. La liberté individuelle de tous les 
Français est garantie par la Charte. Hs ne peuvcyot 



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^9 
être poursuivis , aux teraies de IVûcIe 4« que dans 

les cas de la loi et dans les/ormçs qu'elle prescrit. 

Le raode de la poursuite doit donc eirô prescrit par 

une lok Eneffet , une loi spéciale de vîeat nécâssàii^ 

toÙÂe^ les fois qq^il s'agit d en iiUerpréter uoe , oa 

d^apporterdes modificfaûonsr à'deè loi» pi^éèxisuinies. 

M Paccourons les«^di£^eiH articles; de la Charte, 
ils nous foumironk diffécens qaoyens de sotM.iiQin. 
- » L'ariide âg dît que les cours et tribunaux se- 
ront maintenus, et^uil uy sera rien changé que 
par une loi. L'artîpleiôS dit q«e 1 matiluliob deé 
jmréa est ocMsservéeyet que leschangeniéns qu'une 
plus longue expérîeeice pourra rendra nécess^i^es » 
ne pourront être isib que parukieloi». 

» Atn»^ il est itattpossible de faire aucun chan- 
gement à Tordre liadiéiaîre sans quune loi Tait 
erdonoéi rA{^i» forieraisôn, quand il s'agit d'une 
dâ-ogatioii loFmelle;' d'a^liquer à une autoriié 
qiii. n'était: pœ créée y les dispdsitioQS relatives à 
une autorité existante : c'est déroger à l'ordre éia- 
Mi» LaiGbarté dtc epifi qua^d il sagk de déroga- 
Û0D9 il ne peut y éHre e^amé que pat* ùiie loL Ainsi, 
aux: termes déJ'àrtiokl 66, le code civil reste en 
vigueur jusqu'à ce qu!il y soit dérogé. Ce principe 
a é<iQ' QODsaci'é dans l'ordonnance concernafât les 
eoUéges électoraux. Je demande une loi organi- 
que; eUe aété auabneéc et promise par upe dis- 



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4o 

position spéciale, que je trouve dans Tarticle 55'de 
]a Charte. 

» Il est donc évident qu*il faut un pouvoir qui 
réglé les rapports entre l'accusateur et Faccusë. 11 
faut au premier un titre ^au second, une sauvegarde. 
V » Je vais me prêter à une hypothèse que les ac-- 
cusateurs me pardonnenont. Je suppose que Tua 
des ministres, contre toute probabilité, vienne à 
éprouver le malheur d'une accusation , d'une re- 
cherche pour .cause de responsabilité ; il aurait un 
intérêt éminent à ce qu'on ne procédât pas contre 
lui arbitrairement, à ce qu'on. n'empruntât pas par 
analogie des formes si dangereuses. 

9 L'accusation, fut-elle fondée, suppose toujours 
une loi qui en détermine le mode de poursuite. La 
chambre des dépurés pretendraitrelle ocgamscr 
seule cette poursuite ? Alors les ministres ne man- 
queraient ps de recourir à l'article 56detk»Ci|îartèi, 
qui veut expressément que cette poursuite soit 
organisée par une loi» ... 

» Les avocats défenseurs dqs ministres accusés 
tiendraient à la barre ^ la chambre le Isingage.qoe 
j'ai tenu , que la chambre des députés ne pourrait 
seule créer un mode de poursuite. ■' "^ 

)> Permettez- moi encore de vous oiTnr quelques 
considérations qui ne me paraissent pas indignes 
de votre attention : j'examine d'abord le haut degr^ 



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4t 

d'iililiié des formes sur lesquelles il esl disposé ar- 
bîtrairerueot par les ordonnances des ii et 12 de 
ce mois. Elles oot dà tout embrasser , tout espli«- 
quer, et elles laissent des points capitaux sans éclair- 
cissemetfs. 

» Après rinatr«i€tioQ écrite^ même diaprés les 
formes d^s cours spéciales, le crime doit être pré- 
cisé avant la'réttoion du tribunal. Ce nest pas lei 
ministre qoi do^t le préciser , c'est le tribunal ; 
aipsi , on a omis l-im'tles. actes les plus important 
de la procédure crimtiarile, lacté d'accusatioii, dont 
le défaut vicie toute la procédure. Il parait qu^oa 
a conçu ridée de convertir leà deux ordonnances 
en jugement de mis^en accusation. » 

( Ici le défenseur a rapporté le texte du discours 
de rproteur du conseil d'état sur! h mîse.en accu- 
sation, et a établi la nécessité de/la rédaction de son 
acte en termes positifs.!) 

« I! faut ensuue^ditfilv! avoir la faculté de pré- 
senter, des moyens d'exception sur la marciie des> 
débats, sur Tordre de la. défense, sur le défaut 
d'officiers ministériels qui puissent faire ce que ne 
peuvent faîre les défenseur^ du maréchal Ney , 
c'est-à-dire , prendre, des ^conclusions qui lient la 
partie même absente ç tout cela est à. créer.. Ce qui 
est nécessaire, Messieurs, c'est de fixer le mode de 
vosdélibérationsconune juges* A cet égard, conl- 



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4a 
bien de réflexions se présentent ! On vous a donc 
as^oiilés à des cours spéciales composées dé huit 
membmsseuleoieiit , où la ma^ite simple décide i^ 
Quelle disprop€nrtîoa cependant en âne leUe m»- 
îorité et celle d'une réunion aussi nombrçiM ! 

» Rt^pelezi-vous cet aùtne tribunal, dont Anme 
peni prônimoer le soin quayec horreur \ il devait 
réunir au mi^ins les deux tiersudes voik. 

» Pbndaiit dix-neuf ans , lés jurés n onl réglé 
le sort des aociisé» que par le» deux tiers des voix. 
Il en a été de mènxe dés^ cours spéciales peipdant 
ineuf ansv Ces poitatià devaienl être réglés avant que 
vous enrtrassiezdans la saBe desdélibéraiions, et cela 
avec d autant plus de nécessité^ que vou8.réufiiâse& 
dans votre eompositiod nombreuaeles fônclionsde 
jurés etde juges^! Il en était encore d'aùtresà. rég^e6 

» Dans les coûts spéeioks de toute nature , il 
y a toujours recours sur le pouvoir de la coors 
Est-ce une cour spéciale ordinaire? elle ré^O) sa 
a)mpéteBce , qui peut êtra contestée ^ et alors* ht 
cour de Cjdssation statue. . . 

» Ësi^le èxitr&orduiaiiis ? eliè n*est pas«ss«qfétiè 
à un jugement préalafafe d» bdmpétence ; maie sai 
décision est soumise à h cour de cassation. { Ar€^ 
$1 dek ioidu 21 août tSro:.) . i • 

)) Pour bien saisir cet ordre de jundiolton,^aU'' 
quel oa veut no^us assimiler^ il faut donc rég^r 



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45 

si vous êtes assiaùlés i^ une cour ordinaire ou a 
une cour eitraoïttinaire. Rien n'aide à cet égard 
TOtre conscience dans Fordonnance rôyalei Etes- 
vous cour Oixlinaire? Qui règle votre cbto^éiettce? 
Él6$-vous cour extraordinaire? Y auriai-ùîl tih pou- 
voir réviseur tel que \a cour dé cassation ? 

» Puisqu'il n'y a au-dessus de vous aucune fuîs- 
saûce réformaftrlce , au moins Paud^aii-il qu*unô 
disposition forinene fît taire Tespiit de controverse; 
Rien de tout cela n'^st établi. Noms sommes dàn$ 
le vague, nous màrchotîs arbitrairement, sans bous- 
sole, sans norfs rattacher h rien de certain. Et 
cependant devant qui sommes-nous ^ Devant lé 
tribunal du rang le plus élevé, en présëbCe d'accu^ 
sateurs qui représentent le prince. Lâ'grandeur de 
votre institution , ie tang de f accusé ^ Ténôrmité 
du crime qui lui est imputé , exigent que toui 
riecevîez une marclîe ,' une orgatiîsaiion, qtii tor- 
fei^pondent k dé pareils évenemens. 

*» Pinratt-il convenable que là CoWr des pairs ^ôit 
organisée côWirtlé les Côûrè Spéciales destinées a 
prononcer stir îë sort des vagàl^ûds/deà gens sans 
aveu , ou déjà repris de jjistîce ,' sur des crimes qui 
soulèvent rimiigînatîbin ? "/ " 

• » Ici Je dois prévoir une objectidn , c*ést la né- 
cessité que ïè cours ide la justice toe soit pas întèW 
rompu. U'âboi'dil n'y a pas dé daàgef diihi l^admls- 



I 



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•44 

sîon de la mesure que je propose. Le pi^vcniv est 
sous la main de la justice , sons la garde des citoyens , 
sous celle de.sonprc^re' honneur qui lui défend 
d'éviter un jugement. II ne p^ul s'écl^apper ; le jour^ 
de la justice arrivera ppnr lui, soit pour sa décharge ^ 
soit pour sa condamnation,. Çomnient donc crainr 
dre d5.qle.rf;Qmprç le. cours de la.jusûce? Quand les 
juges §ont. organisés, je .conçois qu'il ne faille pas 
interrompre le cours de la justice^ mais ici il ti y a 
pas encore fie .justice. Je ne parlep^de cette jus- 
tice de conscience que vous possédez à un si émî* 
p^tdçgré^mais de peitejusûce. publique dontles 
formes n'ont pas été réglées.. 

» Où les fornjç^ nç sont ps accomplies, il y a 
n^cfessité et devoir de* le faire, . \ , 
; . » Cette jt^çiice^ Ij'â^uséy Joip delà fuir, Fiiivo- 
que;, il dei^iande ^qu'elle soit, régulièrement iqsii*- 
tuée. Cette iosiçtan.ce ne peut- être à l'avantage 
de Faccusé ^ car ne croyez pas que sur cette loi nous 
parlions d'eflf^t rétroî^qtif -, quand la loi çonstitutrice 
du droit est établi^ , la loi régulatrice, ne peut être, 
arguée de rétroactivité. Ne craigpee..pas que notas 
élpyions un par^ij^so^hisme: l'acdy^ ne jsera pa§ 
privé des droits acquis , il ne pouvra rpçuser le bé-> 
néfice qu'il a ^uininêfiie sollicité.; II. marche avçcJes 
cp,ncessions,qui I{^i.sont faites par le législateur. 

» En vertu de Tarticle 55 de la Charte , les pairs 



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45 
soût saisis de Faffaire , riep de plus iûcotilestablev 
cequiesi réservé est le développement du principe » 
ainsi que la Charte le promet. 

)> Messieurs ; cette affaire se discute en présenctt 
de la France entière, de l'Europe qui semble avoir 
été mise en cause ; elle est de la plus grande impor- 
tance. Nous provoquons une loi qui donne à la 
Charte la force dont elle a besoin pour être exé- 
cutée. Nous D arrêtons pas le cours de la justice , 
nous demandons qu'elle soit régularisée. 

» Je ne puis prévoir que la demande du maré- 
chal Ney ne soit pas accueillie, que le sursb à toutes 
poursuites jusqu'à la régularisation des pouvoirs qui 
vous sont conférés ne soit pas accordé ; mais si , 
contre toute attente, il était refusé au maréchal, 
j'aurais à vous proposer des mojens dont je ne dois 
vous donner, quant à présent, queTaperçu. 

» Resterait la nullité contre l'instruction , tou- 
jours admissible dans les termes même de l'instruc- 
tion criminelle, article 277, tant que le procureur- 
général n'a point averti Faccusé de les proposer. 
J'insisterais sur ce que je ne fais qu'indiquer, d'au- 
lant plus que , d'après Ja constitution de la cour, il 
y a absence du jugement de compétence^ si elle 
agit comme cour spéciale ordinaire^ du du juge- 
ment réviseur, si elle est cour spéciale extraordi- 
.naire* < 



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46 
Je J'aurais ^cok'e à implorer dé vôtre impartiale 
justice de faire entendre les téoiôiDd à décharge 
doot j'ai notifié la liste. On n a pu les faire avertir » 
yu la brièveté des délais» Les notifications de pièces 
ont été faites dans la journée de samedi; diinandie^ 
quoique jour férié > la listQ> en a été notifiée^ J m^ 
aiste sur ce po&ût'^ parce qu'il faut surtout peser 
les aaté^édens, p^rce qu'il est ss$entiel de prouver 
qu'il n'y ni eu dans Inaction > ni intention perfide, ni 
véritable trahi$on. J'aurais ensuite à faire valoir que 
vingt témoins ont été entendus devant le conseil 
de guerre. 

. » JTespère encore obtenir dé votre indulgence 
un délai suffisant pour s'expliquer sur les forces 
d'une accusatioù dont Tacte. nous 9 été notifié sa-^ 
mediaveç treûte-sept autres pièces qui l'accompa- 
gnent. Hier encore, nous eu avons reçu dix. Il 
était impossible qu'aucune préparation utile pût 
êu*e faite. 

» Je n'insisterai pas davantage sur <;e point, c'est 
assez d'avoir averti votre rdiglon.» . 

Ici le défenseur , après avoir fisit le résumé de 
tous les moyens développés dans la défense, ter* 
tnine aîjosi ; 

« Je m'arrête. Je sens que levénement ma placé 
dans une position difficile. Sujet fidèle et dévoué, 
pqrtant au prince Faraour le plus vif, j'ai cru mar* 



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47 
dier dans ses vrais intérêts , puisque fai oombaltu 
pour le triomphe des vrais principes et de la Charte 
constitutionnelle. Je metûs, et j^att^nds avec con- 
fiance votre arrêt. » 

. Après ce plaidoyer, M. «Bellart, procureur- 
général , a dit : ' 

« Les défenseurs de racéusé annoncent qu^ils 
sont loin d avoir terminé l'exposé de leursnioyens; 
je demande qu'ils les présentent cumulaiivement. 
Je ne veux pas penser que les lenteurs où ils se 
rattachent aient pour but de vouloir échapper à la 
justice ; mais enfin, devant un tribunal en dernier 
ressort , tous les moyens doivent être produits. Il 
n'est plus temps de chercher la justification du 
maréchal Ney dans une sorte d'affsctation à éluder 
tous les tribunaux et tous les juges. Plus de diva* 
gation : le péril de ce procès doit avoir enfin des 
bornes ) il n'est plus temps de reculer un jugement 
qui devrait être terminé. Je crois , au nom des 
commissaires du Roi , detoir insister pour que les 
défenseurs ne soient admis à émettre leurs moyens 
préjudiciels qu'en les présentant collectivement. 
S'il est quelques nullités qu'ils prétendent alléguer ^ 
je mç réserve de les combattre. )> 

M'. Dupin a répliqué : 

« Ce qu^es|l^ préjudiciel doit, avant tout, être 
dépidé par un jugement : si fou nous refusait h 



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4« 

loi demandée, encore faudrait-il' nous accorder les 
délais nécessaires pour produire^ une défense ] en 
^aous retranchant pied à pied dans nos demandes, 
on nous réduirait à Timpossible , auquel nui n'est 
tenu. Elle serait arrivée cette )oi que nous solticiT 
tons, si^ au lieu de suivre une ïuarcbe tortueuse, 
J^ ministère eût procédé légalement et suivi la ligne 
directe de la coùstitutiod. Combien fauK-il de 
temps pour obtenir une loi? Celui quiasuffi pour ré- 
diger les deux ordonnances. Nous avons, avant tout, 
espéré qu'il serait décidé si nous serions jugés avec 
ou sans une loi. Le 1 8 seulement , les pièces nous 
sont arrivées; deux jours, à peine, ont été.à notre 
disposition pour nous occuper delà question préj udi- 
cielle : nous ne demandons que le temps physique 
de répondre. » 

M. le président a annoncé que la chambre allait 
se retirer pour délibérer. Après une heure de 
délibération , elle est rentrée dans la salle, et M. le 
chancelier a prononcé Tarrét suivant : 

« La chambre des pairs ordonne que le.commis- 
saire du roi s'expliquera sur le moyeu élevé par 
le défenseur de laccusé, sauf à elle ensuite à sta- 
tuer, s'il y a Heu , sur les autres moyens préjudi- 
ciels présentés pai^raccnsé; », ., 
.M. Bellart a pris* la paix>lé, et apaiilf ainsi : 

« La* carrière qui s ouvre devant nous ne nous 



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( 

49 
bSère, que fJe^ douIëura.D un ôâté) ane^apdé gkilrd 
meaacéç d'une grande catastrophé; de lattitre c6iéi 
les malhéiirldè- Ia}pâU'iei Que dia^je ? Eu les ooo^ 
templaRt^, J|} xké. faotpâa^que jy :arréce ma vue \ il 
faut même que je n'ea indique point la source^ 
pourjoe coi)séfcVer àiloune trace de prévention ou 
de ip^sspnfiri^^l^loraqub yd besoin de melivier 
à }«,frcâ4e;dîicMii^^ qm;oiit été 

&îie^ UAi acculé dosjt' ok pouvait espfrer qu^a 
parai^^qf^fUPtidesjiigÊB Aéls quëvous, il oon-». 
serveraijt iaiplua .i^ve reooivi^isMiDee V un accusa 
qui)!i|f|;4ey^)i spi^rqu!aiit bienfaits d^piioM 
W^yftW A.4éfét^ ib bon é s i afca a g é du crimeitffrênv 
doçf ijf^r^^pnéY^liUi ifttl acbiKi^ vient voua c«ti^ 

; a,^^...ieais'«ilamitier;,etf;pÀiii|ifer rtipi(fe|ii«ât;leé 
principaux points du loB§:(dai^ogrër ^'on ' a pto-« 
ptpuité dwM^litoua : il ne*nie sera pasi'âifficîlede 
faîr^j4f!^(^|di^ Té^oé (gm'eA iatpris tant dé soin -à 

ri;./.' :-;;. ; ; ', .;;:•. .i> t,: .! ' • ; ïi: ".;;♦• 

a .1^, fiC. leiniai3schaIiNi«fr; tradaittfabord devant 

d'un parràl tribunal ';^é:âèMifandé à être jugé par 
lu 4J^bi»ê.de0 para ^ Mite fbvenr hil a ëîo accor- 
4ée,; U^st ti:adiîtl<}6vdBtnoua4 et au înomefît oà 
il ^f^:dé1vai^!qMrotlvei*4faillDe;•mprt»él^^ 
eqlMi d9,s^ j^tifier dii; WMO-qui lui ett impure^ 

TOME II. 4 



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ijl cbercjie^ W).aoninMie$, àaoatover cleiMutèileir 
é^&mAttbk j à âoifer encore le jagenicfÉii qtit éeki 
piNVMnaér surapa sost* Qaétâk.en <ir<H«d^fttten<fre 
peif^irei.uMraaAri;.coi|d«ipCç4» M; te manrëëbaf 

, >>)(jOkiiâ;Mkd'i&QiikdeHaiidé «i^M^^ 
a#^..pUi2êti» dqpoailéi d«: » qiiâftté et paâr ée 

p^r^im» QcdoBiuiieftâft ^M^qoe l^iEMeitté il étaStK** 

«iQtt^fC|Uril;à étlieubs dé cefte ai)giiste àSdieiiàBlée ; 
I^'aM rCiO;ttqg(eanbdaH&l»ciMiiibi<ê^d pairs dè'Ftai- 
siiqpattuc tjtt'ila pfvdn^ lè«iitr«^ qo^tl^ t>a99ëi!bi^..... 
Je n'insisterai point sur cette* '<|i«9M0tit^lA^^M 
m^àmii^^ eti ira^plfinbà tétoiicte pertir'^ë je 

. >»as*..Oa sfmfafe JBcmek kl* luiiàMtiMr ^ Il 
^i^B^i^ doBDas àfiew' glaÎDteV iaâÉ^ ^^'dbne 
appris au public le discours du ministre?'^^ti^ 
tr«lM^4i4ife iwinlmi 2 oiOlsci csMudleyËiitc^e > 

)klp'^'pkiIk/dëlk<fJffitttf;•^v^^^ H>wi ^ • - 
. nSf ôOoi ai(irc6Badb'JdeMS|9P W 'BMMtiid»'^^ 
lioriniade: daot :fe<ief:<iaaMbe ,' 4k^\anà(iM ^â 
!^r JCûariiBtvi Oo jBBhNtfc ia^mnwiîde» cnihMifitaliee 
^smaçûé (iifierdot'iesMMWUdueiit â«i !&• {frbnlbsMt 



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5i 
Le publie doîlMYoir et saora qoe^ ce n'êsC paes la 
requeie du tdapécfari qnii adonné Heu èi Teiblencô 
de k seeofude ordomiMiee^'cest dia" propre moû-v 
TèitiesC du Rxà xfoldh éÉst^eDuè. EHë est èfat^- 
lieure à kr reqiiêM du tnai^ehalï. Féni^m âbnc 
QfcrlBeveilBlàllqQe^1levarîiaibilP N^àtt^^eertaîbëmeot: 
Oq » suînlî là ipaurohe natimAe ded choses. LeRoî 
^ h>^ À pmpM de tradoiré k ÎMirécftîd- Ney <feyihûft 
^ ç^4*abretdtt i^aîtei jija)claiiÀbî«'à àèëepej^ ci^ 
attrikuliçtk)'! '•• :^ i' '•'- ' '^** '''"' -' • • ' "' ' 
» La dêttiîâàie! oÉdfaibiaBce' ri^fttndfe pbiôf U 
prettiiè««i.GédaiiftftiiMrJbmlté^ peut- 

naai^y de^tiaée; dUilesi-s à^^ iksbme»^ ^ bêU 
du i Finîimîfd&k ipft ddmiaèM^i», Otaf a fiiltsiih!^ 
l^iMxii d'ebordm pvemiw^piMi, pàvs uti^ 9ec<l)Ufl 
-paseataftle ; il jr arevTpvo^iesaÎMs ei'ii^ 

. «-Jb^itiereiÂiaÎQheûticKinVlifiâiiM 
doiitefHtt jéçkappèàVaÉilMi^Me : 'éM » af^ 
lHlNie>aisx»iniofet»«9^afitt>âli«9 dKH»«er db potlVoîî^ 
l^icMritettBsifiaslii. hâiiif iles* '^diôrîiàeh^és* dS 
hi^'Méi çëhe^tmpmeiiàê^'ikm di» niitiisi^ék^ 
€i^A»MkleaFm-d<NliMiD0è9i4iy>RM.' ' ^ * '^ ' 

t < n Jamy^enfitt à fa^ g^^andé dî^s^ôn qrii s^^e^ 
élevée , et qui ¥OO^e«r^ scfùmisef.^ liiiâ à qooir siréi 
dniû^ei? if c«tiif il y K4àlatQN^(ef dé poofoirs âàui 



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52 

la chambre^ vous n'êtes pas lëgalemem etàbH^^ 
Comoieot existez*vous? Pour répondre à cette ob^ 
jection , environnée de divisions et de sub^visioùs»' 
il suf&t d ouvrir la Charte y mx] ertiéles 3S et- 54* 
... » En noiis;bç!madt. à Tarticle S4> car c'est oet 
article que laoçnsé rmlaixie, c^est là qu'ilse pbce. 
H a réclamé Jsi cbambce pour juge^; il ]a déeline 
aujourd'hui. U lie.lui refuse pasr, il est vnai, le p(^ 
voir an fond, nuiiâl»eâ)Cehti<le Ip foritté. vent 
une loi. Ici, une idée se présente d'^è^métoè,' 
c'est le texte d wtreaaptîcles^de laii^te; 
. » On y^ut assimiler, raccnsaiion actii^te'à Pac^ 
eusaûon des députés cootre les niHiîstfes ; maiâ ce 
n'est po^pt par, oubli: que rartidè 34 ^^ parle point 
dfe, fpnnesi ; aiais^ l'artinle 56 qui ^onterM les mi- 
nistres en. parl^. JLa nôaon est^néee^n^^ sont pâ$ 
toutes, les. actions, des ministre» » mais 'seulement 
celles qui seront définies. Il faut donc une 'loi. 
jP'aillei^rs il ne s!agi^ .point d'un iacte intérieur de 
la ch«D]l>re^iiniais: en partie exténew la 

chambre <|es4ép|i|t^. y cobcoiifft* Ici rien d'appli*^ 
cable dans les lois esi^tantes. Il fibdraN donc *uné 
loi qui liât les chambres» Dus l'mide 56 f il nt'y a 
aucun inconvéniçnc, dans, le délai ;. car le droir 
Qommun des lois etîs.li«ite9 leur eai. appficable 
jusqu'à ce que la loi ait étéi^nduev i ,* 

, » Cet article 56 sur lequel on a aûs^ fiârdéa 



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53 
argumentations , veut que, lorsqu'il s'agit (Fune ac- 
cusation contre les ministres, des lois particulières 
spécifient le délit et en déterminent la 'poarèmte. 
Mais ici, ikne s'agit que d'une nature de crimes 
particuliers, qu'il &ut dé^ner ; et ce n'est point 
là l'espèce présente. 

• a Dans ce oâs ,. d'ailleurs, il n'y aurait point d'in-^ 
convénient à attendre une loi , et il y en aurait 
beaucoup dans ce moment : car la justice ne doit 
jamais être interrortipue ; on ne la suspendit jamais ^ 
en vain. 

» Mais, admettons pour un moment Thypothèse 
l>izarre où Ton voudrait que l'accusé se trouvât 
placé. Supposons qu'on soit fondé à réclamer la 
loi qu'on sollicite. Comment peut-elle exister cette 
loi p Elle exige le concours des trois branches du 
pouvoir législatif: elle ne peut pas être rendue sans 
la volonté de la chambre. Eh bien ! supposons que 
vous ou MM. les députés, vous voulussiez user 
d*un droit constitutionnel qui vous est acquis, ce- 
lui de ne pas adopter une loi projetée, qui vous 
est préseBtée. Si vous rêfursîe» constan^ment votre' 
approbation à cette loi qu on demanderait, il en ré- 
sulterait, d'après le système de Faccusé, qu'il ne 
pourrait jamais ê(re jugé/Et , par une autre sup- 
position, que je vous prie de gùé permettre, s'il 
arrivi^it que. quelqu uq de MM. les pairs se reudît 



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•54 
çpppabje d'iii?xr^t»6 ^ il m pourralt^De pou plus 
êtf^ ji^é) puûjfjitiUl oy auraii pas de iôt^^uî dëter- 
niiD4Mci!S fqnsm 49W Idsquelles il devrait Tétre. 
j^^xm y après ^voir U^ï son prince et son pays^ ua 
p^ ne ppiirrait pas être atteint par la justice ; il 
jouirait en paix de Timpunité , ou pien , ^i tous ad- 
mettiez seulement qim h loi devr^ élre rendue 
avant de le m^ettre m jfiigement, il pourrait, pro- 
filant d'fu^ intervalle indispensdble, et àTabrid'ane 
. indépendance quje ¥ou^ aurez toujours intérêt de 
ms^ntenir, il pourrait emporter au dehors les fruits 
de $es forfaits! 

» Certes, il serrât superflu de p(»isser plus avant 
de pareils raisonnemens^ leur absurdité me dispense 
d'en continuer la réfutation. 

» On voudrait epgager laohambre à se dépouiller 
; attributions qu'elle a acceptées. Je lis alors 
t« :24 9 adu^ettons pour un instant le système du 
réchal, et voyons-i^ les cotnséquences effrayantes, 
vous ne pouvez pas juger aetu un pair , et quil 
AS Ëiille une loi fou en sera la société ? Un pair 
liirrait impunément sa livrer à tous les crimes, 
iter Les ^ixeniples trop funestes donnés à la 
mce. ^ 

D En vaiu U société réclamerait, il ne pourrait 
me être arrêté/ tel est le texte de l'iarticle-, 
cet article au «onlrsâre doit être une sauve- 



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55 
l^é.IIeristenait donc «ide olaâ^ Uj^pmnëet m- 
torisee à tout eiiti«preÉiii«. Gefite t^onstdét-sittûti 
]>at ea nâoe Je système du cMiréchérl. Et pcmt- 
raîi-OA aiumcerque ces «eitéWrs èotn diimériqtres; 
qu'il oe fiiuÉ «pi'«iÉe loi ^our ôrgatiiiM* là tifaambrë 1^ 
Maia tofiit déln n'est t il p»^ la ttiott dé )â So- 
ciété? Peut -m adtû^Urt^ un «enl jôirr, dà tiuè 
câasae dp^ citoyens fmii>r»U 1<^ se ]>erm6trrë itâ- 
{liffiffibéoi ? Ainsi nulle espèce ^mïonvëmëtit 
f>oar les imaistbc^y et bèaoeotip pour les pdirst. 
Ainsi WNii ftvçflidoDC (M Vottis^aiénïes tùtïs ieà pou- 
vc»rs oéeeèsakes ii fe«etèitté des fonctiotiâ qui 
^iis l;(m)^ Goofiéeâ par lÉ-4]^hàrle. Mais commetit 
tes ûF<gataHier? «ooimem les eieeit^? le puis Vou^ 
âter f «fimple d*uQ (yèuple à qui Tou ue l^pro* 
chôrapASide u'^etne pas jai^ut de sa liberté, truelles 
kis t*ègient la loatiehe dâ pârlehient f II ue ^e con- 
dtiti qi» fiants tràdidoi» réglées par une suite 
desemples. Mais esK^t dbË|î A difficile de féglev 
h condoitéiâe la^rhavoèprej? L'èiJ!i s'en est i^p^otté à , 
«à aagés8ev«krlQii a bîefr*Aiît& Il y a ùu âvoii cpm- 
vwn •auscl deux prooédundu ; l-'uuê dès jar^s; râù- 
.4fe dirâ.ODinrs spéciales : eelit^ri é6nt juges du fait 
eik d».dix^',,b^|Btiidëdut^esi cohlmuné, saurië 
* }i]ii,.VMs)attrie8 jBUs ^^K^nè tégle Votre luarelief. 
D^abor^l^'OiarohB): 9 \fil^f#tserttlâ pubBch^dàn^ 
tous le$ procès iankÀné^y^^.'^^^ qui est 



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de droit commuo; 5% Tauditibn des tëmôinls, dé* . 
bats contradictoires,. cooffroDtatioD. Tôui éda est 
teUement de droite que vous les auriez adoptés 
sans TordonnaDce du Jioi *) mais il enste ailleurs 
4es fonnes. Ç^ n'e^t pas une fract^a dés pair^^ 
inais'la masse entière qui prononcée Xa Chacte le 
yei^t; mais l'ordoupai^ce j)'y déro^ pas. Uaffaire 
serait donc arrivée yifsrge devant yp^s? L'accusé , 
les témoins auraient comparu ^ eiensufite les dér 
)>ajis auraient é(é ouverts.: car, s'il y avait e(i mise 
en accusation, en prévention méoip, il aurait fallu 
scinder la chambre en frois poêlions* Ainsi» la né*- 
.cessii^ des choses appçlail tout ce qui a été fait, 11 
faut d'aiilçurs des forme$ qui garantissent la sûreté ^ 
des citoyen! En ef^Qt^. douze jurés.^ inconnus^ 
obscurs, sont choisi^ an busard; et c'est à leur 
conscience que le sort de i'acisusé doit être livré. 
Il a donc fallu ét^Kr eq.HVant du jûri deux garan* 
lies :1a mise en prévention et la mise, en accusa-» 
tion, opérées toutes' par des juges difieréns. Ainsi 
les garanties étaient là.oéoesfiaires. Mais ici peut-r 
on lés réclamer? Un bpmine.qui a eii rbonneur 
d être pair est accusé : p est devant ses amis , da 
^oins devant ses j^nçieça côlli^ea',. devàcifune 
grande xnasse d'hoipiiies dignes, conime ils en sont 
jaloux, de l'estime . pidïlique } et on réclame des 
gar^^e;} 9Vf\nt Içjirdécîsionl U n'y à pas.d'homxne 



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h 

qi^ ne 6*estiiiiât heureux de panitre devant un pa<^ 
reîl.mbunal; et il faudrait, on ose le dire, dau«' 
très ig^r^nlies; auprès d'une garantie aus» solen- 
pe|iç!,.Aus8ie$|-^e pour cela que la Charte a jugé 
1^ pr^utîoA^ ioûtiles» S'il était possible qu'un tel 
inbunal n'inspirât aucune, confiance , il n'y aurait 
plus qu'àdësespéret* ^un pays où de tels hommes 
^ auraient pu pary<!kiit: è l'obtenir. Et l'on vent une 
loi pour metti^ la Charte* en action ! Mais êiish 
teFa-t*elle? doit-ellC: exister ? Il faut le concours desi 
iro^ pouvoirs ) m Tun d eux s'y refuse*, i) n'y aura 
point ,de JcÂ, ^hm ouine pourra être fuge. Lé 
pouvoir lëgistblif voudra sWurer la plus grande 
jncjépepdance^ et, en refuàant la knj vous jouireif 
de l'impunité. Je ne le prétends pas^ mais on mé. 
forcp 9 supposer l'àh9urda. 
. >^ Je 3Qutipp$ qp'^r n'est pas besoin de loi, e€ 
que c'est à vops seuls à régler de quelle manièhsl 
yo^s jugçrezj et ypusle ferez biçp, puisque vous 
réglerez pour vous-mêmes. Vous pouviez faire 
^e règlement qp^ IcIVoi vous a.indiqué,' et c'est 
iii^e questiop de. savoir si vous n'aviez pas le 
poiivoir . de modîGpr son \ Ordonnance ; mais* vous ' 
l'aves trpuvép sjigé.,., 0t vous Tavcz^acccptée. Vous 
avez doi^c fait tout ce, que vous deviez et tout 
ce que . vous, poUviez>> Mais, faUùt-il une loi h 
T^eifir, , «lli». i^'e^ûple pa^ cette loi; et il faut 



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58 

que h jfntièe sVierce. Le maréc^ Ney doit 
êtr«}ugé^ il n'apftSTouIurétre (lar^fiMrsèb Va- 
leur et €p nloii'e , il les a décima ; il ek ymti itU 
chambre, 4wi U péolaînait le jugeaieat. HUSab fi0« 
îautd'hui^ %iïm ^êmet sou dëcAitMoiré» âV^Ai'- 
aw qu'oa:«ie^peii£iii taetSM^t ni Pnf*rêlér. Si 
cela {)ouTiiiiê(re^ fart* i4 <3e la Cbâne'doniiemt 
au IWi le.rekiièfle idans le^ ràgtemtfns poHr Pexé^ 
cmtion dés'bfièMi bt ^ûrêié dé féiat. Voila h 
pouvoir dtt Roi ^ et personéejïe ie hn conteste; 
ÇAT heureuaemeDt les chambres saTent oe qui se 
lait. .Aioisl }fes ebmifares recx>iiMiBseB:t ce que lé 
Roi a du faîna & une loi «àt é%ê nécessaire , il 
avMt le dcdi ioebiatestiblede faire dès règlemens^ 
pui^u'elle o eûsfe pas. 

» Je ne vous parlerai poiùt des oflSders minis- 
%éînela , m des objets de détail , tiels que nullités de 
procédural, eip.^ ^quinecadreot etiaucutre manière 
avec Teieroice de la grande puisstfnèe dont tous 
4ies investâsi 

» Ja crois avoir démontré ^'il ilut tmeloî» on 
qu'il n'en £mt pas. Dans te premier cas, h dë&ut de 
loi, le l^di a du et pa faire un règlement; dans le 
$çcond, tous les argumens des* défenseurs de Tac- 
ctisé tomfaeni; deœt-mâmes. 
. n Je conclus à ce que , sans ^aitéter riî a Voir 
égard; au défaut à$ pouvoir opposé^pàr les conseils 



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diimàféchBlNeyy MeàrtoU j^Mdncide préMekte^ 
cnmuladiienMiii ions Inràofpos pt^judieiith àeiài 
wa aiuKenee irè»piioefaâ«M, \et <jd'A «ok «asiÉitè 
procédé «an» délai aux délurta. ?^ 
Alors M^ Diipki a'e^t lefé, at a 4it : ' * 
« .On sa poibt réppBdtt en détafliitiiésmoyem; 
Toutes les objeoiioBS cpi^on a présettlées mdê, gé-»* 
sénalea. Oq a Au^nx atnaer les arguei^ de n^ntrM 
que d'j. répondre; Àîosi tm a dit d^aberd qu'on de- 
¥ail ^'atleodne à^toir Faoeiisé s^abafidoBoer à h 
eooscieiiGe de ses juges. 

» Le marocbal Nej «ait bien qu'il ne poûrràif 
^ouVer nulle part. un tribunad -plus sagustê^ et 
c'est akisi qu^il à déoEné la éompéfeo^ du conseil 
de gueive; mais a'eiis«iît4rqi9e, parce quHl peut 
compter sur 1& magnanimité, KmpartiaKté de ses 
juges» il doiVe remopieer au secours ^^il peut at-^ 
tendue et de nos lois Oïdin^res et de nos lois fon-' 
damentaies? Ce qui doit fixer la consctence du 
juge y e'est rinstmcdon. Le maréchal Nej ne doit, 
pasvétre jugé snr des bruks piJ!>Kcs , sur des ra* 
meurs pqàilaires ^ sur de 'vaines clameurs, -sur des 
ariides de journaux. II laut que ses juges aient fhit 
aupararant tout ce qui était en ïehr pouvoir pour 
s'assurâr légalement de la vérité. On a dit qu'if 
voulait s'assurer finafMSHMté en déeltnaût totre Jti- 
lidîcdoQ; qû)m éloignant le jugement, il voulait 



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6o 
râiider;iii9U.Ua dédioéJa.càmpétence dacon-^ 
•eîl de guare paf ce qu'il était comraire à la Charte.' 
li'ordonnSilice.et la chaipbre Toat aussi reconnu; 
Après avoir réclamé des juges^rue devons-nous pas 
réclamer une procédure légale et régulière ? Gom- 
ment existe la chambre des pairs? Par les art. >33 
et 34 de la Charte* Mais par ces mêines articles la 
Charte s étant référée à une loi, elle ne s'est pas 
référée à un^ Ordonnance , à ua règleinent. D'a- 
près Farticle.SS^ la chambre des pairs connaît des 
crimes de haute trahison et des attentats à la sûreté 
de l'état , qiii.seront définis par une loi. 

» C'est donc une loi, rien. autre chose qu'une 
loi qu'il fayt pour définir le crime dont le mafécbal 
est accusé, pour tracer les formes de l'instruction., 
Tous les rai^onnemens viennent échouer contre 
un texte aussi précis. On a rapproché lart^ 56 de 
l'art. 55 • etpn a voulu tirer une induction de la 
différence de cçs articles ; mais il y a parité entre 
eux. On a dit que , si la procédure était arguée de 
nullité, le crime d'un pair demeurerait éterndie- 
mentimpuni^ que quand on voudrait l'arrêter et 
le poursuivre, il invoquerait l'art, 55 de la Charte : 
mais avant d elre pair ou est^ citoyen. Si i'excep-» 
ÛOQ portée^ en & veur 4es pairs a'est pas réglée , ils 
rentrent dans le droit commun. Si le mode d'ar^ 
celer un pair n'est pas fixé» il sei^. ar^é cooune 



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6t 
les iiutrei^ citoyens;' 0& vous êtes Utt'lffbunai ^é-* 
cîal or^naire j ^ ak>rs S- famt une 1()i^^ régularise 
les formes que. vous devez sbîvmj ou vous êtes uk 
tribunal spécial exiraordmaire et ' asshttilë à èe^ tri^ 
banaux qui doivait juger desbômmes àé\ii repris 
de justice. et qui ^rtent -leur «coDdanibatidn suf 
kur tête; et c'est itâ:lioitiftfef ^ ttettïhùanèn^ 
âe. siéger parmi vous/ un homMenqûî a'¥edâu léi 
plus éihinèns services à ki patrie, ntftnât-éc^'diiih 
France iqui réunit les fPenÂène^ ioK^^ dé Fêtât; 
qu'on voudraîtjuger de cetie înStfiètet)^' -* '- -' -^ 

» On a dit que de^cetpi^ celte' foi sersdrt. sbuhi&ii9 
à la chaanbre;des pairs^ il i-ésikliàït^'éflè né séitàa 
jamais poriëe vrpaoeeque Mtie'4ikâiij|)ir^ lavait intê^ 
rêt dé la rejeter, Cest une injui^è^- gHktaitè i^d*cW V 
faite à ta chambre.> GoinineM supplier' qu^elle^te*- 
itisërait une loi aussâ nêcebaim?^«rd^itiUëurs ; ^' W 
dbanibre refixsati de consentir 'à eëtté loi; il laûdf^ 
en condùre qu'élu ref(i»eilâif^ il'é^^^ilgèif )èt àârtS^ 
chai. "^ '''-'' 

«On a soutenu qu0 c*êtaif &^la ilmtitii^è k régler 
sa procédure ^ qiàîs oe n^êst patsëâilfiiîeAl ^ùvâiMif 
pur de Fi»)œ<|ciéle^inai^bir^4»iPt»rtim 
rous j mm enoore ' comiAe fie«99»^ ^^ë^haûCè '^Mfi 
bison. La cbambre: nta^ seulettteotcjurîd^tÂiG^ 
sur ses .membres*) le légbkleur hiî>tt!^auKst:il»IMifif^ 
en certainsiCâskfiaittrescitoj»eiaiJ^^c^ ' ^ ' ' " ' 



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0% 
: 3^ On a swl^ott^^'elle aurait pu mocKfiëp V»^ 
dOBiiaiB^^yMiAitiQ eUe «*|)é l'aotepter purenwnti et 
fîmpkkDent ^) mai^hf chamfarè f ni à- die seule ^ ni 
a^ea.k gftiniénieaiettt^ Mimank eu Fer àmt éié 
^6 u4 itègfonifM : de propafare én^ maûèm ori^ 
mipelle;^, piii4^piM9ll«r»tt Iraitpqsîm madcM' d*^ 
^f!9r..Q^<;f2M-4 |wp KvMeviitoAÎOttdes trab pow^ 
YQÎrf rpoi¥*iJ^fl^r>ml»ifil ki^matlitt nodîficatioÉ» 
^({;(^49ip«l)l^(iim; cîiiilèîoLapiusiiégàreBMN 
<}î6}3$fÛ9ti «^t^^H^epiiterloî est ùat acte da trois 
brandies dilvf^iiaîr'^lBgifilikifi -'Uip 'ahfaple règli^ 

^i;ir iMA FègM^^fj^i^ek-idiÂ^ttrébi;; QuorI le 
|};^<9npi€t^|)m«a»-;il le drek: àà fiore peddver^ 
u^f6Mio^n}'a^()th'H ^id»* f''^^^^* ^ ^^ Kbon^^ 
neur? 

. >:n fau^HMMlipafiéci'pr^pto'» a»B»dQute y mais 
*4»V a|)Wi4ei^toW^ Ip eiii ilD0'3f:a?pa^ defc». . ; 

:}ni^7(>D^.^iHiaiai?ce|inéaèD^ & IEbre|Hf 

attfipdam^cgbe^ilMienlj C^est paiee que k France 
«iktotybwtpnimtslei» TOf svetftjde I'Eupd^ i^Wff 
<«Mie«pIevfqBê'jtoiia^vea hp^qi^erplM (FeKâf^^ 
titude et de régulamé^clân» ytnn àiyM^moa. ' 



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63 

m Et moi âiHBkje«jrai8 FEûrope; ttc«i' pm iûdi* 
goëc!»: nont {^ teqpè^axA la com&mitiificio^ rd<it 
àow^jDuâs aUBBEÛve.ii jW que vdDB^ âlktet Aire. Je 
crois lentcDdre. Us ont une ChâtM^j^^^^ytiie 
kUl aagfisae de krns knbàvqiiés - ^«4 ^^éti> gft)iifîe 

éilklwm aux d^ûdîarii|hn^ 
Mmd^blw» dk>baebr»(tlMgfpM^si^é(^ 
Ii4tn3el'mceyr&>ami-.eafàtbiHfo^^fi^^ à^i ^l t^tt 

loi soit |K>jn«ct |¥)M:Jad(»i«î^ dMph^i^^irài^ 
gj9(|s 4ef«Mil dooidriîrc^èkipIu»l|iaMe«p^ la 

fbAi|)|^,4€t9> phiflai -sAaitt ilâ ciiaiEvbaa;c|iifir oMè 

Ues qu'il n'est plus possible, de faàaqutr.. 
' i\'t Mm»9 in ^ona éàamepce qm^VwMJtsâ^om pa« 
«ittidi^bU^.d'enpi«s9»v^.(]U)iislpAn^ êùM^MÈt 
autre couleur aux yeuxdyVQtfaaget'*''' ^ 

' ^JSf-^mwlbmf, lyoïiiitéBsez dmsii^ ti^rins^hi^W 
knce de la justice» Sb^à ûdié ^wfÊàé^'^UVc^ 
que l'accusation a. de gra^e , toutes les pièces qui 
«y JTfftt^Çfi^». ^Wt>9* ,q»y ^Wier «^^tol»!laJha^ 
i€tatç.,^e L'accujia(^f)K} 4%jl>uu^ ttoiK» pJa^fMrooa la 
^€^9^,dç.rac<;|tiaé^brC4hiirte <Kt9W^tifikindle.>i 



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€4 
là chraibre fi^ retirée àuas la salle dç conseil 
|x>ar délibârer* Une heure après , elle est renifëe^ 
et M. le pr^tîdent, laccusé présent, a ppotunesé^ 
le iugfio^trqi» suit ; 

. « La €iaaahfe y faisant dooitisor lès opndiKiona 
» du cçpimissaire du Rdi^'sanâs'aifeter ni wmr 
? ^avc|#QlEtfOy^ispréflientép dansFintefèt de Tac^ 
» cosé^3'8Jitwnejà jendîiprfidiaia, 25 noTetnbi^? 
M ifiaintie9t»kia8sigiialioBsdesié&oins,^n^ 
p que récusé ^ra tenà' de p^semer* cumulative-* 
> ment^sos auties mogrét^ cfedéfimse ^ s'il; en a , sur* 
j» la quesiiQBfii^udioielIe} aiamrelte pàs^f a<>Uir^ 
^.etpi»cédei»àl'eiitten:etiaiix'déi^tâ(, >i - ' '— 
i. Geuiii^epirart prcniqniév^l^^^ al fti« 

^ibsenreriqne Je délai' aceordé piir I4 cfaMnbrêét*i« 
Irt^ <^(iunt ipour que le marécibiil pbt iaife assigûfei' 
les témoins à décfaat^KV^; -f; ^ •• 

M*4e 'dbancelier a répttidbi) :^:«rj Vbuflf isitéz <en- 
r(eiKl«it:riiinp4tf:itiiis H a^ii^îé enpte que^'onlli 
retirer Faccusé el lept&bfixsivr* : ' '* 9;*'»''^ 

- Ciit^fffdre ^]WQt été cBéfcoté ^ Cafidwieô V'^i > 
4uré «epi beures; a^étéiëyécà /m '. ' •» '^'^'«-î 



O'.V'* ;. .J ^. ji.i i , njn ; i j , > . '^ ii i . 



liouireaiiy k Raudieûc^èacoiietoietidê a ôiize B^mi« 
> »Mi>rlei:pl^Md«Kit à^'abby)^é a^ TàCcù^'ffL^ 
ntàt :<)a-)fiMnilé> d» frrâëiiieir * ses 'mbyens^ pré* 



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65 

ju^ciels , autres que ceux qu'il avait fait valoir 
dans la premîi^e sëaocé. 

Alors M*. Berryer s*est levé , et a dit : 

« Mes concIusioa3 sont à ce qu il plaise à la 
4:our déclarer toute la procédure suivie contre le 
maréchal Ney, nulle et de nul effet ; ordonner, en 
conséquence 9 qu'elle sera recommencée dans les 
formes Ibulues par les lois. » 

a Monseigneur le chancelier, Messeigneurs 
• les pairs , • ^ 

» Par l'arrêt que vous avez rendu le 21 de ce 
mois, deux dispositions ont été prononcées. Par 
la première, vous avez écarté l'exception préju* 
dicielle que nous vous avons proposée ^ tendante 
à ce que la procédure fût réglée par une loi , et 
Vous avez fixé les termes du droit commun. Par la 
deuxième, vous avez ordonné que nous vous pro^ 
posaîons tous nos moyens d'exception et de nullité 
çumulativement. Il nous semble donc, Messieurs ^^ 
que, si nous avons des exceptions puisées dans le 
texte précis de la loi , de la loi générale y ou dit 
droit commun , nous devons concevoir l'espoir 
qu'ils seront favorablement accueillis^ je dis favo- 
rablement accueillis , parce que je ne dissimule 
pas que de tels 'moyens doivent paraître extraor- 
dinaires dans la défense du maréchal : aucun de 
ToUBn* 5 



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66 
vous sans doute ne suppose qu'il les a imaginés ; 
le besoin qu'il éprouve , c'est celui de se justifier , 
et ces retards ajoutent à sa juste impatience ; ifms 
nous» ses défenseurs , nous ne pouvons transiger sur 
atlcdn des moyens qù^ nous offre ^ pour I accusé , 
la loi protectrice. 

)i Nous avons donc à rectiercber, d'après For- 
dotitiànce du i:ï ûùveinbtéy quel est le droit com- 
mun de la matière , et dans lequel rinslmction 
est circonscrite. Cette vérifioalion ^t facile , et 
d après Tordonnance et d'après larrét rendu par 
vous le 1 3 de ce mois. 

. » L'ordonnance porte deux disposition^ fort rer 
Quarquables qui s appliquent , Tune à la procédure 
tenue jusqu'à,ce moment , l'autrq qui doit embras- 
ser la procédure orale , les débats. 
. )) A l'égard de la procédure écrite avant les 
débats, d'après l'article 2 de l'ordonnance^ die est 
réglée par le code d'instruction criminelle ^ à l'^rd 
de la forme de Tinstruçtion orale et des débats^ 
aux termes de l'article 8 de ia même ordonnance ^ 
file doit être réglée par la partie dii même code 
relative aux cours spéciales. 
. » Celle marche a été annoncée par le premier 
réquisitoire de M. le pnoçureur-gpnéral, sur lequel 
a été rendu l'arrêt qui donne aot^aiix conunissai-n 
res de Sa Majesté , des plainte et adiditioa de 
plainte^ et où je lis ces mots lOrdonne^qm^tlisera 



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67 , 
procédé à f instruction écrïtif du procès , selon 
la forme du code dHr^struction criminelle. 

» Cest donc dans le code d^instruction eriinl- 
nelle, dansYuniversalité dé ses dispositions, qu'il 
faut chercher les formes à suivre pour fins- 
truction. 

jy Ainsi la cour des pairs n*a pas pu s*écarter 
des formes voulues par le code d'instruction crimi- 
nelle pour ce qui concerne Tinstruction en général , 
^t pour ce qui a rapport en particulier à l^instruc- 
tioh devant une cour spéciale. 

» Il a fallu dés-lprs procéder dans Pordre siiivant : 

» 1*. Recevoir la plainte -, ^•. recueillir les 

déposition^ des témoins ; 5^. prononcer la mise 

en accusation-, ^. décerner le mandat de prise de 

corps. 

» Telle est la rè,gle prescrite par le coije d'ins- 
truction \ et tovit pe qu} est relatif à la procédure 
écrite, antérieur à Tènvoi devant une cour d'assises, 
y est invariablement fixé. 

. » Qr ,, d^apr^s \^ marche suivie ,. cinq moyens 
de niillité se préseplent ; Je vais les jelévér et en 
faire le développement successif, san^ m'écarler 
en rieij du resipecf qyie je tieqç à honneur de pro- 
fesser ppur Iç^ auteurs de la procédure instruite , 
ipfiis avec tout le courpge que m'inspire llmpor- 
tance de la cause. 
* » Avant tout , qu'il me soit permis de citer une 



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68 

autorité que. personne ne sera tenté de contester; 
j Invoque à lappui de mon système l'homme qui 
a le mieux connu la législation des peuples* et les 
formes conservatrices des droits des citoyens ; je 
m appuierai du suffrage de l'illustre Montesquieu , 
pour me justifier sur ce pdint de vouloir retarder 
par des incidens inutiles le jugement de cette 
cause. 

» Montesquieu (Esprit des Lois, liv, 6,, ch. 
2 ) y dit : 

« Si vous examinez les formalités de la justice 
» par rapport à la peine qu a un citoyen de se faire 
>) rendre son bien , ou à obtébir satisfaction de 
» quelque outrage , vous en trouverez sans doute 
» trop : si vous les regardez dans le rapport qu'elles 
)) ont avec la liberté et la sûreté des citoyens , 
)i vous en trouverez souvent trop peu -, et vous 
)> verrez que les peines , lés dépenses , les Ion- 
» gueurs, les dangers même de la justice , sont 
» le prix que chaque citoyqn donutf pour ^ li- 
» berté. 

}» ...••• Dans les états modérés , où la tête du 
» moindre citoyen est considérable , on ne lui 
» ôte son honneur et ses biens qu'après un long 
» examen ; on ne le prive de la vie que lorsque 
» la pairie elle-même l'attaque ; et elle ne l'attaque 
}) qu'en lui laissant tous les moyens de se dé- 
)) fendre. » • 



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^9 
» L'opinion cl*un homme aussi célèbre est une 

excuse suffisante à présenter pour établir les moyens 

de nullité. 

» Le premier moyen de nullité résulte de ce 
que larrêt de la chambre, du 1 5 novembre, n'est 
pas revêtu de la signature de tous les membres de 
la chambre qui y ont concouru. L'art. 234*du code 
d'instruction criminelle l'exige impérieusement, à 
peipe de nullité. 

JD Pardonnez-moi la remarque, Messeigneurs ; 
mais mon respect pour la loi m'autorise à relever 
l'absence de vos signatures. L'arrêt n^est signé que 
du président et des secrétaires. 

» Nous sommes ici dans le premier cercle de 
linstructiop criminelle rappelée dans l'article 2 de 
rordgnnance du Roi. Le monarque à voulu qu'elle 
fut religieusement observée. » 

M. le procureur général a demandé ici aux 
défendeurs s'ils entendaient parler de l'arrêt du i S. 

M*. Berryer a continué : « C'est de l'arrêt du 1 5^. 
L'arrêt du 17 est, conforaiememàlaloi,revétude 
toutes les s^natures. 

* » Les arrêts rendus par les chambres d accusa- 
tion sont »gnés de tous lèff jhges. 

» Au surplus, cette première nullité est moins 
importante que la^seconde. 

» Deuxième niojen de nullité* Il résulte de ce 



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que vous navez rendu aucun arrêt qui aîl pro-, 
nonce in terminis^ la mise en accusation du ma- 
réchal Ney, Le code d^instruclibo le voulait impé- 
ralivement. Il attache même une telle importance 
à lexécution de cette formalité ^ qu'il a remplace 
par des juges les jurés qui, avant 1810, compo- 
saient le }uri d'accusation. On a pensé que des 
magistrats seraient, par leurs études et leur expé- 
rience, plus à portée que de simples citoyens de 
connaître et d*apprécier tout ce qui pouvait être à 
la charge comme à la décharge du' prévenu. » 

Ici le défenseur donne lecture des articles :t2i 
et 23i du Code. 

« II y a dans ces articles un ensemble d'énon- 
ciation qui annoticë ûné volonté bien prononcée 
àé ^a part du législateur, d'obliger les juges , sans 
pôùvpîr jamais s'en dispenser, de rendre un juge- 
ment de mise en accusation , avant de prouoncer 
définitivement sur ^on sbrt. Les cours même ont 
pour cet objet tme forbife uniforme , un protocole 
impritné.» 

(Ici M«. Beri^era fait4eeuire.de quelquèjlpas^ 
sages d'un ouvrage d'un de nos célèbres )ul*iNSbti- 
suites , qu'il n'a pas nommé , i l'appui dos déve- 
loppemens plus éteodv^iqu'il a donnés. ) 

« Celte exactitude sévère que réclame la loi^ns * 
les formes, est non-seulement utile, mais indis- 
pensable, et n'a pas été prescrite sans une intention 



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7^ 
formelle du législateur. MoiHesquîeu lùî-méôie en 
a senti Fimperieuse nécessité* 

» On a argumenté de Farrêt que tous avez 
rendu le 17, et par iecpél vous avez prononcé là 
prise de corps contre le maréchal, et Tod en à 
dédukla conséquence quetous vous étiez confbr^ 
mes laux dispositions du t^ode d^tistruetion ; mais 
tous les raisonnemens qtf oui a faits à ce su§et 
portent à faux. 
' » 'L'airét du 1 7 Vest 'borné 11 prononcer^à prise 
de corps. Aiiisi cet arrêt à fait d'une mesut e secon^ 
dâiré un tJbjeft principal. La cobsSquencea été^tirée 
sàn^i^élQ principe ait été posé; et en eflfet'Ià prise 
de corps ntf est que la consét^uence tSe la misé' en 
accnsatibn. Si l'arrât dn;î5-èftt contebulamito en 
accusation, le crime de Paccusé eût été d&àû\ y et 
vôus'yatrriez ain^ d^nt en sbti sfbsence. ^ 
' V Le dëi^iiieuria te l'ârtibfe du Gode ainsi cûuçtic 
;' « E/ordoi^ndnce de prise dé corps, soit qu'dte 
n ait été^ètldne parlés premiers juges, wit qû*éll% 
»*T29t ate par la cour, ifera*insérée dansfan^éi de 
yf^rméé èh accusation , léyctd eoniientfra Tordre 
» de iccmdulrè'raccusé dans la maison de justice 
» établie près la cour, où il sera envoyé. » 

«.ff'ëât donc vrai de Hire que la prise de cdrps 
aurait îM sûiv^la mise en accusation, qui, d*ail- 
leurs^ d-a cas été prononcée, et que partout on 



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trourera obKgatoure dans les dispositions des lob 
qui nous régissent. ; 

A On a cherché à éluder la difficulté dans le 
réquisitoire du procureur-général , en disant qu une 
jnisç en accusation positive aurait exigé que la 
chambre se divisâten bureaux, et qu'il y^ût eu une 
J&action. de la pairie ppur la prononcer. C'est à 
tort.LVrétdu 17^ qui ^décrété le inai;écbalde prise 
de corps, a été rendu par la chambre entière^ et ce- 
pendant cette ordp^a^Cle;d^ pri&e^de corps n'aurait 
dix être prononcée qu'immédiatement après la mise 
en accusation , et par.J^ même arrêt. -Ç^Ue mise 
,en accusation est tellemept, nécessaire., que, Après 
le code d'instructiqi^ criçainelle^ le^pr^cureur-gé- 
xiéral ne peut poursm.i(i^^(y^ SP?^^4 ^^ ^ P^^ ^^^^ 
tuellement prqppnçée, 4 i?^^^ de. nuiUU et de 
prise àpart^j^et que rarticlc xa:^ proi^mce des 
peines qontre le nsagi^fat qui aurait, traduit un 
' xâtoyen devant un trîJ;>anal , avant quU càt.été 
pxéaiabhment ji%îs . UgaUment eu : sqc^ueatiofi* 
, xt N'cpt-ce pasJà une .pouyçlle.pr/Buvq qqe rien 
DC peut dispenser la cpur dps pairs, de ,se (confor- 
mer aux; formes éiab|ies;par kç^dç rfin^^^çtîon 
criminelle? .'.'.> ; • • ' 

» It €?t. impossible de ti:an^iger. sur . cjejSK .p3f yens. 
Vous ave^ simplement prononcé dafoiç ^'a^t flu 
17, que le maréchal serait, frappé de prise de cQrps.3 
vous avez donc établi la conséquence sans avoir 



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^ 73 

posé le principe; aion que je Fal déjà remarqué, 
li' ordonnance de piîse de corps ne peut élre qu'une 
disposition accessoire; et ce n'est que parce que 
Taccusation est préexistante, que cette prise de 
corps a été lancée. José , Messeigneurs , vous 
supplier de m'^ntendre avec indulgence sur un 
sujet de la plus profonde méditation \ je ne parle ni 
pour le mipiitèrfe public 9 ni pour les ministres du 
Roi , dignes en tout de sa confiance; et j'ose espér 
rer qu'eux ni Ict miifîstère public ne prendront en 
mauvdae part la âiation de l'article qui avertit le 
ministère puUic à quoi il s'expose , rjpand il prend 
aur Uii de ne pas apivrç ngouréusement l'exécudon 
de la loi. 

. 9 Haintevant que yous connaisses toute la sé« 
vérité des dispoâtions écrites dans le code d'ins- 
truction crinpiinelle à l'égard de ce jugement , 
par défaut de la mise en accpsation , et qu'il est 
prouvé qu'il pe se rencontre rien dans votre pre- 
mier^ arrêt qui établisse la mise en accusation du 
maréchal Ney \ que vous vous êtes assurés de tout 
ce qu'a voulu le législateur y de tout ce qu'il a fait 
en, faveur deFaecusé; daignez réfléchir que vous 
confondez tous les pouvoirs, et qu'ainsi aucun 
pouvoir réviseur n'existe au-dessus de vous. 

» G>mbieq , Messeigneurs, ce moyen devient 
imposant ! U est impossible d*étre décrété de prise 
de corps sans une accusation préalable. est im^ 



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' 74 : 

possiUe d etfe fugé sans ùoé mise.eo accusdûoa 

. n Dans la marcbe ordînadr^^^l^affair^ crimi* 
Helles , et même devant le$ c^our^^Ji^éi»^^ i'ait» 
568 du code d'iustructiao accorde à l'^eciMiéi cqi^ 
tre larrét et daûs le délai de t^\^ fWra , le recours 
en cassaûon ayant les debutaf 

B Telle est , dans les coura ^ckks» la tnardie 
"de la proeédure. ' - 

' t> Ahl saos dofttte nous n Wcpm pas de ipotife 
de regrets , Messeigoécifs ; nour avoua tMie ooai- 
fiance dans h justice et Timpartialiié d^une omt 
aussi afâguste ^ miaôs il à<Ài €»«tiM€fr poor* voua, que 
le Roi n ait pas complété cette législation* 

» Troisième moyen de ntiUiië. Vacte dP accu- 
sation a été dressé prématùfëfflent i Tarrèi! da 17. 
L'an térîomé sur Tacte de|)rîse de corpi est tel- 
lement évidente , qu'on en a ordonne f annexe. 
C'est une subversion des rè^es de' fe procédure 
crimînene , démonxrée par les ariîclea !k^i et 24^ 
du code. 

» Ce n'est qu^après la mîse«n accusalîon que le 
niinislère public doit s'occuper de la rédaction de 
l'acte d'accusation, et non ânté^eùrement. 

» J entre dans Topinion d'un magistrat qui 'a 
long-temps exercé ces fonctions dan^ ks cours cri- 
mineUea. » 



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-55 

( M«. Berryer a lu le passage relatif. ) 

fc ^ussi , depuis la promurgaûon du. code cri- 
iHiilel eu i8ia,a-t-on invariablemeut suivi .celte 
maréhé , comihe le régulateur, pour poser leâ bases 
de Taccusation. 

i LeaiDcnîfs écrits sêrfent à diriger le Hédact^ur 
de cetaetei . ^ 

>i Aiofî ,. Ja QuiËté eiC ^fidedte. ' 

lioàQ'estpasfaiésièfHtalitemeift srgniÊéi Vaù&àsé^ 
' » jh desAiÊi^ fmAm h h cour, c)[m, dànM ce 
BEronieQft mèofe i 'éé^fnk é|re ocoupéè dHoiël^ts 
pins génèrauk. 

n Je lui detesvdtt. ttHlê Mu itidulgefiee p^ui^ 
énoneér mes.deài<}étaiMps«iqyMi)V et qtie iùùà 
ks ëootitîez ovM atviàfit ^^tt«ti«6iû ^ iei it^i 
prennerbé 

» 1Ce« qoi n^visageiit tD«t qn-avMtMfigvifiiéy 
pourraient n' j Teneomràr qu^ûn e^piti ïiftitititieuk 
et ^imii.MjB^j lorsqiie to MgirisMBUl* fci prOUOIMé i 
pottrraîft-<«i se fiermèuw \m jugemept ù iùGWn^ 

9 Ëh liieiil MèiiWg<oeiA-s> f adie d'Meusatlon , 
méme^eii oe mofimt) «e notia a ptts éiâ yâ4able« 
mmt «ignSfië; il fii^â pal ^ié lëgftAêifi^ ôMstatë 
qu'il Pavait été dans les délais Uté^^t Ym. 59f 
do cod^ d'iosirac«Mi Cïkt&iOiïk , fWt i«s cotirs 



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76 
» Cet article porte : \ * 

« L'arrêt de la cour impériale qui reayoie » k 
cour spéciale , et Tacte d'accusatioQ^ serant y dans 
les trois jours ; signifiés à Paccusé- » 

« Cette fixation, Messeignears, ne saurait être 
indifférente. Dans quel cas particulier sounnes^ 
nous? Eh bien! j'en fais râyèù^ et on ne saurait 
s'en prévaloir contre nous défenseurs; j'en ai reçu 
la copie, et ici vous voyëzîoQmkien l'accusé , dans 
la.noble carrière qu'il a parcdurae, et dans laquelle 
il entend arriver Ji se fostàfiention, y met de firan-« 
chiseet déloyauté. Mais enfin notre.devoir, à nous 
autres défeii^urs, ne wm^ pénoaet pas de passer 
sous silence une pareille (déjection. Je dis que 
Tacte d'accusaûoQ ne porte de date ni de jour, ni 
de mois ; elles sont restées en blanc : et ici l'on voit 
d*abord l'inconvénient qui peut en résulter. Tous 
délais sonl de* rigueur.. L'accusé peut ignorer ce 
qu'exige h loi. il aura eèvof^é sa copie à son dé^ 
fenseur jsai^ que la date soicénoncée^ et, trompé 
par le silence de l'acte , le défenseur laissera écou«H 
1er des dâais qui sont irréjMirables. Voilà done la 
nuUité*, c^t que tout exploit doit porter la^date et 
du jour. et. du mois. II y a nuUité, car la loi pro^ 
nênce cette peiue. ' ^ . * 

» Vous connaissez les moti&' qui me là font 
proposer. Nous nous plaignons de l'urgeace^ non: . 



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■'V 

pour le- maréchal empresse de se justifier^ mais 
pour nous, défenseurs, chargés d'une énorme res- 
ponsabilité. Le maréchal n'est donc pas légalement 
en demeure de répondre; il n est pas en retard, ni 
dans robligation de s'en expliquer, puisque Facte 
ne lui est pas légalement connu. 

M Cinquième moyen. Je passe au cinquième 
moyen de nullité. La première résulte de ce qu'on 
a omis de prévenir l'accusé qu'il avait la faculté de 
proposer des moyens de nullité; la seconde', de ce 
qu'on ne lui a pas laissé, avant de le traduire de- 
vant la cour dans l'intervalle du 19 au ji , le délai 
que lui accorde la loi> art. 296 du code d'instruc- 
tion criminelle. 

» On voit le motif de cilte disposition si con- 
Ibrme à l'humanité. Pour être accusé on n'est pas 
condamné.; la loi vient au secours du malheureux 
plus que du coripable. Le législateur n'ordonne 
rien en vain : voilà des préçaiitions ^ de ^scrupt:^- 
leuses précautions; elles sont restées sans effet ; on 
n'en a pris aucune ; on ne l'a point averti de la 
concession de cinq jours, ni de la réduction h 
troi^ jours seulement. Nous sommes donc bien auto- 
risés à dire que les règles ordonnéespar S. M., qui 
devaient être exécutées, ont été transgressées, et que^ 
sans sortir du cercle tracé par la cour par son arrêt 
du :2i , nous sommes endroit, en rentrant dans , le 
droit commun, de faire valoir toutes ces nullités; 



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78 
et nous pouvons les moiiver autrement , c est que 
nous sommes menace cf une ressource bien autre- 
ment précieuse àraccuse,cèUede faire en tendre dea 
témoins à décharge domiciliés ailleurs qua Paris. 

» Le maréchal Neyale droit de faire entendreles 
témoins. Ce droit lui est acquis par Tart. 5 15 du code 
d'instruction criminelle. Il n^a pas besoin <]c le jus- 
tifier; mais cette loi devient pour lui un droit sa- 
cré, lorsque Pacte d'accusation a établi ou essayé 
d'établir, ce qui est bien pénible à son cœur^ qu*il 
y a eu préméditation et caractère de trahison avant 
la journée du i4- J'aurai à vous denuer des expli- 
cations sur ce^oint, et j'espère bien satisfaire vos 
consciences ; c'est là une partie de l'attaque, telle- 
ment grave , que îe maréchal ne peut transiger sur 
les moyens de la faire disparaître; et cependant nous 
n'avons pais ici les témoins qui avaient été déjà ap- 
pelés devant un autre tribunal ; et voijà comment 
on se plaiiit des délais éeonlés ; ces délais ne peu- 
vent être attrU)ués , ni au maréchal, ni à ses défep- 
Iseurs, mais 'à l'erreur de ses accusateurs , à Ja fausse 
route qu'ils ont tenue , au choix de mauvais moyens 
d'attaque. 

» On se plaint de perte de temps quand la jus- 
lice est toujours là. 

» Vingt témoins ont déposé devant le conseil de 
guerre ; aucun n'a été appelé devant vous. Nous 
demandons un temps moral pour les faire assigner. 



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79 
Pourquoi ne ravez^yous pas ûil? nous dit-on. 
Nj|U6 n'en avions pas le temps. Le débi de- cinq 
jours n^avait pas èU observé* 

» La précipitation dont on fait usage, a donc 
jnstifié h conduite du maréchal Ney, auqnd on re- 
proche sans cesse de présenter des arguties pour 
Êitiguer votre religion. Je me repose suryos nobles 
âcrupulès pour n» justification peréonnelle. 

» Je m'arrête et je temiine ici cette discussion 
laborieuse. Pardonnez-4noi les détails minutieux 
âàùs lesquels j'ai dà entrer. Bientôt, si on permet 
au*marécfaal de faire usage de tous ses moyens, 
il en produira i*\m autre ordre; bientôt sa justifi** 
cation ne se tretoera plus dans des sentiers aussi pé- 
niUes; bientôt il prouvera qu'il est encore digne 
de la France s&m le rapport de sa conduite et de sa 
vert», digne d'intérêt et de compassion quant & 
Pacf ion dont on l'accuse. 

h Je persisté dans les moyens proposés. >i 

M. BeRart a répondu : 

K Les commissaires du Roi n^bnt pas de désir 
plus sincère que de voir Ic^ défenseurs du ma- 
rétîhsl Wey tenir ks promesses qui terminent le 
ptaidojrer que nous* venons tf entendre. Ils ont 
antioncé, avec une confiaiice qu'ils voudraient vous 
ibspirer, qu'il^prouveroioîtf inndccncedu maréchal. 
Ptti$sions-4ious psitager <3e<tte confiance ! puisse sa 



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vertu sortir brillante de justification par les èè^ 
bats qui ront s*oùvrir! nous serions soulagés diOL 
poids d'une grande douleur, si nous pouvions par^ 
tager «ncèrement cette flatteuse illusion , et nous 
verrions rayer avec transport des fastes de Fhisr- 
tdire un fait odieux envers le Roi et la patrie» et 
dont les suites ont été si désastreuses pour elle \ 
un fait, qui entache Thonneur français et . notre 
gloire militaire : mais, nous devons le/dire avec 
ftanchise, notre atleùté ne peut avoir que le cà*-* 
ractère d'une pénible inoerUtude ; et malheureuse- 
ment peut-être cette incertitude, bientôt évanotfie, 
va faire place aux terribles lumières de levidence. 
» Au premier coup d'œil , l'esprit de légèreté 
pourra- élre révolté de cçt appareil de difEicultés 
minutieuses , de.^ cette guerre itiisérable de dû* 
canes, de postes, de positions, et qui forme 
un contraste si frappant afvec la cqnstitution et la 
dignité de cette auguste assemblée^ nous sommes 
loin de partager cette opinion ; tout est précieux 
quand il s'agit de h liberté publique , de la vie , 
de rhonneur des citoyens. Les formes ( et en cela 
nous sômons à abonder^dans.le sentiment de nos 
adversaires ) sont protectrices de l'innocence : si 
les nullités avaient été fondées, elles auraient droit 
à votre attention ; si les formes avaient été violées , 
nous serions les premiers à en convenir et à passer 



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8i 

condamnation; mais est-il Trai qu'elles aient été 
transgressées à regard de cet illustre accusé? Nous 
ne le pensons pas: toutes les formes ont é^é rem- 
plies, et nous osons même assurer que, loin qu'il 
lui ait été lien refusé, il a trdtivé dans la procé- 
dure des formes plus rassurantes que celles que 
le droit commun accorde au vulgaire Ifes ac- 
cusés. 

» Commençons par.nous entendre sur les bases. 
» Les ordonnances du Roi ont tracé la marche 
que vous devez suivre; et, puisqu'il est question 
de ces ordonnances , je vais relever une erreui^ 
(involontaire sans doute) commise par quelques' 
journalistes , dans le récit de ce qui s est passé 
dans la dernière séance. Us ont semblé consacrer 
en principe, et d'après notre opinion , quà la 
chambre appartenait exclusivement le droit de 
faire ce règlement. Nous avons dit seulement, et 
en énonçant notre opinion personnelle , et non 
celle des autres commissaires du Roi ^ que ce 
serait peut-être une grande question de droit pu- 
blic de savoir si c est à la chambre à régler elle-? 
même 3a procédure , ou si elle peut être enchaînée 
dans cette marche par l'ordonnance du'Roi; c^ 
n'était pas le cas d'agiter celle question , et pou^ 
avons laissé reposer dans l'incertitude cette ques- 
tion, résolue par le parti que vous avez pris ^'ac- 

TOHE II. 6 



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8s 
cfpier puremem et siœplemei^ rordoanmce du 
Roi, 

^ Après cette explication que j^ vous devais , 
M^s^eurs le» pàn , pour empêcher la coostkra* 
tioa d'un principe dangereux , je passe a rexamen 
de cette base* U est donc désormûs coosacr^ , 
acQQrdâl décidé que partie des règles à suinte est 
tracée par lordonnance du Roi^ que les autres 
dçftvent êt;|*e prises dans le droit commuo, et qu eHes 
doiiyenl; élrè choisie» non par un excès de pouvoir, 
ni pir aucun scte arbitraire, nais par la néces^té 
mêiua des dboses* 

' » Dans quelque tribunal que ce soit, il y a trois 
ou quatre'^ conditions qui doivent toujours être 
observées ; il faut liberté de défense à l'accusé , il 
fiiut publicité de la délense, il fiiut confrontation 
de Taccusé avec les témoins. Cda se retronre de- 
vant tous les tribunaux , parce que cela leur est 
applicable à tous-, naais il est d'antres Aspontions 
necessaii*es, indi^nsaUes devant tel tribunal, qui 
disparaissent par la nature même des choses , et 
par f essence de Torgamsation devant nn autre. 

. » Ainsi, devant les tribunaux ordinûres , en 
niatière criminelle, il y a les tribunaux de première 
instance , la cour royale , et les jurés , devant cha- 
cun desquels il se fait une instruction particulière. 

)p.La plainte, portée d'abord au tribunal de pre- 



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83 

ftiièfe îûstàtKîe, est Iranstnise à là chaftibfe du con* 
âei) qui décide sUl y a prëventioti. Ensdiie tout ù*est 
pa^ fini pour Faccusëj il passé ad s^coùd degré 
d^instructiôù deVabt la cour royale. La chambfé 
d^accusatioû exàfuitié et dédide sll y a lieu à ac- 
cusation : secûud degré déi procédure. Enfin , eu 
derniei" Iteu, il comparait devant les j tirés eu cour 
d^assises, ou bien devant la Cour spéciale : (foi- 
sième degré^ jurididtioû ou dlûstruction. Toute 
cette tûarctie ést appropriée à Ces tribunaux à é^ié- 
lons , si je puis mé servir de celle expression tri- 
viale. Voilà comment on procède , ce dont il f^aut 
l>ien se pénétrer pour éviter une confusioû d'idééS» 

» Il y a une seconde espéicé de tribunatit ; dé 
sont les cours spéciales. Dans ces cours, toute 
la partie de ^Instruction que leur ôrgatiisation ré- 
pousse est retranchée. 

» Il y a enfin une troisième espèce de tribu- 
uaur constitutionnels aussi ; ce sont les conseils 
de guerre j trftunaux particuliers aux militaire. 
Comment procède-t-pn devant eux ? ïci cest rôi*- 
ganisation qui répond à la question. Comme cite 
est simple , unique , sans échelons , on n'y 
trouve qu*une procédure écrite , qu'une marche 
d*une extrême simplicité. 11 n'y a ni jugement dç 
prévention , ni mise en accusation -«quand lés té- 
moins sont entendus , quand Facciii^ est interrogé , 



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" 84 

tout est soumis au conseil de guerre. Les témoÎDs 
Fjeparai^sent , raccusë est entendu de nouveau , et 
comme le tribunal est un , simple , et que la pro- 
cédure doit lui être appi'opriée , il ne conserve de 
rinstruction des trîbunaux ordinaires que les dé- 
bats seuls pour arriver au jugement. 

» Ici , il suffirait de votre raison et de l'analogie 
nécessaire pour que vous soye2 bien convaincus 
que y sans examiner comment la marche a été tra- 
cée , tout ce qui a été fait, la été précisément 
comme il devait l'être , à en croire même le dé- 
fenseur de l'accusé. En effet , comment a-t-on 
procédé? La plainte vous a été portée avec l'or- 
donnance de Sa Majesté. Il était convenable , né- 
cessaire et indispensable de procéder à l'instruc- 
tion écrite , c est-à-dire , d'entendre les témoins et 
l'accusé. 

» Dés le jour où les commissaires du Roi se sont 
présentés devant la chambre des pairs , vous avez 
procédé comme il convenait. Le président a* été 
nommé pour entendre les témoins , pour interroger 
Faccusé; vous avez ordonné que les procédures 
seraient communiquées au ministère public pour 
dresser l'accusation sur laquelle vous rendriez 
ensuite l'ordonnance de prise de corps. On voit 
que , dans l'organisation de la chambre , il était 
impossible d'agir autrement. On a suivi la même 



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85 
marche que lès conseils de guerre, et celle marche 
n a rien d*avilissant 5 ces conseils sont aussi une 
grande el noble magistrature^ ils n'agissent ni 
avec plus de légèreté ni avec moins de religion : 
la loyauté militaire est la pour accorder toute sa 
protection à l'accusé. 

» L'organisation de la chambre étant une et 
simple comme celle des conseils de guerre , il 
n*a pas été possible Jélablir de mise en préven- 
tion^- ni de mise en accusation. Sans tous ces 
préalables on ouvre les débats, l'accuse est amené, 
le procès slnstruit. 

» Cette marche , ce mode de procéder estf dans 
l'intérêt hiême de Viiccusê, Si vous agissez autre- 
ment, si, voiis divisant en chambres, vous passez 
sur tôui' les degrés deTînstruction des tribunaux' 
ordinaire^ ^' vous privez Taccusé de ses plus ini- 
portans ^ivantàges. Il nVst pas dbuteut que ceux 
qui auraient déjà émis létir o^nion sur la mise en 
accusation, ne pourraient pas prononcer sûr la 
justificalioti défîiittîyé. Et ou conduirait un pareil 
système? Pdui' la prévention, pour la Ynise en ac- ' 
cusation , il ne fabt pas de preuve complète. Pour 
la prévention , il faut seulement quelques soup- 
çons ; pour la mise en accusation , il faut qu'il y 
en ^t de graves*. Le tribunal qui prononcé sur 
le fond reconnaît les erreurs et les répare > en» 



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80 

sorte quç $i )a division était admise «raççusé se- 
rait prive d^ l'opioion de tou$ les pairpqui aor 
raieQt v^qué à rinstrucûoD du premier et du se* 
cppd degré ^ et au moment de prononcer sur sa 
vie et sqr son honneur /ai| lieu de la chambre 
des pairs entière, il n^en trouverait plus qumie 
fraction peut-être plus portée à admettre l'ficcu* 
s|itlon , et il serait privé de ceux (jui peut-être au- 
raient prononcé en sa faveur. 

» 11 est donc impossible d'admettre eetiç partie 
d'instruction empruntée apx tribup^u^ ordioaireç. 
L'organisation de la chambre. Tinter et de l'acciiçé^ 
1^ repoussent. On n'a du prendre d;ip$ le droit 
commun que ce qui était compatible avec l'orga^ 
qisation de la chambrç , où, ]çs pouvoirs de juge 
et de juré 9Qnt confondus. Cei^t ce qu a voulu 
l'ordonnance du 1 2 novembre. Doit-on eptendre 
par le second paragraphe de Tartiole 2 de ^ette 
ordopnanoe qu aucut) acte d^ rinatruction crin»- 
nelie ordinwe ne doit être négligé ? Mais les dé-" 
fenseurs ne parlept que de la prâe ep accusaûoPt 
et pop de la mise ep préveptîoQ. Le système au- 
rait été trop ridicple dap# son ensemUe ; ils en 
ont (^çrifié upe partie pour sauver Fauire. Il iaut 
déduire de toutes ces proposition^, que tQUs les 
actes d'instruction applicables à la chambre se ré- 
duisent à l'audition des témoins et à l'interroga* 



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«7 
lolre de Faccuséi revétitode toutes les formaltt^ 
prescrites par le codï^ d'instruction criminelle. » 

Après ces premières idées générales , M. le 
proeureur-général a passé à lexamen des nullités 
proposées, 

« Le premier moyen , a*t*il dit^ est futile : Far- 
tide :234 ne s'apjJique qu'aux arrêts de la mise en 
«ccusaûon ^ et l'arrêt du i5 novembre donne seu- 
lement acte de la présentation de la plainte ^ et 
commet le président pour faire Finstruction. Lors- 
que la cour a rendu larrét de prise de corps ^ elle 
s'est conformée religieusement à la disposition de 
la loi I et tous ses membres l'ont «gné. 

» Le second moyen n'est pas plua fondé* La 
chambre n'a pas prononcé la mise en accusation , 
elle ne le devait pas. Cette formalité étail inéotn^ 
paiible avec la simplicité de la marche et l'unité 
de ssi composition. Faisant les fonctions de grand 
juri , elle a fait tout ce qu'il faNait pour parvenir à 
cette fonction ) ce que vous avez fait, vous l'avez 
fait suivant les règles du bon sens, et en confoN 
mité de l'ordo^natice du Roi , puisque la marche 
a été basée sur l'article 2. La elàmbre ne pouvait 
preddre qu'une péofnnion , et c'est ce qu'elle a 
fait. Elle a )ugé qu'il y ayait charge suffisante pour 
que le procès fut instruit^ pour que le prévenu 
fut privé de sa liberté. Vous ave* toujours ptô- 



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8« 
èedé comme le voulait l'ordonnance du Roi qUÎ 
vous constitue en tribunal. Le Roi n'a vu qu'un 
second point à remplir, celui de fixer le jour où 
l'instruction et les débats devâietit commencer. 
L'ordonnance est devenue le règlement de la 
chambre par l'adoption qu'elle en a faite. Cempyen 
donc n'est nullement fondé , et avec lui s'écroule 
l'antidate qu'on avait reprochée anx pièces de 
porter/ 

» Pour prononcer la mise en adctisâtion , il 
aurait fallu que la chambre se divisât en sections. 
•La fraction qui aurait prononcé cet arrêt provi- 
soire, n'aurait pu intervenir dans le jugement sur 
cette accusation, L'accusé aurait donc perdu la 
plus grande des garanties, celles d'être jugé par la 
totalité de la*chambi*e. 

» Les mêmes motifs qui anéantissedt ce moyen , 
font tomber aussi celui qui en est le corollaire, 
ranlidate ou la prématU4*atioD de cet acte d^accu* 
sation, puisqu'elle n'a pu prononcel- la mise en ac* 
cusation , puisque l'ordonnance du Aoi , puisque 
l'organisation de la chambre raémç y résistaient. Il 
ta donc fallu que les ministres, chargés par l'ordon* 
naûcè de la rédaction de cet acte, le lui présen-^ 
tassent pour qu'elle put ordonner. la prise de corps* 

» Le quatrième mo3en n'est pas mieux fondé* 
Les défençeura du maréchal ont trouvé dans l'ar* 



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89 . . 

ticle 367 une eoncession à raccusé pour prëseoter 
ses moyens. Ils se sont trompés. L'article contient 
seulement une obligation ail ministèRe public de 
signifier lacté d accusation dans les trois jours de 
Farrét de renvoi; afin d'accélérer l'affaire, il peut 
le signifier plus tôt , pas plus tard. 

n Le dernier moyen est tiré de la prétendue 
violation de l'article 296 du code d'instruction cri- 
minelle j mais il s'agit^ dans cet article, d'une ins- 
truction relative à la déclaration du juri*, il n'est 
donc pas applicable. 

^ ))■ II y a plus : l'accusé n'a aucun intérêt à faire 
annuler cette procédure préparatoire; elle n'est 
pas dirigée contre lui, mais elle est seulement des- 
tinée à éclairer la conscience du juge; elle dispa- 
raît pour ne plus repaniître ,' quand l'instruction 
orale est ouverte. 

M. le procureur- général résume ensuite ces 
Inoyens, et termine à peu près en ces termes : «Il 
me reste à répondre aux reprôcbeis qu'on nous é 
faits d'une trop gi'ânde précipitation , qui cause 
à l'accusé un préjudice notable, en le privant de 
recueillir les témoignages à sa décharge. » 

M. le procureur-général a ajouté de plus : ^ 

c( Il nous semble , si nous avons bien' compris 
l'intention de ses défenseurs , qu'ils entendaient 
établir sa défense sous deux rapports*; qu'en met- 



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tant à part les faitô depuis le i4 mars, sur lesquds 
le maréchal a eu la loyauté de ne tenter aucuoe 
déoegatioa, et eu se réfugiant dans les circons^ 
tances antééédentes, ils voulaient étaMjir qu'il njr 
avait pas eu de préméditation de sa part, que c'était 
un acte de surprise.etd'entrainemenl : ils attachent 
un grand prix à ce que la loyauté du maréchal ne 
soit pas noircie par celte circonstance accidenttUe» 
qu'ils espèrent faire excuser^ du moins ils n^ vena- 
ient pas qu'on, pense qu'au moment où il jurait au 
Roi une fidélité à toute épreuve , déjà il portait 
dans son^ein Fintention de le trahir. Si les com- 
missaires du Roi voulaient agir avec une rigueur 
qui est bien loin d'être dans le cœur du Monarque, 
sous l'autorité duquelils se présentent, ils pour- 
raient dire que ce qu'on vient de plaider est con«- 
traire à l'évidence même ; que c'est un subterfuge 
inventé pour éluder le jugement de l'affiiire. 

» Le maréchal a déjà vu le moment su- 
prême i l'heure a failli sonner où sa justificatioii 
toute entière detait être présentée à ses jugei. 
Sans doute il n'était pas dans leur secret -, il igno- 
rait que son mojreo de compétence serait accueilli ; 
Vil était rejeté, les débats s'ouvraient sur-le-thiâtop, 
ses témoins devaient être réuniâ[: peut-on ï:roire 
qu'il ait négligé de rassembler dans un instant aus- 
^ décisif tous ses moyens de déf^se ? 



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9^ 
» Il veut se justifier sous ce rapport : eh bien ! 

qu'il rende grâce au besoin qu a la société toute 

entière de voir terminer celte affaire*, oui, il serait 

trop honteux pour Fhonneur militaire quun 

homme décoré de tant de triomphes ^ investi d*une 

tdle confiance, comblé par le meilleur des princes 

de tant de bon(és; que cet homme, au moment 

oit il posait sa bouche sur la main royale qui lui 

était si affectueusement tendue, ait porté dans son 

cœur le dessein de trahir son Roi et la France, 

d'appeler sur sa patrie les maux innombrables qui 

Fécrasent. U veut être justifié de ce fait : eh bien ! 

nous Ten justifions. II veut n'avoir trahi que le 

i4 mars : eh bien ! dous y consentons. Voyons si , 

en supposant qu'il a emporté à Lous-Ie-Saulnier 

ces sentimens qui devaient s'efiàcer si peu de temps 

apri&s, il sera moins coupable devant le Roi. 

» Il nous sera doux de penser quHl n'était pas 
traître k Q^ nous aimons mieux croire que ses 
bonnes intentions ont été renversées dans la nuit 
du X S au 14. Nous nous bornerons là. 11 n'est plus 
besoin de faire entendre des témoins pour cons- 
tater des circonstances que nous connaissons. II 
n'est^ plus nécessaire, pour sa défense, d'obtenir 
des déls^ia qui lui som aussi fâstidiQax qu'ils sont 
fatals pour la |>ciété. » 

M. le procureUr-géoérat symt terminé , M. le 
président a dit : 



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9^ 
c( Je requiers les commis^ires du Roi de sex- 
pliqùer sur le troisième moyen de nullité présenté 
par les défenseurs du maréchjal. » 

M. Beltart a ajouté alors : 

« Cejlte nullité est si légère ^uHI va être facile 
de comprendre comment elle a pu m'écbapper. 
On a dit que Ta date mapquait sur la- copie de la 
signification présentée à l'accusé j soit : la copie 
ne prouve rien , la copie pouvait avoir, été échan- 
gée , par une complaisance «peu, honnête, a la vé- 
rité^ mais su pposable enfin de la part de l'officier 
chargé d^ ta porter. Qu'en voulez-vous induire? 
que vbu$ ne l'avez point reçue le jour présumé ? 
Mais le ^contraire est prouvé. J'ai sous les yeux 
l'original , et je vois que c'est au bas de l'original 
même , sans .doute par l'erreur qu'on a mise à le 
lui présenter, que le maréchal même atteste par sa 
signature le reçu des pièces à la Conciergerie. 

» Ainsi donc, les commissaires du Roi requiè- 
rent que, sans s'arrêter aiix moyens proposés par le 
maréchal Ney, il soit passé outre, et que. les dé- 
b^ts soient ouverts, n . . . " , . ' 

MA Dupin a répondu :\ 

uToute procédure est fégiilière quand les fornàes 
prescrites ont été observées ; toute f)rocédure est 
irrégulière quand ces formes ont été négligéesi ou 
imparfaitement remplies^ Tout se réduit donc à 



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93 
comparer exactemeut ce qui est prescrit par la loi 
au magistrat , avec ce qu il a fait. La première 
est celle de $ayoir^(|uelle loi servira de régulateur 
au juge. Cette question est jugée par votre arrêt, 
que nous révérons, et qui a décidé que nous sui- 
vrions les règles prescrites ■ par Tordonnance du 
Roi , et dans le droit commun , auquel elle ren- 
voie nécessairement, puisqu'elle y déroge en quel- 
ques points. Mais ce droit n'est pas laisssé tout-à- 
fait à Farbitraire de l'interprétation pour les cas aux* 
quels il n'est pas dérogé. » 

L'orateur a établi que, bien loin^ que l'ordon- 
nauce eût dispensé la cour des pairs de toute for- 
malité , elle a , au contraire, entendu lui prescrire 
l'observation de toutes les formalités auxquelles elle 
ne dérogeait pas spécialement. Ainsi , en créant 
un greffier, des huissiers , quoiqu'elle n'eût pas dit 
qu'ils signeraient leurs procès-verbaux , leurs ex- 
ploits , ils n'étaient pas moins tenus de le faire , 
fs peine des nullités prononcées par les lois or- 
aires. 

11 a repris eimite tous les moyens présentés 
par M*. Berryer, i^a exposés avec de nouveaux dé- 
veloppemens , et a réfuté les objections du procu- 
reur-général. 

Il a terminé en réclamant un délai pour faire 
appeler les témoins à décharge. « On n'a accordé 



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94 
que quat^ûte-huit heures; et plusieurs ue sont paâ 
domiciliée i Paris : pouvaât-on les faire citer hier 
pour aujourd'hui ? ' i 

»Pourqu(n, a^-t-il ajouté, demandons^nous à fjùre 
entendre des témoins à décharge? Pour prouve^ 
qu^avant le i4 niars le maréchal n*a pas trahi le 
Roi; qu'UTa ad contraire servi avec le zéte le plus 
pur. £h bieli! nousdit-on , c^est un point accordé* 
n ne suffit pas qu'on nous laccorde; il faut qu il 
soit soTennelfèment prouvé. Nous ne voulons 
rien devoir à la libéralité , mais tout à la vérité: 
Nous voulons établir que le maréchal est resté 
sujet fidèle et dévoué jusqu au i4 n^^ts ; nous vou- 
lons* vous faire connaître ce qui s'est passé à cette 
époque. Vous voulez placer la foudre sur nos têtes-, 
nous voulons nous faire voir comment Torage s'est 
formé. » 

M. Beltart , reprenant la parole, à soutenu que 
les formes de la procédure n'avaient pas été laissées 
à la discrétion des commissaires du Koi , par YoÊlIf 
donnance du 12 novembre ; qu'au contraire la 
marche à suivre y avait été tracwde la manière la 
plus précise; que celte marche avait été ponctuel- 
lement exécutée. Il a comparé cette procédure à 
celle qui s'observait devant les conseils de guerre ; 
ces tribunaux constitutionnels aussi , et respecta^ 
bles par la loyauté de ceux qui les composent. 



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9i 

c( Si f accusa, a e^até M. BeHart, a réellemeot 
besoin de délais, qu'il les demande , qu'il explique 
seâ motifs , suit quels faits les témoins doivent dé- 
poser. Si on juge qu'il soit utile pour sa cause de 
les faire entendre, il est de la justice et de Thuma- 
ni té de les faire appeler. Mais si justice est due à 
Taccosé , elle est due aussi à la soiciété. Le maré- 
chal doit avoir tous ses moyens prêts ; la procé-* 
dure devant le conseil de guerre a été longtfe , 
beaucoup trop longue. Il faut enfin que le jour du 
jugement arrive. Il ne peut pas rester impuni, s'il 
esc coupable ; il ne dok pas rester toujours dans 
les prisons, s'il esl innocent. » 

IMI^.Berryer, après avoir encore ajomé quelques 
réfleiions sur les moyens de nullité , a insisté par^ 
4iculièpement sur la nécessité dTua délai.. « Les dé- 
fenseurs, a-i-il dit, ne veulent pas compromettre 
leur responsabiKté dans la défense d^un maréchal 
de France. Non-seulement les témoins qu'on veut 
faire entendre déposeront sur les faits antérieurs 
au naWurs, mais aussi sur les événemet» de cette 
jonrnée si remarquable, et qui n'est pas assez con-^ 
nue. B ny. a pas* parité txkire la situation du ma* 
réchal devant le conseil de guerre, et s» position 
devant la chambre. M. le procnreur-général sait 
bien , et il peut lai affirmer en tout cas , que deux 
décisions du ministre de la justice et du ministre 



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* de la guerre intimaient au conseil de guerre. qu'il 
eût à surseoir au jugement du fond , jusqu'à ce 
que sa compétence eût été réglée par la cour de. 
cassation *, ainsi , dans aucun cas , le maréchal ne 
devait s'attendre à avoir à s'occuper immédiatement: 
du fond de Taffaire. » 

M% Berryer ayant terminé , le président a invité, 
la cour à se retirer pour en délibérer. 

Après une délibération de deux heures, la 
séance a été reprise » et le^président a prononcé le 
jugement suivant : 

« La chambre, faisant droit sur les conclusions 
de MM. les commissaires du Roi^ sans s'arrêter 
aux moyens préjudiciels proposés par l'accusé dans 
cette séance, dans lesquels il est déclaré mal fondé, 
ordonne qu'il sera passé outre, à l'examen et aux 
débats. » 

M. le président a ensuite demandé si les té«^ 
moins étaient tous présens. 

M^ Berryer a répondu : a Monseigneur, les té- 
moins à décharge dont la liste a été signifiée le 19, 
n'ont pu être assignés^ je supplie la chambre d'ac- 
corder un délai suffisant, pour qu'il soit possible de 
les faire citer devant elle. » 

<( Les dépositions des témoins , a dit M. le pré- 
sident, ne soat-elles pas consignées en des inter- 
rogatoires écrits ?» 



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97 

«Nou}^ attacherions beaucoup d'importance^ a 
répliqué M«. Berrjer, à ce qu'ils fussent entendus 
oralement; la plupart donneraient des détails pré^ 
cieux sur la journée du 14 mar$. Dans une déposa- 
,tion écrite » tous ces détails seront perdus. 

M. le président ayant invité favocat à énoncer 
les noms des témoins et les faits sur lesquels il 
voudrait les faire entendre} 

M% Berryer a citéles noms de M. le baron de 
Préchamp, le marquis de Sauraps, M. de Saintr 
Amour, qui étaient présens à l'armée le i4i de 
M. le baron de Montgenet^ de MM. Gujet Bes- 
jsières, qui opt vu le maréchal le 1 3 ; de M, Heu* 
jdelet , avec qui il a eu une correspondance imporr 
tante sur la situation de Dijon, l'esprit public^ 
celui des troupes, de 1^ gendarmerie. Ces détails 
ne sont pas daus sa déposition écrite. 
. M. le président a dit alors : te Précisez |e délai 
que, vous demandez. » 

. JNt". Berryej; a dédaf é qu'il § ep rapportait «otiè- 
xefnent h la prudence de h cour ; ,il a réclamé Tiq- 
tervisntion du njinistèii'e public j)Our lasigniâcatioa 
desajoivoemens ^ afin d'abrqger encore les tlélms. 
^ M. Bellart a*e$t opposé à ce que le délai fi^t 
.adxordé : il ainvoqué lesdîspqs^tions ducode^'im- 
iiuctioncrimipelle. «Quand ^ débats sont ouverts, 
9r4rïld\% , il ii'est plus |H»s^ de lç& ixif^rr<mp^» 

TOMB II. '7 



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9« . . 

Telle est la règle prescrite pour les couié d'assises. 
Si dans le cours des débats on juge nécessaire d en- 
tendre des témoins ^lir un fait douteux, le prési- 
dent a le droit de suspendre les débats pour les 
faire entendre. Le ministère public le requerra 
méme^ s'il y a vraiment nécessité de les entendre. 
Il n'a d'autre désir que de voir luire la vérité. 

«Mais après toutes les concessions faites au 
maréchal , après les preuves acquises par la noto- 
riété publique, quand on ne parle que de faits 
antérieurs au fait principal, il ne peut s'empêcher 
de persister à croire que ce n'est pas dans Imtérét 
de la cause, mais dans le seul but de prolonger de 
quelques jours l'incertitude actuelle du sort du 
maréchal , qu'on demande des délais; il conclut , 
en conséquence , à ce que les débats soient ipcon» 
tinent ouverts, sauf au président à prendre telles 
mesures qu'il croira convenables à l'égard des té- 
moins dont l'audition lui "parattrà nécessaire. » 

M*. Dupin a répliqué: « On n<Mis oppose que 
les débats étant commencés, il faut les continuer; 
mais les débats ne sont pas ouverts, puisque le ré- 
quisitoire du pi^cureur du Roi tend à ce qu'ils 
commencent incontiàent. On nous oppose encore 
les règtemens des cours d'assises : l'argumentation 
devient difficile ; tantôt nous procédons comme des 
^BOnseUs d0 guerre, tantôt comme des cours' d'as- 



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99 
sises , lànlôt comme dés cours spéciales: quçl esl 
ea définitif celui de ces trois modes que nous de- 
vons suivre ? J accepte celui des cours d^assises , 
puisque c ^t le dernier dont on a parle. Eh bien ! 
devant les cours d^assises, le jour de la comparution 
est fixe long-iemps d'avance; ici les pièces ne nous 
oni Àé communiquées que le iS*, c'est le i8 seu- 
lement que nous avons reçu l'acte d accusation : 
pouvions-nous faire assigner des témoins avant' de 
savoir si nous étions accusés , de quoi nous étions 
accusés ? 

V Je réduis là cause à ce point: A*l-il été pos- 
sible, en passant toutes les nuits, en consacrant 
4aotre existence toute entière à la cause du maré- 
chal, de nous préparer à le défendre aujourd'hui? 
Avons-nous pu, avec la rapidité de l'éclair, en- 
voyer nos citations aux témoins domiciliés sur tous 
les points du royaume? On pourra y suppléer, dit- 
on , avec l'instruction écrite. Eh qqoi ! tous les té- 
moins à charge seront entendus verbalement, et 
nous n'aurons à feur. opposer que de simples ren- 
seignemens! C'est du choc des dépositions que 
naîtra la lumière. Si nous n'avons qu'un papier mort 
à opposer à des discours animés, la partie n'est pas 
égale^ Il ne su^St pas que le maréchal soit déchargé 
des faits antérieurs au i4 mars ; mais il faut encore 
.que la chambre sache dans quelle situation d'esprit 



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100 

il $0 trouvait quand le fait qu'on lui reproche s'est 



, » En droit 9 il n*y a eu nul délai pr^fiz ; en fait ^ 
nous ne sommes l^^alement accusés que du i8. 
^ Il est évident qu'en quatre jours de temps nous nV 
vous pu assigner les témoins. Si nous demandons 
qu'ils soient cités à la requête du ministère public , 
çest afin qu'il n'y ait pas de temps perdu. Nous ne 
demandons que le délai rigoureusement nécessaire , 
et nous nous en rapportons pleinement à votre 
justice. » 

M. BeHart a dit : « Je ne repreildsla parole que 
pour redresser un fait. A entendre le maréchal^ il 
semblerait qu'il n'est prévenu que depuis quatre 
jours de l'accusation dirigée contre lui, Maisi^^t^l 
pas dqà été traduit en jugement? Si le maréchal 
avait entendu , le 1 8 ^ pour ia première fois , parler 
des chattes qui s'élèvent contre lui, il serait, parfai- 
tement fondé; mais après avoir essuyé une pre^ 
mière instruction , cette prétaaiion n'est pas sou- 
.tenaUe. Les témoins sont inutiles à entendre ; le 
ministère puUic ne peut interposer son autorité 
pour les faire comparaître. Je perâste dans mes con- 
clusions. » 

M^. Berryerarépondu : « Jenemeoemiets qu^une 
remarque, c'est que devant les consuls de guerre 
il n'y a jamais d'acte d'accusation. L'attaque i) y est 



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loi 
jamalf comme • Noas ne pouvions donc pas être 
avertis des chefs multipliés qu'on nous impute, et 
auxquels se Tattachent quinze textes du code pénal 
an code militaire. Le conseil de guerre, malgré son 
mfle^nhle sévérité ^ a mis dé niveau les moyens d'at- 
taque et les moyens de défense; la cour des pairs ne 
sera pSais moins équital)le. » 

La chambre s'est retirée, pour délibérer , à cinq 
heures et demie; à sixheures et demie, elle est ren- 
trée eh séance, et M, le^jlwncelier a prononcé lar- 
rét suivant •/ 

R La chambre des pairs , faisant droit sur la de- 
n mande de l'accusé, tendante à rajournément des 
» débats à tel jour qu'il lui plaira fixer, après avoir 
n entendu les conclusions des Commissaires du Roi , 
» a^ajoume à hindi 4 décembre , dix heures du ma- 
» tin, pour tout délai, pour l'examen, Pouverlure 
)»*4cs débats^ et le jugement, toutes les assignations 
» aux témoins tdhant. n . 

Après ce jugement, la seconde audience a été 
levée. ^ 



' Les: dAat3 ont i^oommencé le 4 décembre. 
M: le chanceKer y président , a de nouveau de- 
' mandé^au maréchal ses noms, prénoms, Âge, lieu 
de naissance , domicile ^ etc. ; il a répondu comme 
précédemment. 



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Après Tappel nommai dQ Messieurs le^ pairs; 
M. le procureur- génçral a dit ; 

« La lecture donnée à la dhambre de Tacte 
d'accusation expose tous les. griefs contre: lé.m^ 
réchâi Ney. Les rejtracer en. détail.^ .après qu^ils 
ont été déjà mis sous Içs: :^4ux'y ce serait e{ &ire un 
double emploi et perpétuer les sentiiiieiM de dou- 
leur qu'ils ont déjà excilé^^eu.vous ; \e crois de- 
voir faire > à la rapidité ^deJa marche. de l'affaire, 
et pour riméfét de la jtisti|icSktiQD et de l'accusa- 
tion, le sacrifice du développement que je^pçur- 
ràis donner à ces impptiitiops'. Je vais dçpp >fne 
hpmer à faire donner par le secrétaire-rarchiviste 
lecture de la liste des témoins. , '•'.<..; ^ 

» Le greffier en cb6f a donné lecture de la l^tp 
des témoins appelés à la requête du ministère pu- 
blic et de l'accusé. " 

Témoina appelés à la re^u^e du ministère 
public.^ 

MM. le duc de Duras, Magîn ^ Pantin ,.Per- 
rache , le chevalier de Ricfaemont , de Beausire , 
le duc de Reggio, le faaroo Clouet^.lé^comtéde 
Favprney , le prince de: Pgix ,. lef comifc^ d^ %ey , 
le comte de la Genetière^ le comte de Grivel, Ij^ 
comte de Bourmont ^ de Ballienconrt , Charqioille 
de Fresnoy, le chevalier Grison , Tumeril de Le- 



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io3 

court ^ .Çalardy, le duc. de Mailhé» le baron Pas- 
singes (le Précfaamp , le baron l^ermet , le baron 
Gauthier » le; marquis de Sauran , Régnault de 
Saint-Amour, Cayro), lé duc d' Albuféra^ , de Langue^ 
de Bourcin, le baron de Moptgenet^ Boulouze, 
le baron Cap^lle ^ .le marquis de Vaulchier , Bes« 
sières, Guy, le chevalier Durand y le comte Heu« 
delet ^ madame Maury« 

i 'A la requête de V accusé. 

. MM. Lç prince d*£Gkmulh , le Qomte de Bondy » ' 
le général Guilleminot , Bîgnon. 

Après la lecture de cette liste^te mar<échal'a 
pris la parole : (c Je yai^, répondre » a-t-il dit» à 
toutes leS|incUlpation&, sanfla réserve de faire 
valoir, par mes défense\)rs, 1^^ tnoyens ûré;. de 
Fart. 12'dela.cpnventio^d.i^ 5 jV^Il^, et des, dis- 
positions^ de celle du ao novembre i8i5;>j,, 

M. lepnasideaira ensuite fait subir au maréchal. 
Haterrogatoi^p ^liiyaqtjt .' / . . '. 

D. Où éti^z-^vous à lepoque du débarquement , 
de Bonaparte ?. . . ; . r. ' . " 

/?• A ma terre des Çoi^draux^ ' ;> .; 

D. Pourquoi Tavez-yous quittée ? ... 

R. P^ur me rendre à , mon gouyerae]|^ei|t , 
d'après un ordre du' ministre dp la guerre, qui, est; 
ici dans mes papiers ou qui a été remis, à YvE- 



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fo4 

jb Quel est Pofficdap qui voîts f à traûsmi^ ? ' 

X. Je né me le i^ppeHe paâ$ il doit éùre ici. 

2>. Ne Youâ à-t-il rien appris du dâ>ahiuemeDt 
de Bonaparte? 

R. Non t il m'a remis la lettre, et ne m*t rien 
dit autre chose. Il était parti de Paris le 5 mars en 
sortant d'un bal. «Te lui ai proposé h dîner chez 
moi ; il a dîné , il a fait ses préparatifs et est parti. 

D. Il ne vous a donc rien dit du débarquement 
de Bonaparte ? •• 

. 11. Rien. Il ne le savait pas. Demandez-le à 
M. le duc de Monfmoi^enci : personne ne le savait , 
pas même k Paris. 

/?. Quané étes-vouÀ arrivé à Paris? 

j{. Le 7 au soir. «Tétais parti dans la nuit du 6. 
Il y a treize heures de poste. 

J9. Gomment Fa^ez-vons appris à Paris ? 

R. Jefâi su par mon notaire; étant chez lui 
pour mes a&ires particulières, il me dit : Savez- 
vous la grande nouvelle?— --Quelle noûvdle ? -^* 
Gdle du .débarquement de Bonaparte. 

D. Avez-vous vu le ministre de la guerre ? 

jR. Oui, après avoir fait ma visite au duc de Berri. 

D. Que vous a dh le ministre ? 
' 1{.^ n*a pas voulu s'expliquer sur ma misskm. 
Il m*a dit : vous trouvefr^ à Besançon dés ordres* 
D'oUeurs Bourmont est instruit 



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io5 

JO. Avez-yousTU le Roi ? 
Jt. Je Fai vu. Op m'a dit d'abord qiif S. M: 
i^taic soufiriinte, qi|e je ne pouTais pas la tpir- J'ai 
insisté ', enfin j§f liA s été présentée fè lïà ai <le^ 
mandé si ell^j^'avait lii^ de partioudier à m'ord&B*- 
ner 9 el]# ne se rappalaiç en aneune.manièœ d'au* 
cune disposition militaire. Sur ce que je suis eensé 
lui avoir dit que je ramènerais Bonaparte dans une 
cage de fer, dussé-je ét^e fusillé, lacéré en mille 
morceaux, je ne me rappelle pas Favoir dit. J'ai 
dit que son entreprise était si extravagante que^ si 
pu le prenait ^ il méritait d'être mis dans une cage 
de fer. Cependant, si je l'avis dit , ce serait une 
sottise impardonnable ^ mais ce serait une preuve 
que j'avais le désir de servir le Roi. * 

jD. Q uand êtes-vous parti de Paris ? * • 

JR. Le 8 mars. 

2>. Par quel ordre ? 

M» Sur la lettre du ministre de l^gguerre. 

/?. Reconnaissez-vous les ordres ? 

JR. Oui , la lettre du 5 mars» 

(Le greffier donne lecture de cette lettre.) 

D. Avez-Vous fait exécuter ces ordres? 

R. On peut voir, à la ^mple le<^tur^, qu'il n'y 
avait rien à faire. Je ne commandais que des dé- 
pôts. Bonrmont avait le commandement. 

D. Quel jour arrivâtes-vous àtiOns-lé- Sâulnîer ? 



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io6 

JR. Le là. 

Z). Qu'arez^vous faille i^?' 

R. Jai réuni les officiers et' ks ai rappelés à 
leurs devoirs et à leur, serment.. A. mesure que je 
trouvais des soldats^ je les réànissàis^ et leur parlais 
âe leurs devoirs et de leurs sennens. 

JD> Qu avez'vous fait dans la nuit du i3 au i^? 

R. J ai reçu plusieurs agens de Bonaparte. 
, D. A quelle heure les avez-vous reçus ? 

J?. A une heure, deuï heures ou trois heures. 

Z). Quels étaient ces émissaires? 

/{. Plusieurs individus/, des officiers de la garde 
déguisés-, un d'eux filessé à la main. Dans le pre- 
mier interrogatoire du ministre de là police, je 
m'en suis'^èxpliqué. 

On a dît que lorsque S. M. m avait tendu la 
main , j'avais hésité à la baiser ; 'je n'ai jamais hé- 
sité. 

Z). Que %us ont dit ces émissaires ? 

R. Us m'apportaient une lettre de Bertrand» 
qui me disait que tout élait arrangé ; qu'un envoyé 
d'Autriche était allé à l'île d'Elbe 5 qve le Roi devait 
quitter la France 5 que c'était convenu avec l'An- 
gleterre et l'Autriche ; qu'ils me rendaient respon- 
sable du 'sang français inutilement versé ^ et une 
infinité 4le choses qui m'ont circonvenu j je (défio 



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I07 
qu avant t>o puisse dire que j*aie jamais tergiversé. 

D. Oii est cette l^tre de Bertrand ? 

R. Je n ai pas été le maître de la conserver. 
Je suis arrivé le. jour même qu'on fusillait Labé- ' 
dojère. Xia .maréchale avait ordonné de la brûler 
avec une infinité d autres papiers qui pourraient en 
ce moment éclairer la religion de la chambre , 
particulièrement des lettres de Bonaparte. H est 
pardonnable à une Ibmme malheureuse , dans la 
crainte de compromettre son mari ^ de faire brûler 
%Gs papiers. 

D. Vous ave^;,494<^i>'6ÇU ^ lettres de Bona- • 
parle? • . . . , 

R. Des lettres postérieures ^ depuis lé 14 n^^rs 
jusqu'à la bataille d^ Waterloo. 

D: Est-il vui qpe vous ayez fait imprimer une- 
proclamation ? ' ■ ^. ' ' ; 

R. Cette proclamation est datée du' 1 3 , et tf est 
pas signée. La signature est fausse. Je ne signe 
jamais le prince de la Moscowa. Elle était affichée 
avantquejénelalùsse; jenenailu une que le 14. 

(On' lin a présenté la proclamation ; il a fait ob- 
server quelle n'avait pas été imprimée à Lons-le- 
SautnierV — On a lu là proclamation.) 

Le maréchal. Je crois que c'est celle que 
f ai lue. 



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io9 

2>. Quelles propositions vous ont été faîtes par 
les émissaires de Bonaparte ? 

JS. . Je Taî dit tout à llieure. Us m^ont dé- 
jpeint la situaticm des choses. Que tout lé pays et 
une partie de Fanuée éiHtieht déjà insurgés ^ que 
tout était couvert de ses proclamations et de ses 
agens y que tout le monde courait après lui ; que 
citait une rage , absolument une rage; que Faffaire 
était arrangée avec les puissances; qu^il avait dîné 
à bord d'un vsôsseau anglais, et que la station avait 
quitté File d'Elbe exprès pour faciliter son départ. 

M. Bellart a demande si î-accusé n'aurait pas 
quelques déclarations à faire sur des aigles appot*-<i 
tées par les émissaires de Bonaparte. 

It. JTai entendu dire que deux mgles avaient 
été apportées. Effectivement ^ le(^ aigles ont été 
arborées par les chefs et les sddats; méistle dra-; 
peau blanc a été respecté. 

2>. Avez -vous porté les décorations de Bo^ 
naparte? 

/{.Non. Lorsque j'ai aborda Napoléop» j'a- 
vais conservé les décorations du Roi, et je les ai 
portées jusqu'à Paris. 

Le marchai a ajouté qu'avant de lire lapr oelar 
mation, il avait demandé aux généraux Lecourbé 
et Bourmont leur avis sur la proclamation ; qu'ils 
ne Font point désapprouvée ; qu'ils sont venus le 



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chercher ensuite pour aller sur le terrain, et que 
finterrogatoire en sa présence va éclaircir leur dé- 
claration précédente. 

D. A quelle heure avez -vous vu ces deux 
généraux? 
> jR. A dix heuresu Je leur ai offert à déjeuner; 
îk ont refusé. C'est Bourmont qui a donné les 
ordres d'assembler les troupes sur une place que 
je ne ccmnaissais même pas; lui, Lecourbe et 
quelques autres m'y ont conduit, et c'est là que 
j'ai lu la proclamation. 
/?• Quel ordre avéz-vous donné le 1 4 ? 
22. J'ai donné- l'ordre de marcher sur Dijoa, 
comme j'y avais été invité par le maréchal Bertrand. 
(On a représenté au maréchal un ordre qu'il 
avait donné à M. de la Genetière. ) 
Le maréchaJ a dit qu'il ne le connaissait pas. 
M. le chancelier en a fait donner lecture. 
Il contient l'itinéraire des troupes sur Mâcon 
et sur Dijon, et plusieurs autres dispositions sur 
le traitement et les rations à donner aux soldats , 
•ur une augmentation de solde à chaque officier. Il 
invite les c^efs militaires à rem{dacer par le dra^ 
peau tricolore les étendards de la maison de Bour- 
bon. II les invite à ise procurer des aigles, soit en 
cuivre , soit en tout autre métal. 

Le maréchal à reconnu que cet ordre pouvait 



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tio 
avoir été rédige à son état-major dans la matinée 
du i4* U a ajouté que ceue marche avait été con'* 
tremandée par le maréchal Bertrand. 

D. Comment avez - vous pu en si peu de 
temps concevoir et rédiger un ordre aussi détaillé ? 
Pourquoi i'augmenlation de solde donnée aux oSi*- 
ciers? 

R, Votre Excellence ne saurait concevoir l'at- 
tention que Bonaparte avait pour assurer le service 
des troupes y et quelles précautions il prenait à 
cet égard. 11 leur donnait » dans des marches for- 
cées y des gratifications. A Fontainebleau il donna 
dfe 5o à loo francs à chaque officier. 

/>• N'avez - vous pas engagé M. de la Genetière 
à se ranger du coté de Bonaparte ? 

jR. Non. Il était libre d'agir. Aucun ne me fit 
alors d'objections. Un seul officier, et je dois le 
dire à son éloge , est venu me remettre sa démis- 
sion , en me disant que les sermens qu'il avait faits 
au Roi ne lui permettaient pas d'embrasser une 
autre cause. Je n'ai point accepté sa démission* Je 
Tar laissé, libre de partir ; je lui ai 'conseillé de ^e 
retirçr à Besançop pour éviter les mauvais traite^ 
mens de ses soldats. v . 

/>. Avez-vous fait imprimer la proclamation? 

R. Non. 

Z?. Comment l'avez-vous laissé imprimer? 



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ttl 

R. Je ravai$ lue sans l'avoir signée, et on Faura 
imprimée sans que j en aie eu connaissance. 

D. Avez-vous donné loitlfe d'arrêter des offi- 
ciers et quelques fonctionnaires ? 

jR. Jai reçu cet ordre de Bonaparte ; mais je 
n'ai fait arrêter {Personne. 

On a lu Tordre daté du 19 mars. Il est dirigé 
contre MM. de Bourmont , Lecourbe , Delort , 
Jarry, delà Genetière , de Vaulchier, Dubalen, 
-OoUet^ le commandant d'armes d*Auxonne, le 
comte Scey ^Bessières. , 

( On a présenté l'ordre à l'accusé. ) 

D. Le reconnaissez*: vous ? 

A. Je le reconnais ; il m'avait été donné par 
Bertrand; mais personne n'avait été arrêté ; aucun 
maréchal n'aurait voulu arrêter un général. 

Z). Avez-vous proposé à M. le marquis de 
Vaulchier de s'unir à Bonaparte ? 

R. Je ne l'ai proposé à personne : je lui ai 
écrit pour qu^l maintint la tranquillité dans la 
ville , et fît respecter les personnes et les pro- 
priétési D y a eu du bruit k Lons-le^Saulnier , 
mais point de dégât. Je ne pouvais pas empêcher 
les paysans et la populace de courir et de boire 
dans les rues avec les soldats. 

V. Avez-vous écrit au duc de Reggîo? 

R. Oui. — J'ai écrit dans l'intérêt du Roi} 



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lia 

mais je doute que les lettres lui soient parvenues. 

Z>« Avez^vous écrit au duc de Bassano ? 

R. Oui \ je Iqi al écrit par ordre de Bertrand , 
à feffet de faire respecter tous les membres de 
là famille royale. 

D. Avez-vous écrit au commandant d'Auxonne 
de rendre la place à Bonaparte ? ^ 

R. Non, Les bourgeois étaient maîtres de la 
place. 

Cet interrogatoire terminé 9 on a enfendu les 
témoins. 

Premier témoin, M. le duc de Duras. 

M. le f résident. Yous^ jurez et promettez, etc.? 

Le témoin» Je le j^ure. 

M. le pré^idènA. Vos noms , prénoms , âge, 
qualité et doipiçile ? 

Ztf témoini A^nédée Bretagne IMblo nde Dur- 
fort, duc de Paras, pair de france , premier 
gentilhotnme de h cbambi^ du Hoi^mâréchal- 
des-camps et armées du Hoi , âgé de quarante- 
quatre âns^ chevalier de Saint-Louis > domicilié 
à Paris. 

»Z>. CoQ9aisâie«-vous f accusé ayant les faits 
qui OQl donné fieu à facte d'accusation ? 
JR. Je lavais vu quelquefois chei^ Je Roi» 

D: Éies^-vous pai?eni , dilié ou au servifie de 
râctosé? 



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ni 

il. Non- 

D. Déposez ce que vous savez des faits corii 
ténus dans raclé d'accusation. 

R. Je persiste dans.tna précédente déposition 
écrite! 

/). Vous devez, (levant la chambré, répéter 
les mêmes faits qui sont; contenus dans cçtte dé-; 
position. 

jS. Le ^ mars dernier j*ai introduit M. le JDûa-^ 
rechal Ney dans le cabinet du Roi , de onze à 
onze Heures ua quart. Le maréchal s'est ayancé 
d'un pas ferme vers le tloi , et , en s'inclinfiQ.t ,.il 
a remercié Sa Majesté de la confiance dont teJle 
venait de lui donner un témoignage par.dçs par^ 
rôles pleines de bontés Après avoir baisse- la. main 
que le Roi a daigné lui tendre. , il a dit a Sa 
Majesté que 9 s^il pouvait prendre Bonaparte, il le 
lui ramènerait dans une cage de fer. • 

Le président a demandé au maréchal : Avez-rous, 
quelques observations à faire sur la déposition du 
témoin!^ 

ii. Je n^ai point dit cela. Je croyais avpir dit 
Fiaverse ; que l'entreprise de Bonaparte était si 
extravagante que , si on le prenait , il mériterait 
detre amené dans une cage de fer. 

M'. Berryer a demandé que M. le président in-, 
terpellât.le témoin pour savoir si ce sont bien les 
termes dont s'est servi le maréchal. 

TOME II. 8 



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"4 

Le témoin a répondu : Je ne sais si ce sont les 
termes positivement ^ mais c est. bien le sens de ce 
qu'il a dit. 
* Deuxième témoin , M. le pïînce de Poix. 

Après les formules d'usage , M, le prince de 
Pdix a déclaré s'appeler Philîppp-Louis-Marc-An- 
f oîùé ^é Noaïlles , prince de Poix , grand d'Espagne 
de première classe ,, capitaine des gardes du floi , 
liecrtêàantrgénéràl de ses armées, gouverneur de 
yéfSâilléâ , etc. , chevalier de Saint-Louis , etc. , 
àg^ dé soixante- deux ans » domicilié k P^ns ^ ila 
^rsisté datis sa déposition écrïie^ 

Sur Tobservatiôn de M. le président , de rap- 
peler devatit la cbài^brè les. faits relatifs à l'accu^ 
dation y il à déposé ainsi qull suit ; . ' 

Le 7 mat^j jour de son départ, le maréchal 
Ney fdt introduit pliez le Roi pot^r prendre congé 
de Sa Majesté; le Roi le fît entrer sur-le-cliamp , 
et lui dît à peu prèi^ ces mois : Partez j je compte 
bien sur Potre dévouement et potre fidélités 

Le maréchal s'inclina , baisa avea affection la 
mdin que lé Roi lui tendit j et dit ; Svreyf espère, 
bien Penir à bout de le ramener darts une cage 
dèfêr. Après'qtioi il sortît. 

Le troisième témoip ^ lé comte de Scey , se 
nomme Pierre Georges, comte de Scey-Montbel- 
l^ard, ûiaréchâl des caitips et arnouées du Roi, 



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Il 5 
chevalier de Saint- Louis ^ ancien préfet du dé« 
partemept du Doubs, âgé de quarante-quatre ans » 
domicilié à.Beaançon» neconnaissant pas l'accusé 
avant les faits qui ont donné lieu à Facte dWou-^ . 
sation , a déposé à peu pnès^en ces termes , après 
les mterpêllations d*usage : 

c< A Tarrivée du maréchal a Besançon^ entre 
neuf et ons^ebei^res, leio mars^ j'irai prendre ses 
ordres. U me dit qa*îl n'en avait aucun à mé 
donner. H apte demanda de Ivà procurer des cbe^ 
vaux de'selte et de Targeèt sttr la Àmsae puMiqtiei 
II tenait des. discours vébémeos contre Napoléon ) 
cepe^dauty en ce moment> il existait un grand en-» 
thousiasme de fidélité pour le-Roi à Besançon. Lés 
voitures de Moûsei^eur lie .dup de Bervi irvaient 
été menées au cri de pii^ le Roi I 

» Je jui demandai des munitions et des armea 
pour les volontaires royaux et les gardes nationale!^ ;• 
il me répondit qu'il n-y en avait pas. U me donna 
des inquiétudes sur les entreprises de Bonaparte y 
en m^ 4iMnt' que S» A. IL Monseigneur Iç Aie 
de Berri ne viendrait pas, qu'il l'en avait d^' 

)» jJ'ji^yais'rVU' p^tiiT des canons et di^rnîr la> 
place. J'iep 4ei))«^Qdai raison au général d*artilletie f 
quimerépmdit^ueoelanè îne regankit pAs^ ef 
qu'il a|pss2Ôit>en verlu des c^es qu'il avait r^us; 



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•ii6 

» Au. moment de son déport pour Lons-le^^ 
Sauloier^ M. le n^aréchal me fit demander par 
M. PassÎDges de Préchamp , son chef d'^éat-major, 
un mandat de i5,ooo francs sur le receveur géné- 
ral. Je fis observer, à cet officier que je ne pouvais 
le délivrer, vu le peu de fonds qu'il y avait^ dans lès 
caisses, et qu'il était démon devoir de conserver, 
pour assurer le prêt à la garnison ; que M. le 
maréchal se procureraîtfacilement ailleurs Fargent 
qui pouvait lui être nécessaire pour uûe campagne 
aussi: courte. M. dePassinges, mécontent de mon 
refus^ me répliqua avec vivacité : Cela Wira pas 
comme voua le pensez. Ijbs pùriisans des 
Bourbons sont sans énergie* 

» Depuis le départ du maréchal Ney , je n'ai 
reçu de lui qu'une. lettre du i3 mars, par laquelle 
il me demandait lés contrôles de k- gàidé naiionab 
à pied et à cheval. 

: » Le i5 ^u matin y. la proclamation du maréchal 
s^^riva à Besançon. .)>;.. > . : ., 

' Leprésident a dedoiandé au marécM Vil avait dès 
observations à faire. ) ,"■ \ m. ir. . 

Le maréchal a répondu au témoin : a- Je ne 
vous ai jamais parlé d'argent à-Bèslid^nr;' je vous 
ai dit de faire dil^ence pour aVoit^ clés <4ieVaqx 
pour le train d'artillerie, et vous ii'enr w&è' riéq' 
fait. Ou d'h point di^eni Besançon^ cm a au 



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117 
contraire rentré dans la place toutes les pièces du 
pdygone.qui servaient à Finstruction. Quant à 
fargent, les i5,ooo francs, qui étaient un bon du 
ministre de la. guerre, ne m'orit été payés qu'à 
Lille, à la fin de mars, lorsqu'il m'en était dû 
45,000. » . 

Le témoin a dit : « L'argent m'a été demandé 
pour M. le maréchal. Je'ne sais pas si c'était pohr 
le service du Roi ou pour les besoins personnels 
de M. le maréchal. » 

îje maréchal. Vous rappelez-vôus ,* monsieur le 
préfet, que vous m'avez écrit, à Lon»-Ie-Saulnier, 
que Vous aviez 700,000 francs pour le service du 
Roi à*ina dispositioai ? Je vous ai répondu que 
ni' moi ni mes troupes n'en avions besoin ; que 
vous deviez les conserver pour le trésor royal. 
Ci'est de Besançon qu'est partie cette infâme ca* 
lomnie , qu'on m'avait donné 5oo,ooo francs; cela 
ne se répète plus aujburd'him ; mais, si j'avais été 
assassiné sur la route d'Aurillac à Paris, jamais 
rues en&ns n'auraient pu me laver de cette in- 
famie. 

Le témoin. Vous m'avez donné l'ordre de 
Cillée arriver des chevaux. Ils sont arrivés. 

Le maréchal. Vous vous trompez : le com- 
mandant d'armes est chargé du service sur sa res- 
ponsabilité. Pour moi, je n avais que des dépôts à 



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ii8 

Besançon » qui formaient au plus 4oo hommes. Les 
attelages manquaient, et je nai pu avoir de ca- 
nons. Les bourgeois et les paysans ont pris les 
pièces parties d'Autonne, et les ont jetées dans le 
canal; Le préfet ne m'a rien demandé. J'ai réuni 
les gardes nationales de quatre départemens; et 
beaucoup de gens de bonne volonté, qui paraissent 
aujourd'hui , ne s y trouvaient pas alors. 

M. le président a dit .à Faccusé : Y ayait-U de 
l'enthousiasme à Besançon ? 

Le maréchaU Non. Tout le monde était 
sombre y chagrin. On savait l'arrivée de Bonaparte. 

M^ Berryer a prié le président de demander 
au téoioin s'il^savait si M. de ]Bpurmoni: avait écrit à 
une. époque très-rapprocbée du i4 mars, à M. Du* 
rand, commandbiiU d'armes à Besançon.^ 
, M. le président a fait la question au témoin. 

Le témoin : Non. Je ne sais pas si M. de 
Bourmont ^4çfAl depuis le 1 5. 

JU^* S^rryeh M. de Scey nVtrîl pas vu une 
letû-e de M. de *Bourmont à M* Durand, écrite 
postérieurement au i4 mars? 

L0 témoin. Je ne lai pas vue. Je n'en ai vu 
que jusqu'au i5< Jusque-là M. de Bourmont cor- 
responxîait avec M. Durand. 

Le quatrième témoin ^ M. Félix , chevalier de 
Richemont, âgé de troite^six ans , employé aux 



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droiu réunis ^ ^a^^iim h AuUia » département de 
Saôqe-çt-liOire, après le$ îmerpeliatioDS et qaes- 
tioQS de J^nne, a déposé ;• 

t Jét^U evpplçjé $t (f oos-leTSauloier, lorsque le 
général Jarry ïm fît eppi^ler ^a lui le i5 inars ; 
çt çpnnai^nt mo^i déyouement au Roi> il me 
conduisit phçz M* 1(9 maréchal Ney qui étaitpmvé 
le I ] • Q me iç^r|;ea d wç ûii^on à Micon pour 
exaQ^ne^ V^i^pfîlt publio-^ et pnmdre des infor" 
Qiatiom wr I91 i^arebe de Bonaparte. M^ midsiQQ 
était écrite de h main du ^néral Lecourbe. Le 
ip^récb^l me fît compliment mr mon attachement 
à 1^ fapiiUe royale 9 î) me promit de rendre compte 
au Kpi de ma cpbduiiè , ai je m acquittais fidèle^ 
9iept*4e mfi tnisâon» Le msvéçbal me^J^ômenda si 
j ay^is d^ F argent \ U 00 r^nit etnq pièces de viagt 
francs, en me disant ^ue , m f en avais faesoiti d'autre, 
)*en trouverais a Bourg che? M\ le général Gau* 
thier. Il était trois heures après midi. Je voulais 
jpartirde witeimais je ne trouvai point de cbe- 
ya^x à la post^. Je fus obligé d attendre^ pour 
partjir, jqçquau lendemain quatre heures. JWrivai 
à Bourg. Le général Gauthier venait de passer à 
Bonaparte isiyec son régitneni. Je me rendis alors 
chez le commandant de gendarmerie ^ qu'on 
m'av^t dit être dévoué /ai service du Roi. Il m'ap- 
prit les mauvaises nouveIIes.de la journée ^ que le 



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gSnéral Gautbier avait ë(é menacé par ses troupes., 
li mlnvita à retourner sur mes pas ^ en me disant 
que tout était pisrdu. Je*jugeai cepeiûdantf à propos 
de continuer ma route , et j'arrivai à M^con. J'étais 
9 souper à Tauberge, lorsque deux gencl^rmes 
et un commissaire de police vinrent me demander 
mon passe-port. Je le leur montrai , et ils s*en al-s 
lérent. Un instant après, un des gendannes rentra, 
et me dit : Monsieur, allez -vous en, si vous 
ne voulez pas être. arrêté. Pour le remercier, je 
dotkoai au gendarme deux pièces de vingt francs. 
Je sortis de l'auberge , et marchai quelques heures 
à pied. Je pris ensuite un cheval de poste ^ et me 
dirigeai sur Lons^le-Saulnier. Je- rencontrai, le 
long de ma rpute, des troupes qui passaient à 
Bonaparte, en criant i^ive Vempereur ! J'arrivai 
le soir à Lonsrle-Saulnij^r^ et j'appris ce qui s'était 
passé dans la journée , et la proclamation de M. le 
liiaréçhal. . 

. M* le président au maréchal > Quelle était, 
votre intention en envoyant ainsi le témoin ex&r 
miiier les forces de Bonaparte ? Vous espériez donc 
vous défendre ? • 

L0 maréchal. Oui , Monseigneur. Le 1 5 j'en-? 
y oyai épier la m^che de Bonaparte. , 

M. le pré^ideut. Avez-vous quelques observa? 
tijîns is faire au tpmoin? 



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Le maréchaU Non, Monseigneur. 

Le cinquièm/o témoin , Gharies-Louis-Catfaerine* 
Emmanuel comte de Villars-Faverney, âgé de<)ua« 
ranteK^inq ans, inspecteur des gardes nationales, co« 
lonelde la gardé à cheval du département du Jura, 
ehevalier de St^-Louis, domicilié à Monnet-Ie-Cbâ* 
téau, département du Jura, aprèsles interpellations 
préalables, a déposé: • 

(( Les II et 1:2 mars, je m'assurai defs bonnes 
dispositions des gardes que je commandsos'. Je me 
rendis le 1 5 chez M. de Bourmont pour prendre 
ses ordres. Il refusa de m'en donner, et me ren- 
voya au maréchal. J'y allai , et je lui dis qùë mes 
troupes étaient prêtés à marcher. Il me répondit de 
ne pas les diriger sur Lons-Ie-Sau!nier, qui n'était 
pas une position ou il voulût se battre. Je demandai 
à M. le maréchal oe qu'il voulait que je' fisse. Il 
m'engagea à laisser les gardes nationales dans les 
villes pour le maintien de la tranquillité publique. . 
» Le 1 5 , j'étaisà Poligny ^ les généraux Lecourbe 
et de Bourmont y ^passèrent, ils ne purent avoir de 
clievaux. Jeleseqgageaià venir, en attendant, chez 
M. Legagneur, dont le dévouement au roi était 
connu. Le général Lecourbe nous dit que c'était 
fini^ que tout était arrangé depiiis trois mois ; que 
cela avait été pour l^onaparte un jeu d'enfant. Ce 
sont les propres expressions du général Lecourbe. )^ 



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Le mariçhah Le témdîa 9vdlc iians daule les 
meillçarçs di^po^ùooj»; xs^m ja 09 crois pas quil 
eût pu rassçn^bl^r trots h.oi{ime$. Ce que j ai dit aii 
puerai Lecpurl)^ m avait Qié sug|[é^pac Bertrand ; 
m^is je 9*(9fi vim pd3 iDKHJps pris toul/es les mesure^ 
iiécQs;saâre^« ^^ai iuvité les gardes d'bQOoeur \ iiiar<> 
cher, et jp9r^0m^ n'i^t .venut J'ai dit, il est vrai, 
que je ne voulais jque des hpitom/Q^fraues et qui 
iraient en avant* 

La préûdeat au témoÎQ ; Pouviez-^yous rëu-- 
nir un i^ertaUi nombre de gardes d'bouueur ? 

he t4mçin,. Qui ^j aurais eu des bpmmestrès- 
dévoues^ notamment 109 boino^£â à cbeval, des 
gardes d'honneur , et autres de bonne volonté. 

JISP. Pef7y^r.Je prie mop^eigpeur de demander 
au léwOm 0ç q\i*il a entendu dire au. g^éral Le- 
çourbe sur 1 état de^ cbo$è$» aur ks dispositions des 
troupes. ' . 

^ M. le pr^^jdent a adressa la question au ié<^ 
moin. 

Le témoin* Le géneral.Lecpurbe dit que le ma^ 
rédiâl Ney parlerait à 1 empereur jptotirlesgâiéraux) 
mais que, s'il voulait continuer à jes tourmenter, 
et à régler en tyran , on trouver^ait bien le mc^en 
de s'en défaire, Le général Lei^QUrbe ^outa que 
nous ressemblions à Fempire roni^in dans sa déca- 
dence ; et que, si Tempereur ven^t à être tué, il se 



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1^3 
présenterait doq à aixgénëmui^qqi ^levemontlenra 
prétenlioDS au trôna* 

M. BellartX^ général X^ooinrJbesi-t^ parlé an 
témoin des disposîti9ns &ite^ par 1^ wAréobll pour 
arrêter Bonaparte ? 

Le téfnoin.LegéQ&ral m'a cUt : Que voulesHvou$ 
faire quand les troupes w ?4ld^i^t pus se battre? 
Mais 9 si j avais cofpmandé» il m wmi ité «lire^ 
ment. On fait du soldat tout oe qu'on veut* 

Le maréchal lie général Lecourbe. n'a pu te** 
nir un discours aussi peu véridique» jLes troupes 
étaient en marche d'apcès les ordres du ministre 
de la guerre , et sogs la (conduite de M. de Bouiv 
mont. Ce u était donc pas nu ^eu d'enfant de les , 
diviser pour les /«rç marcher en échelons. J'ai 
demandé qu'on fit vepir c^nt miUa cartouches 
en poste* Après cela » depuis buU n^ois, on peut 
avoir arrangé les dépoÂtiiOns pour dire quç j'avais 
manigancé des ordres à l'effet .d'éparpilbn* les irou« 
pes et les désorganiser» . 

M. Bellari* M. le Gagpeur éimPU présent à 
la conversation que voiis ave;; eu^ «vec les géné> 
raux Lecourbe et Bourmoni ? 

Le témoin» £n partie, S i^st sorti pour faire 
apporter à manger au géiférf^l Lecourbe , qui dé« 
clarait qu'il mourait de faim* 

Sixième témoin. M. le comte de Bourmont , 



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1^4 

Keatenant-gënéral des années du Roi , a déposé , 
après les interpellations d'usage , ainsi qu il suit : 
' ce Jai déjà fait à Lille line déclaration ; mais la 
commisération qui s'attacbe toujours aux grandes 
infortunes , m'a porté à répondre simplement aux 
questions de la commission rogatoire. «Tai su de- 
puis que le maréchal avait affirmé que j avais ap- 
prouvé la proclamation qu'il a lue aux troupes. 
Cette assertion m'oblige à des explications. Si elles 
ajoutent à la gravité du ôrime dont il est accusé, 
ce sera sa faut€. 

» Jusqu'au i4 mars , les ordres donnés par le 
maréchal Nèy, et transmis p«* moi, ont été ou 
m'ont paru conformes aux intérêts du Roi. Le i5 
au matiQ y le haron Gapelle, préfet du département 
de l'Ain^ arriva à Lons-le-SauInter de bonne heure, 
et vint m!apprendre que la ville de Bourg était in- 
surgée; que le 72«. régiment avait arboré la co- 
carde tricolore malgré le général , malgré les of- 
ficiep supérieurs. Je pensai que cette nouvelle de- 
vaitétire communiquée à M. le maréchal, et j'allai 
chez lui pour la lui annoncer. Le marécKal en 
parut assez fâché , ne me dit que peu de choses , 
' qu'il pensait qu'on pouvait préserver les autres 
troupes de la contagimi. 

D Le i4 au matin , le maréchal m'ordonna dé 
(aire mettre le 8«. régiment de chasseurs à cheval 



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125 

en bataille, et de faire prendre les armes aux autres 
troupes, pour leur parler. Ensuite le taiarecbal me 
dit : Vous avez lu les prodamations de rempereur^ 
elles sont bien fûtes ^ cesmots^ la victoire marche 
qjApas de charge, feront un grand effet, sansdoute, 
sur le soldat : il faut bien se garder de les laisser lire 
aux troupes. Sans doute, lui dis-je. Mais ça vi 
malt ajouta-t-«il } n'avez-TOUS pas été surpris dd 
vous voir ôter la moitié du commandement de 
votre division , et de recevoir Tordre de fiiire 
marcher vos' troupes par deux bataillons et trois 
escadrons? c est de même dans toute la France v 
toute farmée marche comme cela. Cest une 
chose finie absolument. '. * 

1»^ Je ne lavais pas compris ; le général Lecourbe 
entra. Je lui disais qiie tout était fini , dit--il au gé* 
néral Lecourbe^ Celui-ci parut étonné. Oui , aJQuta 
le maréchal , c est une affiôre arrangée ; il y a trois 
m^ois.que nous^somn^es tpus d'accord; si vous 
avi^z été à Paris , vous l'auriez su comme nx>i. 
1^^ .troupes sont ij^visées par deux bataillons et 
trois escadrons;, les troupes de l'Alsace de mène; 
les troupes de la Lorraine, de même; le Roi doit 
avoir quitté P^is , ou il sera enlevé; mais on ne 
lui fera pas de mal ; ipalheur à qui ferait du mal 
au Roi! On'n'avait l'intention que de le détrôner , 
de l'embarquer sur un vaisseau , et de le faire cou- 



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12^ 

duire en Angleterre. Not|s n'avons^ plus main- 
tenamt, cotttiûo^ )e mai écha)* ({û'à rejoindre rem- 
pereur* Je <fis àii m&réchsil qu'il était trés-eitraor- 
dineÀre qu^l (HyfpOfiât d^Alter t^ôiûdr^ cehii contre 
le^Ml il dc^iik Combattre. Il me répondit qu'il 
m'éogagenîr & }e> ftîré) mâa que fêtais libre. Le gé^ 
nérfll Lccburbe lui répondit: Je sn» ici pooi^ ser- 
vir le Aoi^ et non pa« pour servie Bonaparte; jamms 
il nerm'a^it quo du imI, el te Roi ne m'a fait que 
do biett^ Je rente s^t te Rbi ,' f ai dé i'bonàeur. 
Et moi auœi ^ i^épondh le maréobal, fai de Fliott-^ 
nenr^ mais je ne tenir pluâ élre homifiél je 
nef eus phis^ûeiMtfiiffîme revienne chez moi les 
larmes aux yeux, des humiliations qti'elle«a:reetie^ 
dttis 2s journée^ Le Roi ne retrt pas de nous, d^esc 
éi^eDt;^>ac8t qu'at^oBoMparte que nottârpou- 
wos ayoii^ dé ia nonèîdénition ; ce n'est qu'avec un 
homme de Farm^^efanenëé pourra en obtenir. 
Venez^ géiiéral.Lecoorbe^ VOitt «Véisété maltraité, 
VQ1I8 serez bien tMlé. Le géhértil Lecourbé tié- 
pondît qcAr t'éuit imposêalbie ^^q^il àlhit se rëlirëi^ 
à laiCBmpagm< ÏJne petite tfiscds^idn ^^éleva ettit^ 
eux : enfin* ^ une^mi^heOt^é apf<b , H prit un papier 
sur la iMe. VoM«e que ji? veu^Kre aux troupes,' 
dU4I; et il kt k proclaiiiiéliôn. Le généraFLe- 
courbe ietf moi^ «^s nous sommes opposés à ce' 
qu'il voubÂt foire ^ tum pe^fafdés que, si totrt était 



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iS7- 
arrafiçé, U wsiipm/dès mislireft pour empêcher 
ee que nacfô fuirions entrepreixire). Mchant que 
les irdùpe» ^ déjà foét ébranlées par les émissaires do 
Bonapsrier avaient tsa lui uti6 girade ooufiancd 
( car o était de ïotts^éi généraux celui qui possédait 
le plus là confiaiiiee de téuie rarmée ) » noqs* ré^ 
scdnm^s d'aller àtirh -place : nxnisiécioiis affligés et 
tristes. Les ot&èièrs dinfanterie: isnis dii^abl^ qu^li 
étaient bien fôehés de cela ^ que, s'ils f avaient su ^ 
ils ne seraient pas venus. Apfca la feeturej^^ 
troupes déâUrent 'aux crie de vm^ t^inpereurWt% 
se répandireu t. en désordre dans Ja viflè^ 
; >r Lrd tnaréchalétoit si bien déterminé oPavance à 
{MTèndre san pa)k*li| qu une demi4ieQré a{>rèB, il pCM^ 
lait la décôratidh de> la Légipund-Honnenr avec 
Faigle , et à àod grand cordon k dét^atîoti à ïûî^ 
figie de Bonapaéte. Son* parti était d^flc pris, â 
miÀm qu'il né l*eùt emportée dWàooe à Lons^le^ 
Saubier pour le service du Hbi. 

Le maréchal à dit : « Depuis 'l^uit ts^ <)ue \i 
témoin prépare son tbème, il a eti fe «emps de to 
bien faire. Il a cru impossible que nous nous itùùf* 
vissiooa jamais en fitoe \ il a cru qUe }« séf^sos traité 
eômnie Labédoyéfie^ et fusillé pâi" ju^mèiit d*6ée 
commislion miEtairé \ mais il en e^t autrement : }e 
▼aïs au bttté Le fait est que le 1 4 jd Pâi fait demath^ 
4er avec te général Lecourbe. ils sont venus, èn*^ 

/ 



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semble. Je suis fâché t\ue Lecourbe ne fiolt ptrfS f 
mais je Finvoque dans un autre tiecr , je Imterpieller 
contre tous ces. témoignages devaqt^ un tribunal 
plus eleyé, devant Dieu^ qui nous entend tous ^ 
c'est par lui que seront jugés FuYi et l'autre , et que' 
sera connue la vérité. J'éiais la *téte baissée sur la 
fytale proclamation, et vis*à-vis d'eux, qui étaient 
adossés à la cheminée. Je sommai le général Bour-< 
inont, au nom de rbonneur, de me dire ce qui se 
passait. Bounnont, sans ajouter aucun discour» 
prflR^in9ire, prend la proclamation, la lit , et dit 
qu'il est absolument de cet avis. Il la passe ensuite 
a Lecourbe*. Lecourbe la lit , ne dit rien et la rend 
à Boiirmônt. Lecourbe dit ensuite: Cela vous a été 
envoyé ; il y a quelque rumeur ; il y a long-temps^ 
qu'on prévoit tout cela. Le général Bourmont fit 
rassembler ks troupes, eiileut deux heures pour 
réfléchir: quant à moi, quelqu'un m'a^t-il dit:Oàr 
allez-vous ? vous .allez risquer votre honneur et 
votre réputation pour une cause funeste ? Je n'ai 
trouvé que des hommes qui m'ont poussé dans lef 
précipice. 

)iJe,n'avaispasbesoin, MonsièurdeBourmont,de 
votre avis, quanta la responsabilité', dont j'étais* 
chargé seul ; je demandais les lumières et les con-' 
aeils d'hommes à qui je croysds une ancienne affec* 
tion, et assez d'énergie pour me dire: Fous açez 



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fort. Au lieu de cela , vous m'avez enlraîoé , jeié 
dans le précipice. Après la lecture^ j'ajoutai qu'il 
paraissait que c'était une affaire arrangée j que les 
personnes envoyées par Bonaparte m'avaient! dit 
telle et telle ctiose. Je leur proposai à déjeuner, ils 
le refusèrent et se retirèrent. 

» Bourmont rassembla les troupes sur une place, 
que je ne connaissais même pas ^ il pouvait, s'il 
jugeait ma conduite mauvaise , et que^ je voulusse 
trahir^ faire garder /na porte. J'étais seul, sans che- 
val, sans officiers. 

» Il a beaucoup d'espiit ; sa conduite a été très- 
sensée. Je l'avais vivement prie de loger chez moi , 
il ne Fa pas voulu. U s'éloigna , se réfugia chez le 
marquis de Vaulchier, formant ensemble des cote- 
ries pour être en garde contre les érénemens , et 
s'ouvrir dans tous les cas une porte de derrière. 

.^^Ensuite^ Bourmont et Lecourf)e sont venus me 
prendre avçc les officiers, et m'ont conduit au mi- 
lieu du carré où j'ai* lu la proclamatiop. Ap^ês 
cette lecture, nous avons été arrachés, étouffés, 
embrassés par les troupes qui se sont retirées en 
bon ordre. 

» Les officiers supérieurs sont venus dîner chez 
rùoi ; j'étais sombre. Bourmont y était ^ et , s'il dit 
vrai, il dira que la t^ble était gaie, ^a— Voilà la vé- 
nte.- ^ 

TOME II. 9 



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i2» 

M. le prësideut a dit au mxtrécbal : A quelle 
heure M. de BournioQt estril venu vous prendre f^ 

M, V^s onze heures. Il y avail^eu uttepreâBière 
visite à dix heures : ils sont venus i:ïhez moi ^ je leur 
ai lu la prQçlsâuation , çt je les ai congédiés ^ ils 
sont ensuite revenus. Si j'étais resté à Besdi;içpQ-^ 
je siégei^ais aujourd'hui parmi vous^ et je n'a\|rais 
rien à-me reprocher. , 

M. le pr^identa^ i4mçiH' Çom];aent> âpi'ès 
javoir lu la proclamation, avçs-vous dpipn4. ^^^¥^ 
troupes Tordre de s'assembler? 
. i{;ËlI|e& e^ avaient For^reau^ra vaut, . 

jD, Gejtprdre. n a donc pa^.^ip dpnaé par vous? 

JB. Lorsque j'ai àout>è <?et ordre , j'çtj avais 
lordre verbal^ mais je uaîyaî^pas eo^naiss^nçiç da 
Jia proclatp:^$jiô.n, ... 

jLe maréchal* Après la. lecture de J^i^foefe- 
•mation , j^ vous ai dil d'os^mUer Ies$ (r^Mipes. 
JBourmpnt peut dire cç qi^i'il feut. y me char^, 
^afin de rendre sa condaiia plus pure. S'il fitait e^i 
mteotion de servir le Roi, il ^itirait.pu arriver )e lé 
iOple i^.àiParis. C'est rarriii^4$ M* Clouai de 
Paris qui l'a déterminé. 

M^ lé préaident au témoin* Aviez- vous assez 
:d'influençe 5ur les troupes pour arrét^ l'effet de 
la proplamatioxi ? . u j . . . ... 

R. Non : l'iufluence du maréchal était plus coa- 



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i3i 
.^idérable que la mienne. S'il n y avait pas été , je 
}aurai$ pu peut-être. Jai la confiance qMe les 
troupes auraient marché, comme les officiers le 
promettaient. 

D. A quelle heure avez-vous eu connaissance 
(de la proclamitilion ? 

R. A onze heures. 

I). A quelle heure avez-vous éié sur la placé? 

R. Entre midi et.une heure. ^ 
. Z). Qu'avez-vous fait dans Imtervalle ? 

R. Je suis sorti de chez le maréchal \ rentré 
chez moi , j'en suis ensuite sorti pour aller chez Je 
paréchal, d'où nous soma)i«s partis pour all^r .sur 
le terraÎQ. 

D., Comment, après avoir eu cQonaissanqe de 
b proclamation , avoz-vous accompagné le ibaré- 
chai qui allait la lire ? • 

. jR. Parce que je souhaitais voir quelle impres- 
sion, cette procl^n^a^tion produirait sur l'esprit de{» 
troupes. La plupart des officiers m'avaient promis 
.qu'ils me cuivraient; je voulais voir s'il ne se mani- 
festerait pas quelque esprit d'opposition. Je ne 
jcroyfids p^s qu il fût en mon pouvoir d'empeqher 
le maréchal de lire la proclamation, à moins de k 
:tuer, puisque mes observations n'avaient eu aucui^ 
(effet 3 et que LecQurbe ^vait ^ns&i été d'avis de v^sr 
1er fidèle au Roi , et qu'il n'avait rien produit. 



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î"32 
' » Quant au reproche de n'être pas parti de suite 
pour rejoindre le Roi , c'est la crainte d'être arrêté 
qui m'a déterniiac à suivre le maréchal. Je suis 
arrive le 18 à Paris, et le 19 j'ai vu lé Roi. 

Le maréchal Ney. M. de Bourmont prétend 
que je portais une décoration de Bonaparte. J'ai 
conservé ceUe du Roi devant Bonaparte , et jus- 
qu'à Paris , où mon bijoutier m'en a fourni de 
nouvelles 5 on peut le faire entendre. Comment 
pouvez-vous faire une pareille supposition ! C'est 
une infamie, général, de dire que j'avais d'avance 
l'intention de trahir. 

M. Bellart au témoin. N'avez-vous jamais eu 
aucune queselle aVec le maréchal ? 

R. Aucune. 

M. Bellart au maréchal. A-t-il continué à 
servir après la proclamation ? 

R. Il a suivi la colonne jusqu'à Dole. Là ^ il a 
pris une direction différente , et j'ai donné tous les 
ordres en mon nom. 

D. Pourquoi a-t-il été compris dans les arres- 
tations? 

jR. La colonne était pleine d'agens de Bona- 
parte. Cette mesure n'a été prisé que fort tard, 
le ig, après avoir vu Bonapartç; elle n'a pas été 
mise à exécution, elle a été levée aussitôt son 
arrivée à Paris. 



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i33 

jlff. Bellarl* Si M. de Bourmont vous- a donné 
le conseil de-lire la proclamation, comment se 
serait-il ensuite sçparé de vous ? 

jR. J'ai déjà répondu à cela. Il paraît quil a 
changé après avoir vu Clouet. De fait, il a disparu ; 
mais il était d accord de lire la proclamation /et 
même il m'y a poussé. 

M. Bellart. Vous invoquez le témoignage du 
géoéral Lecourbe; voulez-vous qu'on donne lec- 
ture de sa déposition écrite? 
. Le maréchal. Convne on le-jueera convenable. 

Avant d'en donner Içcture, M*. Berryer a 
demandé au témoin comment il pouvait attribuer 
au maréchal la division des troupes par deuxba-, 
taillons... 

Le témoin. L'ordre en a été donné par le mi- 
nistre de la guerre; on ne peut l'imputer au ma- 
réchal, qui au contraire a voulu réunir les troupes. 

De la discussion qui s'est engagée il est résulté 
que les défenseurs attiôbuaient à M. Bourmont ce 
que M. de Faverney avait dit à cet égard. 

M^. Berryer au témoin. Si c'est un sentimeot 
de curiosité qui vous a conduit sur la place , quel 
est le sentiment qui vous a porté à dîner chez le 
maréchal? j 

M. de Bourmont. La crainte d'être arrêté. 

Le maréchal. Personne n'a été arrêté. Le co- 



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1*34 

lonel Dubalen seul a fait son devoir. Il m'a fait des 
t'emùntrânces 5 il est parli pour Besançon. Je 
n avais pas de garde , vous pouviez me faire arrêter, 
ïne tuer; vous 'm'auriez rendu un grand service, 
et peut-être auriez-vôus fait vôtre devoir. 

M^, Bèrryer au témoin. Quelles étaient les 
forces présumées de Bonaparte ? • 

A. Avant d'entrer à Lyon , il pouvait i^voîr trois 
mille neuf cents hommes , et il en était, parti avec 
^ept mille. 

Le maréchcd. Le ndînistré dé là guerre savait 
qu'il eh ayâit qtiatorze mille, et je nayais que 
quatre malheureux* bàlâilîoris. qui. m'auraiçnt pul- 
vérisé plutôt que 'de rnê suivre.' Taîeu tort, sans 
doute '^ mais j'ai eu peur de la guerre civile : j'au- 
rais marché sur quarante mille cadavres avant d'ar- 
river à Bonaparte. 

' M. le président au témoin, hè maréchal aurai i- 
ît pu engager le çombal? 

iî. Je croiis que, si le maréchal eût marché, 
comme il l'avait dit le i S , aveo les tirailleurs , qu'il 
eut tiré le premier cbiip de fiisil* ou de carabiné , 
il aurait été possible d engager un combat; mais 
je ne peux pas dire qu'il eût été vainqueur : la vic- 
toire dépend d'autres circonstances. 

Lé maréchal. A quelle distance étions-nous 
de Lyon ? A vingt liéues. Le 76*. régiment ve- 



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i35 

Hait de partir de Bourg pour rejoindre Bonaparte *, 
le i5«. était à Saint- Amour prêt à s'insurger. Est- ^ 
ôeTtms.qui aurie2 marché dans cette position? Je 
se TOfis croîs pas capable de cela. Non : vous n'a* 
vez pas aséez de caractère. 

' Mi le procureur -général a invité le maréchal à 
se^ciroonscrire dans sa défense. 

M"^. Dtipin a demandé au comte de Bourmonl 
si on aurait pu atiaqueravec sucdès.. 
-, M*' le proéureur-généràl a dit qu'il ne fallait 
pas éterniser les débats. 

'.\M?..Diipin a in^stë, et a fait observer au pro^ 
ûureur-^aéralqiilt:n avait, comme laccusé /que 
le dfQic dé t^re des interpellatiotia au témoin. 

Le témoin a pensé que le maréchal ne pouvait 
fdpsiîeà après Tinsurrection dés troupes de Bourg 
et dé Samt-Amour. 

i'':M^ Dupin a demandé ao témoin si c'était à sa 
preoiiière ou à sa iecbnde visite que le maréchal 
loiavâùtdocifié connaissance de la proclamation. 

Le témoin. Ce a'eit pas la première fois ; c est 
h seconde , entre dix et onae heures. J étais avec 
Je général Lecourbè. • 

AP* Dupin. Voua ne saviez donc . pas ce qui 
ijJ9àit se passer? « 

- Lis témoin. Sans doute, puisque j'allais pour le 
savoir. . 



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i36 

M^. Diipin. Qi\'dvez^\ou8 fait dans ceé deiix 
heures.?' ' . . 

Le témoin. Rien , parce que je croyais qoe tout 
était arrangé. J'ai cru quil ny avait plus de resr 
sources , puisque le Roi était parti de Paris. 

M^. Dupin* Comment expliquez - vous yolre 
curiosité , . si vous croyiez que tout était perdu ? • 

Le témoin. On pouvait encore se rallier. 

M^, Dupin. Les troupes étaient bien disposée^ 
pour le ^loi. Est-ce M. le maréchal qqi a changé 
l'esprit du soldat? . . i 

Le témoin^ II n'y a pas de doute qu'à Finstant 
il n'y avait plus de ressource. Si l'on me dematide 
si les troupes auraient marché pour. le Roi , je né 
puis pas répondre. 

Les débats ont établi ensuite qu'un officier qui 
avait tenu des propos le i5 au soir, avait, éxé/en^ 
voyé à Besançon , et le maréchsd est ; convenu 
queBourmont était venu le lui dénoncer*, mai^ 
que, tout étant en subversion, personne n'aurisât 
osé le toucher pour le conduii;eàIa citadelle*' 

M^. Dupin. M. de Bourmont est incontesta- 
blement un des témoins les plus importans.. Il faut 
donc que se^^réponses s'appliquent à là question. 
Il «fait un reproche à M. le maréchal d'avoir fsiît 
échelonner les troupes de manière qu'elles ne pu^ 
sent présenter une masse imposante. 



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i37 

jlf. BellaH: he témoin tfa pas dit cela. 

M. S^gûier a pris la parole et a dit : Il résulte 
de rinstmctioû que les groupes étaient disposées 
de manière que celles que commandait le ma-, 
récital même tenaient comme enfermées et pri« 
sonnières celles commandées par le général de 
Bourmont. 

Le maréchal. Une telle disposition serait im-' 
possible. . .*. 

M* Séguier. Lj'instruction prouve que FoiÇScier 
qui avait témoigné de mauvaises dispositions contre 
le Roi , a été arrêté le i3 au soir j ainsi, tout est 
dans Tordre. 

Le témoin. En effet, il y eut un of&cîer envoyé 
à la citadelle. 

Le duc de FitZ' James (prenant aussi la parole) : 
lie maréchal a dit au témoin ^ le i4 au matin , 
que le Roi était déjà parti de Paris ^ je demande 
au maréchal qui. lui a donné cette nouvelle? 

Le maréchal. Plusieiirs circulaires et des bruits. 
Tavaient répandue. Le Moniteur du 1 5 ou du 16 
Fa démentie ; mais )e ^oUi^ais (croire le 14 que cela 
était Vrai, • ' 

M^. Berryer. Quelle impressioa a causée la 
* proclamation? .. ' 

Le témoin. Elle a fait crier i^ive Vempereurï 
à presque toutes les troup<^s, et*surtout à laca-^ 



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xi» 

Valérie. Les offider^ iUj^i^efii^s'éiaieïit coa&ternés. 
' itf^. Éérfyet*. M. èé Bourmôûf a-t*-il ,mé pipe 
lé Rôi ?' ( Icîj un ttiîïïrttitire s eit élevé dans las- 
sembli^e;) • ' ♦ / - ' 

M** Bèrryer âdlt queiettè dîspbslliotf se i^àt- 
techait à uà ftît. . -> 

Deux pairs ont demandé qu'on mit fin h cé$ 
débats. . '" . -^ . 

Un pair a demandé si le maréchal connaissait 
les émissaires qui se sont introduits chez lui, et , 
à'il ne les eonnaissaît pas , èoiàitient il a pules're- 
CeVôir? c— •'. . ': . i : .•,'..•- 

Le maréchal. J'ai reçp plwsieurs personnes dé- 
guisées, mais que je connaissais 5 elles m'ont cir- 
cçnvenu,, m'ont convaincu qii'uu arrangement 
avait été Tait à l'île dTillKe., Alors , voyant Ja guerre 
civile inévitable, j'aj piis nioia parti j je ne. dois 
pas lès nommer. ! . '. . 
. • Mj le président a f^t. observer au marécbaVcju'il 
était 'de sou intérêt de déclpper, leurs nqms , que 
cela poyuyeit être uti^e à la capsç. . . ^ 1 

Le maréchal. Je*vous prie , Monseigftwr^ d^ 
iji'eieuier)* jf^nedkHSf^s^lito.iidmjper^.; ; 

Le président. M. de Bourmpnt a-^4 etite*>da 
HïietvlveleRoif ' 
Le iémbin.sJ'erûe rai.pasfentendti; niafts.bft m'» 



/ 

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âHt qtie déâ hommes du troisième rang I avaient 
,crié. 

M«. Berryer a dematidé s'il n'avait pas 'connais- 
sance d'une lettre écrite à M. Durand, du i4 au i5. 

Le témoin. Oui ,- je le croîs , pour lé prévenir 
que le maréchal avait donpé Tordre de Tarrêter , en 
envoyant Tordre d'arborer le drapeau tricolore. 

M*. Berryer a demandé que lé joaillier fut inter- 
rogé. 

M. Bellart s y est opposé , en disant que le ina- 
léchal pouvait avoir conservé une ancienne dé- 
doràliod. 

Un pedr. Le maréchal dit qu'il a agi pour éviter 
la guerre civile. Savait-il donc que l'armée sous 
Paris était déterminée à trahir ? AulreEbent , par 
sa proclamatiob, 11 coitamençait la guerre civile. 

Le maréchal. Jena^ais reçu aucune nouvelle. 
Bï. de Mailhé et M. de Saqrans peuvent le léraçi- 
gner. 

.< Un pair â dicaïaQdé si le m^chtl, depuis. :sàn 
arrivée à Besançon, avait fàif jusqVdii i4 quelque 
proclamati^ pour naffisrmir ks froupes au service. 

du Roi. ^ 

I 

' Lemàréch&i. W6i>- jfe ù'àVaî^ pfe le comnaaô- 
dement. Les troupes étaient sous les ordre» de 
kohéeuf^ C'est le duc de Mâilhé qUi à donné 



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i4o 

Tordre de les faire partir^ je n'avaîs rien» à faîrp; 
tant que )e n avais pas reçu du ministre la confir- 
mation de la démarche que j'avais faite de sortir de 
Besançon. Le duc de Mailbé sait que, ne pouvant 
quitter la direction de mes troupes , jVvais détnandë 
un rendez-vous à Monsieur» 

M^. Berryer. Le i5, au soir, n'a-t-on pas fait 
prêter serment aux troupes d être fidfèles au Roi ? 

Le témoin. Non ; mais les chefs de corps avaient 
rassemblé les sous-officiers pour les maintenir dans 
de bonnes dispositions. 

M. Bellart. Quelle importance attachez-vous à 
la déclaration du joaillier ?. 

Le maréchal. Je ne sais ce quit dira^ mais 
j'établirai par-là que j'ai commandé à Paris des dé- 
corations à Taigle, et que je n'ai jamais porté à 
Lons-Ie-Saulnier que la décoration du Roi. 

Ici on a représenté des papiers au maréchal. 

Sur l'interpellation du procureur général, le 
maréchal a déclaré qu'il reconnaissait^s passe-ports; 
qu'on lui présentait,, et que le nommé Fanise, au 
nom duquel il en a été expédié un, existait réel- 
lement; que c'était un andien hussard, attaché à 
son service. 

M. Bellart a reconnu la vérité de;ce^é déclara- 
tion. 

Sur l'ordre de M. le présidenti on a donné 



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i4r ' 
lecture de la déclaration du lieutenant-genéral 
Lecourbe. 

En voici les passages les plus remarquables ; 

c( Le maréchal Ney fît appeler le général de 
Bourmont et moi dans sa chambre, et nous com- 
muniqua alors ses projets. Il nous fît lecture de 
la proclamation qu'il devait faire aux troupes, et 
que tout le monde connaît. Il nous représenta 
qu'il n'y avait plus à balancer f q||Es Lyon avait 
ouvert ses portes 5 que tous les départemens accou- 
raient au-devant de Bonaparte, et que nous cou- 
rions des dangers de la part des troupes, si nous 
. ne nous rangions de son parti. En effet, la nuit 
du 1 2 au 1 3 avait été fort agitée à Lons-le-Sâulnier; 
mais j'ai toujours ignoré si le maréchal Ney avait 
provoqué les troupes à la r4voUe. Le fait est que, 
la veille, il nous avait paru, à Bourmont et à moi, 
dans les meilleures intentions pour le Roi, Le 
général Bourmont et moi lui fîmes des observations 
sur ce changfement; alors, il éhercfaa à nous per- 
suader que c'était une affaire arrangée , et que rien 
n'empêcherait Bonaparte d'aller à Paris. » 

Septième lémpip , M. le marquis de Vaulchier 
du Vichot, âgé de trente-cinq ans. 

M. le président. Connaissez- vous l'accusé ? 

JR. Il y a quinze ans , j'ai vu le maréchal aux eaux 
*de Plombières. , ^ 



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i4« 

/?. Déposez ce que vous savez des faiu contenue 
dans Facie d'accusaiion. 

R. Le maréchal est arrivé à Lons-«Ie-Saulnier 
daqs |a puit du 1 2 mars ^ à trois heures. Le ma- 
réchal devait donner l'ordre de faire rétrograde»* 
les troupes (Jirigées sur Moulins y je lai écrit e;;i 
conséquence au préfet de Saône-et-Loire. D'apr^ 
l'avis de M. Bourjjioat, j'ai envoyé de,ux .exprè3 ^if 
fort Barreau pour nous mettre en communic^tipjj 
avec le général Marchand , et avec Ma$séna, Ver^ 
Beuf heures, j'ai fait partir trois dépêches du m*KT 
réchal, l'une pour le dnc de Reçgio, l'autre poyr 
le duc d'Albuféra, la troisième, pour le ministre 
de la guerre. Le soir du.12, le mçiréchjil apprit 
l'arrivée de Bonaparte à Lyon j il s& plpigqit. dç§ 
mauvaises dispositions qu'on avait, prises, de ce 
qu'on n'avait pas marché d^ suite sur Bonaparte. 
Il a aiou^é^ue Monsieur aurait du, pour lia pre- 
mière foi^ , 'faire monter ux^ piaréchal dans sa 
voiture et marcher à l'ennemi; que, s'il y avait été, il 
luiauraitdit:AllonsJMop8eigneur,auxavant-po$^e.5,. 
11 parla des désagrément qu'il avait reçus à laçow, 
et (jle.ceux qu'avait épro.qvés madame Ja maréchale-, 
qu'on avait aussi mécontenté les l.rQupçs j jjçe^, 
lorsque le Roi i-eylnt et s'arrêta à Çompiègï¥>, la 
garde impériale fit le service au|)rès de ^a persaeine ; 
que les soldats en furent flattés; quç, si Qfl ^y^t 



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. l43 

' coDÛQué, ils auraient lété gagnes à jamais au Roi ; 
qu'il commandait alors cettç garde. 

» C'est par les ordr^^ du maréchal que j'iai f4t 
partir ]^: de E^oçheniont. 

» Le 13, plu£iieurs régip^ens arrivèrent à Lons-Ie- 
SauJnierî les offîçitfs é^^ient assez froids^ ce-r 
pendant rien n^apnoxi^çait i^nç défection ^ Le.i^ ai^ 
soii*, Iç maréchal e^voy^dea^l^ émîsfsairesi^ Ch^lonsi 
'û hs pre$s^ beaucpup, en disant qu'il attaqueraijt 
Boijiapai; te; sur leur rapport. Le i4» un de mes 
amis v^t, ia;i apprendre qv^ M. Bourmont lui avait 
dit en confidence , que le gouvernement, royaj 
^Ilaiiçtre renversé : Attendez un moment , avait-il 
djouAéy et, vous en serez témoin. J'allai deux fois 
chez M. Bourmpnt ^ns pouvoir lui papier 5 k h 
trp^lèmejEois, il éu»ijt p^û pour h réunipn des 
troup^s^ Dps perçQunjBS qui revenaient d^e <:ette 
revuq me raconièrept; tou^t ce qui s'y était f^iSsé. Jç 
reçus ensuite une lettre du maréchal, dans laquelle 
ilj2\ç recommandait le ^pfiainti^n du bon ordre, 
de faire relâcher le$ pçr^O:nnes deien.ii^ psQuropi- 
jaion. J'ai ju le m^réch^l T^près-midî , .;^ je lui ei. 
.dit.que 1?^ serment soj^pqs^iept à ce que. j'admi- 
nislf-f^ftçi j^Dur Bon$parM^. H me répondit. : Yow 
faiie^ iji^e );)e.tî$e^.il a^u;ia des expressions, offen- 
santes pour les princes^ quils peppuyaiedît réfjner , 
-qt;ulg <5)!fifeniaigbi Ja «a^ion. Êtesrvou^ Erançais? 



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me du4L Lui ayant répoddu affirmativement , il 
me dit, en me regardant d'un air assez méprisant : . 
Vous êtes Français, né en France? 

)> Je revins encore chez M. le marécfaal , avec 
M. Germain , mon successeur. Le maréchal parla 
de levénement ; je remarquai d'abord qu'il portait 
la décoration du grand-aigle , et que ses aideS- 
de-camp avaient quitté le ruban blanc, il dit que 
les événement qui se passaient étaient inévitables, 
préparés depuis long-temps ; qu'on avait une cor- 
respondance avec l'île d'Elbe ; que tout céderait 
avec facilité ; qu'il n'y aurait- pas une goutte de 
sang de répandue; que toutes lés puissances étaient 
d'accord , et notamment l'Autriche ; qu'une partie 
des maréchaux étaient dans ce complot *, que le 
ministre de la guerre avait tout disposé pour en 
facihter le succès; que toutes les troupes étaient 
disposées dès long- temps; qu'on avait gardé le duc 
de Berry parce qu'on avait pensé qu'il pourrait 
exciter quelque enthousiasme ; qu'on avait envoyé 
Monsieur à Lyon , parce qu'on ne le croyait pas 
dangereux; qu'en quittant Paris il avait vu le ma- 
réchal Suchet, qui lui avait dit : Au revoir, ma- 
réchal , nous nous reverrons bientôt. Il assura au 
surplus qu'on neTerait de mal à personne , et que 
, tout se (lasserait avec calme. » 

Le témoin a ajouté que M. le comte Bour- 



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i45 
mont f après la Ificture de la proclamation , et 
avant qui! eût reçu la lettre du maréchal , lai 
Uvait raconte le^ ruémesk propos , avec plus d'é- 
tendue encore. 

Zte maréchaL Je me rappelle yqus avoir'' va 
i Lons-le-Saulnier^ nous n'avons pas eu un en- 
u^i^n de, dix minutés. Vous me demandiez un 
sauf-çondaît. Je vous ai répondu que vous àiez 
libre* U est infraisemblaUeque j'aie eu avec vous 
un entretien aussi long et si peu nécessaire dans 
pe moment où j'étais sorebargé d'afFmres. Quant 
au( doc d'Aibuféra , lont le monde sait qu'il est 
parti de Paris long-temps avant mon arrivée. Je 
n'ai vu aucun des iparécbanx , excepté le ministre 
de la guerre. Au resie, il «st vrai que vous vous 
êtes excusé de servir sous l'emperear. 

Le président. N'avez -vous pas écrit au té- 
moin? 

IL Oiâf pour le mfiintien de Tordre^ l'existence 
4e la troupe i et la tranquillité publique. Je n'ai 
rien dit de contraire au respect d^^au Roi'^ je n'ai 
pas eu de converaàtiên ajvêc le préfet, il a arrangé 
#on discours. 

D. Portiez-vous la décoration du grand-ai^Ie f 

R. Je portai^ la déeoranon du JEloi^ tnonsieur 
m md vu. 

itf. VauleJiief. Je aois. persuadé d'avoir va 

TOICE U. . IQ 



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i46 
la décoration à Taigle. J en ai parle à madame 
Yaulchler. 

Le maréchah Impoissible : je suis arrivé i 
Paris avec les décorations du Roi. 

W^. Berryer. Que pensiez-voUs de la conduite 
des, troupes ? 

Le témoin. Elles donnaienl des craintes équi- 
voques; quelques soldats avaient cné viue V em- 
pereur y mais ces cris ne s'élaient pas propagés 
à J^ons-le-Sa^lnier. 

M^. Berryer. Navez-vous.pasconnaissancefdes 
dispositions prises par le maréchal pour se rendre 
accessible à toute heure ? 

Le témoin. Oui : il m'a dit que, quand il faisait 
ia guerre, on>pouvait tôu|Qttrs lui parler. 

M. Bellart au témoin. Savez-vous si , après 
Ja lepture de )a proclamation , on a entendu s'é- 
lever des cris de vive V empereur? 
. . Le témoin* it ùen ai pas une connaissance 
particulière vi^ l'ai entendu dire à moi| secrétaire 
intime .qui. était présent... . iV. ^ . • 

M.Bellart^d^iiat^dé;qtioki lettre lue par le té* 
moin , fût par lui paraphée et annexée aux pièces 
du procès. . ». ' j' . . 

Huitième téiiskoin^ le barôh .Capelle. * - - . * 

Il a déposé : « Obligé de quitter Bourg^^! k 
défection; fin 76*. régimeipt^ je •me- suis .rendu , le 



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i47 
i3 mars, à Lcms^le-Saulnier, où je savais quêtait 
le marécbak Je mesuis d'abord reodu chez M. de. 
Bourmont .avec qui j'élais en correspondance ; 
de là nous sommes allés ensemble chez le marér. 
ebal. 11 aa^ru éloonë, indigné de ce que je lui al 
apprb ; il m à demandé queUes.étaient les fors0$> 
de Bonaparte ; j ai répondu de dix à quinze rallie 
hommes. . . ... 

1. » Je aâYfli»<}ue le maréchal j)*«vak que trou à 
«^^e mille: hommes ^et je.cnoisJui avoir .pron* 
p^ de* ne paa-fiUaqùer , nuiÎ3 dé se por^c sur ilëi 
defnèresdeiBooafxirtepiar LyiMJ èirGrenoble, pour 
seijpindrei^Massénu. Geci<pe rappelle une cir*^ 
oQQstanée dç ma fNremière.dépoelîlion. Je. proposai 
et se xeùirepi.à.iÇhambéry.^ /mI) ja^ dompiéa etrâ 
joinc parxIeaSiiÎMas. Au woKé'éttcmg^rs^h ma^ 
rébliâl parut, o&nsé., et dû ^uey ci Jes éjtraogera 
mettaient.lepiediep Fraûcé , iU aêc^wt poiii^pâr^ 
oaparte^ ky&'tl n'y avait d'autîie /parti pour le ;R<h 
quedesefaîreportersurun bvtliimrdàlaléiedese» ' 
troupes,; èt^iqu«Ués; se battraietit^jeiicitées par su 
présèn€e..QaetvoiilèzfVOUSfl a^tfjr*t-ril, je uè puk 
arrêter V^an^jdnikr inenavec lalinâint U nous- dît 
ensuite. que .tout cela retenticail jusquàu Kamtrt 
chaïka. iCes motane donnAÎ^ntide Tinquiétude^ 
J'en padéd àlilL deBourmeot j; qui moitranqiii^^ 
eh me disnHî: Je ne compte; pas iur son dévoue«i 



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i48 ) 

jnebt , mais je compte sur sa ioyiiH j. Jo rentrai 
i la préfecture , et me mb au lie. Vers midi, mon 
valet de chambre vint me dire que le maréchal 
Ney 4ivait proclame Bonaparte. Je ne pouvais le 
croire. J'allai chez M. de Beurmont ii^l me dit 
que lemarécfaal les avait réunis; Leeourbe et h|i ; 
qu'ii^ leur avait dit que la cause des. Boài4>0m était 
perdue; qu'il y avait du danger à se réunir a 
Bonaparte ; qu'il ^aknait mieort 'le;<xmrtr que de 
sttpporter les humiliations dont>r^retii«dent k» 
Bourbons; que Vêtait une cbpsé! conprenue eblrc) 
lui, <i autres maréchaux <et le minîsirede la guerre^ 
que le Roi , n'ayant pas tenu ses^. promesses , .on 
•vait arrêté de dbanger de ^ib^Me; qu'on avait 
dPafcord pensé'aa duc d^Orléans» mais qte, dans 
rintervalle , irfant «pfpris que madame-Hortens^ 
avait formé un pai^ pour Boiiapaf te , on avait*été 
oU^Ï^ de se joindre (à lui;' qu'un commissaire 
avait été envoyé i ftle d'Elbe pour kâ fara des 
' eentfitions. LeconHbem'a dit les mimes choses « 
mats i^vec rodus^de détails. J'ai vu ensuite le ma»- 
léchai : il m<i 'dit dt iue rendre dans fiia préfeo^ 
tare. Jai refusa il à insiHé. AvAoïi' tant, m'a-juii 
dit, vous éicB^FfatiGais ; éi j'avais 'purester fideief 
je le serais encore ; niaÎB c'JBst aud afiàire finie : ib 
ont des ida^s Sfdp;oppDsées aiii épôtres. Au neate^ 
il ne leur sera &k aimm mal ; on léor dcnnera 



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i49 
on apanage / el on les.conduira aoi frontières. Les 
OMiréchaux etposeraient leur vie pour les défendre. 

1» 11 ajouta que dans le même moment le duc 
<Ie Daipaatiefaisait son mouvement à Paris. Le co- 
lonel Tessen ma dit qu'il avait ordre de m'arrêter. 

M. le ptèèidenU Avez^vous remarqué la déco- 
ration que portait le fnarécfaal ? 

he témoin. Jet^roiséire certain qull avait la pla- 
^qoe à l'aigle , joependant je ne ptns l'affirmer ; il me 
semble aa|si qu'il avait la eroix de Saint-Louis « et 
je ne pouvais assembler cA). 

lie maréchaL Les discours qu'on me prête 
sont beaucoup trop longs. M. le préfet a eu le 
temps de les préparer. A Tépoque dont je parle, 
le duc de Dalmatie n'était plus ministre de la 
-guerre , c'était lé duc de Feltre. Ce qt«^ j'ai dit est 
la suite des conversations que j'ai eues après le 14» 
et do rinfluence des agens de Bonaparte; ati reste, 
ce que vous m'avez dît m'a fait beaucoup de maL 

Me. Berryer a expliqué que ce que le maréchal 
venait de dire s'appliquait surtout aux détails que 
le témoin loi avait donnés sur l'esprit public et les 
dispositions des troupes, il V^ invité à .vouloir 
bien les préciser. • 

Le témoin. Eu rapportant ce qui s'était passé à 
Boui^g , j'ai dit que c'était une rechute révokuion- 
naire ^ } al dépeint la stupeur profonde des gens 



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i5o 
de bien ; ) ai dit que trois ou quatre communes li- 
mitrophes de mpD département avaient àt-borë le 
drapeau tricolore ; que j étais depdis deux jours 
daus tioe impuissance absolue ^ lorsque le 76®. ré* 
giment s'est insurgé. 

Neuvième témoin. Le comte de Grivel, ma- 
réchal des camps et armées du Koi , inspecteur 
des gardes nationales du département du Jura, 
chevalier dé Saftit-Louis , etc. , après les inter- 
pellations ordinaires, a déposé à peu près en ces 
termes : # 

c( Le maréchal arriva dans la puit du 11 au 1:2 
mars à Lons-le-Saulnier. Je me présentai chez lui 
le 1 2 ; il me demanda letat des gardes nationales 
du département. Le* lendemain i3, alarmé des 
bruits qui|e répandaient sur la marche rapide.de 
Bonaparte en-deçà de Lyon, je me transportai 
chez le maréchal ; je lui offris de faire marcher 
sur Dole tous les volontaires du département et 
ceux de la garde nationale ^ qu'ils se mettraient 
en rang avec ses soldats, et quil neu. pourrait 
résulter qu'ua très-bon effet*, le maréchal Ney 
répondit d'un ton véhément que tout le monde 
était de boi^ne volonté , mais que les volontaires 
marcheraient quand il en serait temps , et qu'il 
en donnerait l'ordre; qu'il n'avait besoin avec lui 
ni de pleurnicheurs ni de pleurnicheuses^ 



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l5£ 

»,Surmon observation, que les volonwlres que 
je lui proposais ne verseraî^t point de larmes ; 
qu'ils étaient Français, dévoués à leur Roi -, qu ils 
s'armerment,s'équiperaient et s'entretiendrait à leurs 
frais; et que, s'il voulait les faire marcher, il fallait 
au moins les avertir de se tenir prêts et en faire 
un état , il se radoucit alors extrêmement , et me 
dit : Faites cela. 

» Dans la soirée du i5 j'écrivis trois lettres, une 
au Roi, une au comte Dessoles, et la trobième au 
comte de VioméniL* Je leur rendais compte de 
l'esprit des troupes , dont je leur annonçai que 
plus de la moitié passerait du côté de Bonaparte 
si elles se trouvaient en présence; que , quant* au 
maréchal Ney, il brûlait de se mesurer avec fen- 
neiôi de la France ; car je croyais le maréchal fidèle 
et dévoué au Roi. 

' » C'était l'opinion générale , et celle à\x comte 
de Saurans, aide-de-camp de Monsieur, et qui 
se soutint jusqu'au i3 au soir. 

)) Le i^\e me rendis à la revue. J'y vins près 
de trois quarts d'heure avant le maréchal , qui y 
arriva avec de la cavalerie. ' 

» On vint me prévenir que j'avais tort d'assister 
à la revue ; qu'il était certain que le maréchal Ney 
allait trahir le Roi en proclamant Bonaparte , 



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i6i ' 

«t qiMsJpfait ayait été ayaûcé par M, le fieutenam^ 
l^énérat BourmoDt ^ n'y Iroulais pas croire. 

» Le maréchal ordonûa qu on fît sortir du carré 
les personnes étrangèreai Je crini qpe cet ordre 
ne me concernait pas^ puisque jetais revêtu de 
zdon uniforme, avec les marques distinclives de 
maréchal-de-camp , inapecteur de la garde natio- 
nale. Je ne m'éloignai donc pas* Le maréchal s'en 
aperçut, et me fit de la main commandeoient de 
me retirer, en disant :JS^ilf* de Gripel aum der- 
rière Vinfanterie. 

n Je soupçonnai alors que lavis .qui m'avait été 
donné n'était pas sans fondement. Je m'acheminai 
lentemept yers un angle inférieur du carré , où je 
restai. Le maréchal alla se placer a Fangle opposé 
de l'extrémité du carré, se tourna vers les officiers 
et sous-officiers de cavalerie , qui avaient mis pied 
à terre , et lut la proclamation qui commence par 
ces mots : Officiers, sous-officiers et soldats^ 
la cause des Bourbons est à jamais perdue, etc. 

» Surpris et indigné de ce que personne ne ré- 
<^lamait et ne s'opposait à cette démarche, je me 
retirai , et remontai à cheval. En traversant la ville , 
je vis les soldats et les hàbitans en insurrection, 
m'accablant de cris séditieux. Je me rendis chez 
M. le préfet , et partis ensuite pour Dole , où j'es- 
pérais encore conserver au Roi des sujets dévoués } 



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|53 
fe m'âtrètsi en roole chez h père de M. dé Vaul^ 
cbieri oà je eoucbai. Je Vy véneonim Iin^^mémé. 
Il me montra Tordre dti m.afécbal d'admimslter le 
département au nom de Bonaparte ; et que » sur 
son refus, il loi aVail dît ^ue c^était une bétîse; 
que tout était prépavé d'avanee ; que les troupes 
étaient éohdonnées de distance eh distance jusqu'à 
Paris , et que Tempcreur y entrerait sans brûler 
une amoree. 

» Le témoin a dqxtoé de plns^ par oul^re, que 
les caissons arrivés étaient vides , tnais qu'il n'en 
avait pas la certitude, qu'il ne les avait pas tus lui-- 
même ; et qu'un colonel, par son influence, avait fût 
rétablir le drapeau blancàLotis4è-Saulnier,le i4» 

Le maréchsd ë prétendu ne pas avoir connais- 
sance de cé fait, et assuré que Ton n'avait pas 
crié i^iife h Rùit 

Diiième témoin, M.lecomtedèlaGénetière^ 
major dinfattteiie, cbevalier de Saint*Lonis et de 
la Lé^on d'b<Hiiieur, a déposé , à peu prés comme 
il suit : • '^ 

H Jetais major en second au 64"* régiment de 
ligne, i la demi-sokie , à Besançon. 

» Ayant appris , le 9 , le débarquement de Bona^ 
parte ) j'dilai offrir mes services à M. le comte de 
Bourmont , qui commatidait alors la dividon , afin 
de marcher contre ^napârie sotis les ordres du 



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i54 
maréchal . Ney , qui venait d'arriver à Besan^o». 
Mes services furent agréés par le maréchal , et je 
partis le ii avec M. de Franoy (aujourd'hui 
capitaine au régiment de la Couronne ) ^ pour me^ 
rendre à Fétat- major à Lons-Ie-Ssoilnier , où devait 
se trouver Je maréchal Ney. J'arrivai le même jour 
dans<:ette ville. Le 12 et le i S furent employés à 
l'organisatibn d'un état-major dont, M. de Passinge 
de Préchamp était le chef. Ty fus employé provi- 
soirement comme sous-chef. Le matin , cet of&cier 
supérieur me fit connaître .que le maréchal, dans 
la nuit du i5 , m'avait désigné pour remplir les 
fonctions de chef d'état-major de la 1 ^'^. division , 
commandée par le lieuiasant général Lecourbe» 
Après avoir communiqué à cet officier . général 
mes lettres de service, je me repdis sur la place de 
Lons-Ie-*Saulnier , où l'armée se trouvait sous les 
armes. Il était environ uqe heure après midi* Le 
maréchal vint , accompagné des généraux Lecourbe 
et Bourmoni, et autres officiers de l'état-major, 
ainsi que des chefs de corps. • 

» Après avoir fait former le carré, M. le maré- 
chal fit battre un ban^ tira son épée, et , ayant dans 
la main un papier , il lut la proclamation commen- 
çant^ar ces mots : Soldats , la cause des Bow*^ 
bons est à jamais perdue , etc. 

» Elle fut suivie du cri de vive l'empereur l 



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Le maréchal embrassa toutes les personnes qui Ven^ 
touraient. II se manifesta un enthousiasme général. 

» Les généraux Bourmont et Lecourbe et plu*- 
sieurs autres officiers l'entourèrent, et le colonel 
Dubalen lui dit que ce langage était peu conforme 
à celui d§ la veille. Le maréchal dit alors que 
c était une affaire arrangée , et que le retour de 
Bonaparte était le vceu de tdute Tarmée. « 

» Immédiatement après y les troiipes défilèrent 
devant le maréchal aux cris de pipe (empereur ! 
Après qu'on eut reconduit le maréchal à Tauberge 
de la Pomme d'Or, où il logeait, les soldats so 
répandirent dans la ville , détruisirent partout les 
armes des -Bourbons, et les inscriptions de la fa- 
mille royale. Il y eut sur la place un café de piOé. 
La cocaitie tricolore fut arborée. 

» LebarondePrécBampfutenvoyé à Bonaparte 
pour lui annoncer le changement qui venait de 
s opérer. Le maréchal me donna prqvisoirement 
la direction de Félat-ma j or. 

» JTctais dans une position . difficile pour un 
hothme d'honneur. Les troupes devant se rendre 
le i5 à Dôle, les 1 6 et 17 à Kjon , où l'on suppo- 
sait que devait se rendre Bonaparte, j'écrivis à 
minuit au maréchal la lettre qui est parfaitement 
connue , et que je crois inutile de reproduire ici. 

» Je lui demandai à aller à Besancon , et je 



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t56 

partis pour cette ville le i5 à trois heures , pour me 
rendre près le chevalier Durand. J'espérai^.con*- 
courir avec lui a maintenir cette place dans la 
fidélité due au Roi. Nous en eûmes Fespoir )us- 
quai^âo.)) 

Le témoin a rendlu compte de Tinsuyection de* 
Besançon. 

Le 2 1 , comme il fat averti par M. de Joujffroy 
c^u'il devait être arrêté , U partit pour la Suisse , où 
il a rempli y sous M. le comte de Gaëtandela 
Rochefoucauld, les fonctions de sous-chef d'é- 
tat-xnajor. 

Depuis il n'a eu aucune relation avec le maréchah 

lâe maréchal* Dubalen est le seul officier qui 
ait fait son devoir. Je nai pas reçu la lettre dont 
vous parlez. 

Letémoiné M. le maréchal Ta tellemem reçue, 
.qu'il la envoyée au général Bourmont à une heure 
dans la nuit du i5. 

ilf. le président aucomte de BùarmonU Avean 
vous reçu la lettre ? ' 

M. de Bourmont. Oui ^ Monseigneur, fe lai-re- 
çue; et loffiçier changé de me lapporter medeman- 
da^de la part du maréchal , oe que cela Voulait dire. 

Le maréchaL Qud est cet officier ? 

Le comte de Bourmont* Un officier de Tétat- 
major« Je ne sais lequeK 



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Af» le fnaréchal. Vous deviez le coimiilre 
mieax que moi. 

M^. Betryerau témoin* Avez^-votis remarqué 
dans les discours et les dispositions du marédbid , 
la£dâité4)ourIeRoi? 

Le témom. Oui , jusqu'au i 5 lé maréchal fut 
fidèle« li jiaratt que les lettres ylsnties daos la nuit 
le firent c|ianger. 

rc lie i5 :niâme, il fit venir tous les offlders , et 
leur tint leadiseouvs les pfau fiivorables à la causé 
du Roi. n • 

itf< £eri^^r«i«vilëIeténiojni a Vexpliqùer sur 
l'esprit des troupes dans les pro^ind^Sé 

/2> têmem. Je pmse que les o^eiers supérieurs 
des corps j «t les officiers èmpbyiî» dans Tamiiée 
et qui a^aient'iieeudes lavèare du Hioi, ëtiâent Ai^ 
vouésà sa obusex^^uant aiîzofficîerseii'demipsoidft, 
ilest aiaéde eoocsvoir la esiMe'de lear exa^ratioiiw 

A Beameon, les-cris sëduMen» n'ayaient pas^ 
irès-forts« ils avisent éié' f^piimés d'abord^ et 
punis. " •;.'/ î. 

Onzième tânoin^ ld[;ielMin>n^Ciottèi>'Q(4(H 
nel , etc. , 4iie?ai»^*de iSaiD«<4Uniis ^ officier dé lé 
Légion d'honneur, adit^'^'^i'Cb! vl) . ^ 

^ 4L Depuis huit ens j'étais^lè' premier' éidê-4e^ 
camp de M, lenaarëchaL Y^y-'- ^I- '>i :* . . • • ;> .•>:- » 

» A P^poqucMito 4âbar< ft é ii e tt» de BéttafMMWé y 



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. 158 
le tfméchsl éidii^ms 9a terre dés Coudreâux ^ et 
jetais à Tours , dans ma famille. . 

» Le 9 mars , je rfeçus lavis que M. le ftiaréchal 
venait de passer À Paris pour se œudre à son gowi. 
vernement de Besançon. Je partiale i^, et^en! 
p^ss^m par iPai^s'fe iii; yy trouvai Fondre de le 
rejoindre ; jejparHs^^l^; même jour. Je .fis uà» 
détour pour ne point entrer .à Dijon. ^ it^uil 
^}Sà}tt arbore le: di^peavi ^trioolore^: ' Je^isuis arrivé 
% Pi^e, :1e, i3,i..çnJ^r0. câog .ek six hnirea dû soi» ;• 
j'y. trouvai les troupes françaises portant Ja -co4; 
q^^ tri0Oli>ft3. .>Ir{i()f)f:i» que :M.: le v maréckal était 
dans la ville , vj^^rm^ rendis cbez-lui ; et^^bst^alori 
a^l^^BdeiH. qtij^.'jW conpaîs^aoce des/ésiénenïçns 
dti ^4, Je^iQéi à^ la'^abfeduixxiaéédial^et déni 
beUr$^ âprë^i ojrèn^rat^ ■ danè r s6q i cabinet . pour le 
pdfervdè.jneifiansétffejde retoii^erndaitt ma.faw' 
w]ib4: cç qui ixie 4b^'dceordé dWtam plus fadleK 
m6Qit>.:que j'^tmaçffiâlîide. cJfr>Qeîme sonviéns.'pas 
4^s^{}rQfèP^ qi|lfoi%i|.t4 tènus'àtable 9 iinaîs j'ai Firi 
dée qu'ils étaient indifférens. J'ai écrit au maré^ 
cbklpqoiie (e)tmit}i:d ^ûié ^uoolip'ài causé du 
iifispoctM.d^ ^he6d^Mi3$diitei]ttie> jeiliii .dois. Je 
rejoignis M. de BourmQnt'ài;ljonarT;ler.Sautnieil 
d«i^^;;9i«itVil é|aiilaiiiiit, jt^àst^iHigë > bous nous 
entendîmes sur-le-champ 4^iLW«igagéa à. prftk> 
pQm;Jp/llil: 99^ j wmm\) oiii'^ii^ lui «cfil' parkr. 



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i59 
J^avais un faux passe-port que j'avais sicellédu ca- 
chet du maréchal. Nous f&mes long r temps en 
route ^ et nous n'arrivâmes à Paris tpe le i8 ou 
le ig. Ce n est que dans la voiture que j'ai ap- 
pris les détails de ce qui s'était passé à Lons-le- 
Saùlnier. » ' 

Interrogé s'il n'a pas iTaît un voyage avec le maré- 
chal^ le (émoin a répondu' qu'il avait été avec lui 
au-devanrt de Monsieur , et qu'à propos du pro- 
cès de Louis XVI , le maréchal avait expriiné son 
attachement pour la famille royale , et son indi- 
gnation franche et vive contre les auteursr de la 
inort do ce prince. 

Interrogé depuis combien de temps il connais- 
sait le maréchal, il a répondu : Il y a sept, à huit 
ans ; je le connais susceptible de recevoir des 
impressions subites et vives , et je jpebse qiie c'est 
la seule manière d'etpKquer...» » 

Douzième témoin y M. le maréchal duc' de 
Reggio. ' ^ 

Il n'a été appelé que pour constater Fidentîté de 
deux lettres qui lui ont été adressées par le maré- 
chal Ney^ et qu'il a remises à son épouse. Le ma- 
rédiâl les a reconnues ; on en a donné letture. 
Elles contiennent* des détails de set*vice ,'^ët dés 
liiesures à prendre pour s'opposer à Bonaparte. 

Ces pièces^ sont anneiées au procès. 



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Oo a donoé aussi lepture de Vrok 4?péçhe» 
9àrwé^ par le maréchal Nçy au due d'Al^ 
bnfQra. Ellça »e $çmit relatives qu*au aerviç©. Oo ei» 
9^QrdQnw4s4wmQiiïfiwm^e. 



Séance du 5 décembre^ 

Tmsàèmfi témom. M* Magin \ il a ^po^ : 

« Le aa vmst j'ai r^cu d? M,.l>9tabQdU]Wt ic^s^ 
p(BCtear de la oavigatîoo à Moniereau , uDe lettre 
daQ4 laquelle il m'aoowçait quêlemarédbaJ Ncf 
t^ait à Moiuereaui cbe^ Labbé, aubergiste. Le 
maréchal a dit que le retour d^ NappléOQ*avait été 
ftrr4té au congrès de Viieaoe , que tout était ar- 
rangé par Jea «oii>s de Talleyraud , qui rameuaii 
yarc h jyJA K ;h«»sa JMarie-'ifOiiiae. m, foa ^. >f 

Quiu^rmim ténipia, M. Paatiu» aiM^n avoué 
près le tribunal de pi^mi^r^ i»s4aAce do Paris ^ 
iladépo^: 

(c Vers le 1 5 OU le iio juillet dernier ^ j'ai 4té 
arrêté dapf pua prooieQadepubliqi;ie par M. Magin, 
qui » e^ q)e parlaat des grands évéueaieiis qui 
veoaieftde se passer, tne demanda quelle était 
moq o^iflûbM » de la iuiie de f iudi vida odoiné Bi^- 
naparte et 4m retour, de Sa Maiesié ; il^joista que 
ces évéoemens p*avaîwi rien de sorpre»ant« i^X ^ 
le témoin a déppié les wsdmû» ùm que nous xe- 



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i6i 

Dons de rapporter dans la déposition de M, Ma- 

gin. ) * 

Quinzième témoin , M. Perrache , avocat près 

le tribunal de première instance de, Paris. Il a 

rapporté , d'après M. Pantin , le propos tenu par 

M. Magin. 

Seizième témoin , M. Félix. 11 a dit : 

i( «Tai vu le maréchal , à Lille , haranguer les 
soldats en faveur de Napoléon. Il a demandé aux 
colonels s'il y avait parmi eux des intrus 3 il leur, 
a dit que, s'il y en avait., il. fallait les chasser. Il 
parait qu'il y a eu des distributions d'eau-de-vie 
aux soldats 3 à la suite, deux jeunes gens qui avaient 
crié vipe le Roi ! ont été massacrés. Ces faits sie 
sont passés te 27 ou le 28 mars; » 

Un pain Précisez l'époque. , ^ 

Le témoin. C'est le jour de Farrivée du oia- 
récbal. ■•> ^^ 

Le maréchal. C'est le 24 ou le 23. 

Le témoin. Vous logiez sur' Ja ^[rande place. 

Dix-septième témoin, M. DeBeausire. Il a dé- 
posé '. ' , . » . 

« D'après ï'acie d'accusation , j'espérais avoir 
passé un marché pour la fourniture des remontes 
de deux régimçns à Lille. Je suis censé avoir re- 
ipusé de faire ces fournitures après le départ du 
Roi , et le maCréchal m'aurait dit qu'en traitant 

TOME, II. Il 



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/ 



dvcc les minislres du comte de Lille , f aurais 
traité avec ceux de Bonaparte. 

y Je n'ai jamais vu fe maréchal , je n*ai jaûjiais 
traité' d aucune fburnilui*e j i| y a confusion de 
nom. 

» J'ai dit ^ue les frères Thiébault av^ent été 
chargés de la remonté dé delix réginiens , qu'ils 
s^etaient refusée à fournil^ après lé d^^parl du Roi. 
Que lé maréchàt, en paiÉsant la revue, avait fait 
*des rëptocbes au côTopél du régiment , qui avait 
Tçjeté là faute sur ' les frères Thîéhauh ; que Te 
xnëréchal les avait (ait venir , et leur avait dit , 
qu'ayant tràiié avec le^ agens du comte de LilFe , 
ils ne devaient pas croire avoir traité pour d'aunes^ 
que Bonaparte* 

» Ayreste on petit les faire venir, Ifssont àParis. » 
r*Lé maréchal a dit qu'il ne connaissait ni le 
témoin pî les frères Tbiébaiilt. 

]V|. Bellart a expliqué qu'on avait appliqué par er« 
reur a|i témoin 1q fait qu'il avait attribué aux frères 
Thiébault. ^ 

Dix-huiûènp^e tcmpin, M. Charmoilles dé Fres- 
rioy, capitaine au i^^V régiment de là garde royale 5 
il a déposé : 

a A FépoquQ (du débarquement de Bonaparte^ 
j'étais à Besançon-, j'offris mes services au tnaréf:hal, 
qui les accepta et m attacha à r^tat-major en qua« 



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i63 
Kté^ de capitaine-ad^oiat, L^ i3 îl m'envop en 
mission à Ddie; le 1 5, en revenant, je rencontrai le 
corps dVrmée qui portait la cocarde tricolore l en 
conséquence je n^at point éié témoin de ce qcri 
s*est passé a Besancon* 

Dix-neaviéme témoin y M. Grison , capitaine 
d^infenterie. « Il a déposé qu^étant à Landau dans )o 
57^. réjginaeht d'infaoterie; le maréchal était tenu 
Inspecter les troupes; It a rassemblé les offidei^s 1 
kii Moùion'<tOr, et, ayant fermé là porte à clef, 
il a demandé au cotonel'sHl y avait parmi nous des 
intrus. Le éotonel ne lêponJit rien ^ le tâaréclial 
ayant interprété soà silence d*ime manière néga- 
tive ; répondit : i^ là Bonne heure ttl se répandit 
de suite eu invectives contre }a famitle royale.- La 
majeare partie des troupéà était pour >lé Rni, mais 
la défeédon du marédhai fit tout changer. )i 

ItèntaréchaL Le témoin se troihpe: Quand un 
maréchal rteoll des officiers, il ne va pas* fermer 
la porte i^clef; cela iae serait pas convenable. J'ai 
vu dans ma tpiirnéé de 5o à 80 mil^e individu]^. Je 
ne sais pas si vous avee été envoyé en dépniatton 
pour me dénoncer. Le fait est que j'ai dû agir d'a- 
près la léliredont j^élais porteur jque fe n'ai rien 
dit d*insultànt contre le Roi ; que la lettre même 
me le défendait , puisqu'elle ordonnait de respecter 
le malbeur^etpdans le cas ou un membre de la 



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I 

i64 
Ëimille tomberail entre mea mains , de lui donner 
toute facilité pou r gagqer les frontières. , / . 

Le témoin. Je le dis en homme (£|||^neur. 
C'est au baron Menu (jue vous avez parlé. V.oju3 
avez dit tant, d'outrages de W. famille royale^ que, 
les bonapartistes eux*mefpjçs en ont été indignés. 
Vous avez dit que c çtait une; famille pourici Ne; 
nous avez-vous pas dit aussi que plusieurs iparé- 
chaux voulaient la république? L'avez- VQU§ dit» oui 
ou non? Avant votre arrivçç le drapeau blâqc 
flottait encore à Landau ,,q^Qique toutes les. com- 
munes des environs eussent ar|3oré le d,ràpeau tri- 
colore. Aiissitôt après yotre arrivée , on le prit à 
Landau., et ^général Giravd; quand il vous a vu , 
a fait crier i^ipe P empereur!^ ^ '.j /. » . 

^ . J!/«. Berçyer. Précisez leppque. . ,. . , 

Le témoin. C'est dai^-letçourantd'î^yril. 

Vingtième téno^oiq. JM. de. BaUucourt^ colpnel 
du régiment dq cuirassiers dq Condé j,^ a.déposé. : . 
• « Je ;^ai aucune connaissance des faits ituputéë 
au maréchal. J'ai.éié appelé. le 20 novembre pour 
déposer d'un ^ouï-dire que j'ai répété. . / -^ 

» L'un dp. mes parens, capitaine au 7 5«. régi- 
ment, m'a rapporté que le maréchal avai^ dit à 
Philippeyille qu'en partant de Paris, il avait, dans 
sa voiture une proclamation qu'il a lue à ses troupes , 
avant de passer à l'ennemi. >; '^ . 



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i65 

M. Bellart a interpellé le témoia Grison de 
déclarer s il ne connaissait pas quelqu'un qui p&t 
déposer 'dans le même sens que lui. 

(( Oui , a répondu M. Grison , un capitaine qni 
est ici. » 

On Ta introduit. Il se nornme Casse, capitaine 
au 42*. régiment (vingt-unième témoin.) 

Sa déposition n'étant qu un simple renseigne- 
ment , il n a pas prêté serment. 

11 a déposé qu'après l'arrivée de Banaparte à 
Paris, lé maréchal a dit, à Condé, mille horreurs du 
Roi; que sa cause était* perdue, que c'était une 
famille pourie ; que le Roi n'était ni Français ni 
légitime , que c'était à Bonaparte qu'il fallait obéir, 

M. le président Avez-vous entendu ces pa- 
roles personnellement? 

Le témoin. Oui, le a4 ^^ '® 2&mars, dani 
la maison du gouverneur, avec tous les officiers 
du régiment. Vous avez dit davantage , Vous 
avez dit: Nous faisions notre cour au Roi, 
mais il n'avait pas nos coeurs; ils étaient toujours 
à l'empereur ; le Roi nous aurait donné.vingt fois 
la valeur des Tuileries',' que jamais nous ne l'au- 
rions eu dans nos cœurs. 

Vingt-deuxième témoin, M. Gailsoué, bijoutier, 
au Palais-Royal. 

il a déposé que M. le maréchal Ney/ arrivant 



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ttàè 
'k t^arU atec Sooa|>arte, laî envoya^ parsoû Wet-* 
de^dhambre , toute» ses décorations à cfaangeré 
C est le ^5 mars que M. le maréchal a eu ces 
objets , et çVst le 26 mars ope je les ai ÎDscrtis sur 
mon livre que voicL 

Le témoin a oavert alors ie registre sommaire 
de sa maison. 

Il y a lu le compte suivant : le 25 mars^ doit 
M. Ip maréchal Ney, médaillon de deux croix 
grand-cordon , n®. .75 , 5o francs ; une croix n". 1 , 
lâ francs) médaillon delà croix n^6, 6 francs; 
deux portraits or émaillé^ 3o francs chacun ^ 
60 franicSé 

VaccMé* Vous voyez, Monseigneur , que, dV 
près ce compte, je ne pouvais pas avoir les décora* 
lions que les témoins prétendent m avoir vues à 
Lons-le-SaïaJnier. 

M« le {lifésideQt a deniandé au témoin s'il n avait 
point, à la même époque^ arrangé pour Taccus^ 
une plaque de la légion d'honneur* 

Le témoin a répondu que non. . 

il a répondu, sur les renseignemens qu*on lui 
demandait relativement à ces plaques, que le mé« 
daillon pouvait se changer à volonté, et qiie c'était 
dans ce médaillon qp'existait la seule diâerence 
qui distingue les plaques données par fancien 
gouvcrpement, de celles données par S« M. 



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î67 

M. Bellart a fait observer que le maréchal n*a- 
valt dû (aire changer que les ddcorations royales-, 
qu à I égard des. décorations à Taigle , s'il en avait ^ 
il n*y avait rien à y faire *, qu'ainsi la dépQsitioii 
avait bien peu d'importance. 

Vingt-troisième témoin. M. Dçvaux, aide-de- 
camp du maréchal. II a dit : . 

(c J'étais a Lons-le-Saulnier à Tépoque du 14 
mars \ je n'ai remarqué aucUn chaugement ds^ns les 
décorations du maréchal , ni ce jour- là, ni les jours 
suivans. ' Il portait une plaque et des rubans 



rouges. » 



Vingt-quatrième témoin, m. Baiardy , notaire à 
Paris. II a déposé : 

« Au mois de février, M. le maréch^ était dans 
sa terre des Coudreaux. Le 5 mars , il ma fait 
écrire pour lui envoyer des renseignemens sur sa 
dotation et son traitement du mois de février. Il 

me chargea d'envoyer 3ooo francs à M à 

Vienne , qui stipulait les intérêts des donataires 
devant le congrès. Je passai chez le be^u-pèpe de 
M. le maréchal, pour aviser aux moyens de lui 
faire passer aux Ceudreavii le reste des fonds que 
j'avais touchés pour lui. 

» On me dit que cela était inutile, parce qu'on 
' venait d'expçJîer un courrier au maréchal , et qu il 
allait arriver à Paris. 



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• i6Ô 

» Le maréchal y arriva. J'étais chez lui lorsqu'il 
descendit de voiture. II embrassa d'abord le plus 
jeune de ses fils , qui était dans les bras de sa nour* 
rice. Il s^adressa ensuite à moi , et me dit : Qi^y 
a-t'U de nouueau? Celle question, celle qu*il 
m'adressait toujours, s'entendait des affaires de 
H. le maréchal. Nous entrâmes dans ses apparte-^ 
mens. J étais fort surpris que le maréch'al ne me 
parlât de rien. Je lui dis : p^ous ne savez donc 
pas que ^empereur est débarqué d Cannes ? 
Le maréchal en parut étonné. Il s'expliqua fort du* 
rement sur le compte de Bonaparte, et il ajouta : 
// n aurait pas osé débarquer j s^il n^y avait 
pas eu en France de la division et du mécon-- 
ientément Je puis assurer sur mon honneur, et 
Je resterai convaincu toute ma vie , que non-seu- 
lement il ne savait pas que Bonaparte dût descendre 
h Cannes, mais même qu'il ne le désirait pas. » 

Vingt-cinquième témoin , M. le duc de Mailhé , 
pair de France , premier gentilhomme de la chambre 
de S. A/ R. Monsieur^ maréchal des camps et 
armées du Roi, et chevalier de Saint- Louis. 

Il a connu le maréchal Ney diepuis le retour du 
Roi. Il a fait sa déposition à peu près dans les ter- 
mes* suivans : 

k Je suis parti le 9 mars de Lyon , le lendemain 
dtt départ de Monsieur qui se portait en avant ; 



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i69 
mais cette marche fut impossible, il ny atait 
îpcHnt de canons. II fallut' rétrograder. JWîvai 
]e lo à Besançon. Je n y trouvai point M. le 
duc de Berry. Je me présemai chez M. de 
Boùrmont , et nous allâmes ensemble chez 
M. le maréchal. Je lui appris leis mauvaises nou- 
velles; que Monsieur éisài force de se retirer 
sur Roanne. Le maréchal nous dit que nous 
allions partir sur-le-champ pour rejoindre Màn" 
Heur* Je sortis pour aller faire mes préparatifs pour 
ce départ ^ je révins chez M: le maréchal , mais il 
avait changé d'idée. Il dit qu'il voulait s« porter sur 
Lons-lë-Saulnier ; que là il Serait au centre. 

Le maréchal Ney. Je prie le témoin de déclarer 
si je Fai chargé de demander un rendez^vous à 
'Monsiewr pour moi ; si je ne lui ai pas dit que je 
n'avais rien à faire à Besançon, et qu'il fallait mar- 
cher à Bonaparte ? M. de Mailhéést parti. Je n'ai 
plus eu depuis des nouvelles de lui ni de Monsieur* 
Les événemens en ont décidé. 

Le témoin- Le maréchal ne pouvait pas médire 
d'inviter Monsieur à le joindre ; Monsieur était 
alors av.ec le maréchal Macdonald. J'ajoute que 
M. de Bourmoulmè dit : « Le maréchal est très- 
» bien disposé; il vi«nt de me dire : Allons, 
» Boùrmont^ nous marcherons/ quoicjue bien 
» j[nférieurs en nombre. » ' 



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X^ m^n^c^al* l'es troupes marcbalcQt par deut 
batailloDs, d'après Içs ordres du ministre. Elles 
étaient absolument perdues. Mon^iearf^iBEkdL dona 
pas deiinç dVrdre. 

Vingi-Mxième témom, M. de Ségur , maréchal 
des camps et armées du Roi , ron des commandais 
de la Légion d'honneur, chevalier de Sûot- 
I«Ouis. U a dit : 

« Je déclare avoir connu le maréchal , et que 
le 7 mars , joyr de son ariivée à Paris , le marécUi 
m*a dit qu'il allait s'opposer de toutes ses forces à 
finvasion ^e Bqfnaparte; qtie, comme chef de 
rétat*major de la cavalerie, je prendrais les ordres 
du ministre de la guerre, potTr les transmettre à 
MM. les généraux. Tout ce qui est sorii de h 
bouche de M. le maréchal respirait Thotuoeur ejt la 
fidéUtc, et est en tout digne d*uu militaire qui a 
fait la gloire de Farmée française pendant vingt 
campagnes, d 

Vingt - septième témoin , M. le marquis de 
JSaurans; il a dit: > 

(c Le 5, jai reçu ordre de, partir le 8 de Paris 
pour Lyon. J'ai trave^rsé la Cbampgne, la Bour-, 
gogne, k Franche-Comté y poiy examiner J'espi^it 
des préfets et .des générau), et en rendre compte*. 

.1) Le 9 au soir, je suis arrivé à Besançon. Je 
* vis dé suite M. de Boi^rmont, les généraux .ft lé 



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jNréfet* Ik me parurent disposa ir £ûre lear devoir. 
Je rencontrai, le lo, à huit (beores du soir, le ma« 
fëchal dans sa voiture pès de Dôle. 

I) En arrivant è LonsJe-Sanlxiier^ je «ulaii 
continuer ma route pour Lyon. Un officier cpie je 
rencontrai m'engagea a me diriger sur Moufios. Je 
résolus alors de retoirner à Besançon* Je reiH 
contrai M, de Sainte-Amour*. Nous Itmes en^ 
arable trois postes. J'ai vu sur ma route deui ré* 
(iinens, le 6i^ et le 67^ , cpi ne parurent ni*olfi*ir 
(|ti*utie médiocre garantie. Peu après je vis les deux 
coIo&elS| ^ui me dirent que les dispositbns de leurs 
soldats étaient bonnes. Je renoootrai M. le ma* 
réehal à Quît^y; Nous arrivâmes ensemUe à 
Lons-Ie-Saulnier. Je déjeunai dans la matinfée dvec 
le maréçlial , qui me parut très- bien disposé. H fit 
venir en ma présence deux gendarmes déguisés ^ 
quii envoya 4 la découverte. Je didM avec M. le 
maréchal; Le soir on apporta les proclamatifC»!^. 
Nous y remarquâmes ces expressions : la viôtoirè 
matcàê au pas de charge* L'tugle volera de 
clocher et^ dofiher jusque êur tes tours de 
J^otre-^Dame. 

» Le maréchal nous dit: C*esi ta ce qu'il faut. 
Le Roi ne parle pas comme cela. Il te deuraUf 
cela plairait aux troupes. 

» Les corps d'officiers vinrent et iWent ha-, 
rangués par le maréchal. 



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I7Î 
n Le lendemain, je priai le maréchal de me 
renvoyer près dé Monsieur; que j'avais quitté dc-^ 
puis bien long-^temps ^ et qui devait être inquiet 
de m<4^ Le maréchal ne me donna aucun ordre 
jpar écrit, mais il me dicta une Fetlre. Monsieur 
était à Sens. «Tallais l'y rejoindre. Je rencontrai dans 
xna route un régiment de dragons et un régiment 
dé ligne. Tarrétai leur marche , parce qu'ils allaient 
tomber dans les lignes de Bonaparte. Je fis aussi 
changer de route aux 'équipages de M. le maréchal 
Ney, pour qu'ils ne tombassent pas au pouvoir de 
Pennemi. J'arrivai à Paris , et je remis au ministre 
de la guerre la lettre de M. le maréchal. i» 

MP.Berryer. Quelles expressions le témoin en- 
tendit-il proférer aux soldats ? . 

R. Ils criaient vive V empereur ï mais la masscf 
marchait en ordre et avec silence. J'ajoute que , 
quand je vis M. le maréchal , je lui parlai dé sa po- 
sition 3 que je la trouvais bien plus difficile que 
dans les autres campagnes. U me répondit : « D'Or- 
ly dinaire, quand j'avais toutes mes dispositions 
» faites, je dormais; aujourd'hui je n'ai pas un 
» moment de repos. » ' 

<c Sur les inquiétudes, que je lui témoignais, il me 
répondit : Les troupes se battront; je tirerai f 
saille faut, le premier coup de fusil ou de ca-' 
rabine , et^ si un soldat bronche ,je luipassérai 



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»73 

mon épée au Irapers du corps, et la poignée 
lui servira ^emplâtre* Ce if est pas avec des 
fusihq^* on fait marcher le soldat; il faut du 
^anoUj. et mon aide^de-camp scdt Vappliquèr. 

( On a fait la lecture de la lettre de M. le ma- 
réchal.) 

M. le président Monsieur le mak*échal , voua 
reconnaissez cet ordre? ! . 

Le maréchal Oui > Monseigneur. * 

M. le présidente îl est du i3 au soir. Comment, 
Monsieur le maréchal, après avoir pris ces longues 
et sages dispositions,, èvez-vous pu être conduit 
le i4 à un résultat si différent ? * ^ 

Le maréchal Votre observation est juste; 
*mais les événemens ont été si rapides^ une lem- 
pele si furieuse s'est formée sur ma tête , que cha- 
cun m'abandonnant , chacun cherchant à se sau- 
ver à nies dépens , èl en me sacrifiant , j'ai été en- 
traîné à 'l'action que vous connaissez. ' ^'ailleurs , 
nion avocat entrera dans des développemens à cet 
égard. \ • 

M*. Berryer a demandé que M. le préiideni fît 
donner aux défenseurs copie de cette pièce. 

M. Bellart ne s*est pas opposé à cfe'<|ue là mî- 
* îiuie fut au service des défenseurs lors de ïa plai- 
doirie. ' * • ' 



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tT4 

ëe Iff pièce : fih lui a ^té seconiée. 

M. fh)nékprllej petit' de-Phance. Je ^tontode 
à facettsé ee «fiHl entend par la fémpêlé qui a 
Ibodci si!ir im? 

Z« maréchal. Cest la fureur rëvoluùonttaireqm 
cclaia datiâ les moupét le i Si a» (ok*^ Il ÀaU iin« 
poaùble d en disposer, de W.fiâire narfihin! ou on 
afraît voulu }i^ çqi^^iifr. , . 

iHf. de ^aint-Romanfix C^^ 4!^? paîrs}^ a .deçian- 
dé au iparedlial pourquoi il i^'ayaît pas fait arrêter 
ce^ émissaires veous le 1 5 ; car ce sont çux qui ont 
ainsi changé Tespût du.sçl/dat. 

Le ^aréç/^qL JV ^^[k répondu à cette qfxe&- 
tion. Je n ayajs personne pour^ faire arrêter ; il 
m'était impossible de le fairq. 

Vînffl-buitième témoîu , M. Renaui-de-Saint'- 

Atnoiir. il a, dit : a Depuis v|ngt-deux ans mie [e 

sers > j'ai vu deux fois M. ^le i^parécliaK Le? |our- 

. naux piit pu^ljié (fcs déçl^jPf^iiQns qui ne ispnt pas 

miennes. 

m*apprit ^e débarquement deBoqaparte. Je crus 
que nji^e? ordre» ayaiept popr objet de raÉisembler 
jLfls trjpgges. Je mç dirigeai snr Rourg, de Jàà I^yon 
et à Vienne. Je voulais me rendre à GrenobJe. 
Un officier déguisé me dit de clianger de route. 



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175 

Je revins à Lycm. MoBSÎeiir rae dît qu'il partait. 

» A Poligny, J0 redcomrai le marcpii» de San*- 
ran:^ , et je l'ai aécompagnëjusqu'a Quiugey. Beau- 
coup de soldats que nous rencomiions sur ûoire 
route criaient vive f empereur ^ et nou^ faistom 
enxvé tiottt cette féffexion , qu^oû tie pouvait plus 
compter sur eux. 

* Xallai le 1 1 ^a soir à Quîogey , chez M. ie 
maréchal Ney ^ qui liie dit qu*ii né pouvait pâs 
ccmcevoir quoD xiéki pa^ défendu le passage du 
Ktiài^ , et doupQ les poQla àLyouv. Il lue doona 
i'oiiobe pieur JM[. le directeur . darâHerie de fie»- 
SMiçon^ d^éuyôyer dss Ciaa?louoh0^à LoBs4e-Saal» 
faiier. ^ 

lAP, B£r4^y,er* : ^^ 4feit: fissprit des ca»ip«r 



ijÇ. Dausje d4partèpijfi94« FAîa, à Bourg, 
les, pay^usi. friaiepJt i;/iMf . l'fmpermr ! dans les 
villages pi <fo.qs |le$.,Cfï^^eits^ \^ mèm^ , agitaticMpi 
existait aiiHt ajeij^ogr?. de JtpïJSr|p-3^uJnief. 

yipgt.ne^vi«;p^e. témoin ^ ^I. ^^oijousç , négP- 
ciant ; il a déposé : , 

« ^^î quitj^ -^y^^ samedi 1 1 , à neuf heures 
àw ^pïr!. Craignant d^tre arrpté* j ai pris la route 
"de Bourg çt de Çepève. A |^ons-Ie-Saulnier , ^on 
iito demanda mon pas$e**port. UnofBder vint en^- 
fiiùte ihe trouver pour savoir de moi ce qui se pas- 



Digitizedby VjOOQIC - 



176 

sait ^ il me dit : d Je suis bon Français. Le prince 
» est dans les plus vives inquiétudes. » 
... » Il vit que f ë,tais dans les niêni^s dispositions : 
il me demandai si je voulais ,qu il me conduisît au 
maréchal; j acceptai cet. honneur avec reconnais- 
sance. M. le maréchal me fit beauçQup de ques- 
tions. D. Doù venez- vous? R. Pe,Lyon.Z).,Que 
sy passe-t-il? JS« L'emper/çur , est entré s^ns 
Groupes,, et $eulement ai^ec son état-m^jor. 
Z>, Quellecoudiïitea-t-il t^nue?. jR.il Siest monti^ 
à la fenêtre pour Iiaranguer .k populace , qui"âé 
•pressait pour Je voir.. Il a pa^bniàiteses trdupes 
en revue sur - là place Bellecenr ; > il * pouvait . avoir' 
sept à huit mille hommes. Je donnai au maréchal 
le^ numéros dq tob^ lès ré^^eiliS', 0^1 lès détails 
que j avais recueillis sur leur composition. J'ajôbtsa 
six maréchsd qu'il ÂvaiP^fiÉit désipi'oclatiiattons^ Je 
lai en monffâi unb'^ueje lÀ'âiâîsr procurée; il me 
fe prit , eh me disant qu'il s*en 4aisàîiî lé cadeàûl 
Il prit les noms de' ceux qura^àîéiit signé cette 
prodlamatiottV ^ ^û ûi« disant* :' ' ' Ùéla ' nest pas 
dangereux i il n*y a rien à cfcdjndf'e; quarante' 
cinq mille hommes gàràntïf&nt l^àrl^^ Le prer 
rnier coup'^n ;uecia^r(i. Comipe 10 paraissais 11^- 
qiiiet sur ce qu oa m avait parie d une SMlianceav^ 
î'XuïrîcJie,'iï ajouta,*: Ç^est la sa jfiçtfiriG^ ordi^ 



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tj7 

MUre. Pourquoi Morrsisû]^ nû Va-Uil pas 
combattu? 

: M. ie président au maréchal. C'est le 12 que 
vous avez tenu cette conversation. Vous connais^* 
siez cependant tes progrès de Bonaparte. Aviez^ 
vous donc Topinion ^u'il n était pas dangereux ? 

M. le mof'échal. Oui , Monseigneur. 

JkP. Bérryer. Le témoin nVt*iI pas fait au 
maréchal le compliment d'avoir sauvé la France à 
Fontainebleau ? 

iï. Oui , je me rappelle avoir dit cela : j'étais 
transporté des sentimens dont M. le maréchal 
était animé ; je saisis même et pressai le bras de 
M. le maréchal. 

M. Bellart^ Pourquoi le maréchal retenàit-^il 
la proclamation ? 

Le maréchal* Pour la communiquer aut 
autres généraux ; c'était une curiosité toute simple* 

ZjC témoin* Le maréchal me dit : Mais ne crai«* 
gniez'Vous pas de vous compromettre en gardant 
sur vous ce papier? Je lui répondis: non 3 il était 
caché dans un secret de ma voiture. M. le maréchal 
m'observa qu'il était dangereux de propager celte 
proclamation. 

Trentième témoin , Madame Maury. 
' « Les f 6 et 17 mars^ dit-elle, j'étais à Dijon. 
M. le comte de Bagnano , italien , me dit que M. le 

TOME !(. la 



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17* 

marecM' lui avnt dit, en (<dcisà|it avec Icii : .Vou». 
êtes biea heureux de n* av^ir pas de place \ Vous 
n'êtes pas'obligé déacansi^r: avec vos devoir^ : je 
me fëlîcitaîs Javoir forcé Tempereur à abdiquer, 
aujoiiWl'hui il faut le servir. 

Lê'maréchid. Je ne. connais pas le comte ita-*- 
lien Bagnano ; je ne l'ai jamais vu. Il ^ssl possible 
c]ue j^aie tenu quelles dbcours isend>Iables à ce que 
le témoin déclare^ mais je. ne m'en souviens pas. 
Trente-unième témoin , M. Passinge de Pré- 
dbamp. Ilâditt; (cLemaréchalNejcst arrivé à Besan- 
çon le I o ausoir. Jene l'ai vu que quand il montait eâ 
toiture avec M. de Bonrmoni : je lés suivis. J^ar- 
rivai à Lons-le-SauInier. Tous les ordres donna, 
par* le maréchal, tous ceux transmis aux troupes , 
font été dans Fintérêt de la cause dix Roi; mais lea 
<£fficultés sont bientôt devenues des obstacles. Les 
troupes qui, câsemées, pouvaient encore être 
conteoues dans le devoir , n'ont plus connu dé 
frein lorsqu'elles ont été mises en contact avec la 
populace. Le yô^., en passant à l'eninemi, a donné 
lé signal d'^ne . défection générale. Lors de là 
revue sur la place de Lons^-le-Saulnier , la tris^ 
tesse était peinte sur tous les visages ; rien que 
celte posture , "qui n'est pas ordinaire aux Fran- 
çais, pnésageait.une grande catastrophe. Je.m^at-* 
tendais quemesoffîcierssQraient victimes de leurs 



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'79 
soldats , ou qu^il y aurait quelque révolution , 
comme en 1 795. 

» Je reçus un ordre pour me rendre auprès du 
général Bertrand. Mes instructions n avaient pour 
but que d*âssurer le service des troupes er faire 
respecter partout les serviteurs dû Koi. » 

M^. Berryer.: Le témoin n'a-t-il pas eu con- 
naissance que dés gentilshommes aient été incorpo- 
rés par les ordres du maréchal ? 

R. Oui , j'en ai'parlé au colonel Dtrbalen 5 mais 
les événemens se sont succédés avec une telle vi-^ 
vacité , que je ne sais pas si cet. ordre a été 



exécute, 



il/*. B^rryer^ Savez-vous si le la et le i5 leâ 
troupes avaient reçu des proclamations ? 

R^ Elles n'en ont reçu que dans les jours pos- 
térieurs au 14. 

IMP^Berryer^ Le témoin n'a-t-il pas vu uii exem- 
plaire de la proclamation fatale, datée du rS? 

R. Oui , à A.uxerpe , et j^en fis même Tobser-* 
vation» 

M. le dac de Fitz^James ( l'un des pairs)- Quand 
les troupes ont*eIles été en contact avec la populace? 

R. En sortant de Besançon, les 11 et i^. 

Trente-deuxième témoin , M, Dra^gesde Bour- 
cia, sous-préfet de Polîgny, a déposé : 

• Le 1 1 mars, j'étais dans mon cabinet ) fen- 



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i8o 
tendis arriver une voilure à. grand bruit : je crus 
que c'était M. le duc de Berry. J ycourus. Je vis 
deux, officiers généraux , M. le maréchal et M. le 
comte de Bourmont. Je lui offris ma maison. II 
me répondit : De préférence chez vous , mon ami. 
Je réunis le commandant et quelques officiers de 
la garde nationale ; il était dix heures quand, nous 
nous mîmes à souper. Le maréchal me demanda 
quel était Tesprit des habitans.^ Gomme j'avais vu 
passer un régiment à rennemi^ je pouvais avoir 
des inquiétudes sur les troupes qui étaient à Po- 
ligny; mais j'offris à M. le maréchal une nomSreuse 
garde nationale ; j'offris même de me mettre dans 
leurs rangs pour les entraîner par mon exemple. 

» En parlant' des événemens qui venaient de se 
passer, le maréchal nous dit qu'il savait bien que le 
général Bertrand n'a vai t pas^assez de le tepour résister 
à Bonaparte; qu'il aurait fallu l'attaquer comme une 
bête fauve , et le mçnef à Paris dabs une cage de 
fer. J'observai à M. le maréchal qu'il valait mieux 
le conduire à Paris datisun tombereau! Le maré- 
chal me répondit quq je ne , connaissais pasT^aris : 
qu^il fallait que les Parisiens pissent. M. le 
inaréclVal exprima ensuite quelques sujets de.mé- 
contentenient qu'il avait contre* M. dç Blacâs. Il 
nous dit que ie Roi aurait dû employer pour son 
service la garde impérial^. 



( 



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i8i 

)» A minbit , le général Bourmont et lé mare* 
chai montèreot en voiture , en me disant de di^ 
rîger mes troupes sur Lons-Ie-Saulnier. 

» Quel fut mon étqnnement à la nouvelle delà 
défection du 14! Je vis alors le' général Lebpùrbé 
qui me dit qu'il fallait se rallier au Roi.» 

Le tharéchal Ney. J^ai remarqué dans le dis- 
cours de M. le sous-préfet, quil a parlé de la gardé 
impériale. A Ciompîègne, je commandais là garae 
de sérvièe. J avais l'honneur d'être assis à cô^é du 
Hoi, Je luLai donne lé conseil d'attacher à sa per- 
sonne la garde impériale ^ j'ajoutai que c'était la ré- 
cotnpénse de toute l'armée.* H me répondit qu'il 
réfléch'waîfsûr cet avis. Bonaparte en a été ins- 
truit; car il m'a dit, en me le reprochant à Au^ierre : 
Sipoirê èà^is açaitété suivi, /^ if aurais jamais 
remis te 'pied en France. ^ 

AT*. Berryer, Le téràoia n'a-t-il pas entendu 
parler au général Lecourbe de l'esprit des troupes? 

Le témoin. Le général Lécourbe est mort ; j[e 
dois respecter sa mémoire; il ne m'a rien* dit *& 

cela. . '^- ■ / '' *' ; ;''"^;' 

M. Beîlart. M. dé Vairîcliler^ saîi^il si des 
gentilshommes se sont réuiiîs aux troupes au ma- 
réchal?' ."'''. . ' 

M.\dé ?^ttôteAi^r.J'eii' avais envoyé trente i 
Lons-lè-Saulàiér; on lérf a renvoyés à Bourg. ' ^ 



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r8a 

ilf. Bellart* M. Capelle sait-il quelle était la 
disposition des esprits à Lons-Ie-Saulnier? Je fais 
cette demande, parce qu'il m'a éié adresse une 
Jpétilion au nom des habitans de Lons-Ie-Saulnier, 
qui réclament contre les sêntimens qu'on leur a 
prêtés. 

M* Capelle» Je ne connais pas Tesprit de Lons- 
]e«Saulnier. Mon collègue de Vaulcliier ei) est bien 
jnieuz .instruit que moi; c'est le lieu de sa rési- 
dence. J'ai vu seulement» le jour où jy étais, 
beaucoup plus de populace que de soldats se mêler 
aux troubles du café Bourbon. , * ' 

M» de /P^aulchier^ La majorité était indiflfer 
rente. ^Une ^portion était mauvaise. «La popula- 
tion , à ce que j'ai ouï dire., a pris peq de part aux 
troubles du café Bburbon. Le soir, ce sont des 
soldats seuls qui m ont insulté. J'avais cons»ervé f 
sans y faire attentiojs , le ruban blanc. 

Treqte - troisième témoin. M. Jean-Baptiste- 
Yincent Durand, mdnécbal-de-cen^p , lieutenant 
àoi Boi à iBesançoUé II. a déposé : 

« Le maréchal est arrivé à Besançon le 9 mars 
^prèsrmidi, JLes- officiers supérieurs lui furent de 
suite, .présentés par le lieutenant ^jgénéral Bour- 
mont^ conbmandant la division. Pendant la visite, 
le maréchal s'exprima, en .des. termes qqi ne, purent 
ijue confirmer toute Ja confiance, qu'oa.jiouvaic 



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\ 



i83 . 
iToir dans ses opérations ulténeures.' L^'^d&ar^ 
quement de Bonaparte^ disait^il^ ce^ontsèsipr^res 
expressions, était. un bonheur pour la iFrlinoej, 
puisque œr serait le dàqutèiaeaote.d'ersa'jlitagédie. 
II donna f ordre aux troupes di^ |iartir/et<it paftu 
lui-méaxe le lo au oàatîn. A^auft de se^metlre eu 
marche , il adressaaux çhefe des diâcoucsqui ne 
]^ttyaient qu'augmenter toute>la confiance. U leur 
recommanda deU*e dévoués^au 'Roi. 

nJLes officiers supérieursiTojaient'daiisiles^di»- 
cours , daps la conduite du i maréchal ,ilaos^fiGS 
talens et sa loyauté, la graiide influence qu'Ai exer- 
çait à juste titre sur les troupes, les (garanties 
les iplus! fortes pour le service du 'Roi. U disak 
qu'il ferait de Bonaparte sa propre affaire.» - 

Le ténsdin a iijouté beaucoup d'mtres consi* v 

derations qui deraiem , à4rilr dit, concilier au^ ma« 
récbal la confiance générale* 

5« On espérait que. le concours des officiera gé- 
néraux , les offres de services de bons Franû^s 
-qu'il aurait .placés dans les rangs, adraieni aug- 
menté ses forces et amélioré Tesprit public. . 

» On avait la eonvic^u que Ja loyauté du <ma- 
réchal et ses discours énergiques entraîneràîebpt 
ses troupes dans le chemin de Fhonneur et du^de- 
•voir. • ' ■ • : '^^ 

» Les ordres qu'il avait donnés le x5 êiamn 



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i84 
tous dans le service du Roi. Notre conviction sur 
Tétat satisfaisant des choses ne pouvait qu^en 
être fortifiée. . 

» Le i5^ nous apprimes par un officier 
( M. Duvivien ), qui venait d arriver , que le i4 » 
entre onze heures et 'midi, le maréchal avait fait 
rassembler les troupes^ et qu'à la suite il avait 
lu la ^proclamation qui commence par ces mots : 
Soldats i la eausexlés Bourbons , etc., etquV 
près il' avait fut reoonnaitre Bonaparte comme 
souverain de la France. - 

» INoiis apprîmes aussi que la défection du 
maréchal él^it complète , et que ses troupes 
étaient en pleine marche pour se réunir à fen* 
nemi de la France, 

. » Dans la joixmée du i5, la baron Mermet 
•reçut des lettres.dii'iûât^chal ; mais, comme ce 
général ne s'était approché de la J|b[ce qu à une 
-lieue de .distance , il ne put recevoir ses dé- 



peçKes« 



D ËUes furent ouvertes par le commandant par 
intérim. 

» Elles contenaient ^jquatre ordresli du maré- 
chal. ) 

)i.Par le premier^ ii demandait six bouches à 
feu avec letirs attelages , et le$ canonniers sufK« 
sans. 



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' i85 

» Par le second, cpion envoyât eti diligence 
lous les hommes disponibles des dépôts. 

» Par le troisième^ il ordonnait quon procla* 
^mat Bonaparte empereur ^ que fe drapeau de h 
rébellion et.Ia coparde tricolore fassent arborés. 

» Par le quatrième, il ordonnai l'arrestation de 
plusieurs officiers, u : . . 

Le commandant provisoire ipoposa de faire 
fermer les portes^ et de s opposer h h sortie des 
canons et des hommes , et à U^utes les mesures 
indiquées par le maréchal 
. Cette proposition ne fut point adoptée* Qà 
craignit reSusion. du sang. 

La batterie cômflsandée sortit le.iS , el fut 
expédiée par le t^ommandant d artillerie. 

L étendard de la révolte ftit arboré le !îi . 

MS Be^^ye^ ;a fait observer que le témoin i'était 
trompé sur la date de l'arrivée du toaréèlMil à Bei- 
sançbn, 

Aprèsquelques. discussions, le téminàà reconnu 
effectivement qu'il n'était arrivéque le ib*, et qu'il 
était parti le 1 1 seulement pour ;Bèsançon. 
- ; M''. Berryer a demandé si le mauréehal avait fait 
' partir les troupes^ 

' Le témoin a répobdu affirmaùvemént, 
. Le maréchal. Vous vous tron^pcz/, 'c'est. le 
général Bourmont qui eo a donné i'otdce« 



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i86 
^ JJn pa«r.^MoDsieur le pr^ident \ nn dés temoinii 
précédensa déclaré que la place de Besançon avait 
dû être désarmée en vertu d'ordres. VeuiHe» déman- 
der au.- témoin si effectivement l'ordre a été donné, 
et s'il a été exéeuté en cas d'existence* 

M; le président a fait Ha demande. 

Ze témoin. Il n'y a pas eu d'ordre de dés^rmeif 
k placé \ seulement il a été diiigë deux pièces sur 
le' château de Joqx , aân d^ se porter sur le corps 
du maréchal Ney. 

M«* Berryer a demandé que M. le chancelier vou- 
lût bien faire entendre la dédaration de>M. le ba- 
ron de Montgenet sur le fait duf désarmement. 

iM. Bellart'adédaré qu'il ne s'opposait pas à ce 
que cet officier général fïit enuffidû par commis^ 
sion rogatoire. 

ML le pr&idSent a déclaré qu'il rfy avait pas de 
po^ibilité ; qu.'on n'avait pu irouvei» son domicile*, 
et que sa belle-sœur avait déclaré qu'elle ne savait 
pas où il'élàit/et qu eliene pourrait lui écrire que 
iquand il ini aur sÂt donné de seis nouvelles. 

M. le préskknt a ordonné qu'on donnât lecture 
de la dép6siliôn«iécrité du rgénëral Montgenet de- 
vant le conseil de guerre. La voiôi/. 

« IMLFrançiîis Bernard , baron de Montgenet , 
maréchal des camps ei aréaéès dû Roi '( d^ins 

arme de l'ai^îllerie)^ chevalier de l'ordre royal 



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ï87 
et militaire de Saint- Louis, l'un des oommandaus 
de la Xégipu d'houaçar^igë deqmnnte^neuf ans, 
domicilie à Paris , a déposé comme suit : 
. » M. le maréchal Ney. , étaot arrivé à 'Besançon , 
cheMieu de sc^n.goigitv^rnemeiit^ daosila nçit da . 
i.o.au ri mars dernier^ les oi^ciérs^supérieurs de 
lartillerie emplojfës. dîtns la placeront été lui faire 
visite dans la matinée du 1 1, etprendre sè&ordrés. 
Tout ce que S;. E^c a-dit, annooçâit quf^ était 
dans Jes meiUewes dispositions pourle service do 
Roi.; 11 m'a ordonné,! en ma qualité i de ^cpmman^ 
jdaat delarti^erie^ de. Taire partir de; Besançon^ 
pour rejoindre le f^Orps d'arn)^ qatl réunisssât à 
JLopf^^IenSaului^r;,) Qt ipour : Auxonne , dis bouches 
jf feu avec un 9p|u*Qyi«ix)nneinemx:bmplei;y'6t qoi 
n a pas pu se Ëiire^d^ isuile , attendu que le tismp^ 
a manqué pour réunii* le nombre de chevaux de 
trait qui $ef trouvaient dispersés chez Jes culttv^^ 
teurs de FarrondUsemeut. Le direéteurdartillerie 
p également rjQçuda maréehal des ordres particu* 
lier^ pour Venvpi (des cartouche^ «éoessaires aux 
soldais, ^cpui^ ce-mom^t je^nalplu^r^vu le ma^ 
réchaldaos aQn.gQUvernement;;J6 neTsâ vu qu^'une 
fqi^à Paris ^. ou JQ^Aavais.auçunerelaliçnile ser- 
vice avec lui. » 

. « M; le ra|^P9rteur à ensuite^ adressera déposant 
les quêtions :sni?antes;: . 



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i88 

» Première guesiion : M. le maréchal Ney â-i-îl 
.donné , en arrivant à Besançon, des ordres pour 
désarmer cette place ? 

» 7î. Je n'aireçu de M. le maréchal Neyaucua 
.ordre relatif au désarmement de la place de Be- 
sançon. Ce ^qui peut av€»i^ donné lieu Ue croire 
que Ion dé^rmait qclle place , c'est qu'ai époque 
où M. le marécl^al Ney y arriva, on rentrait à 
Tarsenal le» pièces mootéeë qui* étaient au poly- 
gone , ainsi que cela se pratique tous les ans ^ Opé- 
ration que j avais accélérée pour ne laisser au de- 
hors de la place* aucun moyen d'attaque. Mais je 
n'ai, aucune. ccxmaissance qu'il ëii été touché à 
J'af wement de la place ; serniôe qui concernait uni- 
quement lediDeclcur de l'artillerie > qui recevait 
fKHJr cet o^et directement' les ordres du ministre, 

» Hfeuxième question: Avez^Vôus connaissance 
que M. lel préfet ait demandé fapproVisionneniient 
•delà citadelle? . . 

» R* Je n'ai aucune connaifisâQce de cette de- 
mande ; cela ne pouvait pas regaiiter les munitions 
de guerre^ puisque la plus grande partie de celles 
de ^esaQÇQU.s'y trouvaient en m$igà9in. n 
- MrUpréaidmt ( après ceue lecture ). Y a-t-il 
eu ordre? .^ <. :. . 

Le témoin. Non, Monseigneur, il n'a été don- 
né auctm ordre} ce qui a pu donner lie« àaccré- 



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^iier ce bruit , c'Hl la rentrée des fnéoes qui , au 
polygone, servaient à rinstruction. 

.2>. Avez-vous quelque connaissance, relative k 
f approvisionnement de la plac0 ? 

R. Aucune , cet objet ne me regardait point. 

Trente - quatrième témoin , • Je comte Heu- 
delet, lieutenant général. 

M. le président Fa engagé à déposer sur les faits 
de Taccusation. 

Le témoin. Sijr quels. faits? 

M. le président. Sur ceux conte^nus en IVie 
d'accusation > et qui peuvent vous être personnels. 

Le témoin a dit : 
- « Avant le i4 j'avais cru avQÎr reçu plusieurs 
lettres du maréchal. Je me suis rappelé , et mes 
•papiers que je n'avais pas m'ont ensuite conGrmé 
que je n'en avais reçu qu'une seule, le i5, en 
quittant Dijon ^ où rinsurrection av^it. éclaté, et 
où il était absolument impossible de l'arrêter. Tout 
. ce qui était dans les trpupes était du plus mauvais 
esprit. La gendarmerie même était mauvaise. 

». J'ai écrit plusieurs fois au maréchal plusieurs 
lettres pour l'informer de ce qui se passait dans la 
quatrième division militaire , où je commandais. » 

M' le président. Serviez-vous sous M. le rara- 
réchal? 

R. Non. Le mimatrede la guerre ne m'avait 



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pas mis 80W ses onlres^ le me suis mis dé moi*' 
même en correspondance avec lui pom* le bien^ 
du service. 

M*. Berryer a prié lé président de cfemander au 
témoin quelle était là situation politique de son 
commandement et^ de ceux du maréchal Ney. « 

Le témoin. L'insurrection dés pailisanB de 
Bonaparte écàit générale, et la minorité des bons 
serviteurs du Roi était évidente ^ j'en étais instruit 
par le rapport des vopgeurs qœ je faisais inter- 
roger. Il en était de même pour les campagnes; 
elles annonçaient hautement l'intention de se 
réunir à Bonaparte. 

. M^^ Berryer^ • Pènsez-vous^ <^ue le maréchal 
Ney, avec les forces qu'il avait, pût s'opposer 
avec succès aux progrès de Bonaparte? 

jR. Non* Avec lès quatre régîmens incomplets 
qu'avait le maréchal, cela n'était pas possible. 

M^de FrondeyiUe ^ -pair de France. Aviez* 
vous sous vos ordres la place d' Autun ? 
• A Oui, 

M. de Frondepîllè. La garde nationale de 
cette ville a-t-elle demandé à marcher? 

Le témoin^ Cest au chef militaire ou à moi 
qrfon devait s'adresser pour cela , et on ne l'a pafis 
fait. 

On ma biep demandé des cartouches^ mab je 



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igi 
tte serais bien gardé d'en envoyer. Je me m^ais 
dé remplit. dAuiuQ el des environs, d^apçés le 
rapport qui m*en était fait. 

M* de Frondeuille. Jai fait cette question au 
témoin, parce que j'ai eu des communicationa de 
la gardé nationale d'Autun, qui me demandait 
les moyens de se soustraire à Bonaparte dont 1 ap- . 
proche les menaçait.. 

IMP. Vupm. Cette question de M; le pairâ tout 
le caractère d'une déposition sur des faits* 

M. de FrondepiUe. Ce n'est pas une déposi- 
tion. Je sais mon devoir sans que ces messieurs 
me rapprennent. J'étab préfet,, et cest a moi 
que la garde d'Autun s'est adressée. Je désirais 
savoir du commandant si on lui avait fait les me<^ 
mes communications.. 

Mq. Dupin se lève pcmr répondre. Cette ques- 
tion: n'a pas de suite. 

Un ancien snde<le«K:amp du maréchal^ M. Du^ 
tQUF, a été introduit ; et }!. le président^ en 
vertu du pouvoir discrétionnaire qui lui est con-« 
fiéj Vu invité à répondre. Il a observé que .la dé- 
position serait considérée comme un simple ren- 
seignement. 

Jf . B'erryer. Le tânoin est appelé pour déda* 
rèr: quelles décorations- M: le marécluJ portait le 
ï4 » ^^ 1a ^CKïûtfe de la prooIiBiattoni 



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î9» 

Réponse du témoin. Je ne Tai pu remarquer 
alors-, maïs je cr(Hs me rappeler que M. le mare* 
chai ne portait plus que des rubans. 
: Trénte-çinquîème témoin. S/ Exe. le maréchal 
Davoust , prince d'EokmuIh. 

M. k présidents TSlomieur le maréchal, cpn-^ 
. -naissiez-YOUs le.marécbal avant les faits qui ont 
donné lieu à Fausaiion? 

: M^. Betryer. Les questions que je prie .Mon* 
seigneur dadresser au prince, portent- non sur 
Pacte d accusation , mais sur la convention du 5 
}uillêt > quil a conclue, avec les •généraux alUés. 

M. Beilart. Il suffirait d'observer que les 
quatre ténioios ont été appelés pour déposer sur 
hs faits de Tacte d'accusation , pour que lés cbm- 
missaires pussent s'opposer à ce qu'ils fussent en-, 
tendus. C'est à Tappui d'un système qu'il est bien 
tôrd^de présenter^ qu'on invoque la convention du 
3 jttillot ^ mais , pour qu'on sache avec quelle géné- 
rosité procèdent les accusateurs , nous ne nous y 
opposons point. > 

~ ifcP. Berryer* Le princed'Eckmulh a été charge, 
par la conuimsioii du goiavernement provisoire , 
de stipuler dans la convention du 5 juiUet. Il peut, 
avoir -des souvenirs prmeux sur ses dispositions* 

Leprinàe d^Eckmalh. Hms la nuit du !e au 5 
juillet, tout^àai t.. préparé pour «ebat(!re. Laçoost^ 



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193 
missiop eovoja Tordra de traiter avec les généo 
raux alliés. Les premiers coups de fusil iavaieot 
été tirés. J'ai envoyé aux avant-postes pour 
arrêter leffusioD du sang. La commissiôil avaic 
remis le |>rojet de la convention; j'y ai ajouté 
tout ce qui eèt relatif à la démarcation de la ligne 
mililairQ ; j'ai ajouté le» articles relatifs à la sûreté 
des personnes et des propriétés, et j ai spécialement 
chargé les commissaires de rompre les oonféiien- 
cès^^si ces dispositions, n'étaient pas ratifiées. 

'Me^ Bevry^r* Je prie, son excellence xlé vouloir 
bien dire où était le quartier-général des alliés. 

Le prince^ Le inapéchai Blucher était à Sûnt- 
Cloud; le duc de Welnnglon était, je crois, à 
Gonesse/U s'est rendue* Saint-Cloud quand il a 
été informé des ccmf^rences/ C'est >à qu'a été aff- 
rétée la convention. * ^ ' 

M*. Bertyer c » demandé au prince ^ti<dles 
4taîelQt ses edpeHsttci^'pour résister ^ si la^ conven- 
tion n'eut poîiatt ét^* âfècbrdée telle qu'on; k de^ 
mendiait pour les avaiviages ^de P-aris. ' 

Le prince. J'aurais livré la bataille. Jatai» 
vingi><kiq* rpille ; hommes de cavalerie» qùalre à 
cinq cent» p^c^ decaâon^ ^y si les Français 
sont prompts à fuir, iJ$: avaient éié prompts à se 
rallier SOUS) )^ murs de Paris/ ' ' . 
^ M^i Bterjyer^ Je- prié W prhiW<|4 dire qutl- 

TQME U. *' l3 



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Ï94 
était le sens que lui et lé gouver&eoieiu.provi* 
soire donnaient à l'art- j2. 

M. Beliart Les çommissaipes du Roi s'op-- 
posen ta celte question indisGrète» h» 'di^cus^ôii , 
je le vois bien, roulera sur. la capîiulatpn.^ mais 
lacté existe comine il ^ii$!te. L'opiniop.dp pd»ce. 
ïCy peut rifen changer. Un aptenepeut pas^ être, 
altéré par de» déclarations. ': - • 

Ije maréchal Ney. ^ La déclaration était lelle* 
ment prolectrice, quèc'ëàt surelle que] si ooînplé.^ 
Sans cela^ croit-on que jeaeùisse pi» préféré de 
périr le sabre à la maœn? Ciest en omittadictioni 
de cette capitulalion que j'Ai- été arrêté ^vei* sur sa 
foi je suis resié en £Vai»w« ) ■' • ' ' 

Lfe président: C'est, danà la capitulalion écrite 
qUe son sens est reafenuéy peu importe* fofHnioQ 
que chacun peut en avoir. En vertu du pouimr: 
di^réiionnaire qui m-âst .^îonféré, la jqueation ne 
sera^pas faite. J'ai d'àitieurs.cojisuké k' ehandke , 
etia grande majorité a'éié de mon avis^ y 

Trente -sixième >témo«ir^ M. .le comte der 
Boûdy, ancien préfet de 'la-Seine. . 

M* Je président Vous êtes appelé pour donper 
connaissance dès faits relatifs auj^ militairescomfris . 
dans la capitulation de Paris;- ,. ^ 

R* La principale base de la iconvaation étaîl la 
trwijuiJUté publique, b s^r«lé<fe Parts , le respect 



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195 
des perspnnes çt des propriétés, Cesl dat^ cé,t(!e 
intentiob ^qu'dle a été rédigée et proposée ajLjx^gé- 
néraux Bluqtier et WeHington. Il y a eu quelques 
débats sur ces dîsposidous, mais aucune difficuljié 
sur l'article 12 : il a été accepté de la maDière la 
plus rassurante pour qptrr qui y étaient compris, - 

Vn pair. Je prie Monseigneur le président df 
vouloir bien demander pu prkice d'Ëckmufal et à 
M. deBoudy^jde dire sui^ Tlionneur ^'ils pe»se9.t 
que, sitôt, après b capitula tion ^^le Roî fut Içnifttre 
de rentrer dfins sa capitale 5 car^ s'il ne Téiait pas;, 
il ne serait pas rentré en vertu dç la capitulation : 
il ne pourrait doQc pj^ être lié par die. , ' 

Un autre pair {Mi le comte de Lçdly-Tdiendçiiy. 
Cetteobseryation est inconvenante. Elle devfaitrétre 
renvoyée à un tout autre temps, à un tctut autre 
lieu.-r^Ce n'est pas dans une séance publique tçUjf 
que celle-c^j, que de semblables question, doiveuç 
4lre agitées. ; . 

Trente-septième témoin , M.^ Guilleminôt ,U$u- 
lenant général, , ,/...;.'. 

Le pr4^idfirH. Vous.eij» •appelé à déposer suy:' 
la part que vous avez; çue dans la capitulsiûo^i de 
iParis, relativement aux militaires. , * ^ ' 

. JM» Guiileminot. Gomme chef de Tétat-^^^jory 
j m été chargé tj; stipuler Tamnistie en Svetip des 
personneç^ quelles qu'eussent été leurs opinions, 
leurs fonctions et leiîr conduite ; ce point a été 



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^6 
accordé sans aucune contestation. JWais ordre de 
rompre toute conférence , si Ton m^eûl fait éprou- 
ver un refus : larmée était prêle à attaquer -, c'est 
cet article qui lui a fait déposer les armes. 

HP. Dupin. Cette convention était militaire; 
pourquoi y adjoindre MM. de Bignbn et de 
Bbndy? 

M. Guilleminot Ils stipulaient pour les nou 
militaires , cpmme moi pour les militaires. 

M. le président & demandé à Taccusé , aux dé- 
fenseurs et k M. lé commissaire du Roi , s'ils n'a- 
Tâient pas d'obâérvations à faire. 

Sur leur réponse négative , la parole a été ac- 
èordée a M. le commissaire du Roi. 

M*jBeiiart. « Messieurs les pairs, lorsqu'au fond' 
de^déseî'ts, autrefois couverts de cités populeuses, 
le voyageur philosophe, qu'y conduitcetteinsatiabje 
curiosité, attribut caractéristique de notre espèce^ 
aperçoij les tristes restes de ces monumens célèbres 
construits dans des âges reeulés, dans le fol espoir 
de braver la faux du temps, et qui ne sont plui 
aujoui'd'hui que des débris informes et de la pous- 
sière , il ne peut s'empêcher d'éprouver une mélan- 
colie profonde , en songeant à ce que deviennent 
forgueil humain et ses ouvragés. Combien est plus 
crtiel encore pour celui qui aime tes holhmes, I0 
spectacle des ruines d'upe grande gloire, tombée 



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197 
dan» Topprobre par sa propre faute , et qui prit 
soin de flétrir elle-même les hodneurs dont elle ' 
fut d abord' environnée ! 

»Quaod ce malheur arrive, ilya en nous quelque 
chose qui combat contre la conscience , par la 
routine du respect long-temps attaché à cette illus* 
tration à présent déchue. Notre instinct sindigne * 
de oe caprice de la fortune, et nous voudrions, par 
une contradiction irréfléchie, continuer d*hoùorer 
ce qui brilla d*un si grand éclat , en même temps 
que détester et mépriser celui qui causa de si épou* 
vautables malheurs à 1 état. 

» Telle est , Messieurs les pairs, la double et con- 
traire impression qu éprouvent , ils ne s^en dér 
fendent .pasj les commissaires du Roi, à rôcca- 
siM de ce déplorable procès. Plut à Dieu qu'il y 
^t deux honvnes dans Tillustre accusé, qu un 
devoir rigoureux nous oriJonne de poursuivre ! 
mais il uy enaqu un. Celui qui pendant un temps 
se couvrit de gloire militaire, est celui-là même 
qui devint le plus coupable des citoyens. 

» Qu importe à la patrie sa funeste»gloire , qui 
depuis attira sur la France des revers que*, sans 
elle, elle n'eût jamais connue ! Qu importe sa fu- 
neste gloire, qu'il a éteinte toute entière dans une 
trahison, suivie, pour notre malheureux pays, d'une 
catastrophe sur laquelle nous, osons à peine faire 



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reposer nôtre alteniion ! S'il a servi l'état , cW lui 
• qui contribua le' plus puissamment à le perdre : il 
i5y a rien que n efface un tel forfait. U'nest pas de 
sentiment qui ne doive céder à Thorrèur qu'inspire 
cette grande trahison, 

. » Brutus oublia qu'il fût perè, pour ne voir que 
la patrie. Ce qu'un père fit au prix de la révolte 
même de la nature , le ministère , protecteur de la 
sûreté publique, a bien plus le devoir de le faire, 
malgré les murmures d'une vieille admiration qui 
s'était trompée d'objet. Ce devoir, il va le remplir 
avecf droiture, mais avec simplicité. On peut du 
moins épargner à l'accusé d'affligeantes déclama- 
tions. Qu'en est-il besoin à tôié d'une conviction 
puisée dans une incontestable évidence? Je les lui 
épargnerai. C'est un dernier hommage que je vçlix 
lui rendre. Il conserve sans doute «ncore assez de 
fierté dame pour en sentir le prix^ pour se juger 
lui-même , et pour distinguer dans ceux qui su- 
bissent la douloureuse fonction de le poursuivre , 
ce mélange vraiment pénible de regrets qui sont 
de l'homme, et d'impérieuses obligsTlions qui sont 
de la charge. » 

(Après cetexorde, M. Bellart a continué à peu 
près en ces termes) : 

« Les faits offerts à yoire attention réunissent à 
une grande simplicité, une évideiice entière; et 



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199 1 

telle est leur nature, que de leur niasse sortira la 
preuve du crime dont le maréchal est accusé. Je 
vais même avoir sur lui ce LÂen triste avantage, que 
je puis ne m^arréter qu'a ceux dont il est conveifu 
lui-tméme ;.les commissaires du RoiabandouDerout 
tout ce qu'il n'a point Avoué : c'est sur ce qui a été 
avoué par le maréchal, que vous jugerez et laccu- 
satiop et TâUbusé. 

»'ll est tombé d'accord que, le 7 mars, il a reçu 
du ministre de la guerre^ Tordre de se rendre dans 
son gouvernement*. Il arrive à Paris ; il y séjourne 
vingt-quatfe heures ; il dit une visite au Ç.oi \ je ne 
veux point vous en rappeler les circonstances-, 
elles jettent un odieux sur le niaréchal, que je Vou- 
drais pouvoir tui épargner. II part pour son gou- 
vernement : il arrû^e à Besançon ; il y trouvé des 
ordres dont je dois vous donner lecture. 

' • •. 
(On dit rôrdre.du jour du i5 mars). 

» Je serai sobre de réflexions dans le court résu- 
mé que je vais vous soumettre j; je ferai cependant, 
celles-ci : Quçle maréchal a euuUebien fausse idée 
de ses^ devoirs , quand il a cru , et qu'iknous a ici ré- 
pété qu'il n'avait rien à faire k Besançon; qu'il y 
ajH^itipour s'y croiser les bras. Céuit pour agir qu'il 
était envoyé dans ce gouve^ement, et pour agir 
d'uiii3e;^anière bien active, puisqu'il luP était or- . 



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joigne de marcher à feaDemi , de lui noire par tOQl 
les mojiens possible» , ou de: le détruire. 

» Le maréchal ^ rebd » Lona^le^Sàuluier.» Jus- 
qa'à la nuit du 1 3 au 14) il nous a affirmé ici qu'il 
était resté fidèle au Roi. Les commissaires du Roi 
veulent lui faire en<iore cette généreuse concesiBion i 
et il doit en seutir tout le prix. Nous trouverions 
dans sa conduite antérieure assez de ^uche pour, 
conserver quelque doute à ce sujet, surtout si açus 
nous reportions k ces dépositions si jcoocordantes*^ 
qui ont présenté le maréchal comme portant à Lons* 
le-Saulnier les décorations à Taigle qu'il aurait subst 
tituées à celles du Roi : mais je me hâte d'arriver à 
l'époque funeste dç la nuit du i5. Je rentre dans 
les entrailles mêmes dé l'accusation. 

» Que ^'e$t«^il passé dans cette nuit fatale? Le 
maréchal, qui avait à peine en le temps de faire la 
ronte de Besançon à Lons»le-Saulnierf le mare* 
chai , au premier acte d'exercice de *son pouvoir , 
reçoit /.non pas un émissaire, mais plusieurs émis- 
saires de Bonaparte* 

» Demandons* nous ce qu'il devient h cette épo-» 
que, lui qu'on considérait comme le plus ferme 
appui du trône ? On l'envoie pour combattre les 
ennemis du Rpi et de la patrie, et il écoute leurê 
pro|vositions! A celte époque le crifaie était déjJi' 
;Commenct. En une seule nuit^ le maréchal était ^ 



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SOI' 

perverti* Il devient traître à son Roi et perfide à sa 
pâtnel 

» Ehl quel palliatif* propose-t-il p\mt excuseï 
une semblable condiûte ? 11 jetait pas émièremeQ( 
décidé. U délibère: il fait appeler deux géoérauz 
pour deiuabder leur ^vis^'il se plaint qu'ils ne lui 
aient point donné dès conseils conformes à son de* 
voir, comme si son devoir n'était point de punir 
ceuf même qui lui auraient donné ces perfides con- 
seils. U dit que les généraux Lecourbe et Bourmont 
lui ont donné 1 avis ^è se réunir à Bonaparte , eices 
généraux ont déposé le contraire. 

» Vous vous rappelez le ton solennel avec lequel, 
levant lè^ regards vers les oieux, il a invoqué le té- 
moignage du général Lecourbe. La lecture vous a 
é(é donnée de sa déposition écrite , et elle a confir- 
mé dans vos esprits celle du général Bourmont.. 
Mab il est une preuve bien satisfaisante que les gé* 
néraux Bourmont et Lecourbe ont dit la vérité ; ce 
témoin irrécusable résulte de la conduite si difie- 
rente du général Bourmont et de celle tenue par le 
maréchal Ney. 

2> Si ce faux ami avait donné au maréchal ïat€- 
freux conseil de trahir son Roi , s il layâil; engagé 
à marcher dans la route de la perfidie, pourquoi 
se seraient-ils séparés? pourquoi ^ cinq jours après , 
le maréchal ai^rait-^il signé cet ordr^ d'arrêter le , 
général Bourmont ? 



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y^ Ici toate la controverse reste à lavantage^da 
général Bourmont. Il n aurait point quitté le ma- 
réchal N'ey,. s'il avait approuvé sa conduite, s'il 
favait un seul instant partagée* 

» Et qu'importe qu'on vienne nous' direi^ ensuite 
que l'ordre d'arrestation n'a pas été exécuté , quei 
M. de Bourmont n'a point été arrêté? J'aime à 
croire qiie M. le maréchal ,• même après sa déser- 
tion criminelle , n'était point animé d'une fuigsur 
aveugle envers lias individus; il a voulu , disons-le, 
passer du côté de la fortune'; il n'avait point de 
vengeance personnelle à exercer. 

"» Après ces oonfét*ences impies, de quelque 
manière qu'on cherche à les expliquer , que 'se 
passe-t-il le lendemain i4? • • 

* » Ici nous n'avons pas besoin de témoins , la 
notoriété publique nous en instruit assez. Le i4 
au matin , un général d'armée , un maréchal de 
France , .couvert des bontés de son Roi , possédant 
toute sa conSance^ le maréchal Ney, envoyé. 
{k>ur détruire l'ennemi ou pour lui nuire, rassem- 
ble ses troupes , paraît sur le terrain. Qu'y. va-^l-iL 
faire ? inviter ses soldats a ladésertion , conduire 
son armée toute entière dans les rangs de l'usur- 
pateur. ' 
. » Voilà ce que sur la pIace':de.Làns-leSattliiier, 
« en plein jour, en présence ;d!uhe)populâtibii» toute 
entière, le maréchal Ney n'a pas craint d'exécuter. , 



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ao3 

» L'histoire conservera long^temps le souyenir 
d'une si «Klieuse perfidie : et quelle explication est-* 
il possible d'y donner ? Que nous propose-t-on de 
croire pour sauver du naufrage de Thonneur quel- 
ques-uns de ses débris ? On essaie de soutenir que 
déjà tout le med était fini; que cette prodamation 
n'a séduit personne. On a parlé d'une espèce de 
torrent qui entraînait tout : mais toutes leis dépo* 
sitions n'ont^elles pas démontré toutel'inexaotitude 
de ce fait ? et, quand le mal eût été si grand , n'eùt- 
tl pas été possible de s'y soustraire ? 

» Dans les débats , nous en avotts trouvé une 
preuve toitchante; et, sans parler des dépositions 
des plus fidèles sujets du Roi ,_rappelez-vous celle 
de ce jeune aide-de-camp de M. ie maréchal , qui , 
tout couvert de ses bienfaits, Iiii deirant la plus 
grande reconnaissance , montrant pour lui une 
piété en quelque sorte filiale , n'a pas pu s'empê* 
cher , dans sa déposition d'une circonspection si 
touchante , de laisser voir combien il avait désap* 
prouvé la conduite de celui qu'il regardait comme 
son père, ^ 

» Il s'est rendu de Tours auprès du maréchal*. Il 
a dhié avec lui; il lu\a demandé son congé , et il 
est revenu dans sa famille* 

» Tout le monde n'a donc pas été entraîné; il 
étaitxdonc possible de résister encore. Le maréchal 



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ao4 

né pouvait-il pas en faire autant? L'aide-de-camp 

• a r^isté à fiofluençe ^i puissante de son chef) il 

y s'est retiré ; et M. le maréch0l n a pas pu , dans la 

nuit du I? au 14» avec des étrangers , suivre 

cette même impulsion du cœur ! 

» Qu'ion ne vienne pas , pour expliquer sa con- 
duite^ parler des dangers dont le maréchal pouvait 
être entoure , s'il n'eût pas suivi fimpulsion qu'on 
suppose: eftt-ce un militaire français qui mesurera 
ainsi les dangers d'un œil timide ? La mort était 
menaçante. Il n!y avait point de conseils à deman- 
der. Il pouvait périr sur le champ de bataille » et 
pon se faire Je chef de la discorde^ il n'aurait pas 
été eiposé à tant d'ignominie. 

» Quoi qu'il en soit , le crime se consomme ; et 
pourtant combien d'exemples de la plus Jouable fi* 
délité lui avaient été donnés ! Le colonel Dubalen 
lui avait montré la route du devoir. Il était encore 
temps d'y revenir. Le premier pas était fait; le 
maréchal ne reculera point dans la route de la per^ 
fîdie« Le même jour, il transmet à son chef d'état- 
major l'itinéraire à tracer aux troupes. ( Ici ou a lu 
l'itinéraire.) 1 

. » Voilà l'çrdre de réaliser. }a perfidie, il prescrit 
de recevoir dans les rangs tous les oiBciers à la de- 
^ mi-solde \ d'arborer les couleurs de la révolte , de 
iàire dîspav^ttre les couleurs royales. 



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ao5 

» EsmI besoin de se traîner maintéûant sijr des 
détails ultérieurs? Parlerai- je de Tordre d'arresta- 
tioD ? Je ne veux point en faire des crimes détail- 
las 9 ils ne dont tous que les conséquences de la 
conduite des i5 et i4* 

» Et qu'importe la préméditation ? Je laisse de 
côté tous les autres petits mojens.de chicane qu'on 
essayerait vainement de réproduire. 

» Cest avec une bien grande franchise de cœur 
que le maréchal s'est livré à Bonaparte. 

» U reçoit de lui une mission pour se rendre* 
dans les places du Nord :' partout 3 trouve de ses' 
partisansTassetablés , il ne parle des priifces légi- 
times qii'àvec les etpressions du mépris le plusoU"» 
trageaiit; / 

»'En admettant qu'il ne les ait ainsi traités que 
le i3 ouïe i4; sa conduite dans la trahison a été 
bien franche , pas une seule fois on ne Fa vu s*en 
déiùentir. ?. > 

* » Ici je m'arrête w j'attendrai les objections 
bien futiles q[ui pourront m'étrè &ites. 

» Ce n*est poiiit par tin artifice si commun dans 
les causes ordinaires ; il est indigné des commis- ^ 
saires du Rot; c'est parce que Taccuâàtion parait 
démontrée par les' faits seuls , et que tout autre dis- 
cours serait superflu. 

» On essayera dé vous présenter des considéra^ '' 



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2o6 

tions tirées des circonstances ,;des conjoncturel 
des teînps^ des obstacles invincibles dont le xm^ 
réchal a été entouré. . , . . 

» Quand ces objections auront été faites , je me 
réserve d'y répondre. /- : 

. » Vkigt-cinq^ années de u:ouble& poli tiqqea nous 
ont rendus indu%ens y et n ont que trop affaibli les 
principes de la. morale : estree qçue morale dé-, 
gradée qu on voudrait appliquer ^ M. le, maréchal 
Ney ? Il n est poiqt un de ces homiiies qui, puissent 
Qbercher quelque excuse dans leur ^norance. Le 
n^rédial Ney, ati premier rang de nos guerriers, 
Tun dés $itoyejas Jes plus illustres q.ui firent, long-, 
temps le gloire j^e, la France., ne devait chercl^ 
sa conduite que dans ses devoirs. Le danger. n'était * 
pas imminent. Pour la premièrje fois de sa. vie, le 
ms|»:échal Ney qpnnaisçaikil la peur ? il« pouvait : 
prendre ,up:mQyep plus /lou?,. il pouvait pons^rver 
encore sa gloire en refusant celle plus bnllan(,^,qai. 
liii était ofiertq. Il .pouvait reptJ'er dans la retraite, 
et conserver à ^pUiRoi la foi qu'i( lui avait jui^e. . 

.» Jp m'arrêw» Jli^tessieurs les p^m^ vos cons- 
ciences appri^q^ont, les cbargçs; gjjptjenues^ 4^n« 
l'acte 4'acçiJ»tJpjci, f) . .. - . T . - 

. Après .le disjeours.deMJeçopiip3i6&aire^;]R.m 
M. le président a demandé aux défen^^urs s'ils voa^ . 
I^oi ^ntai^eir^la dépose de faccfisé.^ 



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2«7 

M^ Berryer-a fait observer que Les débats et le 
résufné de M. le commissatre-du Roi avaient fourni 
(ks éèlaircissemens «ur lesquels il ^i^ iaécessairei 
de fixer quelque - temps^ ses refleiions. U .a re-; 
clamé en conséquence rajoumenieot de la séance > 
au lendemain. 
^ Ce défai a été accordé.» 



Séance 4u 6 décembre» 

M; le président a donné la parole «ix défenseurs ' 
delaccusé. 

M. le procureur généraL Je demande qu'a- 
wnt d-eoitendrè lies défenseurs de Faccusé , M. de 
la Genetière soit entendu de nouveau relativement 
àla.letiQe de déniission qu'il dit avoir écrite au 
maréchal Ney. M. de la Genetière a, dit-il, une 
pceuve* ifrécusiddcs'Cp;^ le maréchal connaissait 
cette lettre. 

J)'apres Tordre i^e M.' le préffidedt^ M. de la 
Gcbelîèiè; a doiiijé feetnre dan paragr^he d'une ' 
letlre^écrite par le maréchal a M. le général Bes- 
8iâim^^lé:fi6:raMrs.vàrdeiiX'heuresaprèsmi£9 dans 
laquelle illuiprèscrisait: de donner ordre^à M. de 
laGenetiàre da-qnitler Besançon jusqu'à [ce qu'on ' 
eàt appria Farrivée de )Bonaparte à Paris. U en a 
tire ufijextrditsîgiiétdatgéciéral Bessiècef. 



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20& 

Le maréchal. Je 3avais, par pluaiears rappof u , 
que M. de la Genetière Rivait quitté Dole, qu'il 
avait eutcatoé quelques officiera *, que , pour évitée 
la fureur des soldats , il avait pris la fuite. Je ne 
dis pas qtt'il a*a pas écrit la lettre; mais je ne la 
connais pas. 

M* Bellart. Je n'ai demandé €es\éclairQisae« 
mens que pour établir la moralité de la déposi^ 
lion de M. de la Genetière. 

Me. Dupin* à fait obsei^^er que le paragraphe de 
la lettre qui venait d'étré lu be, parlait pas!de la 
lettre du maréchal. 

M. Bellart a insisté. 
' Plusieurs paits* Ce fait est indifierent . au 
procès. 

M. le vomie de Goui^ion , pcùr de Freinée. 
Tout èela;. ne prouve rieui . - 
' M^ Bervyer se lève, et prononce le plaidoyer 
suivant : .^ . • 

• « Qudque'brBIahte faicilité qu'ait mise faifr fé- 
loquent organe du ministèi» pttfaltc à prédser les 
points de vue sous lesquels il pense que J'sttciiSA- 
tion doit être simplement discutée, il m'dst mal^ 
heureusement impossible de me ôrconacHroidons 
le cerek quil a pru me tracer. Une acousatida 
du crime.de haute trainsoa. et d'attentat àlasûreic/ 
de l'état , peut s'articdkr çn> effft en bien peu dé 



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Ï09 
paroles^ 90«^veiit en un mot ; maU la fastification 
du général aQ<;usé ; de ses opéralioBs , de sa cùa* 
diiite' entière , exige de ioilgs dëvèloppemenB , 
parce qu elle ne peut résulter que d'âne feule dia 
circonstances à rassembler. # 

% Ce n est pas que déjà la remarquable franchise 
da marécbfJ n'ait lancé plusieurs traits de lumière 
qui vous ont fait voir, au fond de son cœur, qu il 
n'avait pas cessé d*être bon Français Bfais une 
défense ne peut que se compléter de quelques traits^ 
* quand elle se x^ompose aussi de plusieurs moyens * 
de droit dont il n'est pas permis de faire le saeri* 
fiée. L'esprit de chicane ne pdrceiti dans aucun^ 
Je me suis mis d'ailleurs à Tabri dfrs diticultés ] 
en écrivant ce dont je dois parier avec itiirèeos^ 
pection. 

»En commençant la déf^sé jusitficative du ma* 
rééhal Ney , je dois rendre de respectueuses et 
éclatante^, actions de grâces à Sa Majesté de ce 
qu'die a voulu que cette défense Rit libre, publi- 
que, protégée même par une grande solennité/ 
Sa Majesté pouvait-elle signaler plus dignement 
cet amour constant pour la justice qu elle entend 
faire régner, cette sagesse, cette grandeur d-âme , 
supérieures à toutes les passions qu il esi dans son 
cœur de réprimer et d'éteindre ? 

» Après avoir pay^ à ce prince auguste notiie 
TOVB II. 14 



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ju$ite tribut de reconnaissance et ^admiration , 
comment acquilterons-npus celui que.noi^s vous 
devons. Messieurs, pour la généreuse, concession 
que vous avez daigné nous faire d'un délai devenu 
ênécessaire , à Tefièt dç faire arriver les témoins 
qm ont déposé à la décharge du maréchal ]Véy , 
et de rassembler toutes les preuves de sa ju&tifi-- 
calion ? 

' » Déjà, Messieurs^ vous en avez la conviction ^ 
ce délai n est pas perdu pour la justice, dont vous 
\étes les impassiblies oracles, puisqu'il a permis à 
la vérité, ce guide éternel des magistrats , de se 
pianifester sous plus d'un rapport, et d'alléger 
considérablement le. fardeau des teri^bles préven- 
tions qi)i pe^ient.suc la tête du maréchal Ney. 

» Nous devons à vos équitables temporisations, 
Messieurs, de yc^r .f^tç^ ((ccusatiodfi. capitale du 
crime de haute ttahison et d'aUeritat à lasUr 
reté de. l'état d|%agée désormais , :et bien solenr- 
néllement, par les accusateurs eu^K* mêmes, de 
cette, masse* accablante de soupçons , de reproches 
même , qui avaiei^t si malbeureu^ment chargé le 
maréchal Ney ^ à l'entrée, de cette douloureuse car- 
rière. Plus de préméditation dans sa conduite an- 
,térieure|iu i4 m^rs^lernier : ce précurseur ordi- 
naire du crime ,: celui sans lequel il est rare qu'il 
^puisse exister , a disparu entièrement. . 



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an, 

» I^oa , le maréchal Ney ne s%ât rendu çou*- 
pable d'aucune de ces pensées réfléchies^ qui.conr 
^ duisent une âme basse. et faïusse à trahir ses de- 

voirs. .Non , le maréchal. Ney , en partant pour 
aller combattre lennemi de son Roi , n a souillé 
ni ses mains par Tacceptalion d'un salaire bon* 
teux y ni âes lèvreâ p^r là plus sacrilège des dé* 
.monâtra|ic[ns. Non, lé .maréchal Ney n'a com«- 
. biaé^^ucuee de ces manœuvres impies dont le but 
.aurait éi4- de favoriser reqt,reprise dç Bonapari^. 
PlCi^, d'intentions perfides, plus de lourdes me- 
nées:,^ plus de préparations fallacieuses, lie maré- 
chal Ney en est enfin sans retour et. pleinement 
disculpé.: . 

»]\!lais, Messieurs, un. deuxième bienfait , non 
moins incalculable, dû. à <vQtk:e libéral )a}6ume- 
mentdj^rguyerioriedçs débats^ est céitêfirécieiise 
. rév^lMiQuci^^ seoiimeqsdotlt tous.ieséabineis alliés 
de l'Europe^ s^.spnt moptrés, Ifd- ao dutmois der- 
nier, Mqa.pimj3niiieiH ImbusiCe^U'arri vee.au grand 
jour de celte profession de foi européenne, qiii 
:j^ re^pi^mf^Hf^i^. plb^ ^^iahmdo^ isiandes dis- 
po^tiçm Oitëd S€\j^qiê9 S^néreusaa, annon- 
: ffé^hfàiit^i^d^^i ^po^e^fiar- Sa M^fésté, de 
î^if&W^sçr k%'AaÙM^s)l4§ ^ivimns^lef alarmes, 
ihi^.immwifinierAeijia i/is^pfirçbj^js dç/rtaW ^e 
<îhaç%4«k|ai*t;4ftcabmii^i;^ fie ne (^^ir^etïdfs 



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Umpa passée] que le bien que la Providence 
en ajifitêortir» 

» A o8» louchantes espressioiib des voeux que 
fonpd' atijonncf bui , pour flous , celle même Eu- 
rope queqous avons si- loDg-temps lourmentëe, 
fkas (paumiQ autre y iè luarechai TSey s*èst senti 
aoulagé tout à coup de Futie de* ses peines les plus 
cruelles^ ii a reçu la plus douce el la plus salutaire 
dûs fiODsolaiioçs. Il en eût trop coûté à cette âme 
ifiiSut IGU jours Gçmpmissaiûte aux tnaux quéson 
bras ayait éeê foreé c)e faire à renneini, de vérifier 
qu'en effet celui-ci , redevenu vainqueur, au sein 
de la Pictoire , lûi^ loi pafrdonnait pas des avan- 
tages désormais plus que compensés, et- qu'il say 
efaarntat à* sa perte, au point de la demander, à 
grao^ cris aus tribunaux français» 

» Ainsi donc , le tableau déchirant deri^accusa* 
lion eesse d'être rembruni par les hideuses cou^- 
leurs d^un crime Â^oidêment calculé.^ j^t de l'Eu- 
r4>pe conjurée pour en poursuivre* judiciairement 
rexpMiioà. ' 

» 11 ne me reste donc plu9 , Messieurs, qt^ 
TOUS convaincre de ces, proposhiow inverses ; 
que, dans la matinée cU^ t4 mars'yWïùhrièQhkl 
Ney n^a pris aiieiin<^ détermination spoûtskiéé*, 
quil n'a point agi âe son propre ai6tivement ; 
qu'il a sin2i]|^meot eédé k la force in^éiire la 



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^i3 
plus îrréMtiblé} quU à été lohi.y eii j eedant^ 
dimoginçr qu'il idlait itéciidei'tki sort dé la cause 
. royale, et d'en entreprendre la ruine; qb'il j à , 
dans tous^ les cas , une injustice évidente à s en 
prendre au maréchal Ney, à sa démarche isolée^ de 
même qu'à sa volonté, des funestes suites du re- 
tour de Bonaparte. 

» Dans le développement de ces moyens les 
plus directement justificaûfs^ je n'oublierai pus , 
Messieurs, ce qu a hautement proclamé dans cette 
enceinte, le aS novembre dernier, Téloquent or- 
gane du ministère public , que vous étiez des. 
jurés dont les nobles consciences ne pouvaient 
pas être assujetties à tant de formes. Je. ne me 
séparerai pas de cette idée, que je parle devant 
un grand juri national, l'éliie et romement de 
la France , convoqué spécialement pour prononcer 
sûr un fait survenu dans Tune des crises les plus 
violentes que l'état puisse jamais éprouver -, que 
c^est, en un mot , de la connaissance d7//2 éOéne- 
méhi politique , né des nos. discordes civiles , 
que voiis étés eicluslvetuept saisis. 

)) Cette part faite aux arbitres suprêmes de l'in* 
tenûon , aux appréciateurs éclairés des . causes 
réelles de révénemcnt dont nous gémirons tous , 
à là loyauté si éiranfgenieût compromise d'un mia- 
réchatl de trance^ et, je puis f ajouter, à la dignité 



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ii4 

du trône et de la famille régnante y il réai«ra pour, 
les éoDseîls du maréchal- Ney à prouver que le 
fait qui lui e3t imputé n'est préVu par aucune des 
lois existantes. - •: ^ 

» Dans celte deuxième partie de la défense, 
vous serez loin, Messieurs , de voir désormais le 
maréchal de France marchandant sa vie , et s'épui- 
. sant en moyens de droit, pour conserver ce qu'il 
a si souvent prodiguél Vous ne verrez que le dé- 
fenseur de là loi , dévoué également et au prince 
légitime et à la patrie ^ aspirant de tous ses vœux 
au bonheur de l'un et de l'autre, fortement con- 
vaincu que les événemens déplorables du mois de 
mars sont dus à une fataliié sans exemple, qui 
heureusement ne saurait se reproduire. • 

» J'examinerai donc successivement avec toute 
l'indépendance de la fonction que j'exerce ici ; 
avec toute la eirconspection que m'ir^pose l'in- 
térêt public , si ces événemens de mars sont de 
, uatufe à faire retomber la criminalité sur d'autre$ 
que leur détestable auteur ( Bonaparte ), et très- 
intermédiairemént sur le maréchal Ney , en par- 
ticulier? 

» Si l'Europe, qui s'fi§t'^rmée contrjg; ce gràtid . 
coupable^ayant renoncé au droit qu'elle avait de le ; 
frapper, ie maréchal Ney , qu'on préteu^ avoir été . 



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ai5 
son complice , pourrait être trailé avec moins de 
ménagement? . • 

» Si aucune des circonstances qui caractéri- 
sept, dans Jespece , le crime politique le plus 
imprévu ,. comporterait une application raison-^ 
nable des peines portées , soit par le code pénal> 
promulgué en 1810 , contre les auteurs ou com- 
plices des crimes qu il a définis , soit par le code 
pénal militaire ? • * 

» Si ^ à ces événemens de mars, n^a pas sucédé , 
en France j heureusement'pour un court intervalle^ 
un ordre de choses suffisamment reconnu , même 
encore à présent, pour rendre impraticable la pour- 
suite criminelle intentée conlre le màféchal Ney ? 
^) Enfin , si de îensemble des conventions po- 
litiques , arrêtées entré la France et les puissances 
alliées , les 3o mai i8i4 , 5 juillet et 20 novembre 
181 5, il ne résulte pas que les fautes proyenues 
d'erreurs d'opinion doivent être remises ? 

» Je terminerai ,' Messieurs, par des considé- 
rations respectueuses sur ce que la magnanime 
bonté du roi nous permet d'espérer , dans le cas 
où, éclairée par votre délibération sur ce procès , ' 
elle reconnaîtrait qu'en effet le maréchal Ney , 
trompé s^r les vrais intérêts de la France , a été 
loin de vouloir rien méditer toi exécuter qui lui 
fiât contraire. 



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ai6 
PREMIÈRE PARTIE. 

Réfutation ds fàcte d'^ccuBatioH et des 6Îi 
Cbçfs de Gtiminaliié dont il se compose. 

» Jamais on ne parviendra à qualifier exacte- 
ment la conduite tenue par le maréchal Ney^ dans 
la matinée du i4 mars, si Ton na pas Commence 
par. se mettre franchement d accord sur la nature 
qu'avaient dès leur principe, ou , en tout cas, sur le 
caractère qu avaient acquis ce jour-là , les événe- 
mons déplorables auxquels le maréchal a eu le. 
Oialheur de prendre parti 

» A en raisonner d après lacté d'accusation , il 
ne se serait agi^ encore au 14 mars, que Sun 
complot tramé par les fraudes et les intrigues 
de Bonaparte y secondé par quelques manœui/res 
dans rintçrieur, et qui n'était encore soutenu que 
ftkv une poignée dt hommes! Ce serait la défection 
subite du maréchal Ney, ce seraient ses provocar 
tions toutes seules qui auraient ébranlé la fidélité 
à^s troupes sous ses ordres, et qui les auraient 
cojiiraintes en quelque sorte à quitter les meil^ 
leur^s résolutions pour suii^r0 leur, chef dans la 
rout^ du parjure où il les entraînait après lui! 

» Vue de celte manière , la conduite du mare- 



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chai Ney , quoique non réfléohîe, pourrait recevoif 
les qualification» leé| plus odieUse^ ^ ^t éu*e pf ésenlé^ 
comme une àes f^uses de no^ iiiâ}heiir94 

yM^ la vérûéi féterpellQ véril^^ doslt les 
droits sont impresonpiîUes, et qui tdt oU tard se 
fait jour à travers les nua^ dont ou voudrait 
Tobscurpir, la vérité coimliiânde împérieusemmt 
d en revenir aux réalités notoires^ aux ^mptômes 
efirayans et sinistre^ qui déjà» iieh eêvani le i4 
mars, avaient si dxtraordinairement changé notre 
scène politique. Pourrait-on, tans frémir, el lors- 
qu'il s agit de la recherche el de la pudit^n d'un 
crime de hûuie trahison, dTn/t attentai à la 
êûrëtè de tétai, pourrait*on s'étourcfir une mi- 
nute sur ce qu'en peuvent déposer tant <]e imUiera 
de contcfliiporains et de témoins oculaires^ Mr ce 
qu'en ont pensé en France, avëd tous les ordres 
de f état, les dépositaires mêmes de l'autorilé lé* 
gitime ? 

% Sans qu'il soit besoin de recourir encore à 
aucune traditîûti $ dènlandoQS' - nous seulement • 
comment il s'était fait que Bonaparte, en moins 
de Six Jours , eut traversé depuis- Ca'nnes )usqu*ik 
Lyon, un espace de 80 .lieues, sans éprouver la 
moindre rés^tsincil) qpe d^e? e» grossistant in- 
ces^tnmtotsdu partie eniÀtenantsur son passage, 
de la mullîtude égarée sans doute , mais enfioi de 



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k nfùltilude , des démonstrations vi^aiment fréné- 
tiques da plus avetigie eÀthousiasme ? 

» Comment cela s'était fait? étidémment parce 
qiiela minorité du peuple , si Ton^veut , mais une 
minorité agissstnte ; s'était sOuletée. en sa faveur; 
évidemment parce que la majorité inerte y stupé- 
faite, avait tout laissé faire. • 

h uéu i4 mars, il y avait quatre jours que 
Bonaparte était entré *dans Lyon, la deuxième 
ville du royiaume par ^a population -, qu'il en avait 
parcouru les rues, les promenades , les places pu- 
bliques, librement, sans escorte, pour ainsi dire ^ 
sans que personne eût songé ^ même par des 
plaintes, ni par la moindre menace, à le faire 
repentir de sa témérité. 

» Il y avait donc constamment ,. d'un côté 
engouement et* délire; de l'autre, stupeur et si- 
lence. - . 

» Et ces impressions, pendant quatre jctors , 
avaient eu tout le temps de se propager au loin , 
d'atteindre et de dépasser la ligne de Lons-le^Saul- 
nier, puisque, comme vous le verrei , Messieurs, 
elles avaient été reçues à Dijon , et dans toutes les 
classes. 

}} «Ten appelle maintenant,' MesTsiéurs , et três- 
surabondamment, aux témoignages les plus irré- 
cusables de cette époque^ à ce qU'ont dit , ou fail 



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lentreVoir des mauvaises dispositions dés pays par- 
courus par Bonaparte avec tant de rapidité , tous 
Jés fonctionnaires I6cau3î , tous les chefs civils oïl 
militaires. J'eiï appelle à celte rapidité même de sa 
marche , et au succès même de son audacieuse 
entreprise, 

«Ouvrez, avec moi, la pliipart dei^ journaux , 
qui, les II , 12 et 1 5 mars, rendaient compte de 
ce (|ui setaic passé sur la route de Bonaparte. Les 
journaux officiels, ou dehii-officiels , le Moniteur, 
par exemple, quoiqu'ils aient pris soin de ne pas 
trop sonner l'alarme. Qu'y lirez vous? Que les 
émissaires de Bonaparte se répandkienf partout ; ^ 
qu'ils pénétraient dans les villes, dans les campa- 
gnes, au milieu des corps armés; que partout ils 
avaient, dès les j et 8 mars , répandu des pro- 
clanîalions qm excitaient le peuple à la révolte , et 
les soldats à la désertion. 

» Mais , si tels avaient déjà été les succès prodi- 
gieux de ces missionnaires de discof'de , il y avait 
donc dans bien des esprits une trop fatale ten- 
dance à l'agitation. 11 y avait donc mouvement po- 
pulaire ; autrement, un seul de ces preneurs d'in- 
sùrreciion • en fut -il venu à ses fins? Tous 
n'eussent-ils pas péri victimes de leurs propositions 
incendiaires , ou dû moins n'eussent-ils pas été 
livrés aux tribunaux^ ou autres aùtoiîtés; chargées 
de ia vengeance dès lois ? 



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• » N'est-œ pas celte funeste direction donnée |i 
lesprlt public, et rendue plus^ a^UIante par. toutes 
les angoisses éprouvées dès les premiers jours de 
Ibars, que ie lO mars, la cfaanabre des députés, 
dans son adresse au Roi, appelait unecrké pvo^ 
fitabk! 

» N'est-ce pa;5 qpt état de choses, voisin Snue 
subversion totale^ qui, dans un compte rendu à 
vons-mêmes, Messieurs, leii mars^ de Ij si- 
tuation réelle de la .France, faisait dire, par son 
auteur si justement révéré : 

)} Bonaparte, arrive avec onze cents hommes, fait 
» de rapides progrés \ les défection» pç sont pas 

)> douteuses Il est à craindre que beaucoup 

» d^homme^ égarés ne cèdent à ses perfides insi- 
» nuations...... Qp ne peut guère arrêter TefFet 

X de9 maupais,es dispositions, qui nous alar- 
» ment , qu'en s'aidant beaucoup at cette bonne 
w et fidèle garde nationalei^ etc. elq. 

» Au .Moniteur du 16 mars,, je lis , comme rela- 
tion de faits qui datent des 12 et i^ mars , ces 
particularités frappantes ; « Bonaparte vient d^ 
» chercher un ^ppui dans le système d'anarchie , 

» de désorganisation et de terreur Sescou- 

» retrrsy ou plu^t ses émissaires, sont parvenus 
» à soulever^ Mâcon, a Tourous, àChalons, la lie 
» de la populace........ A iCltialons, les mêmes 

)) moyens, les mêmes proVQçatioos inceadiaires 



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»I 



» avaient dëjà excité les mêmes scènes..., La popù- 
jfi face sVst jetée aùec fureur sur des pièces d'ar- 
i tîllërie, et les a précipitées dans la Saône. II n'y 
» a rien eu a opposer à celte multitude égarée.... 
» Les mêmes événemens se 'sont passés à Dijon , 
J) au même moment et toujours , par les mêmes 
» mojrielnsinsurréclionnels. M. Terray, préfet , hors 
» d'état de résister a la sédition , s est rendu à 
it ChâlilIon-sur-Selnê , etc. } ' 

« Je ne crois plas, Messieurs, pouvoir terminer 
mieux cet affligeant^ mais véridique tableau, que 
par un liiot énergique sorti de la bouche d'un té- 
moin , qui certes ne fa point lâché pour excuser 
le maréchal Ney. U est du préfet du Doubs (M.*le 
baron de Câpelle), qui Tétait alors du département 
àtXAin. Accouru de Bourg à' Lons-Ie-Saulnier , 
dans la soirée dul^ mars , tout consterné , fuyant 
de son chef-lieu, cet administrateur, pour rendre 
cet esprit de vertige ou plutôt de délire qui, en 
deux ou trois jourà,' Venait de tourner toutes les 
têles'i décria que c'était une rechute de la réuo-^ 
lution; mot terrible , qui, joint à un concours 
inouï d^autres circonstances que je résumerai tout 
à rhetrrê, na pas peu contribué à entraîner le ma- 
n^cbâl dans le précipice. 

» Où ne peut donc. Messieurs, à moins de vou- 
loir mer*révidence/né pas nous accorder quof 



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\ > 



darts toule celte partie de la rVançe, en avaptet ea 
arrière de la cilé où le marçchal Ney était r^s^cjcré 
avec sa petite armée, la population était follement 
enivrée plusieurs jours ayant le 14 mars; que le 
maréchal existait au milieu du tourbillon y dans un 
véritable foyer d'agitations populaires et de sédition. 

w Maintenant et ce point accordé, j'inter^fogçjraii 
toutes les personnes de bonne foi, capables de 
juger impartialenient quels peuvent avoir iç^é les 
effets d'u,n0 réyplution semblable .5^ je leur diçrna.n- 
.derai, avant, de rien préciser sur ce qui fm. per- 
sonnel au maréchal Ney daps la journée du .14 
mars , quelle culpabilité . en général , il est jpos- 
sible d'atiçicher.aux actes que le spectacle d'une 
telle cpmnwtien peut.arrQç'iw ^U^ homqi^.qui 
sont le ,pljàs:ep, évidence? Jfe. leyr ,dçmflpd^r^i,;siv 
^nlraîpés paç la foule qu'ils, avaient.à m^r^jejaif > 
maîtrisés par les 'forces qu'ils}, ^v^içn^ à comrç^pdeç'^v 
ils sont censés a;5fpir rien f^if^ librfÇTOÇPt» par.ÎKjqli-, 
nation. et çivec la y(j)lonlé de^.içanqqerà leur /devoir?, 

» Quelle serait affreuse Ip Qpijdition; .dfis^ f^9n 
tionnaires publics,^ des homn^QS d'éîal, deç^aé;*, 
i^aux r des administrateur^ , jjaq^^. cle ^ pareiK^îj ffin7[ 
jonctures , si tous les liens de, la civilisadoq .;ijf,|jfip^ 
à se rompre, se trouvant je^és-a^fqr.t de la leijiyfjêiei 
et dans l'impuissance jde gyuyérner le yais,s^|^^,^,de 
le diriger vers ïfe^port du.sî^lut, . ils étaie|t>t.rfJ^Ut^sr 



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223 

^îrimlnels, pourTavoii' seulement empêché daller 
se briser contre les rochers ! 

w N arrivé-t-il pas le plus souvent^ en ces ren-^ 

contres, quelechef est contraint, par'ses subor^ 

dpnnés en ^évdte, d embrasser précisément U 

• résolution qui est la plus contraire à ses principes , 

à ses goûts, à ses intérêts personnels? 

» Ce que je dis là^ Messieurs, à la décharge de 
tous qpux que leur mauvaise étoilç pçut placer à la 
tête de troupes insurgées, cesse, à l'égard du. ma-* 
réchal Ney, d'être une simple pr^'^o/ap^w/z* Par 
une singularité , que je puis dire prépieuse en ce 
momçnt, il e$t proupé au procès, par les docu* 
mena les plusaulhenûques, par la plus notable de 
toutes les anecdotçs , que le. parti de se j^éunir à 
Bçûaparlp a dû être et a été effectivement celui 
pour lequel il. avait et devait avoir la 'plus grande 
répugnance. . . • . ., . 

, » Qui ne connaît en effet, du maréchal Ney, la 
démarche hardie d'avoir osé, le 5 avril x8i4» no- 
^tifi^er seul à Bonaparte, dans Fontainjebleau , que 
les troupes restées autour de lq\ ne voulaient plus 
^lîi çomballre^pour sa personne j,, tu. se retirer avec 
Ini sur les bords ^dç.Ia^ Loire j qpe^ daus.la cruelle 
^versité où, il .avait j:éduit la Frwçp > il ne lui rea- 
jtait d'autre p^rU |^ prendre que. (^'abdiquer Fempire 
et de négocie' avec. les puisswi(:q§ maîtresses d^ 



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%2^ 

Paris y pour^D obtenir un traitement fivaQtageui? 

» Je ne citerais pas, Messieurs, le passage de la 
lettre da prince de la Moscowa , adressée a ce 
èujet le 5 aprit 1 8 14 a« gouvernement provisoire ^^^ 
où il déclare avoir signifié de. plus à Bonaparte , 
quHl ne restait plus aux Français qu*à emhrasr ' 
ser entièrement la cause de leurs anciens RoiSf 
3i ce dernier trait, de dure confidence du maréchal à 
Bonaparte, ne venait pas de plus en plus fortifier 
mon 'argument. 

Ht Qui de nous. Messieurs , ignoré à présent à 
quel degré était porté chez Bonaparte le sentie 
taent de la vengeance ? combien il était irritable 
sur tout ce qui blessait son orgueil ? qui ne se 
figilre à quel point il devait être secrètement hu- 
milié de la proposition altière et décisive du ma-* 
fécbal Ney ? quel insurmontable ressentiment il 
devait lui en conserver? De quelle profonde ter-*- 
reur celui-ci a dû éire frappé, à la nouvelle que 
Bonaparte ressaisissait audacieusement les rênes du 
pouvoir, et reparaissait sur la scène du monde en- 
touré de tant d*hommages ! 

» D'autres que le maréchal Ney n*en avaient-ils 
pasconçti, pour lui, les plus vives alarmes? M. de 
IBour'mont, qui n*est assurément paa un témoin 
bienveillant pour le maréchal , ne nous apprend-il 
pas qu'il Ta averd qu'il avait tout à craindre de cet 



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énr2\gé? M. de Bourmont ne nous a-t-il pas tfans* 
mis cette réponse du maréchal, m que Bonaparte 
» le haïssait^, lui Ney ; qu*U ne lui pardon- 
» nerait jamais ^on abdication*... ; qu'il pour^ 
» ràit bien Itii faire couper la tête aidant six 
» mois, etc, etc* ? » 

<( Voilà donc une pretive , et nous n'en omet- 
tons pas dé plus forte,- qu<e Ite maréchal Ney avait 
un intéf^ét immense ^ supérieur ^^ toute atitre con- 
sidération huiiiaine,d'em{iêdbrer que Bonaparte tie 
se mh à !a tété des aflfeires ed France. 

» Comment s'est-il fait que cependant , au^ 
risques dé si prdpfé sÛreié ^ îê maréchal Ney tout 
à 6dup ait pârlr';^ cbûseniif ? 
* » Pouf solutïoii de 'èe prbtiéme, Facle d'accu- 
sation pronoùcè àffîrttiativëinént , qUe ce fut dans 
des vues d'intérêt péi^sônùer îjue le inaréçhal se 
râtjgèarde ce^pât^ti. k Sa i>àniïé y y est-'il dil '^fut 
>) flattée , sbn^atnbitiôn'sé répèillay le crime fut 
>» accepté* ti' ' -' ' " 

a Ehlquelè étaient dbtic ces gages si séduc- 
teurs oflfefîk; par Bdna^arlé'rënlrarit, d la inanité 
du maréchal Ney? à quels postés d'honneur plus 
éminens que ceU* de pair dé r raiicé, de maréchal , 
de prinèe, pouvait-il réleVer? avait-il, pour ré- 
veiller son ambition , lui si * jaloux dans ses délé- 
gations de f)uîssahcô, à ÏUÏ conferèV des emplois 

^ TOME il. l5 



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aa6. 
plu3 considérables que ceux de gouvernenrde Tuoe 
des divisions raili]Laires et de général en chef des 
armées , dont le maréchal se trouvait tout investi 
par la majesté royale ? 

» Mon intention , Messieurs , nVst pas à beau^- 
coup près de vous occuper, ici d'une longue apo- 
logie des talens militaires , ni des brillans exploits 
du maréchal Ney; il est jaccusé^ Ténumération 
même , quoique légitimé , des grands et nombreux 
services qu il a rendus à son pays , né l'absoudrait 
pas, je le sens, du crime de l'avoir tr^ahi dans ui^ 
jour de péril. 

» Mais permettez que du moins je m'empare 
de cé qu'eurent d'honorable vingt-K:inq aimées de 
travaux , dé fatigues incAiïes , de dangers affrontés , 
de triomphes , pour en conclure seuleq^ent qu'il 
ne manquait rien à l'ambition du maréchal ; que 
père de quatre fils en )m âge , il ne lui: convenait 
plus de courir de nouveaux hasards, sous la ban- 
nière surtout d'un insensé qui , dans ses trois 
dernières campagnes de Russie, de Saxe et de 
Brie ^ avait si opiniâtrement tout compromis. 

» Rien ne le rapprochait donc de ce fougueux 
dominateur , et tout l'en éloignait. 

s> Puisque c'est des cpuleurs de la trahison 
^ue l'acte d'accusation charge sans cesse la résolu- 
tion prise le 14 ni*s par le maréchal Ney, qu'il 



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mppose cette résolution arrêtée^ cànirfiè (/est lé 
propre des traitres ^ au fond dé sa maison et 
dam le sectret de la nuit ^ tout Watertit, Mes^ 
sîeurs (pour la défense de Celui qu0 le mêmd 
organe accusateur à plus d'ùrié foist id dénomme 
ï illustre accusé) j dd ne lietrûégligèr de ce qui 
dissuade de lui imputer tuémel une minute de lâ^ 
cheté , de bassesse ou de perfidie. 

» Où serçm , je vous en conjure , les interprètes 
sûrs des actions des hodlmes y si vingt-cinq années 
d'une vie irréprochable j consacrée toute entièrel 
au bien de la patrie ^ ne suffisent pas pour en* don- 
ner la clef? si tant de traits doûnés de la noble 
indépendance de soii caractère, d'une franchise à 
f épreuve des cours, d'uûè loyauté préconisée même 
par les ennemis^ d^une générosité d'âme que Fin- 
fortune^ même obscure^, trouva toujours secou-^ 
rable ; ai cesf révélatioiis journalières d'une cad- 
science pure , inaltérable ^ ne servent pas même à 
rechercher , dans une inconcevable détermination, 
ce qu'elle peut avoir eu d'innocent ? 

A C'en est donc fait de cet empire jusque 7 là 
si assuré de ji'expénencevLaf pratique la plus cons- 
tante des vertus sociales les plus précieuses né 
sera plus comptée pour rien : celui qui leur rendis 
le culte le . plus assidu , pas plus que l'aventurier 
ou que tout être équivoque, n'Inspirera le désir 



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2a8 

de scruta- son ibléi ieûr , dTén déraêîèr tous les 
re{^s, et n'ôbiietidra qfue fbh revï<âfaàé d'une pre- 
mière irapreSsiôtf ^ (jui si souvent est faussé/ 

»Votrs n'êtes pas, Messieurs, du' nonibre dé 
ces pérsotiries ou sdpèrficléifes, du passioribeès ^ ou 
-frt^évenhés , pour cJtH Ùù ^bivt dé siècfè rempli par 
rbcfàùcfccr n'équitaùi pà^ tti^éraè a un indice. Lé 
caractère pronoricé* et fâéd connu' du màfecïial 
^é^sér^' Votre préttiî'et* guide idâni Tèxainen de 
ràbliotiqtii trous oécnjfpë. 

» Â t6s dernière^ 'séaiicés , Messieurs, on a 'cru 
loùt Mre* poub la dechiar^e dû hiàrectiat N cy , en 
nous.aôcordànt gu*un homme décoré de tant de 
triùtrïpfies ^ naVaît pas pu entrer si IScliement * 
iïâtls uti Complot, iii en côrnbider le pfan ; en re- 
bïftiçâbt â suspecter êii rien là bohnie foi cfu marej- 
cftyF^éy, da fîdel?té 'à la cause royale jusqp^aù - 

i/^'Mû: ' ' • ■ . '"'''' ' ' ■;' \- ' ' '' " '. 

** W) Je Vaî déjà (trouve', Messieurs , je sui^ loin dé 
\iê^{^^t'â^ pareilles 'concessions ; éli&' sont d'un 
trop grand poids dans ta balance de fâ justice : mais 
Je ne' jitîfe^ni en bonienier. 

>) Autre clioise *ést pour le màrécb'al Ney d^étrê 
âlfsous <ïti reptoclié d'avoir prémédité Fa trabison; 
autre cbbse , de faire passer fa|)idei]iènt soui vos 
yeux, Messieurs, ïes^ùîsse'cië tout ce (jiié son zèle 
avait exéciilé jnsqu^aii i4 niars, pour faire irîon^- 



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%%9 
pher la cause du Roi à laquelle le liaient ses ser- 
me€S, 6^ pour écraser Bonaparte dont le retour lui 
était odieux. Au premier c£is seulement, et c est ce- 
lui où nos accusateui^ ont préteudu nous réduire, 
il y aurait absence de blâme : au deuxième cas , et 
c'est celui dont il convient au maréchal Ney de ne 
poiat sortir, il va y avoir uû faisceau de préspTttp; 
tlons favorables , jpress^ates , qui disposeront d'au- 
tant plu§ à croire quje la résolutiop du i4, P"^^* 
qu'elle contraste si fortement', tient à quelque 
cause extraordinaire, s.i;irna(urel.le ou indépendante 
de sa volonté. 

f> Parti de Parisj le 8 mars au soir, tout pénéi ré 
(des, bontés çt de la cpnfiance du Roi, la rage dans 
le coeur contre Boqapçirtfî , le maréchal Ney arrive 
^ ^^esançop, chef-lipu ,dp la 6*. divisiop militaire 
dont il est le gouverneur, et. que l'ordre laconique 
du ministre de la guerre lui a indiqué comme 
le po&te ou il devait 3eryir ; ^ y arrive bien posiii- 
vement je i o mars , de boope heure. 

n Là seplçmçnt ^I tix>uv^ les instructions du 
ministre auxquelles seules il est tenu de se confor- 
mer. Que lui presçrivent-eli^s ? Daignez l'içipren- 
dre , Messieurs , et çn pressentir toutes les consé- 
quences. 



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Copie de la lettre écrite f pnrson Exo. le mi» 
nistre de la guerre , à M. le maréchal prince 
delaMosçofça,goifPerneur de Iç. 6. division 
jnilitq,iref 

lie^m^rp i8i5. 

X ' » Monsieur le marëcfaal, S. A. R. Mopsieur ^frère 
» du Roi^ est arrivé à Lyon, et a pris le commaar 
)> dément de Tarmée qui se réunit sur ca point f 
» toutes le$ mesure;» sont ordonnées pour pour^ 
)) suivre avec vigueur et sans relâche le parti à la 
» lête duquel Bonaparte a ose pénétrer ^sur le ter-r 
» ritoire français, et tout donne lieu d en espérer 
» le plus prompt succès. Le Roi me charge de 
}) vous recommander de tenir réunies le plus de 
>) troupes disponibles, afin que vous soyez toujours 
» en état de seconder efficacement les opérations 
>) de S. A. R. Monsieur. 

» Vous avez en ce moment daps la 6k division 
» militaire, le 6«. réginient de hussards entier, à 
)y Vesouljles 4^«. escadrons de dépôt du 3«. dj5 
» hussards, à DôIe , du 8**, de chasseurs, a Gray \ 
» les5«. bataillons de dépôt d»i5*. léger, 6o*. et 
» 77*. de ligne, à Besançon; ainsi qup le 4*- ®s- 
)) cadron de dépôt du 5^. de dragons > enfin le 3^. 
» bataillon die dépôt du ^&. régiment d'infanterii^ 
)? à Botirg. 



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a3i 

» En Fabsence de Monseigneur le duc de Ber- 
n ry, prenez les ordres de S. A. R. Monsieur \ 
n correspondez tous les jours afec ce prince ; et 
» surtout si, contre toute apparence, Fennemi faisait 
» des progrès sur Lyon , faites vos dispositions 
» pour manœuvrer de manière à Finquiéler, à dé-^ 
» jouer ses plans , à lui nuire ^ et enfin à le détruire, 
» si vous eu trouvez Foccasion^. 

» Le Roi multiplie, en cette circonstance > les 
» mesures de prévoyance et de précaution-; j'aVais 
» déjà donné Fordre à M. le duc d'Albuféra de di« 
» riger sur Béfort les deux premiers bataillons du 
» 55«. régiment d'infanterie, et les trois premiers 
» escadrons du i^^. régiment de dragons. Je lui 
» donne aujourd'hui Fordre de réunir de suite dans 
» cette ville le plus de forces qu'il pourra retirer 
» des garnisons de FAlsaoe, sans trop dégarnir les 
» places; avec ces troupes > il se tiendra prêt à se* 
» couder vos opérations , et je le préviens même 
» que Fintention du Roi est qu'avec ses forces il 
» aille vous joindre,'si les circonstances vous met- 
» laient.dans le ca^delui en faire la demande. 
» Alors vous concerteriez ensemble vos opéra* 
», dons. Correspondez fréquemment avec lui. 

» J'ai ordonné de former à Metz quatre batte* 
» ries d'artillerie,, et de les diriger sur Besançon ; 
» j'ai ordonné aussi de former quatre autres batte- 



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» rif5s à SiFasibowrg. M. le maréchal duc crAI|)u- 
» fera les mènera àBéfort , et, si voufs m9ii<|me?: de 
>) canons, il youjiJjes enverrait sur votre den^ande. 
» Comme il ppvirrait ae faire que }^s^ batteries qui 
» doivent être envojéjss 4e Gre^wAl^ à Lypn , ne 
n plissent p^s arriver dans celle yillç , vouç dî^o- 
D seriez alors^ monsieur Je mj^réchal , soil; de^ batte- 
» ries venant de Me^, soit de celles venant de 
» Strasbourg, pour les envojer à S. A. R. Mon- 
» sieur, à Lyon» # 

9 Instruisez bien S. A. R. de vos dispositions^ 
» Je vous prie aussi de m'en donner connaissance, 
» afiu que je puisse eu rendre compte à S. M. 

)^ Indépendamîpeïit du corps que la )duc d'AI- 
» buféra va réunir à Béfprt , je donne Tordre au 
» duc de Reggio de rassembler sur-le-cbamp le 
7> plus de troupes quil pourra disposer, sans trop 
» dégarnir les plajces des irpisième et quatrièpe 
j) divisions n;iilitaires, de se porter avec ces forces 
H sur Langres et Dijon,, et d.e se mettre, de là , en 
» communication avec vous et avec le duc d*Al- 

, )> buféra. 

• * 

» Fonr copie conforme aux minutes, 
» Xe maréchal de campt secrétaire général f 

» Signé^DALBICNAC. » 



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a33. 

w Ainsi donCf yoijà le marédb^ l^ey, jqvfi ng 
doit agir gue secopdjairen^eqt soqs ks ordres 4? 
Monsieur : il doit le$ .atteadiet , ou tout j^ glqs 
les provoquer. 

» Le maréchal n^e trouve dans J^esançon qu/i; 
cinq a six cep tg bomna^s de divers dépôts, pulr^ 
la garde nationale. M- de Boiu-mont, avfmt spn 
arrivée, a , comme commajodapt la subdivi^ipç 
de Besançon , faitJUer les troupes qui s'y trpiy 
vaient sur Lyon , par Bourg, LV^^'^^^*^ ®^ ï^ 
munitions ont pris la même direction, conduites 
toutefois par Çhâlons. 

. » Qu'eût fait dans une par^eille position , je ne dis 
j)os un traître , mais un chef de corps en sous- 
ordre, qui eût été froid pour la cause royale? H 
eût paisiblement attendu que le prince généra- 
lissime lui insinuât ses ordres, et qu'on lui fournît 
les moyens d'agir. • 

» Cet esprit de calcul et de réserve n'est pas dans 
le caractère du maréchal Ney. A peine a-t-il re- 
connu Ja faiblesse de ses ressources dans Besançon, 
qu'il s'empresse d'écrire à Monsieur-^ la lettre que 
voici. 

A S. A. R. Monsieur. 

BetançODy le lomars i8i5. 

« J'ai l'honneur de rendre compte à V. A. R. 
)>demon arrivée ici, d'après les ordres du Roi. 



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^34 / , • 

» Toutes les troupes du sixième gouvernement, à 
» Texception du régiment de Berry^ hussards, resté 
» à Vesoul , et|de quelquesibataillons en garnison 
»iciy s'étant dirigées sur Lyon^ ma présence à Be^ 
!D sançon ne me paraît pas d'une grande utilité! Je ' 
» prie V. A. R. de m'employer près d'elle et à 
» ravant-garde,s'il est possible, désirant, dans cette 
» circonstance comme dans toutes celles qui pour- 
» raient intéresser le service du Roi , lui donner 
» des preuves de mon zèle et de ma fidélité. 

» Nous sommes ici sans nouvelles sur les en- 
» treprises de Bonaparte. Je pense que c'est le der- 
)» nier acte de sa vie tragique. Je serai reconnaissant 
» de ce que V. A. K. voudra bien m'apprendre, et 
)> surtout , si elle daigne m'utiliser. 

» Jesuis,eiCr » 

« Vous reconnaissez bien là , Messieurs , le 
maréchal , l'élan , Fimpéluosité de sa bravoure ! 
N'y reconnaissez*vous pas aUssi le serviteur ardent 
de la cause du Roi ^. Fennemi et le censeur*impla-* 
cable de Bonaparte , de son entreprise ? 

» Le même jour , lo mars , qiiatre heures 
du soir, le maréchal mande au ministre de la 
guerre : / 



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i35 
. Au ministre de la guerre* 

Besançon, le loman iSiS, quatre heures du soir. 

« Je n'ai trouvé à mon arrivée ici aucune des 
» lettres que V, Exe. m'avait annoncées; Le lieute^ ^ 
^ nant-général comte de Bourmont a eu Thonneur 
)> de vous rendre compte que les troupes de la 
» 6*, division , à Texception durég^iment de Berry ^ 
^ hussards , festé à Vesoul , et de quelques batail- 
» Ions en garnison ici , ont été dirigées sur Lyon» 

» Je n ai aucune nouvelle positive sur les en- 
^ treprises de Bonaparte, On dît seulement qu il 
» s'est présenté devant Grenoble, et qu'il est pro- 
^ bable qu'il se jettera en Italie par le Simplon. » 

» Agréez , etc. » 

ce Ceci confirme d'une part que le maréchal^ 
/d'après les mesures déjà prises , était hors d'état de 
rien entreprendre par lui-même; d'une autre part, 
qu'il était dans la plus profonde ignorance des pro- 
jets de Bonaparte , et de ce qui lui avait réussi, 

» Trop malheureusement les incertitudes ne 
furent pas de longue durée. Dès le lendemain 
malin, le maréchal voit entrer chez lui, dans Be- 
sançon, M. le duc de Mailhé, premier gentilhomme 
de S. A. R. Monsieur , venu en toute hâte de 
JL.JOIJ , pour apprendre à Monseigneur le duc de 



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^3^ 
^Bcrry, qu*il croyait rencontrer, la désastreuse 
nouvelle de Grenoble , l'occupation inévitable de 
Lyon p;if ij^paparte , h r/etr^aîte projeiée de Mon-*, 
sieur sur Roanne. 

» Vous avpz entendu , Messieurs y les déclara- 
tions de M. le duc de Mailbc. Ce que la modestie 
de son zèlè ne lui a pas permis de vous retracer, ce 
sont les accens .de la douleur dont il était pénétré ; 
cW 1^ toucha»te ^xpre^on de ses alarmes sur le 
sort de^ Monsieur. Il fit sur le maréchal une im- 
pression si vive que,^ dans un premier mouvement, 
ne voyant que les jours de S. A. R. en péril , le 
maréchal voulut partir à V minute , pour aller lui 
faire un rempart de son corps. 

» Mais bientôt le maréchal réfléchit qu'il n'est 
plus la comme un soldat ;^ qu'il peut se rendre autre* 
ment û^ile, cq changeant )e$ .dispositions fgities ,^ 
pour le 0^5 présuppojsé d'une résistance dans Lyon. 
11 sent t^ nécessité d'opérer aiZtour de lui comme 
généra), et sur-le-champ. 

» Immédiatement le iparéchal dotme For{lrç de 
eontremaqder la marche des troupes qui $'aphe-^^ 
minaient vçrs Lyon , et ^e les concentrer jutant 
que faire se pourrait. I| prend le parti de sfi rendre 
de suite enperstonne à Lons-le-Saulnjer, pomme 
point plus .central pour les opéralipias. qu'If 
médite. • 



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^ Avant dé qtiTttcir Èesançon , léi i mats , à 
mxifhèute^ du Wâtiti \; \^ xiMééiA^'x^^^ lé 
miùistr^e de là gueri*é(ftin côté, et ïè maréchal 
duc -d^Albaférà ,' cothtiiâtidàiit à Slrasfeôiàrg , de 
l'âtitrt ;-• tâttt' -dié ïaffigfëaùr liiëéé^é' dfû dud dé 
Màilfeé , que dti t^làd; ïjù'il 4^^étê ^aV' sùïte , de 
r^Htiin touieé yes^fbupes de son gouyefhëmédï. 
<t'Jé'''ftfraî ôfccQf)ér ;;;'doû(inué-t-îi^' IVÏâèôh et 
» Bobfg; et, slï je irôtiVé^'ôccàsîdn la'TO^ Je 

.)r fl'ïi^shé^al pâS^ a iatlâ^'ùér tendemi.. ;.. Je méf iien- 
» dfài ett eôtlimtlûïcàiibïi âveô $.• À! K; .ï ftoanné, 
»'iëï''a^^r{A <îe éôncérîî* pour le bîen' â^ éérvice 
^ydlim»' •^••••'- •'/•—• •'• •; '•\^' • 

(c Dans cette tiîêhié feltfé , lé miârécftat faisait 
pat^t àti lîlltdstre'db dè'Uï aâjdnclîôns (Juil venait de 
scf faille : lai pifetîiièré ;,"dti: gétaéral Lécoùrbe ^ 
comiïtë cointAâfadâi'tîstipérietir; la âéùxième,"du 
èàttiie de B()Uhnôhïy^'c[^\\ emmenait avec lui a 
Loriè-le^Saulttier et datifs Sa Voiture ^ pour être son 
i^tcmà. Il me Scffit', Sfessléurs ; de vous avoir 
nônimi^ ces deblâdjôliité , pour làîàsér au fond dc 
vas âmes Flntime do'dvîètion qu^ fë maréchal "Ney- 
élait alors le plus frâiic et le plus chau^ partisan dé' 
la cause royalie. 

» Celte pârtiealaritê fevtuite , d'avoir ïaif voya- 
ger le côtatedeBourmonV avec lui , dans sa propre 
Yoiture, sera ^otî/Ôuti^ ûri tfàit deTumîere étince- 



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hnt en favieur du maréchal , ppur ceux qdr coti^ 
naissent reitrême sagacité , l'habitude d'observa- 
tion et le dévouement eipansif de M. de Bourmont. 
Il eût été , certes, bien imposisiÙe, dans un voyage 
de plusieurs heures^ en tête à tête , dans la coursr 
d'événemens aussi étranges , que M. de Bourmont 
uçût pas trouvé en défaut ^vtr quelques points 
la fidélité du maréchal , dans le cas où elle aurait 
été chancelante. Et M. de Éourmont a fait asse2& 
voir qu'il se ménagêaitauprès de tout autre que le 
maréchal, pour que vous ne puissiez douter^ Mes^ 
sieurs, que , s'U; n'a rien, révélé swr le» conversa- 
tions de la route qui lui fut contraire , c'est que 
tous lesdptails en étaient justificatif^^ 

)) Avec le sous-préfet de Poligny ( M. de JBran-^ 
ges de Bourcia) , j'interromps , Messieurs, le trajet 
de Besançon à Lons-le-Saulnip, fait de compagnie 
par le comte de Bourmont et par le maréchal , pour 
ne vous ciier qu'un trait de leur, station abrégée 
dans cette ville de passage : le maréchal , amené 
par les objections du, sous-préfet à^ dire toute sa 
pensée , l'énonce avec toute. la rudesse d'un soldai 
qui du moins, n'en sait rien déguiser. 

» C'est M. le sous-préfet qui parle : 

» Le maréchal répondit « que ^ malgré le pas^ 
D avancé qu'ayait fait Bpnaparte , il parviendrait 
» à l'atteindre et à le mener à Paris dans une cagisr 



\ 

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^3g 

« de fer ; que Ton avait trop attendu pour £&ro 
» avancer Us forces qui étaient à Lyon , ete..., j 
» qu'il fallait courir de suite sur^Bonaparte ^ comnoie 
M SUR une bete fauve ou un chien eni^agé > dont il 
» faut éviter les coups de dents ^ qu'il y avait en-» 
D core du remède. » ' 

(( Une deuxième interruption est cellequ'e^ge 
la déposilîpn non moins justificative de MM. Re- 
naud 4e Saint- Amour etlemarqiiis de Saurans, sur" 
la rencontre qu'ils firent du maréchal et du comte , 
de Bourmont à l'a poste de Quingey; Là , tout en 
changeantdechev^ux, M. de Saint- Amo^r apprend 
au maréchal qu'il a ordre de Monsieur de faire 
rétrograder toutes les troupes y tous les militaires^ 
tous les officiers isolés qui s'avançaient vers Lyon ; 
ce qui I soit dit en passant , rentrait dans le système 
d'opérations nouvelles* que le maréchal venait d'à-* 
4piopter de son chef. : , . : 

» Sur cîeque MM. de Saint-Amour et de Swr 
rans représentent au maréchal, que sur toute leur 
route ils ont entendu les soldats et les. paysan^ 
agglomérés vomir le cri séditieux pipe tempe^ 
reur! que leur déclare le maréchal? Je laisse 
parler ces deux témoins irréprochables } ils spnt 
unanimes. 

» Us déposent : ((Que le mçkréchal allait à Lons* 
f le*Saulnier pour sjs mettre, disak-il, à la tête 



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% des lfbu|)ès cjtfil ^àrtiendraii h y former, et de 
y^ wile tnàftkèr vdnttê Bofïapatte. 11 ^e place- 
^^ mi !, lettp éfjiitMàUjI , lé J)réniier à h lêié deà co- 
> lônbesr-, je tiï^ëràl \t pi'emtet- coup cîe fusil, iet, s'il 
If y en â ufi ^tri rtPbèdè , fè Ibî paierai mon cpfiéfe 
» dans le venire. » 4^ ... * > ^ 

■■k V*?i» jôgfeB ,'Mèssœarsl , iftlhfe lès rçpHs les 
pRi* iiïiiitoé^ aé^'éa^^fetistréb«ë^,1&è^ë*]^^ boiûil- 
M« , îtiëTOrable iéii Bit de dlèfcî^Hnèi^^i s'cxpW- 
Jàiâitde'kscir^e. - ' v ' 

- >rDaignefc lé'siftWb Wc mbilà^Lôu^rë^SàuIûié^, 
66 il éuiredànè^ là huit dû ti'tiU ii fnàréi 
♦ftlîs allez 'avôiFiSJie nfeé de^éf ptniHigteuse ikû^ 
tffé-quW deux jours, les li^L éi rSThars^ soti 
ârtîebr à sefvîr léRWi !m fait déployer. Ici les alci^s 
Se-' serrent, îJorii- èS* tibtabretrx ^ . sVcctimuletit têî- 
terttent'daifaè'ifri'^ •feotrrt eipace ; que j'aurai peitié 
à les ënuraérer, et que, vouhltitléâ animer prf 
téWS* lés èttiià tj^jfeiràîce la plume veîiémëtitë' du 
Mâi*éèbal, pdf Hî6b tes Tes parole^ qui sortent a lâ 
ftty, ^uî sëèlfafp^ëilt ^àr 'tbhPdtfà^ (ïfe sa boùcliô 
«faamméé,j'é!isbi5' réduit; i iiioti^rând règrêt*, 
a tievoùs dtitttïtf^pkis'souvéht'qiie'deë indîca-^ 

n Dès cinq heures du matinale i2 mars j 
îè' maréchal, qui lie s'eSt peint côticbé, écrit au 
îmthistrë dé K gnërrë'unè lettré où Vous allez re- 



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marquer ci et 1& un langage improbateur de ce 
qui S'était fait a Lyoù par les^ plus fermer appui*' 
an frône, parce que te marëcbal était encDrff loiik 
dlmaginer quelle avait et ^ sur et poiiit la déàéS''' 
péraute immo^îté de tomes les ti'oupes dé là ^*. 
diyinod. ' 

Lont-le-Saalnier , la man i9i5, cinq heores da awltu. 

u J'ai reçu totre lettré' éà foriHe d'instràctioàs , 
T^eti d^te d« 9 dé ce mois. La dél^tioù de^ tfou- 
» pes de la 7^. divisdon militaire vbtis en^gagei^a sans 
li'douièàfairé mafrcher dé suite' lé plus de' troupes 
1^ possible mnr là Saôûé,i^r^ Tfiloù. Cette défeâ- 
xrtion, toiJte fuu'esté qtfélle peàt êtré\ n'est paé'. 
» encore, sdôù mot, àu^4>ri^udtciable que V 
x^ tontrè-mai^ché'dëMoèfièur sdr Ifoulins. C^était 
» à Grenoble que S. A. K/ aùrkit dft se reiddfe 
» d'abord pour attaquer fiomipàMé , et il est plus 
» que probable quef nos embarras seraient déjà à 
» leur fin. 

>i Le marccbat RIacdonald seinbîe manquer de 
» confiance dans ses troupes*^ ce n est cependant 
»^ pas en ^e retirant qu'on pourra reconnaître si 
» elles sont dans Tintention de faire leur devoir : 
» il fallait d'abord les faire combattre. 

Tom II. 16 



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, » Je vlensd expédier des |)ersoDq((^s, TnueàLjoa 
» et dans les environs , ainsi que sur Ikère, pQ^r 

v.eiyoix des nouvelles. J'espère être plus instruit 
»_]l|iQS le couranlde la^'ournée. 

,)A J écris au duc d* Albufera et au duc de Reggio , 
i> pmir leur faire connaître la situation des choses. 
vJe forme deux divisions des troupes que je ras-- 
1» semble ici^ la pre^iècaserajcooimaiidée par le 
19 général Bourmont; et la seconde , par le général 
» Mcirhiet.-' ' ■' ■'''''' " ' " 

». Je manque, jEf)3spli]^eot d'artillerie (a\k^ d at- 
)ttel^e$ ; mais^d:9prè$ 1^ o;*dres que i^ donnés, 
^ j*espère eu recçvpir ayfoat trois jours. 

^ » J[e inèltrai h 'plu$ grande sbqi^vité à porter 
» pa prjçmière divi^on à Bourg , pfii;» de pouvoir < 
)i..manQeuvrer sm, h S^^ftÇ j versJWjâço» , et.sur-, 
>) veiller les ent^K;pris^;^;poua soit qu'jea 

n.sQ^antdeiLyi^^.oii Foi). prë^uQie^ qu'il est entre 
Millier, il se dirige p^r Roanne sur Mouàns, soit 
»,qq'U se- porte .sur IV^^cqn. . 5 

^ .' ^ ,,D, Agréez,. et(C..>). 

« De fait, à Ma même heure de cinq du ipa- 
^ tîn , le maréchal Ney dépêche ses deui courriers , 
Tun ail duc d'Albuféra , Tautre au duc dQ Reggio ; 
leurrent en ces. termes.: 



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343 
JtM. le maréchal dttc tPJlhuféra. 

> . '^m-fë-Stfiiinier ^ rmnanrs lêiS, cinq heures dâ malin. 

« Le maréchal Ma^donald ^'e^t re{^e sor jVfou- 
» lii^s. Je n'ai pas eqicore.de nouvelles poâiiv^ 
» sur la direction que Bonaparte p^ncka ^n d^ 
» bouchant de Ljon. Je re^garde çoumie. ^n évif- ^ 
» nemén( irès-fâcheux quç Monsieur ;ifp,.^ spjt. 
» pas porté sur Grenoble, çt je^pei^se <p;o çQft- 
» formément iiux.ordrirs du ^sinistre K;iL^ Ith^- 
» pressant de diriger ^e.^ ^troupes,, q^ suftpm^ ^4^; 
» rartillerie bien attelée^ spr ce poix^^. ». . ;, 

>> Je fprm% detii divisions, de mes tcaup^^ j'iQÇ- 
D cuperai de suite Bourg et Mâcon/Donn^i^,^ 
» je vous prie, mon cher maréchal, avis de ce 
» que vous ferez dans cette circonstance pressante. 

... .)!. Agréez,. p|<i,.'.*(>4 ;> 
A M. le maréchoil 'dtfc de ^^P; ..* : ;.;, 

' - ' •' 4iml^lé«Sitiliii«r ;*ld^ t^' ^'art ïè i5'^ 'cinq' tienî^* 4o matin. 

r •. •• •• ;. ti;l-- .i^.'^^À il --»- . •. ,• '-Vi •;• ri.ur" 

« Moji cher maréf:h4p(f^*j ^ pf^^^hAMis^et^. 
» nal^ s'est.replié spr,!^^ ppsi^^cdra 

)) dj?^ op.uyp|lçs ppsU^YiÇs ^;U 4r#çtiQQf quelBoj* : 

» naparte voudra iprçqdi;eepdpbQi9cbaoAd^X]M»t' 
» on Vo^ ^\ t^u'il. a dû eqtrer. j^igr* |1 cftt |â<À>€M 



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»44 

» que Monsieur ne se soit pas porté sur Grenoble 
» pour Yj àHaquer avec vigueur et le poursuivre 
y> sans relâche. Quoi qu'il eo^ soit » ce qui est très- 
» important en ce moment , c'est que^ confot;mé'- 
» inent aux ' ordres que ïé ministre m'âpnôri^e 
îii vousr aifDÎf dotinÀ , voiis yoiilîezbien',' mdn'cTiér 
» ittdré<!hàl/ Mte diriger, sur £>ijon et Lons-1^- 
»~SftulnîèfVfes troupes dont vous pourrez dîspoiser, 
» et surtout dé TarlîHcfiè' bien attelée J Je ibrme 
» de» tâiefanes deux 'divisions avec 'desquelles je 
» vuîé ofecùpeir Bourg et TlfâcopV Je ^ vous prie, 
» mob^èf^ niaréchiil,"d'e vouloir bien "me pr^- 
» venir des -iirdrês'ûiïè vpus aurez donnés dans 
» èëtîé^tSfëè^stabcé pihéi^dte^ jK>ur m^ iarre se- 

:,-,b ^^^J-i •'-^^•^'•^i,!Agriééz;'eîcrr '^^ ' 

« Po«ivaftf41(Àiet^%i^aler et sa détresse et tout 
son déplaisir ? poavait-il s'adresser à des auxiliaires 
plus gét]i^iD&^; plus Mbffès'^èf qùî'fénlencSssent 

besoin de Té tre, comme il le demandait à grands 
criiVaiTolttîô*a^il 'éié\9iafe'aans c!ek>UV^ îis^- 
raUi9^C6i.'l4 IgéfaiJ dtt'^itirf^nâ 'At vieiailparàly^^ 
tottsJ les^ 1 moyèiis êe * JaW? / éfi ' xnéiaié ieùipé ' ^^e 

mi*i^èif^tbw'éfetiid'cSfe^aër^^^^^ '''':l^':'' ^ 

xnb A «1^ delà Ai»n^']6iikieé dii' i'i'MÀ Vle 



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' ^5 
iparécbal Ney expédié, no nouveau oouirier au mi- 
msire de la guerre. . 

^ Je laisse ps^rfer Ja pièce. 

^u fnirmire de la guerme* 

LoDS-le-Sanloier , le i a mars iSi5, ODzeheares da soir. 

« J ai l'honneur d'adresser ci-joifat à V^.Exc. le 
» journal de Flsère du 9 de ce mois, qui reuferme 
» les détails de la défection des trompes de la y". 
» division et de l'entrée de Bonaparte à Grenobl»^, 
X ainsi que plusieurs' proclamations qui méritent 
» l'attention du Roi et nécesâtent une réponse 
» énergique aux ineoso^ges dont efies iioni rem- 
» plies. 

» Le 2 O9 Bonaparte est entré à Lyoii avec en- 
» viron cinq mille homxiies./ « 

» Le 1 1 , deux faillies détacb^dneûs se sont di- 
» rigés \ev^ Roanne et Villefranche : rien ne s est 
» montré dw coté de Pont-d'Ain, ni de Bourg. 

» J'ai fait contremander. hier la marche des 
)» troupes qui, conformément aijix ordres du ma- 
» réchal duc de ïareote, se rendaient par Cbâions 
» sur Mpulips; elles eussent été perdues pour le 
» Roi, et to^t le pays, depuis Auxonne jusqu'à 
» Besançon , restait à découvert , el les places ex- 
» posées à être enlevées. ^ 



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/ 



» Voici aajourd'hui la disposition des troupes : 

» Le 5«. régiment de hussards avec le 76*. ré- 
y> giment désigne et le générai Gauthier, à Bourgs 

» Le i5*. léger, à Saint- Amour. 

> Les 6o*. et 77*. de ligneet le 6*. de dragons^ 
» à Lons-Ie-Saulnier. 

» Le 8i'. de ligne, à Poligny. 

» L^ 8*. de chasseurs, en marche de Dôle sur 
» Louhans. 

» Le 6*. de hussards , en marche de Besançon 
» sur Auxonne. « • 

» Le 6«.' léger et le 4*. de ligne n'arriveront ici 
» qtiè du 22 au 24 coiirànt. 

» J'attends 100,000 oartouches d'Infanterie , de 
D Besançon. 

y> Je n'ai, depuis detix jours, aucune nouvelle 
3) de S. A.*R. Monsieur. ' \ 

» Il serait Hen essentiel d'aldopla-' im chiffre 

» pour la correspondance, afin que si les lettres 

» vetiaieut à se perdre, l'ennemi ne pût pas en 

» profiter. • ' 

M Agréée,' etc. » 

« Quel est donc celui d'entre tous les serviteurs 
du Roi, qui aurait pu démontrer mieux par sa cor- 
respondance , qu'il le servait franclièment , qull 
savait tout prévoir, même jusqu'aux surprises? 

>»«Quant aux actions et aux paroles du maréchal , 



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i47 
iifueHes ont-elles été dans le courant de celte jour* 
née du 1 2 marc» ? Il s'était occupé à faire arriver 
près de lui les corps disséminés. ' 

» Il avait demandé à Auxonne que Ton fit ré- 
trograder sur Lons-Ie-Sanlniér les pièces d'artillerie 
qui étaient sorties de cet arsenal» 

» Que le commandant deVaHillerie d'Auxonne 
lui adressât vingt-quatre caissons et des cartouches 
qui lui manquaient. 

» Il avait fait presser de, Besançon Tenvoi de 
100,000 autres cartouches en peste. 

» Il avait fait écrire par le préfet (lu Jura, M. dé 
Yaulchier, au.préfet de Saône-et-Lotre, une lettre 
circonstanciée et pressantejqai est jointe aux pièces 
de la procédure, pour obtenir » deux ou trois fois 
par joui^ et par estafettes , des nouvelles positives 
de ce qui se passait à Lyon ; pour obtenir que, dans 
ce département limitrofrtie, on fît rétrograder et 
les hemmes^etlescanoaSy et les caissons qui au-« 
raient dépassé Cbâions et se porteraient sur 
Lyon. ! " '". " '- « 

u Enfin le maréchal s'était mis en correspan* 
dance avec le lieutenant-général Heuddct; ({ni 
commandait à Dijon. < a 

>) D'autres détails pkis minutieux du servieer^ 
des inspectloQs , des conférences avec les chefs de 
corps , aY«c plusieurs officiers, avec pluiîevra<ad- 



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»4« 

BÛnistrateurs cîtîIs , araîent «lisotbé leui^ Im 
minutes de cette joi^^née du iP^ mars. 

» Mais, Messieurs, c'est surtout à la joqrneiedv 
j^ mars , la plus rapprocbée de Tiostami d'erreur^ 
qu'il est essentiel de yqiu .attacher ^ afin f|ue vou^* 
puissiez mieux discerner les causes subites qui ont 
pu si ittopinémeot détaôl^r en apparence de la 
ûKaie du Roi^ oelûi qui en était epcwe si «lolusi^ 
Vement occupé. 

» he maréchal Ney la commence encore et la 
finit , comme la vajle , par deux missives adreseée$ 
au ministre de la guerre, où il lui transmet l'état 
de «ses forces partagée^ en deux divisions , Tune 
commandée par le général Ijecourfae , l'autre pa? 
le comte de Bourmont, el qui, réunies, n'exçèdenl 
pas quatre à cinq miUe hommes* 

3) Il ajoute qu'il vient de donner des ordres pour 
que les gardes ^honneur des thois départçmen» 
de la Haute-Saône, du Jura et de* l'Ain, soient 
incorporés dans ces divisions. 

1» Que le général Jarry restera chargé du epm*' 
mandement des gardes inaticmaleades départemens 
de l'Ain et du Jura« 

» Au reste, il communique seropuleusèment 
an minâstre toules kaiHWveUes qai lui sonil par^ 
inenues. 

il Ineentineiit il pqprend la phime pour inforpier 



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•49 
t^ft miiécbiàix foehèt ei OudiDot , «te sa eîiuafkm 
onUque, el réobmer d'urgence les plus prompts • 
«eoooiri. 

V Xlw deui lettres » Messieurs ; devront me dis- 
penser de retracer ici une foule de soins et de dé* 
marches qui ont rempli le cours de cet|e journée. 
Je: vous supplie de iri'en permettre encore li lec- 
lure. 

uiu duc cCMbuféra ( maréchal Sachet ). 

{|0q«-k-$«iiHiier«lei3 mars iSiS. 

\ 4ir Monsieur le maréchal, je viens d^expédier 

* M. le marquis de Sauràos auprès de Monsieur, 
» pour avoir de ses nouvelles et de celles de M. le 
« maréchal Maedonafd. Je les crois toujours & 
^ Moulins* Bonaparte a fait son entrée le lo à 
yt Lyon , k sept heures du soir. Le i ï , il a passé 
i> en revue* lés troupes provenant de la défection 
» de la septième division militaire ; savoir : les 5*. , 
» 7*. et II*, réglmens de ligne (infanterie), le 4*- 

# de hussards ^ et une partie du 1 5*. de dragons. 
» Deux détacbemens sont sortis le même jour de 
» Lyon , pour se diriger sur Vîlîefrancîhe et sur 
» Roanne. Je nç connais pas la marche de M. le 
» maréchal prince d'ËssKng , qui cependant a dû 
» «e diriger de Valence sur Grenoble. Je suis en 
» mesure de marcher 'sur Lyon , nô^isitôt que je 



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a5o 
j) saurai cTuae manière positive là direction que 
» prendra Bonaparte. Dans ces circonstanceis ; il 
)) est bien important de bâter Tarrivée des troupes 
3> dont me parle le ministre de* la guei*re. Nous 
» sommes hh VioUle dune grande révôlutioii , et 
)) ce n'est qu'en coupant le mal dans sa racine, qu on 
» pourrait encore espérer de l'ëviler. 11 faudrait 
» faire arriver les troupes en poste, c'est-à-dire; 
» inviter les préfets à faire préparer^dans tT>us leslieux 
1» d'étapes , des relais de voitures de pays , et pou^^ 
» voir ainsi faire parcourir aux ti'oupes quatre ou 
]» cinq étapes par jour : car ce n'est qu'à la vitesse de 
» la marcbe de Bonaparte qu'il faut attribuer^ ses 
» premiers succès. Tout le monde est étourdi d^ 
« cette rapidité^ et malheureusement la classe du 
n peuple l'a servi en divers lieux de son passage. La 
)> contagion est à craindre parmi le soldat ; les 6f* 
» ficiers se conduisent généralcn^ent bien, et les 
)i autorités .civiles montrent du dévouement au 
^ Roi. «Tespére^mon cher maréchal , que noi)s 
^ verrons bientôt la fin de cette foUe entreprises^ 
» surtout si nojus mettons beaucoup de célérité et 
» d'ensemble dans la marche (Jesitroupes. 

» Recevez^ mon cher maréclial , l'assurance d# 
9 mon attachement et de ma haute considération , 
>» Signé le maréchal, prince d$ la 
» Moàcov^a, pair de France, Ney* » 



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jàu duc de Re^o ( maréchal Oudinot ). 

\ Même lettre qoe la précédente. ] 

)) Et puisque c est la conduite d'un général 
d'armée, d*un maréchal de France, qui est laxée 
dans ce procès de noire perfidie i de lâche trahison , 
accordez encore, Messieurs, votre indulgence à la 
' lecture d'une dernière lettre, écrite toujours le 1 5 
par le maréchal ^S^Jy Siu lieutenant général Heu- 
delet, à Dijon. Eue tous fera vérifier s'il songeait à 
tout, et s'iiiui a été possible de meure plus d'en- 
semble dans seisi mesures hostiles ébntre Bonaparte* 

» Voici la teneur de cette lettre : 

^ù lieutenant général comte Heudèlet. 

Lons-lc-Sanlnier y le ^3 mars i8i5. 

.«Je recois voti;e lettre du i a , par laquelle vous 
A> m'apprenez que les sS^ et 36^. de ligne sont en 
» marche sur Moulij^s. Dans les circonstances où 
» nous nous trouvons, mon cher général, il faut 
» éviter de faire de petits délachemens. Réunissez 
» à Châlçns toutes les troupes sous vos otdres; il 
» serait bien que vous vous y rendissiez de votre 
» personne, ou quau moins vous vous y fissiez; 
j» remplacer par un marchai de camp ferme et in- 
>> telligent. Envoyez à Auxonne les dépôts , maga- 



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%B2 

» sÎDS et effets inutiles; je*dinge le 6*. de hussards 
» sur cette place ^ où il serait également à désirer 
» que vous pussiez paraître un instant , afin de ras- 
.» 3urer les, esprits, et devons convaincre, d'accord 
» avec le général Pellegrin « si tous les moyens de ' 
» défense sont sagement combinés. Faites-nioi 
» connaître ce que je puis tirer d artillerie et de 
» munitions de cette place ^ afin que rien ne puisse 
» me manquer lorsque je serai en m^u^e de 
» prendre l'offensive. Surveillez bien le cours de la 
» Saône jusqu'à Villefranchet Ëcrivez à M. Ger- 
» main , préfet|^ pour Finviter à me tenir exacte* 
» ment informé de tout ce qui peu^ intéresser le 
» bien du service du Roi. 

)» Informez-vous près du msiréchal de •camp 
)) Boudin , à Auxerre , si le régiment de lanciers 
» qui est à Joigny n'a point reçu d'ordre de mar- 
1» che, et prévenez-le qu'il doit éè tenir prêt h partir 
» pour se porter probablement sur ÏKjon. 

» Recevez, etc. » 

K Reste à observer à présent lé maréchal dans ce 
qu^il exécute par lui-même à Lons-le-Saulniér ; dans 
ce qu'il proclame à tous les instans du -jour', de- 
vant ses officiers, sous-officiers et soldats, devant 
tous ceux qui se présentent à lui. 

» Il donne au maire de Dôle ( M. Garnier ) qui 
en dépose, l'ordre de faire entrer dans Auxonne^ 



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pobr. Ift defcnsNà dt« .cette place importante , les vo- 
lo0fMi^ de la gardk» tiatioeale de sa ville. 

-'tt'Pie voulaot pas se r^oëer inr h pooctuafile 
du prëfet de Saône-et^Loife en soïh tfêlre ioformé 
à toute hei^re déspas^ c{tie fait reniieim, H charge 
M. 'Vaiifefeier de dépécher sur Ghâldns deux' 
hommes sùi^ qui rc^i^nfrâient FéclàireK ' ' 

' » Il insîfitiéf H même ordre au chef d'ëscafd^on de 
la geiidartiierïe'Beatîregard,eDrlm reconimaudalnt 
d'^n Vôyer h ià découverte précîséméttt dèui dé ces 
g^bdàrhi^s; de^reilfepèce qtt'ils^vcyâ^êhl^ d^gnîs^s, 
à cê Q[tie cbaetm d'eui^'se po^te ëur deuï K^és dif- 
férenies ahovuésàsM'khjôiàj pour .y obafe'ter sur* 
tiwat ITfes'pfit'ptihBé. ■"•-•'• ^ -s.-'./Mjifr.; ■< 

»' Si , tomme <]e»'stibttltenï^s peti ibsfruits pbu- 
vdietit' tm) bbséW^i», 'éli M mU dèk fâ^rts du 
moios peu eiacts, le maréchal Ney dëiâihde tiû: ' 
préflft clé Im pt^^kWeti'iM libéiMè 'feteti'él^vé, 
ctMili^'4tUrlo«l>iAH5è fidéK«ëet)vèr8^ fèf'liof^, qulf 
puisse charger d'aller* à|Q« itift)riifièftt6b^ dôthme* 
d^MSé^ttiksîoti sé^éé^e. M: de^ Ri3cfbéÛ^Vii^;-attcikii 
g^nlitt^^mme étnigrë sa^^ 

Le mm^hell l'Meë^] -rëncout^* pari^ îëi pro-' 
m6à$fe&>lîfe j^déeehuiiîdrites de sttilîteitef pour ïui 
I4M bMM^dtf'^i r4 MiJtt^a) Mi^dBDii^dë fâr- ^ 
gràt'd^âa podië^fkMiÉr^^é^fiFaià' dé rbùM^'ï^' ^^^ ' 
otfVi^4itt cr4dH»iift«fesiffflè$^cjtftf ^ 



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a54 
et le Fait partir sans délai. La déposition de M., ie 
Rochemont précise toutes ces nUïiQces, él qùoicpé ' 
signalée dabo^rd comme défavorâ^e» elle est pié- 
cîeuse encore sur d'autres faits. :.•:;, 

» D^of celte journée du 1 3 mars» plàsieurs \ 
g^ntilahçpfpfe^ demandeSQtjà- être inccri-poi^éis .dans' 
les deux divi^ioQS ; iU le SOQA sjur. piirole. 

, » Ai^^^ir.^'§q M. de V^uldifer, préf<^,.lç r«a- 
récbat, lç^i5rjse.mpAlre^ÇjQ«s^leàloût ij^ m(Qpd^ : ' 
il a dw%4fr4tpe à toutç.hipq^ç de j.o^r el 4^ miii. 

)> (>ut^ <]ui entrent dEin^SQ^;:^Pj^ le 

siirprex^ie^tenjLpnré^ comQiecç'eit^njuisage» de;. 
sesçarjles-g|éograp|nqQesQellçs^;o<^$;ui^ ,; <<*,' : 

» Il fait arrêter publiquement, ^^ipfjfic^r <)ui ;a 
paru disp9»^ à^l'iU^surRectiOQ^ ;.Qt oi^qnnei aé. cËJmte 
de BauriKiQQt^e là4^re. (i^9du)iiQ ,dw^ laiMadcite- 

» 11. noij^e Jiiaq]ieq|ei;4{q^;iji)ffmfu^er:la}pi^^ 
mière ye^Ui qtjii psieta :^:m^H;Çjeii oommiiHr'* 
cai}on,^yep,çqMesdeBon^ar4ç;. i> r t >: 

. yD^os^jPM^ dqi3mafSt,çWpi^\^les0rni«^^ 
de rester AdèlpRflu Rpi , par jtffii^ïftft«>W*<î>^85^ 
que rx>n.f ai^élcç^^Af géapri^l TsUm 4« Ja'trOUpitf i I 

^"VjPî^fé#^>S^W>^ devî^.êlra;CQ<ftbinoôi^9[«ee j 



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255 
cut^ à Paris, ou sur la roule qui y conduit, afia 
d empêcher Bonaparte d'j pénétrer, à la cour de 
8*en éloigner* 

» Enfin , Messieurs -, qu'a-t«on recueilli dcsdis-^ 
covirs du maréchal Nejr j usquraun derniers ins- 
l^ois ? En voipi le , ^mmàire y d'après les déposi- 
tions de témoins., que je citerai avec< rapidité. 

3» M. dé Scey croyaità la 6délîl^ du maréchal , 
^ après, la violence de aee diècoUre contre BuO' 
Imparte» ■;/.:..'.:■":"•' 

» M. de la Gjeneiiè^e : <( Le .tnaréchallui- 
Y avait manifesté Tit^tention bi<cn poittive demar- 
\ cher contre.Bonaparte. » . , t . : > f 

» M. Cayrol : . a Le mar^dbial.lui a¥»t dît que 
D le débarqi^ement ét^it lé cinqUièhiè et dernier 
,» acte 4e la^ N^p^Monade. -. Les i 2 et 1 3 noars ' 
» il Favait yu persister daps lés mêmes aenUmens 
» pour le I^Qf» iLei^ari^lwI ^e trcMiyant pas n^au-* 
1» vaises:les;S^i)ies;<]ae lui Cayrbl faisait contre 
». Pppaparte. »; .• c .. \ . 

» M. le baron de Mongenet : a Le niaréchal 
>à s'ét^t^annoQçéds^Qsles mei^çures .dispositions, )» 
.. )) M. de.$é||ur £ « ;DÀS:k7:mâPS au maciii , 
» le maréchal lui avait noii^ .de - bonnes râso*' 
^Jfitions.» ... ; . :. 

)> M. le maréchal dç cxfxs^ Gayâ : :SL Le màré^ 
» dàal juontrait jbcgufi9yp de fiireuc^et d'ioâi-. 



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2U 

ai.gsation eonfre Bon«pàrie , eti ^rés^oce ^ 
1^ généraux Leçontht, Mçn^tMMyât ÈùûtttàùM et 
)} autres ; il parlait de la cause du Kel éiféft t^&y 
» méoAe aroo diateuf. ^ ' 
• N M. Dwand : <r I| a quis^i^ lie" rétout de 
»;FtIé d'EH^e^ip.dB^ème'iEfldiestiiie^ aete de la' 

,» M« ièmàrëebatl de camp Bessiéreé : «e Le* 
)) maréchal lui a recommandé , ainsi qu âa!C dfùtreir 
)i dflcim^ 4 de gotxl^îr iidé^fé au Kôi. >r 
- ' n M*. d«' Bdreitt : i Le maréetiàl^^écriait éontr* 
» Bonaparte , qu'il avah liÂt bMudotipi dé Twal ï 
» bFiratlcNF^ quiif laHail éourii^ drotc dessus. » ' 
v tt.lA) (i6 &rn«div « I^liii ^ pài'ù que le ttâré- 
»QlBl&rulairdette>mesar)drè(mire6Àdapttrtê. >^ ' 

» M.' BMtott|^'( cl« Pariîs ) - ^ Le • tfwirécM ; 
»-8wee qtiirhi^ «éMofO^ fiiisaif {^ dfei seà inqtiié- 
>f> tudo sni aiijèti de/;Banâpartè^4iii' âl^t ' répondu r 
» Nous en pendrons a bout. Je fhircii màrt 

u 4K:Je :iyai;pàB«ril', liMi^^ 
^âcrttd» CHS i^ttORiQH^; )e^4ie {Aiià^ {jiâs^ ifiéme vdus 
JaÎMwr ptftil^! lé^' sonveâii' de ce qu'ont rapporté , 
dans le même sens , des paroles si éner^queà ou 
rrÙÊféékA i MMt' dé Sàtnt-Amonr , dé' Sânrans'et 
^ deBmg^BatiPôtàr/ VoO» paitfoÂneréasl m^'scHi^ ; 



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fiâtes' :. on àufaU pti obj.€cier^ oti dii molds pu 
penser que le récil était de eomplaisat^ce ; quil 
était leffet de quelqjle kieoveillaace militaire pour 
UQ camarade aussi distingué. . 

» Mais quand Ce soûl autant d'échos divers qui 
répèlent ies mêmes paroles \ quatid les organes qtii 
les redisent $^nt pour la plupart des administra-* 
teurs ou officiers civils ^ des préfets , aous>-préfets ^ 
des employés; quand oti cpnsidère que ceux qui 
ont en ce point rendu hommage à la vérité, ont 
traité d^ailleurs le maréchal Ney sans nul ménage^ 
ment , à raison de son dévouement subit : il n'y a 
plus moyen de douter, le pyrrbonîsme lui-même 
est sul^ugué* 

» Je suis donc autorisé à conclure en toute se- 
curité , qu encore bien avant dans la nuit du 1 3 
au i4 ^^ ^^i*^ 9 ^^ cause des Bourbons n'avait pas 
de zélateur pins franc , plus animé , {)lus' résolu à 
s y dévouer que le maréchal Ney* 

- )) Âcliiellement que la conviction est dans toutes 
lésâmes, otk eh revient, avec l'acte Jaccusation , 
h se dëttiAndcf f^ar quel encfiantement malheii- 
i^ettt, par cjûel vertige, ou quelle impulsion ex- 
traordinaire, tout à coup le maréchal Ney, ce 
guerrièi- jusque-là inébranlable dans sa foi comme 
dans son courage , est devenu un tout autre homme ; 
comment il^a passé préeipîtatomeot dfe cet état 

TOME H. f '7* 



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i58 
moral , qui était laniour du Roi , la haine de Bd« 
naparte , a Télat tout contraire y du moias à l'ex- 
térieur, d'ennemi de son Roi , et de créature li^ 
vrée à Bonaparte. 

» On nous le demande ! Eh! sans doute, il y a du 
côté des accusateurs ime sorte de droit à nous in- 
terpeller à cet égard : il doit y avoir de la part de 
tous ceux que ce grand procès attache , et qu^il 
trouve ou prévenus ; ou simplement indécis , une 
grande impatience d'entendre quelles raisons nous 
pourrons alléguer. 

D Je ne prétends pas , Messieurs , avoir la puis* 
sance , je ne crois pas même avoir, dans la sphère 
où je suis placé , ni les documens , ni toutes les fa- 
cultés de dire qui me seraient nécessaires, pour 
rendre le compte plausible d'un phénomène sur 
lequel peut-être la postérité seule pourra être 
fixée. 

» Il est, dans Tordre politique ^ comme d«s 
Tordre de la nature, de ces incidens inexpliqués 
qui confondent la raison humaine , et dont il se 
peut que la Providence permette & la justice des 
hommes de ne pas démêler les véritables causes. 
Je me garderai donc bien , moi faible individu, de 
parcourir ici la légende plus ou moins apocryphe | 
plus ou moins équivoque, des conjectures qui 



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^259' 
ôni été formées coaceriiaat le reto r si épouvan- 
tabiementdésastreux de Bonaparte, 

» Je (parle . à des jurés que n'édifieraient , sur 
raccusatîoQ du maréchal Ney, ni les chrouîc^ues 
scandaleuses de quelques nouvellistes , ni les opi^ 
nions hasardées dans Tune des assemblées poli* 
tiques, la plus libre, la plus indépendante du globe. 
» 11 çsl un ordre de présomptions moins témé- 
raires et plus analogues à la justification morale 
dont je suis occupé, qu'il est plus sage d'embras- 
ser et de peser par degrés. C'est uniquement celui 
descattses qui ont opéré par improvisation sur 
Ventendement du maréchal Nej? , jusque-là qu*elles 
Vont aliéné^ et Tout transporté brusquement dans 
une toute autre région y donnant à Thorizon nou-» 
vellement aperçu des couleurs toutes nouvelles, 

» Quoi que Ton dise et que Ton fasse, à quelques 
exclamations que J'on se porte ou de douleur, ou 
de désespoir, ou de plainte, ou de fureur, jamais 
on ne parviendra à dissimuler à personne que ce 
retour« de Bonaparte fut marqué au <ioin de singu^ 
larité dont il n'y a pns d'exemple dans les annales 
du monde : sa coïncidence , quoique fortuite, avec 
ks discussions de Vienne , a frappé plusieurs bons 
esprits. ^ 

» Peu de personnes concevaient et conçoivent 
encore son évasion de fîle d'Elbe, à la vue d'une 



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26o 

escadre chargée spécialement d'observer tous les 
mouvemens de cet être audacieux , eutrèprenaut, 
qui, taut de fois et pendant tant d'années , avait 
agité, bouleversé le globe , placé malheureusement 
trop près du continent pour qut la proximité ne 
dût pas tenir les observateurs sans qesse évei^éssur 
ses démarches. 

» On ne concevait pas davantage qye Bona- 
parte , avec sa flotte, eût pu traverser paisiblement, 
sans le moindre obstacle, Jes quatre à cinq jours 
de mer qui séparent Fîle d'Elbe du littoral de la 
France 5 qu'il n'eût été y\i , visité , arrêté par au- 
cun des bâtimens nombreux , anglais ou français, 
aui couvraient ces parages ; qu'il eût réussi à effec- 
tuer sa descente à Cannes , sans qu'aucune des 
forces qui doivent perpétuellement protéger nos 
côtes s'y fût opposée. 

» Tout cela, Messieurs, n a-t-il pas produit plus 
que de l'étonnement, et dans toute la France, et au 
loin chez l'étranger ? La seule nouvelle du débar- 
quement n'a-t-elie pas produit une stupé^ction 
universelle, un trouble général , qui bientôt a dé* 
concerté toutes les mesures ^ et rendu nuls tous lea 
moyens de détourner cette calamité? Pourquoi 
veut-on que le maréchal Ney, tout seul, se soit dé-r 
fendu de cette sorte de terreur panique ; qu'il n'ait 
pas pu ,*sans crime, se laisser, le i4 mars, ébranler 



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*6i 
par cette apparition imprévue, qui a succedsivefnent 
coostenaé, paralysé, soumis et réduit au silence . 
tant de millions d'hommes? 

MBotiâparte coupable, ituUe fois coupable envers 

riiumaniié, comme le géoiedu mal, semblait avoir 

pris possession de l'univers. Il lavait élôùrdi par le 

prestige des conceptions les plus étonnantes ^ par 

celui non- moins kisurmonlable du premier suc«« 

ces de' son ambition. Sa prodigieuse réputation de 

gloire , ses nombreui traité» avec toutes les puis^ 

'san<3eâ , sôn-^yation à l'empîreconsaerée par la reli'^ 

gion, Bçn alliance avec Tune des plus antiques famil-^ 

ies souveraines') tout ce que sa poliiiqueavait formé 

' et eiécuté d'e0irepri||is colossales , soit au dedans , 

. 'Soit au dehors > .laissant des souvenirs encore trop 

'récebs; Âe disposait que trop les aveugles mortels 

^ à recevoir , en lui , un bomme extraordinaire que 

son étoile pouv^iit replacer forcément au poste 

• d'où h»^ foroê des armes, désormais éloignée^ Fa- 
-VMt fait (Jtéohoîr. 

* • '"* Ma-iï^ marSf en tous cds, aui yeux du msh 
rechal=Ney,«eue clianco déplorable n'était plus 
incertaine. Je Tai déjà démontré, la marche triom*- 

• ph(ilev OU , pour mieux dire, processionnelle etpar 
tourbeii de Bonaparte, sans coup férir, <fepu» 
Cannes fusqn a Lyon -, son entrée et son séjour pai- 
sible dans^Cdtie seconde ville du royaume, avaient 



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26a 
tout entraîné. Désormais la révolution était faite-, 
elle était faite .pour cette partie de la France, 
aussi complètement quelle la été, six jours 
après , pour Paris et pour le cesle de nos pro- 
vinccSé 

»Pr;eneziûainteûaât]VLlemaréc'haINej oomme 
simple militaire, étranger à tous les secrets qom me 
à tous lés calculs de la politique^ av^c ses; habitudes 
contractées depuis vingt-cinq ans, n'ayant vu que 
son pays sous les formés diverses de gouvernement 
qui.s'ctaient succédées. A aucune époque il ne s'est 
prononcé pour aucun des partis.qui se disputaient 
l^utorité en France \ il ne sut qu^ se battre contre 
les ennemis eitérieors; il n'^volé à la défense que 
du territoire : c'est la patrieseule quil^;ec!ip§iiç]érée.^ 
et cette patrie , il l'a toujours vue ddûs.fe réunîop 
des volontés agissantes , qui crépient x* pp^r; «Ini 
du moins, l'image de la majorité. - 

» Voilà 9 Messieurs , des causes générales , qui , 
sans contredit ^ ont pu être admises sané nulle in- 
tention de crime, et qui ont dû assez patureHement 
disposer le maréchjil Ney à céder aii, torrent qui 
est venu l'en traïqer* 

» J'arrive aux causes priiculières qui plus 
directement oilt agi sur .sa volonté, et emporté, 
•en quelque sorte, le. changement de ses résolu- 
tions.- Vous- allez juger, Messieurs, si > <îômme 



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a63 
Pacte . d'accusation rimpute au . maréchal Ney , il: 
y a eude Sa part liberté de choix, dessein de nuire 
à la cause de la légitimité qu'il avait embrassée y 
caractère de parjure^ et si c'est le maréchal qui est 
vraiment rauteur.de la. défection des troupes 9 si . 
I# succès de. Bonaparte conduit psqu à iParis est 
dû à son adjonction ! .'*' [ 

9 Dans. la nuit du i3au i4 mars, tous les rap- 
ports que veçoit le maréchal lui confirment défi- 
nitivement les tristes détails de Toccupaiion , de 
Lyon. Il appresd que Bonaparte s'y est publique-* 
ment saisi des rênes du gouvernement ; qii'il y a 
rendu, plusieurs décrets ; que de toutes parts des^ 
ordres sont partis ,. des délégués $ont en marche 
pour forcer rjexécution de ces décrets. , 

» Il apprend que, bientôt après avoir ainsi ré<^lé. 
les affaires dç, sa/nouvelle administration, Boûa- 
parce à quitté Lyon au milieu des acclamations de 
la multitude) qu'il mardie à grandes journée^ $ur 
Paris p^ la Bpurgogne; qu'il est précédé, escorté , 
suivi pa^ dm forcfs imposantes qui^ à la sortie de; 
Z^on , excédaic^nt quinze mille hommes; qu'eu 
tous iieuK INsspritr publie décuple cette armée . e^ 
lui ouVjpe.le cheiûin. 

■ » Les coun&uns s^s , bieo en ayant.de lui , ont 
pris possession, en son nom, de Mâcon , de Châ'-, 
lon9f d'Autan même, quoique \e maire de cette 



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a64 
iilld ait vouTii pallier cette cireoostafioe , en en re^ 
^ecaDt-la faute sur la derutère classe <jl6 ses admiv 
pistrés. ^ • ':'"■■ f ■ 

». Désormais , à U hauteur de I^ao$«*le«*Saultiier , 
h Hgne de défeiise da maréchal est dépassée, 

'A El il «st trop inférieur en forces^ pour ^% 
puisse soqger a rien eotreprêadre^ . , 
' » Ëiit^îl ÉiS$^z de moDcte.pour en. concevoir le 
projet i îln'a point d artillerie à opposer à c^iâ de 
Grenoble et de Lyon. 

» Des dépéebes lui parviennent de Difon par le 
lieutentiDt général comte Heudelet qui y com* 
inande ; eltes lui découvrent 4out )e danger* qu'il 
court du cofé des soldats qui sont *w(our de lui 
et des babitans qiii le cernent ; elles lui mettent. 
sous les yeux Tcxemple de ce qui vient de se passer 
et à Châlbns et à Dijon même , c'e9t-^ire, sur un 
point encore plus avancé. '* 

)) Ces témoins-là sontirrécnsable$^ c'est Focéur^ 
rence toute seule qui les ô produits. Perili^tfes , 
Messieurs, que je vous les fass^ enteâdrek - 
^ » Les deux premiers sont des copies , que ^ 
comte Heudelet en.voya certifiées au maréchal, des 
dépêches qu'il venait de recevoir du maréchal do 
camp Rouelle, Convïiandant à Châioiis / datées 
du 12 mars, 

i> Voici ce que maudait le naaréchal de camp> 9 



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« Mon gépéraï > jài rhoaopi}r de yqù^ accuser 

V yant à Châloq^^ j!«ii liouvé l:>ru(lleri& gaid^ 
» par la gar(^ nationale de la ville ^ sur Uxoute d^ 
y Lyon ^ elle &esx réunie en gr£iod npmbre pour 
)) ne pa9 la laisser pj(irMr^ depuis^ ce matin une 
» partie des habitans de la ville a arboré la ce- 
» carde aux troia couleurs , et Je drapeau blanc 
» a été retiré. M. le préfet , qui fst ici , a écrit ' 
» jplusieurs fois aux autorités pour avoir des che* 
» vaùic V et touîonrs inutilement. Le 3^ bataillon 
» dii ^O^.jégimw%r fort de !2iohoawnes, d^ot 
fè la moitié ne $otit pas arm^fiî i yi^nt d'iarriver dans 
» cette viQe ^ une populaUQH inpmenae^ ^'e^tporj^ 
n.Ufi àr^a rencontre ^^ am cris 4e viu^ îempe-^ , 
» reur! etc. Il eb a été 4^ même à Tourûus,^ 
» Ve^Udes habitons e»t montéaUpiu$^fwut 4^k 
^ g^é.i ^t il^ di^ei^t puvertemem^ q^epar tQute;^ 
» sortea de moyens ils §oppoa£»fOnt W départ diç • 
^ IVûileiip. ... V 

» |> gend^Mtnorie a vécu F^wdrfe 4e son ^lo- 
a nel, 4)1^ fsiik i.yop^:d6 remuer d^ps ^$ rési- 
V denees., ce <]u»(iç a exécpté y le ç^iiaix^ est 
» retourné à MâiX^iK 

» Je vais Èare tous.«MaeffQrt« popir faire partir 



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^266 
» ranlllerie : je la dirigerai sur Moulins par Au- 
j) tun, et je resterai ici avec M. le préfet, s'il ne 
)> me parvient pas d'ordre contraire, jusqu'à ce que 
>; les circonstances me forcent d*ett sortir, Jô 
» me dirigerai alors , ainsi que le bataillon ^ sur 
» Autun. : ... • 

» J ai l'honneur de vous saluer avec respect J 
>) Le maréchal de camp y signé Rouelle. 
» Pour éopîe conforme , 

yi he lieuienant^gênèral ^ 
)) Signé le comte Heudelet de Bienne.» 

ChAloD*^ 19 mar» i 8td. « . 

« Mon général , je reçois à Pinstam votre lettre 
y> de ce jour , et m'empresse . d'y répondre. Une 
» lettre que je viens de vous écrire , il y a utie 
» heure , vous instruit de la position dans laquelle 
" Il je me trouve* L'esprit ai insurrection augmente ; 
»les autoritéi^ viennent de me prévenir qte les 
» habitans oot absolument décidé de ne.poînt 
» laisser parlir Tartillerie. • ^, 

» Voici tes événemens antérieurs ; les princes 
» ont éwdLCvè Ijyotk dans la rhatinée du xo yle% 
» troupes ^ ayant refusé de se . battre *, Bonaparte 
» y est entré le « i , et a ensuite envoyé ries 
)) troupes à Villefranche ; je -suis parti le même 
» jour de Maçon , pour me rendre à Châlons. 



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% Depuis le ^ jasqaau ip , je naî eu ni pu me 
» procurer aucun reoseiguement ^ etnai rien reçu 
» d'officiel. 

» Je suis dans la position la plus critique que 
>rron puisse imaginer , et je vous prie , mon gé- 
» néral , de m envoyer vos ordres le plus promple- 
)) ment possible. D'après Tordre général , toutes 
» les forces sont dirigées sur. Moulins, comme 
» j*ai eu Thonneur de vous en instruire. 

» Un officier m'annonce k l'instant même Tar- 
V rivée du 1 5*. léger; cela ajouté à mon em- 
» barras ; les habitans vont encore faire tout ce 
)) qu'ils pourront poui* les ranger à leur manière 
» de voir. ' 

» L^artillerie m'embarrasse d'une manière cruelle : 
T) tout est employé par le peuple pour ne point |a 
-ff laisser partir , et je ne sais quel est Fesprit de la 
» troupe qui doit arriver. 

' i» Je vous prie de donner vos ordres pour que 
» ieî$ troupes ne passent plus par Ghâlons ; car , à 
» leur sortie *de cette ville, on ne péutpîus compter 
» sur elles. ' 

» Agréez, elc?.'' 
a Signé , le maréchal ch camp , Rouelle. 
'''' )) Pour copie conforme , 

>) he lieutenant-général^ comte Heudelet de 

BlENIfEi b* . 



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a68 

« Quant à lavertissement direct da comté 
Headelet sur la posîtiocides choses à Dijoo , voki 
ses termes: 

PiJQit, l4iii«ra i8i5| liait I^i}repi4t;dfim»«iii:| qk^ÛQ. 

w Monseigneur, 

)i Le général Rouelle et le préfet de Saôn^ 
» et Loire ont été obligés de. se sauver de Châ- 
i) lons-sur*Saône, où une iosnrreçtion a édaté ^ 
V le peuple; a voulu les lanieruer, a brisé les roues 
j> de larxiHetie a ^.retenu ^neiàngt^ine de cais^ 
» sons et-^xbpucfces à feu j ç< il^ se sont cchapr 
î) pés dans la nuit et sont arrivés hier à rnidi^ 

» Cet esprit a ^igné Dijpji ; on j a pris la cq- 
)) carde tricolore^ et des. gpoupes laombreu? par-î- 
» courent la vijle en criant uipe,Bonap<frte! H 
» ny a pas eu d autres exciÇSi la gcyodarraerie etïes 
» troupes n^usept-de les répriflo^r. Je ne veux^pas 
;^ eo être plq^ Ipug-iemps le téaipip bçnévolç,.et 
» je conîp<.e quitter Dijon irès-inppsaafmmeni pour 
» m'élablir à Châtillon. S'il tn est *de même dans 
» cette ville , j'irai à Troyes , clvS^ççessivem/ent ; 
» mais je$pèr<e.qMe Jt i^e tro^uvei;ai pas parlo^il des 
» télés aussi exallées ;de^ l/lgistes de Dijon sont 
}) allés eh dépo talion à Bduapàite,, 

» On rassemble 4es troupe^ à Sens, où Mon- 
M sieur se rend. 



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» Les troupes de Bonaparte étaient annoncées 
)» pour aujourd'hui à Beaune*, une lettre datée de 
S) Chagny, le i3, d'un major commandant lavant- 
ji garde de Favant-garde, ainsi qualifié, adressée 
» au maire de Beaune , y demande cinq mille ra-** 
)> tions pour le i4 au.soir ; je n'ai pas cependant 
» de certitude qu'elles y arrivent 5 votre présence 
» doit les inquiéter et les arrêter. 

» 'Je quitterai probablement Di^n aujourd'hui ; 
% le préfet est déjà parti: si votre alteSséa la bonté 
>r de me faire conn^fître ses mouvemens , je la prie 
» de m'adresser ses dépêches sur Châtillon ; je 
» eompte coucher ce soir à Charceawc. 

» J'ai donné l'ordre d'évacuer sur Auxonne le 
» dépôt de poudre de vente, qui était à Dijon , et 
» qui consistait en trente milliers environ. 

» Tai aussi donné au général Pellegrin celui de 
» faire entrer à Auxonne celle de la poudrerie de 
» Vauges, et j'ai donhé à ce général le comman- 
» dément supérieur de la ville d'Auxonne. 
. » J apprends qu'A utun est aussi en insurrection; 
» des officiers, qui allaient* en poste sur celte route 
» à Moulins, ont été arrêtés par les iiisurgés. • 

» Un officier dépêché par Monsieur a passé ici 
» aujourd'hui; il va à Langres et dans cette di- 
». rection pour faire diriger toutes les troupes sur 
"». Sens \ il voulait essayer de remplir la même 



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27® ' 

» mission sur Bourg , Saint- Amour, et Selllères ; 
» mais il n'avait pas passé et avait été en an^ésta- 
» lion quelques heures du côté d'Aqtun. 

» Je n'ai aucune autre troupe qu'environ deux 
» cents hommes du :25*. 5 je ne sais si je pourrai 
» les conserver •, je ne compte pas plus sur la gen- 
» darmerie. Le 3«. bataillon du 56*., qui était fort 
» d'environ deux cent cinquante hommes , et le 
» détachement du 6«. escadron du train d'artille- 
» rie qui était k Châlons, et que M. le général 
» Rouelle avait fait partir au moment de son dé- 
» p^rl en leur donnant l'ordre de se diriger sur 
» Dijon l' ont déserté, 

» Je suis avec respect , Monseigneur , 
» De votre altesse , 

» Le très-humble et très- obéissant serviteur, 
» Le lieutenant générai commandant 
la I8^ division. 
« Signé , conaie Heudelet de Bienn f.. n 

« Quel espoir conserver pour soi lorsque , à 
une distance éloignée de plus de trois lieues que 
lioias-le-Saulnier du foyer de l'insurrection, elle 
éclatait avec tant de violence! 

w Mais 5 Messieurs , le maréchal Ney n'en était 
plus à conjecturer, d'après cette agitation des pays 
environnant , ce qui pouvait lui arriver. Dans la 



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^1} 

nuit du i4 mars, il avait acquis de douloureuses 
certitudes sur la désertion actuelle d'une portion 
notable de ses forces , sur Finëvitable défe<^on 
du surplus. 

)• Déjà, je vous ai cité ce éri d'alarmes que M, le 
préfet de r Ain était venu je%, fort en avant , dans 
la soirée du 1 3 mars : C^est une rechute de la 
répolution. En preuve de ce terrible prononcé , 
M. de Capielle avait raconté Fentière défection du 
76*. régiment , stationné à Bourg. Sur les trois 
bataillons dont il se composait, Fun, servant 
d avant-garde au maréchal depuis deux jours , ve- 
nait de passer à Bonaparte. Les deux autres ba-< 
taillons , insurgés dans Bourg , gardaient à vue , 
dans son domicile, le général Gauthier, leur 
chef. 

» Vous avez entendu, Messieurs , sur cette con** 
duite désordonnée du 76*. , ce qu'en a rapporté le 
g&iéral Gauthier lui-même. Il vous a tout dit , en 
TOUS déclarant que ses soldats l'avaient contraint 
de rejoindre Bonaparte , qu'ils avaient rencontré 
à Châlons. Qui s'avisera de faire un crime à ce 
brave officier d'avoir cédé à la violence ? 

)) Ce qu^elle a opéré à Bourg , infailliblement 
die devait l'opérer à Lons-lé-Saulnier, sur de» 
troupes dont celles-là formaient FavaUt-garde ; 
lout se transmet avec rapidité dans tous les rangs 



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d'une même armée ^ surtout à. si peu de distance « 
Le départ du 76*. régiment, dans la matinée da 1 5| 
pour se rendre avec Bonaparte^ eo forçant soa 
chef à l'y conduire , était connu à Lons^Ie-SauI- 
nier dans la matinée du i4* Dieu sait quelle ru-» 
meur ily avait excitée laquelle répétition des mêmes 
scènes les soldats s y étaient promises I 

» Y^ ayait<^il en effet » parmi les troupes réunies 
à Lons«le*Saulnier , des dispositioi» antérieures et 
prononcées de se ranger du côté de Bonaparte? 
et est-ce, cooxme lacie d accusation Taffirme, lé 
maréchal Ney qui le premieri et par sa démarche f 
leur a suggéré ces dispositions? 
. » Cest là 9 comme nous le concevons tous 1 le 
siège principal de Fincriraination* Il est donc in-^ 
dispensable qu une révision rapide des témoignages 
entendus achève d!éclairer Vos consciences à cet 
égard. 

» On Yoos a dît « qu'à la sortie ioéme de fib* 
}) saneoQ, plusieurs' soldats avaient matntksté de 
y^ mauvaises dispositions. » > 

a M. de Gnwl: « Que. dans la soirée du 1 5 
» mars, étanc à* Lons^Ie^SauInier , il avait écrit 
V trois lettres ; Tune , an Roi \ ladeuxitme, ani gé* 
}) néral Dessoles^ la troisième , $ M^ le comte àé 
» Vioméuii. Dans ces. lettres ^ dit-îl ^ }e remiai^ 
» compte dcf Tespiît dos ironpcs , ex \e xmûâm 



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^7? 
» que si ieelles que je voyais dms le département 
.» du Jura se. trouvaient jamais en prince de Bo-^ 
» naparte ^ plus de la moitié passerait de son côté ^ 
>) officiers et soldats. » 

» M. de la Gédeùère : ^c Que plusieurs villes 
)i du. Jura, avaient un mauvais esprit. La ville de 
» Lons-lerSauInier renfermait aussi une .masse 
» d*bommes dévoués à Bonaparte* » 
. » M, de Faverney. : « Qu'il tient du général 
n J^jecourbe ee propos é)(piatoire de rassentiment 
)>. qu*il. avait donne à la journée du i4 : << Que 
» vouhzruous qttejefa6se{ avec des juremens )> 
>y si les soldats ne veulent pas se battre f » • 

»'M. de Bourmont lui-mêrne : « Il y avait ^ 
9 depuis Lyon jusqu'à la limite du Jura , une 
» fureur révolutionnaire fort dangereuse. » 

» M» Passinges de Préchamp^ colonel de Fétat- 
major : <c J'avais la presque certitude que tout 
D ce qui était sous-officiers et soldais, et la pb» 
»; grande partie des officiers subalternes^ étaient 
» restés affectionnés à Bonaparte, et qu'on ne 
» pouvait rien en espérer pouj" le service du Roi. » 
i » M. le marécbal de tsarap Guy : « On disait 
D publiquement que les troupes de Farmée (la 
)> maréchal Ney , qui étaient à Lons-le-Saulnier; 
» manifeal£ent hautement et généralement une 
)> intention bien prononcée de se joindra à Bona«* 

TOME II. x8 



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^34 ' 
» parle , plaint que d^ se baùns ooinre kii^ en jV 
3» tiiot daos les rues les cocardes et lears oartou"- 
» cbes.) aux cris répétés de pipe Ntipolèon! pipê 
» t empereur! , 

y M. le comte H^udeiel : « L'opinioii pudique 
» elles dîrcsdes vo^fageors saocordiMeiit&peîadre 
)» la- siiiMitob des êspt iid dans- le^ Jaii^a , o^mme 
» étant à peu près dan» te» marnes dîsposittoos que 
» icMxdemdticoiîims^iidemeiat ^ là suuatio»poKti' 
>9 que de eeux-ci 0*étak r ie6 nftoiQsqae rassui^aute^ 
)> Les royalistes étaient e» exn*éme iUtDorite. La 
» masse du peuple était prononcée pour Boq»^ 
» parte^ elle comprimât les serviteurs du Roi > 
» êife les dieciaçast déjà haUtemenl/et les 6ompa' 
» gnie» manirestàiei»! gétiéralefiaent riutentîoD-de 
.j> grossir 1 armée rebe(le« 

b é • . • « • Je ne crois ^s qu'alors le màtéchal 
fileiy eitt pu sopposef efiîcaeemeot aux progrès 
detJPonaparie, et, à plus fivte raison /si, cpmme 
î'ea suis persuadé^ il âe povrviaic pkis compter 
sur la fidélité de ses troupes. » 

D M. le baron Aiermec : ^ L*iotenuoo du ma«<' 
h rébhal ^éiait de doocentrer ses forces , pour ne 
».pas Kvrer les corpa isolés à eiu-asènn et évite# 
if des.' points de contact aveo Napoléoo* n 

d> M* le géiiérd Besnères : ce Lee â^oopes tim 
» reiii une conduite (fisciplinée à la sortie de 



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» Besançon ^ mais elles me parurent disposées 
» en Ëiveur de Bonaparte... Par celle raison, le 
• » maréchal Ney n'était pas en mesure de s'op- 
» poser aux projgres de Bonaparte ^ là masse des 
» habitans du Doubs était en sa faveur. » 

» M. de Vaulchîer : « (Ayant farrivée du ma- 
>î réchal y la disposition des troujpes était équî- 
» voque. Je parlai aux officiers de deux fégimens 
» d^infan^erie qui ine parurent très-froids, » 

n Enfin, M. de Càpelle, dont les déclarations 
atténuantes pour h maréchal ^ont si loin d*étre 
suspectes: « J avais précédemment cAserve à M. de 
» Bburmont que, n'ayant environ que quatre' 
» à cinq- mille hommes , il me paraissait impos-^ 
» sible, avec cet esprit de vertige qui se deve- 
D loppait parmi les soldats , il pût espérer au- 
3» cune chance avantageuse en marchant sur les 
» troupes de Bonaparte. 

» J'étais convaincu- que les troupes du mâ- 
w réchal Nèy , mal disposées^ et inférieures en 
» nombre , n'auraieqt pas tenu devant celles de* 
«Bonaparte, et auraient immédiatement grossi 
» le nombre des trattres , etc. , etc. » 

» Dans qtielle procédure, sur l'objet capital de 
raccusation, a-t-on jamais rassemblé dés ins'U'uc- 
lions aussi concordantes; aussi positives ?' Que ré- 
sulte-t-il de ces observations multipliées sur Tes**' 



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pril qiii dominait à Lons-Ie-Saulnier, notaniment 
parmi les troupes? quelles étaient» avanl le i4 
mars, avant Tinslant fatal où le maréchal Ney s*est 
prononcé , tout-à-fait décidées et d'elles-mêmes à 
aller au-devant de Bonaparte ^ à suivre l'exemple 
de leurs camarades du y6«. , et s'assurer par les 
mêmes voies de la résignation du maréchal à. les y 
conduire. 

» Ceci à toujours restera pour démontré aux 
impartiaux; ceci Tétait bien pertinemment ei^ tout 
cas pour le maréchal, lorsqu'il a paru prendre. une 
détermination, et que, dans le fait, ii s'est résigné, 
afin d'éviter un plus grand mal, à concourir à. une 
jonction qui se fût bien e£fectuée saps lui/ 

» Jusqu'à présent vpus êtes fixéâ, Messieurs, sur 
une foule de causes, tant générales que particu- 
lières, qui oqtdii pwssamment concourir à ébran- 
ler la constance du maréchal Ney; mais ce qui de- 
vait achever d'en triompher, vous ne le connaissez 
pas encore. Je suis ici forcé de rappeler tout« votre 
attention. 

» Sur les simples annonces de l'arrivée de Bo- 
naparte, et plus il approchait des contrées voisines 
de Lons-le-Saukiier, le faux enthousiasme du sol- 
dat avait été^croissant de minute en minute. Dans 
la niiitdu i5 au 14 mars, il. est tout à coup.porté 
à son comblei De nombreux émissaires de Bonar 



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277 
parle pénèlreol daDsIejcaïup du maréchal^ ili riaoïv 
dent d'ai&ches et de proclamations imprimées, où 
i$ont distillés tous les poisons de la séduction. Le 
soldat y puise à longs traits Tivresse et le délire. 
Les têtes fermentent, toutes se portent au plu^ 
haut degré d'effervescence. Bientôt le maréchal en 
est informé. > 

» M. Passinges de Préchamp , sous-chfef d'état- 
major, est aSirmatif sur ce fait de la distribution 
des affiches et proclanujitions imprimées* 

» C'était la tactique bien connue de Bonaparte ; 
il Tavait exactement pratiquée sur toute sa route, 
à mesure qu'il gagnait du terrain. 

» Que s'ehsuivit*il ? qu'à partir de ces conta- 
gieuses distributions , le maréchal peut, plus d'ar- 
'mée^ que tous les principes d'action partirent des 
extrémités au lieu d'être imprimés par. la tête du 
chef. 

» A tous ces assauts livrés #>up sur coup et 
de tous côtés à l'imagination du maréchal , vint 
s'en joindre un dernier, dans la même nuit du i5 
au i4 mars, non pas par l'acciès donné au fond de 
sa maison à de vils corrupteurs qui se présentas* 
sent avec l'abominable projet d'acheter sa foi; mais 
par le tableau raisonné dans le sens le plus propre 
à séduip l'ami fidèle de son pays, celui qui lui 
avait jusqu'alors tout sacrifié ; mais par une habiU 



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^oumérsitioD de toutes les garanties queBonaparter 
prét^Dtdaii avoir du côte des (nûssanoes, ducôtéde 
1^ Autriche surtout;ixiai8par une petmuFed^chiraûte 
des maux qui allaienl se déverser sur la pati)ie,si 
le maréchal y p»r une rénstance inconsidérée, et , 
après toui^désoitnais infructueuse, allait Teiposer 
à des décbiremens. n 

» Je veut parler de la lettre reçue ^du général 
Bertrand , cet intime confident de Bonaparte, qui 
sut si bien alors propager ses insidieuses assertions. 
Tout y était prévu etmisdans la balanee. 11 j avait 
^lution à tout; et ce qui acheva de vaincre la ré-- 
puguance du maréciiai , de détruire ses ^rupules , 
de. triompher de ses irrésolutions, ce fut ce qu'affir- 
mait le général Bertrand , ce dont le maréchal éiait 
d-aillenrs préoccupé et -déjà convaincu, que S. M., 
que son auguste famille, au 14 mars, avaient quitté 
Paris , et très-probablement aussi la France «11e- 
meine^ en sorte qi4l y avait, dans l'opinion du ma- 
réchal , absence du gouvernement envers lequel il 
était lié. , • 

* » Ce dernier aspect sous Içquel le cliaogement 
frété proposé au maréchal, ayant été le p4us déci« 
sif, vous me pardonnerez. Messieurs, d'y insister. 

» Vous vous rappelez que les instructions du 
ministre de la guerre, les seules que le maréchal 
ait reçues^, lui ;donnaiettt pour chef supérieur mi*« 



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^79 
lUaire S. A. R* Monsieur^ et lui faisaient une loi^ 
ii^pérâtive de prendre les ordres d^ ce priope^ de 
1^ seconder , etc. 

» Vous vous rappelez que le marécWl Ney,. 
fidèle à ces instructions , avait débuté» dès le lO 
çiarSy par demander ^Monsieur de le mettre à la 
tête de son avant-garde» 

. » Que la iharcjtie, accélérée de Bonaparte, et les 
destinées de la France, en avaient déddé ^sintre- 
ment dans Lyon , avant mémQ qpe foffre de dé- 
vouement du maréchal fût parvenue. 

» Yçus avez remarqué 4'excès de.;çoiilrariéié et 
4'ciffllction que la retraite inopinée de Monsieur^ 
deJ^yonsur Roapne, avait causQ au maréchal 
Ney,puisquen celte occurrence il avait été jusqu à 
improuver ^ ignorant la gravité des obstacles , qu on 
n'eût pas marché droit, et tout.de suite, contre Bo- 
naparte; qu on ne feût pas combattu, etc. 

» Dans les premiers momens, ce qui avait mo- 
déré le chagrin du maréchal Ney, c'est que la 
retraite sur Roanne, quoique, relativement à Jui , 
efle fût un faui mouvement en ce qu'elle Téloignait 
du pinnce, c'est-à-dire, du centre des opérations; 
cette retraite du moins était une preuve que tout 
n étmt pas perdu , qu'il y avait encore moyen de se 
rpJlier et d^ s'entendre. 
\ n Mais dana les troi^ jours qm se ^çm\ ^plés , 



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ftSo 

du 10 au i5 mars^ ce deraier espoir kn-mérbe 
d^uae communication uiile avec Roanne venait 
d'être enlevé au maréchal Ney. Il avait fait tous ses 
eflforts, d'abord par Teniremise de M. le duc de 
Mailhé, ensuite par celle du niarqnis de Saurans , 
pour obtenir que Monsieur lui intimât ses ordres 
ou lui communiquât sgs plans ^ qu'à défaut de 
ressource sur Roanne, S. A. R.» daignât venir le 
joindre à Lons-le-Saùlnier^ et relever par sa pré- 
sence tous les courages, toutes les généreuses 
intentions. 

» Aucun des messages da maréchal Ney n'a- 
vait pu rejoindre Monsieur. Dans la nuit du i3 
au i4> il eut la certitude ^ue S. A. R. s'était rendue 
directement à Paris j qu'ainsi tout plan de carapagnq 
était abandonné. 

» Six lettres consécutives que le maréchal avait 
adressées en trois jours au ministre de la guerre , 
par des courriers e^^traordinsiires et ^ heures; 
datées, étaient restées ^ans r^poqse. Aucune nou-r 
vplle de Paris ne lui étçiii parvenue^ Il ignorait abr 
solument c^.qvi.i pouvait s y passer. Dans un tel 
délaissement, quelles inquiétudes, ou plutôt quel^ 
noirs pressentimens Timagination troublée du ma- 
réchal ne devait-elle pas concevoir? Et quel crédit 
pnt dû avoir sur son esprit les alertions du généra} 



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Goo^(z 



î8i . 

Bertrand, que la famille royale apoit pris' le 
parti de se retirer! 

» Ce n était ps d'ailleurs upiquement par cette 
voie, que le maréchal avait été abusé ^ur le départ 
anticipé des princes. Il parait que Bonaparte, enflé 
de ses succès dans Lyon, y avait commencé à en 
semçr le bruit. Il fallait bien qu'il eût ainsi expliqué 
les. mesures qu'il pVenait de s emparer du gouver- 
nement, comme vacant, pour que les ii et 12 > 
mars, le maire de la ville de Lyon, homme es- 
timable sous tous les rapports,, royaliste fidèle, et 
qui de sa vie n avaiuété en rapport avec Bonaparte , 
prît sur lui de faire imprimer et afficher les deux 
proclamations dont je suis muni. Ce maire ayant 
cédé à rillusion nécessarre de Tinlerrègne , Je ma- 
réchal Ney,qui neiaitqu'à vingt-trois lieues de dis- 
tance , avait dû promptement la partager. 

» A plu$ forte raj^n , trois jours 'plus tard que 
le 1 1 , Bonaparte , toujours plus attentif à ce qui 
pouvait lui aplanir Içs obstacles, ceux que l'hon- 
neur surtout devait lui opposer, n'avait-il pas 
manqué de propager sOn fabuleux système de la 
retraite du Roi? . . ' 

>r Lisez, Messieurs, le Moniteur du i g mars*, 
vous y vérifierez, à l'article Paris du 18, qu'avant 
d'entrer dans Autun , Bonaparte avait fait publier, 
^lr# autres, cette imposture, L'article porte : 



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« Boniçârte eoBtiiiûd à répstnâce sur la route fe 
» mensonge et la corruption..,. Il débite les rai)les 
jT les piii# absurdes, telles que le départ du Roi de 
T» Pmris, et le soulèvement de la capitale, etc. » 

» En tnèi»e temps reportez-vous, Messieurs ,^ 
à ce téoioin que j*ai déjà tatpt de fois iûvoqjué, 
qtKnqU'il nous soit de toits le moins favorsA»!e y c est 
M. de Bourmont 5 que vous atie&te-t-il? Que ^ans 
k «nètinéedû (4) '^ naqréchal'Ney , au moment où 
il con^muniqua à lui' et au général Lecourbe la 
proclamation qrfil se proposait de lire aux troupes , 
en donna pour motif ^ que tout était fini , que le 
Roi devait avon* quitté Parts. M. de Bourmont , 
pour l'acquit de sa conscience, sans doute-, est 
revenuii deux reprises sur cette particularité : en 
tm autre endroit de sa déposition écrite , il a répété 
tenir du maréchal, que le Roi ne devait plus être 
h Paris , que le conseil lui avai^té donné de quitter 
cette ville, etc. 

' » Ea combinant toutes ces rdations, il n'y a 
aucun doute ^ue le maréchal Ney n'ait cru ferme- 
ment que sa délermînateon ne ferait aucun tort 
au Roi; que S. M., pour éviter reffusion du sang, 
s'était éloignée-, qu'il y avait absence réelle de tout 
gouvernement, et qu'au total c^étaîi au salut.de la 
ehose publique qu'il fttlhftt ecùrir. 

M T<Htt eet antécédent demeurant afvéré, je tousr 



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a83 
supplie présentemeoli Messieurs ^ avant d'asseoir 
TQtret jugeâiQQt $ur la lecture de la fatale proda^* 
matioa^ de saisir diverses nbaoces qui me demblene 
en atténuer excessivement le reprœbe. 

» D*abordcest un point quon ne me eontôsiera 
pas f que cette pièce n'est nullement f ouvrage dû 
maréchal Ney.Le^yle seul en décèle assez lAiiteur. 
Elle lui a été apportée toute rédigée. £n s'arré-^ 
tant à la date quelle a conser^^ du i3 mars , 
il est évident qu elle était composée d'avance , le 
jour de la lecture qui en a été faite se troavanc 
unanimement fixé au i4- 

» Ensuite son contenu n'otfrait rien de neuf : h 
quelques tourqures de phrases près , c^éiait en subs* 
tance la répétition de tant d'autres affiches el pro* 
clamations déjà lues, déjà affichées ou distribuées, 
sans qu aucun des auteurs de cette publicité ait été 
recherché. 

» Dans letafd exaspération où étaient les troupes, 
la leur faire connaître n avûc au fond rien de dan^ 
gereux. C'était les occuper tout simpiemeot de la 
lecture d'une gazette dont plusi^ira soldats avaient 
des exemplaires dans leurs poches. Cette lecture 
ne pouvait pas changer les dispositions d'un seul 
homme ; elles étaient, chez tous, a^z prononcées. 

» Quand le maréehal se fut décidé à satisfaire 
l'i^mpadence des soldats ^ par ce sig«e d'adbé- 



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284 

non l et à les détourner du moyen séditieux dont 
leurs camarades à Bourg s'étaient servis , il n ar- 
rêta pas cette décision dans Tombre , ni de sa seule 
autorité, sans consulter personne. 

y^Deiix circonstances bien importantes seront 
éternellement ineffaçables dans ce procès. 

» La première , que dans la matinée du i4 
mars , deux heures avant d'en faire la lecture , le 
maréchal manda auprès de lui les. deux hommes 
dé son armée réputés les plus sages et les plus 
surs dansj'occurrence , les généraux Lecourbe et 
dé Bourmont, du grade le pluséminent après lui , 
et ses conseils naturels ; qu'il leur soumit la pro- 
clamation qui était sur sa table, et qu'après qu'ils 
l'eurent lue, chacun de leur côté , il les consulta 
sur la question urgente de savoir s'il devait ou s'il 
ne devait pas en faire la lecture aux troupes. 

» Je ne m'arrête pas ici sur la vive opposition 
qui existe entre M. de Bourmont et M. le maré- 
chal , au sujet de l'opinion qui fut émise en ré* 
ponse par ce témoin. Pour^ tous ceux qui ont quel- 
ques notions des règles et des usages militaires , 
cette opinion est toute révélée par ce qui .Va 
suivre. 

» La deuxième circonstance prononcée est que, 
deux heures après cette délibération, le général Le- 
coiu^beei M. de Bourmont revinrent auprès du ma** 



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tas 

réçhaI;'etdaDsqiiel clesselD9Messieurs?pour Fàccotn'» 
pagner sur le terrain où la troupe était rassemblée ^ 
pour l'assister, en grande connaissance de cause, 
dans la lecture qu'il en allait faire. 

» Cette assistance, je le demande, n est-elle 
pas , de la part de M. de Bourmont aussi-bien que 
du général Lecourbe , la plus forte approbation 
de la pièce ? n'en cerdoraient*îls , n'en corro- 
borai^[it-ils pas la teneur, par le seul fait de leur 
présence, eux, encore upe fois, officiers si mar- 
quans , si influens dans Farmée ? 

» C'est ce que le général Lecourbe a parfaite- ' 
ment senti, lorsque, fort beureusement inter<« 
pellé quelques beures avant sa mort , il a répondu 
mot pour mot : 

a Oui , je ne ^pouvais pas m'empecher , ainsi 
» que le général i^ourmont , de parattreàrassem- 
» blée des troupes : leur esprit était monté au 
» point gi/ily eût eu du danger^ en pure perte y 
» à ne pas le faire; ce que le maréchal Ney nous 
» & envisager. » 

» Qu'elle est à la fois ingénue et concluante , 
cette confession du général Lecourbe ! Ne vous 
dit-elle pas tout , Messieurs, pour l'excuse clu ma- 
réchal Ney lui-même d'avoir lu ? 'Quoi ! il y au- 
rait eu du danger pour le général Lecourbe , pour 
M. de Bourmom, et un danger eo pure pertes 



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^86 
s*U$ 'se fusteot seuL^meot abstenus de paraître a \â 
télé dea<:orps,eox qui, âpres tout, n'étaient pour- 
tant que des personnages secondaires ! qu y aurait- 
il donc eu pour. le maréchal Ney , et quel traite-- 
ment lès soldats lui eussentr-ils réserve, s'il se fut 
obsiii&e i garder le silenee? 

» Je fins tràte k œs réflexions qui me paraissent 
tnncfaaates', pour rendre un- Hommage pubKc 
( p«iiaque loocaâon meaest doànée par nion sujee 
Baéaie)àIati:^otéJiiv^riabledu général Lecourbe. 
La tombe nous a enlevé favantage, qui eût été Hta 
précieus pourrie màreelnl Ne^, de le faire^ con- 
fiK>ntèr aroc M; de BoUnxiont suf, quelques article^ 
mal éélaircis.. TonMefoisi , le général iLecourbe, 
dont la déposition écrite a, dans: Tespèce, toute 
ranloriiié d*àn .lestamenil de iViort , a été assez vé- 
r^kpic'éiiirksirobjelb capitaux 9 pour .que nous 
v«gnetiÂ<Btts du -naôî^f ses explicaéons ultérieure^ 
sur le» aecessQtreSb ' '^ 

. ^ Sa dépaàtîbn inoiais at^stera , Messiet^râ , que 
le général Lecourbe avait reconnu dans lé plati 
de campagoetdu màn$oba)(^^y , que cette rha- 
nœai^re étaéùmiiitaire; dans Itf situation dôunéef 
defoccupanioiî'de Ljofi v fuiî n était plus temp^ 
de rien èâuuerî dans les moyeM d'opérer, qt^H 
nly ppoitpae d'artillerie; 4aus la nuit dlu ï5 aii 
14 mars , qu'Me a<mtt été fort agitée é Lons^ 



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?83 
le-Saulmen Ces observation* d^ Tboipaie . de 
gueixe consomme dispensem d'ejx eifUndre dttr 
vantage : sauf un dernier mot ^ non mpips.saiUaiit, 
decet«ezceIlentofiLci/er , que jo vai&tqat à ^l'heurf 
placer en son lîeu* * . , ... 

» Messieurs^ surt^eitô parûô.jiM^ralfi de la. dor 
fensè du maréchal , jer croif&avqîr sat^s^ .yos coqv- 
scieAcea, ex ma t^he devrait. être, rw^plie. Jf 
me. suis fait fort y ea rentreprepaot , (jlf celle oonr 
sciçiice solenneUe et indélébile de nof açcu^jteur»^ 
c|U,il n'y avail eu aucune prémëditat^op, La cpn^ 
duiie du marécbsd avec ses deux . «ijipérieurs. 
Monsieur j et' 1er ministre .de- la guerre, avec ses 
dignes collègues les, maréchaux Suchet et Ou» 
d^oi, avec les- chefs de corpa, vous a pfouvé 
que , loin daypir i:ien' préparé pour les succès de 
Tusurp^teur , tcrutes. ^s mesures militaires , ira* 
cées par le sèle le p)ua pur , aviiient été prises^ 
observées, recueillies et jugées compiç les plu$ 
propres à faire écho[ueyr Bons^parte» De nom-^. 
breux témoins votis ont apprisr quelle avait ét4 
la prodigieuse activité des actes. de son commau"-) 
dément ^ moUipKés d«<ns .1 e couft esfiafc^ de trois i^ 
quatre jours -, quelle avait été Ténergie de ses dis- 
cours aux troupes' \ comment, il^ avaient eU per- 
pétuellemem pour but d'encourager , de soutenir 
la fidélité des uns, de contenir md^ réfma^ 
lespiit dln&urrectiqn des autres* 



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28» 

» Vous avez, enfin , vu se développer sous vôê 
yeux la longue et déchirante, série des causer 
générales qui , pour le matheur dé la patrie , nous 
ramenant Bonaparte , nous a plongés toutircôup 
dans une nouvelle révolution. Vous ne doutez plus 
que , dès le lo inars , cette révolution lie tôt faite 
à LyonVqo'àr plus forte raison; le 14, à vingt- 
trois lieues de Lyon, elle ne (ut aussi opérée , corn-» 
plète dani Lbns-^le-SauInier; que tous les esprits , 
ceux' du' soldât' notamment , ne fussent malheu- 
reusement disposés à Tembrâsser avec enthou- 
siasme , même à faire des victimes de quiconque 
aurait entrepris de s'y opposer -, de leur chef , tout 
lèpreniier, sHl'sefiit refusé de permettre l'explo- 
sion de leurs- sentimens. Et vous êtes cotivaincqs , 
Messieurs , quel àî le maréchal à cédé au torrent , 
il ne Fa fait du moins que lorsqui! a eu la ferme 
opinion que tout était perdu, que. toute défense 
de la cause royale était abandonfnée, impraticable, 
dangereuse même dans la région dccupée, s'il l'avait 
tentée avec des' moyens partiels ,, nuls , contre 
des masses fortement lancées; qu'ilneserait résulté 
d'une semblable tentative , que l'iùmilé déchire- 
ment de If patrie.' • 

» Eh ! Messieurs , ce qui , cinq joursplus tard ; 
est arrivé à Paris , de la détermination et du sort 
des princes , comme ce qui est arrivé le 9 à L}'oq , 
pe suffit-il pas po^r justifier le maréchal Ney de 



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a«9 
fié que lè x4tl véirait de conrtsétftir à Lôns^è-SaùU 
DÎer? N'est-rl |[iàs éiàctemebt etft^é, par le faity 
dàfàs lés vues de Fauguste mooa^qtie , d épargner 
pàr^esius tout reffusion du satig , préférâfut d^ 
faire à la France tous les sacrifices d^ainocrr-propre, 
d^ititérêt^ tnéàie de gloire du tùatiiénty pluiot que 
âe la livrer ë tous le^ fl&ut de la guerre civile ? 
• » Cepéùdaùt , Messieurs , et qûfèlie que sôit ma 
sécurité sur lé jtigement qu'en otii déjà porté^ 
lôùtes les conîicieùces impa^tiadbs, je ne lù'a- 
véuglè point; fe sens que la part n'est pas faite 
encore eiltfèrè pour rhonneuf' dix làaréchâl de* 
Fraùee, pc^Ur sa justification absdlue , et Vis-j-viflf 
de k patrie, dont il est 'iëciisiê',''^iii ëoh défeà*^ 
aéù^ pasâontré^ d'arvoir aidé à pipêpàréè lei maV 
heurs; et! vis-à-vis dès hiitiiities âé guerre , qui 
esthnent <^ le* maréchal aurait'^ préférer toué 
àu^re elpiédiéùi.; et vis-à-Vis dé nùS princes au-^ 
^Èiéi , qué^decalomnieusésigit icfconvetiâtites af-' 
I^Àtions itnpùtetit au marééhal dé n avoir' pa^ 
fespeeié eomfne devaient rêtre d'auSsi illustre^ 
infortunés. 

Vous- te sàvéi^ Messieurs, FaVil^ dTaccu^afion 
pf^otiêde ëdntre fe niaréèbal Néy, pàc la supposi-^ 
lion, à présent bien dénbéqfié , que é'^est lui qui, 
|[)àr la lecture dé la proclamatioti , à détaché dû 
service du Roi des troupes qui lui seraient restées 

TOHS II. 19 



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fidèles; puis par celle auire asserlion, qui n'oet 
plus qu'une induclion , que c'est dpiiç. essenlielle- 
ment a la irabisou , au parjunç du.3ix£iréchal Ney , 
qu'il faut attribuer ce déluge de maux dont la 
France fut inoudée. .,. 

)• Si le maréchal Ney n'avait besoin , dans celte, 
notable affaire , que de parler à laTajson impassible 
^e ses juges , je déjclaignerais , Messieurs , de Iqk 
disculper plus pertipemnaent de cies contutnélieu- 
s^s excursions. Mais nous ne nous le dissimulons^ 
pas 'j nous avons besoin.de ramcmer même un peu 
de bienveillance. La vérité des faits y a des droits 
certains : faisons donc connailre ceux, qui soi^t de 
nature à démomrer que l'action . du maréchal ^ 
d^ns h journée du, 1 4' mars,, à Lon3-le-Saulnier , 
na exercé aucuqe influence réelle .d'abord sur les 
troupes qui en, ontétéJes lémoiçs,' ni sur l'occu- 
pation de Paris. par Bonaparte, ni conséquemmenfi 
sur les suites de cette^occupation. ïraasitoîrement 
nous vengerons le maréchal des atteinte^ portées 
à ce qui le distingue le plus éminqrwneUjt, les qua- 
lités du cœur, la droiture de son âme. - 
, » Que le maréchal Ney, dans le cours d'une 
instruction criminelle , commenc.ée au.niois de 
septembre i3x5, trois mois après l'heureux retour 
de S. M. daus la capitale , et le rçtablissement de 
son immuable puissance, a^t été calomnié par 



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^9^ 
quel({ues t^moitis ^ même avec violence, au sujet de 
la proclamation lue; deseffeis qu'elle avait produits , . 
ou des discours qu'il aurait tenus pour la faire trou* 
ver .raisonnable , nécessaire; ceci^ Messieurs ne 
doit étonner personne* 

» La révolution^ c est le lot ordinaire .de tous les 
homines eo place ^jes- intentions les plus pures, 
les plus généreuses , n'empêchent pas qu'on ne le 
leur ab^ne ; chacun d ailleurs voit les choses avec 
le: prisme de la piéventipn, et en raisonne dans le 
sens toujours conforiike à. ses Vues. Que si, ce qui 
nest quetrop ordinaire, il ce mêle à ces manières 
de voir quelques craintes .d'être surpris soi-mênae 
portant encore la tâche dequelique péché originel,' 
ou qudque ambition d'être réputé avoir toujours; 
marché dans la voie !de la prescience, dei'inf^iili- 
bililé et du salut , alors les divagations impitoyables 
sur autrui.s^éxpUquent, et aussi les coups en' sont 
bientôt ânorlis. 1 . * 
; » T^t Je monde'.se le dit ; L'aurore, à son ap-, 
parilion,. dissipant lès pâles .'clartés, éveillant tpus 
leSjiqtéréts persQPUèl^;, .fîxô, vers l'astre du jour,, 
lîes.règards de plus d'un-coi?Pverii. ', ' .: > . ; 

• ' »Un>bpiiime,:d'ailleurs, du caractèrejproqoncé 
du mar^h^l Ney, qui n'a le langage qpe d'une 
franolûse martiale indomptée, qui, en toutes les 
occasions, consulta, i^n ce qui importais à sa 



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2Ô« 
gièîrti <M à ^ fbftiîbè^MâiM i»é qttl iîiiportaU rit} 
Inen dé skM j^a^A , dGât il ^ idôlâtÉ*^; <fin homiîK^ 
qui ti'à jarmi^ ^u M fdiirilbriâeil* avec te» mdHii's 
(klé âdldiiééidefi eour^^ ttn pareil homiAe^ qui nef 
aail que se battre, a dû se féàté beaucoup d^étiiie* 
ïkh i M a%iiv}èr èùr liA ffiùéwiuhifSR Orages i par c^Ia 
même c^ c'Àak tii^ roehéV* assis ab milieu d^s 
Vagnés; 

n Oâ {iàrlé et rèfjarlè siùs eésse <le la prôdama* 
tieâ qa'il à lue éliit t^ôupidsl de Lqm-lé^Sa«ilaier. 
lildis, avàât celle-là, èOÉdbieti tTaucreS' proctama- 
iâotiâfiiii ttiéiÈae geûi^ âvaieût ë(é Icies^ éi avaient 
<5tf^ pi^ééi^mem tes ratâmes qui ont nëoessrié la 
sieètté 9 l^^ûrtatrt le mai^hal Ney ( DicNi soie 
lëiië^ d^ ÉÉiotBS pouir le Domfbre ! ) est le seul qui 
sxM traduit, pètir ces sitnples lectures^ sur le banc 
d^accti^ëi^. 

3^ Al^sc'ést cette kdturé, ppiu-suit^ôn, qoi a- 
désorganisé l'armée de Lons-le-Saulttier. Je pour- 
rïiia, âàtis'daiïgé^, là'èA i^î» k Itf preuve qûé j ai 
iHît^ p\^É batil du fait qiïe les dispositions des 
Watipéii^ a Lôns^Ié-9aHlDiêr étaient mauvaises ^ que 
le génie de rinsurrection y dominait ^ que d^a il 
avait éclaté si biéû qlie, décides fJus braves géné- 
rant ti'adttiéâaiént aucune sûreté pour eux-mêmes 
Il lecontrar(ék*yét qu'Us l'auraient hasardé en pure 
pertte. # " 



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?9^ 

» Visiblement , si ces mauvaises 4i^pofiition8 s'é- 
taient manifestées d avance , la lecture de la pro- 
^m^^tjon n a pas pu )es faire naître. 

» A toiiteà ans néanraQins , et pour fi'âut^pt pl^s 
fonstraire le maréchal Ney à. la re^popsabilité de 
riqijEli^rrection, dont ses accusateurs le chargent , 
je rne hâte de rappeler ce que les téfuoips aoijis 
attestent des récita ts de la lecture. 

» ]V[. de Bonrmont , interpellé à ee siijet y a 
déposé : n La lecture fit crier §five l'^ijip^r^ur ! 
^yi aux trois quarts de Finfanterie et m\ sops-ofS- 
» ciei^s de cavalerie qiji avaient rpï^ pied P lerr^. » 
Eb cpla M* dç Bourmont semble laisser planer sur 
M. le maréchal le soupçon d'avoir devancé le vœu 
au moins du dernier q(?art 4e Tarin^e ( et îl ('ag- 
grave p^r railégation qiie {pi*me.i»e 9Vfiit.dis3uadé 
de la lecture et Fav^lit blô^nçe, Jp çç lui fpr^i'tî'^s 
quVne diflicuhç : s i| i\^\ vr^i qu<ç M. de ï^otjr- 
mont se f(^t déclarç a^^î fpr| çpppj^pç 9 )a feq- 
ture , pojLjrquQi çst-i| v^pu , ^ quelques hêtres de 
là, se placer ap banqviçt de çorp^ qui fut dpnpé ? 

» M, le général Leçoiirbp av^t §ans dpute 
mieux observé qiiçfil* d§ ^purmppt TefTe^dela 
lecture \ car il a dépçsé (qu ^pf è? l'avpir eutendue}, 
« la majeure partiç^^^ irqupe^ , pu plptpit |a p^- 
» Nf i^ALiTE , maçjjfe;^ j^^en^ent ^px\ ppipion 
ji en criant aw^ f empereur f Qiifdqjoiçp çifUçiers 



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^94 
» cependant et quelques habitans cle la ville ne 
» partagèrent pas cette opinion. Le 5«. de dragons 
» fut le régiment qui s'exprima avec le plus d'é- 
» nergie , et entraîna même les plus incertains , 
» sHly en avait. » i . ^ 

w M. De la Genetière: « Que le général ne trouva 
» aucune opposition , et lut la proclamation sans 
» être interrompu. » * ♦ 

» M. Guy rapporte , d'après M. Jatry , « qu'à 
» la suite de la lecture', toutes les troupes avaient 
» manifesté la plus grande joie , et répété géné- 
j) ralement le cri de vive ï empereur! que la 
» majeure partie des habîtans dé Ja ville en avait 
» fait autant. » 

» M. de Grivel lui-même , quoiqu'il ait affecté 
de ne pas en déposer aussi directement , a travers 
ses tournures évasives , a été forcé de laisser en- 
trevoir que l'approbation avait été unanime , puis- 
qu'il a dit que c'était cette unanimité des habitans 
et des soldats qui l'avait décidé à quitter Lons-le- 
Saulnier, dans la soirée même du 14 mars. 

» Une dernière interpellation a été adressée sin- 
gulièrement à cette classe de témoins, qui, comme 
militaires d'un grade supérieiir, pouvaîenify répon* 
dre avec une certaine autorité. 

» On leur a demandé sï , avec les troupes 
qu'ayait le maréchal-, il leur aurait été possibte 



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I 



de marcher contre Bonaparte avec qbelque avan-* 
lage. Tous, excepte M. de Bourmont , ont ré- 
poûdu pour la •négative; en s'appuyanl , en lie 
autres motifs , sur ce que les soldats vl auraient 
jamais voulu se battre ; qu'à la première ren- 
contre , au moindre point de cobtact , its au- 
raient; tous passé du côté de Bonaparte. 

» Après GcJa , que deux .ou trois officiers ci- 
vils , qui ne vivaient pas a^o- les troupes , . qui 
ne pouvaient pas scruter l'intérieur du soldat , 
aient débité qu'en mélangeant avec les soldats 
des hommes de la garde nationale , et à Taide 
de certains stratagèmes, on aurait pu tirer parti 
de la position : on ne voit plus dans ces ré-^ 
flexions conjecturales , supposées faites de bonne 
foi , que dçs chimères enfantées après coup par 
le zèle ; et l'on est même, malgré soi , ramené 
à celte pensée, consolante pour la nation en 
deuil; atténuante pour le maréchal Nej, qu'au- 
cune ombre de trahfson n'a devancé ni obs/ 
curci cette journée. 

» Mais, il n'aurait pas dû, s'est -on écrié de 
» touted parts, conduire lui-même ses troupes 
» à Bonaparte : il aurait dû rentrer à Paris et 
» rejoindre le Roi. » 

» Je sais bien , Messieurs , que par cette lia- 
bile' retraite , le maréchal Ney , comme tant 



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d-a^tre$, e&iriout fidQyé pour sûq propne coinpte* 
Dignités j honoei^s , fortune , rispQs y il p*.eùt 
rien cooipromis , quoiqu'il u e^t pas combattu 
|)Our son prince i^u po«(te qu'il aurait diéférle* 

yi Mai» un général en phèf peut- il , dpit-il 
toujours en* sortir aio^ , avec Tarmée. qu il corn* 
maade ? et parce qu elle est emportée par la 
fougue de ropinion, lui eâl-il loujours permis 
de 1 âbandooner à ^rile^ même , à tous les dé^ 
sordres quelle peut commettre? 

» Notre faisLoire moderne , Mesaéurs , dite 
deux généraux que resdme défend dailleurs de 
tout reproche d'iocapacité et de l&:heté , qui ont 
cru pouvoir dâaisier ainsi tout à c<»jip et avant 
dlêtre remplacés^ les trpupes qui marohaiem 
sous leur^ ordces-, et l'histoire , malgré la légi^- 
timiié de leurs excuses , les Uame d'avoir quitté 
le commandement. 

M U fne semble que les lois militaires n ez« 
GUsept pas une pareille âute. L'armée , livrée 
à elle-même, peut commettre dans le pays des 
désordres qui rêtoi^ibent $ur son général ; vous 
avef «niendu , Messieurs , un ou deux témoins 
faire un crime ^u. maréchal Néy: de prétendus 
dégâts que sa troupe aurait faits , dans laprés* 
midi du 14 mars v ^ee un lin^onadier : le ma- 
réchal vous a prouvi combien l'imputation était 



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»97 N 
fiBgérée , .puisque le limonadier p'uTait {ta$ mérôe 
eu à lui présenier d'état de perte. 

» Que le paaréçia^l ekt fui Bcm i^fm^e exdtee 
comme elle était ; que leâ soldats aiu» à là dé«r 
bandade se fussent répandus dans )^s ^Ues, d^ns 
les campagnes , et y eussent réellement exercé 
du désordre , du pillage , le viol » rincendie et 
autres : qui en aurait-on accusé? le ntaréchal Ney» 
. » Au lieu de s'y exposer , qu'a fait le piafécbfid? 
11 a apporté la sévérité la plus grandi à mainn 
tenir IWdre. , à faire respecter les perj^0nne9 et 
le,8 propriétés. A cet égard, dtf. rtv)ips^ s6$ ôr-» 
dres du jour des i4 et i5 mars soqt dignes d'é-* 
loge. Je remercie beaucoup les témpins qui .Ofi% 
cru y trouvçr la preuve de ^^ "tral^soii » dVvoir 
fourni de pareilles pièces de conviiQiion. Tant 
il est vrai qu,é , cliez le maréchal Ney , le vé- 
riiable amour de la patrie se reproduit sans cesse» 
même au sein des erreurs politiques , pour les 
mesures essentielles et de conservation. 
* , » 11 n a point quitté , il a conduit son armée ! 
Dans lexactitude du fait, le maréchal Ney a été 
emporté par les troupes; il a céd^ , parce que son 
devoir éiait de comprimer leurs flots tnn^ultueu^c , 
et d'en rég)tilari$er le mouvement. Le général 
Qanthifr, plfiçi^r. jqsteûient regreUé;, à Boqrg 
avait 'dei)nié cet exemple de résignation. Combien 



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d'antres à Lyon y antérieurement, et depuis dans 
toute la France , ont passé avec leurs troupes , et 
dont les noms ne figurent pas dans la liste de pros- 
cription du 24 juillet! * ^ 
• » Sans équivoque , le retour furtîf du maréchal 
Ney à Paris aurait eu des improbateurs parmi les 
militaires *, il aurait pu enhardir le soldat à tous les 
excès. Quel bien , après tout \ en serait-il résulté 
pour le service du Rpi ? Ceux qui de Lotis- 
le-Saulnie#ou de Dole ont couru à Paris avec tant 
de célérité, en ont-iis été plus utiles au Roi ? Non. 
Réunis à Paris à plus de quatre mille hommes , 
qu'on t-ils entrepris ? Rien. Bonaparte les a trouvés 
à Paris tout, comme il les eût trouvés à Auxerrc , 
sauf qu'à Paris ils font abordé avec plus d'humi- 
lité et de souplesse que le maréchal ne l'avait fait 
à îAuxerre, et qu'ils ont brigué des emplois .que 
le maréchal a été attendre dans un exil volontaire. 

• Rendez-vous-en compte, Messieurs, celte en- 
trée à Paris, non disputée à Bonaparte, si les ré- 
solutions généreuses du Roi ne l'expliquaient , ne 
ferait-elle pas seule le procès à tous ceui , par- 
donnez-moi l'expression, qui jettent la pierre au 
maréchal Ney ? 

» £t je ne leur laisserai pas même la ressource 
de pouvoir alléguer au delà, que c'est la défection 
du maréchal Ney qui a influé sur le parti piis de 



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^99 
Tévâcualion de Paris. Ce dernier avantage ne doit 
pas rester à l'imposture qui a égaré les accusateurs 
du maréchal. 

a Daignez^ Messieurs, consulter tous les jour^ 
naux;des i5i 16, 17 et 18 mar« , qui sont ceux 
des derniers jours d'irrésolution; je lès ai tous très- 
scrupuleusement vérifiés; tons, ils continuaient 
à parler des excellentes dispositions du maréchal 
Ney : on ignorait à Paris , encore au 18 mars; 
qu'il eût été contraint d'en . changer. Sa démarche 
n'a donc exercé aucune influencé réelle. ' 
. » Je finis , Messieurs, celte partie de la défense, 
par repousser avec le sentiment de Findignatiôn 
dont le maréchal est pénétré, cette vile et scan- 
daleuse attaque livrée à son caractère par des 
hommes qui ont cru s'accréditer en le rendant 
odieux à nos princes; ils ont sali leurs dépositions, 
devant le conseil de guerre surtout , de lérriéraîres 
ouï-dire , sur ce qui serait échappé au marédial 
Ney de discours ofiensans pour Sa Majesté. Quelle 
plus lâche tradition propagea jamais l'esprit d'in- 
trigue et de calomnie ! C'était là , selon eux , le 
moyen certain de perdre le maréchal, l'occasion 
unique de se donner du relief à eux-mêmes. 

» Qu'elle est admirable dans ses dispositions , 
cette Providence qui , tôt ou lard , fait prédon^infer 
la vérité t A côté de ces criminelles suppositions , 



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3oo 
$e montrent désormais à toutes }^£| pages de l'ins- 
truction » des témoignages irrécqsables du respect 
que le maréchal a toujours porte au Roi et à sa 
famille, de sa sincère admiration pour les qualités 
qui la distingueqt , de l'intérêt non Coûteux qu'il 
prenait à sa cause. Et ces premières harangues |i 
ses soldats , et ces larmes verséfes sur le sorjL de 
Louis XVI , et ces offres écrites de marcher à 
l'avant-garde de Monsieur^ tous ces traits d'élan 
naturel nç démontrent-ils pas que, de |a mêa^e 
bouche, n'ont pu sortir des expressions contra- 
dictoires pour l'intention , et blasphématiqpes ? 

» Ceux qui savent à quelle famille le maréchal 
â'est dilié , quelles opinions* il a dû y prendre , 
d'après les maux qu'elle a bravés pour I91 cause 
royale et l'attachement qu'elle lui a gardé pendant 
vingt-cinq ans , d'avance ont prononcé anatbème 
con^rç le^ dénonciateurs du maréchal .^n xl'eux 
a été assez lâche pour le poursuivre dans la perr- 
sonnç de sa femme , en mettant dans la bouche 
<lu niaréchf)) des plaintes que oelle-çi lui aurajt 
faites sur l'accueil qu'elle recevait à 1^ cour. Le 
témoin aura confondu et adopté ce propos de 
Bonaparte, qu'il n'a quç très-notoirement encensé 
depuis le ao mars. Madame la maréchale, traitée 
toujours avec bonté par des princes qui savent, 
tenir comptiS des ^^ijitimjens qu'on leur doit , n'a 



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3oi 
jamais pu avoir sur lesjèvres Faccént dç la plainte, 
ni son marr la repéter. » 

Ici M*. Berryer, qui avait parlé plusieurs heu- 
res, a patti très-fatigué, et à annoncé qu il lui restait' 
à développer les moyens dé droit .Alors M^; Dupin a 
demandé que le reste de là défense dé l'accusé , in-» 
fitiimeàt moins loàg qtiè la première partie , fiit 
ôohtinué an lendematû , ëo faisant observer que 
les avocats étaient épùiâés^ dé veillés et dé fatigues. 

M. Belldrt. Cequ'bà vieni^ demiànder est sans 
exemple. 

M^. Dupin. Messietirs,)e réduis ma demande à 
une simple question d'humanité. 

M. lé (hictPUzès. Monsieur le président i» veuil- 
. lez rappeler Tavocat à Tordre. 

M. h président a accordé une héùré de suspen** 
sioti dans la séance, et a permis à l'accusé dé sel 
retirer. 

Pénckntcet.intdràlle, MM. lés piiirs sesont 
rétrais dans la. salle du conseil. 

M. le président a ht un billet de M. le comte 
Tascher, pour demander d'interdire à Tacousé de 
Élire lire, par ses déFensëiîrs, Fart. 12 dé ta côii"* 
vention faite sous Paris. 

M. le présideM. Jé suis , Messieurs, de Favîs 
dé Ma lé comte Tàscher; j'ai le droit, par le pou- 
voir discrétionasaré que m'accorde la loi , de Aiîrè 



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cett6 ioletdictioQ : îb désire n^daraoïDft connaître 
' l'avis de MM. les pairs. ^^ 
. M. le comté Garnier. Le moyen^que l'accusé 
pourrait lir^r de celle CQQVenlioa est sans fon- 
dement j il ne peut être entendu, parce que. c'est 
ton ^-à- fait un oioyen préjudiciel. Les défenseurs, 
ne sont plus recevabks .à rien pre^euter de 
SjemUsJ^le, depuis l'aiT^t qui leur a ordonné de, 
produiri? tqus.leurs mo}(çns préjudiciels. 
r M. le comte. . i^anjui^^is. Je demafide la 
parole. . , 

., M. ,]Q0,8€me*l\/y 9i jarret, vous ne pouvez pas 
parler contre un arrêt. 

. MyleçoMps Lanjuinc^is. Oui, c'est cela méme^ 
je veuï parler contre cet arçêt. 
. ft La convention faite sous Paris a élé stipulée 
précisément pour les jJéjitç politiques, , et il s'^it 
dans ce mo^ient du sort d'un* militaire illustre !. 
Cette convention fouraitjjne ejXcçptiqn, non pas 
seulement préjudipiell^i ftm^ p^retnptoire » puis-; 
qu'elle détruit F^ccusaiipp. I^es .exceptions péremp 
tpires peuyqnt s'opposa à toutes les périodes de 
la prOiCédu/e , jusqu'à ce qu'il y ait condamoatipn.j 
Cela est reconnu, écrit dans tous les^liyrejSj.Tecu 
d'ans; toOs.l^s temps; admis dans tous les p£\y$. : 
- » Qù^nt à.f arrêt ; il n'est dans sa palure qiâin\ 
ierlQcUtQir^ , :que prépaj^otoire ;: jamais les jugesr 



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3o3 

Be sont liés par de tels actes; c'est eoçorà là uir 
des premiers principes de procédure. » 
: M. le président. Lorsqu'on opinera, ce moyen* 
pourra étre.di&cuté; cependant il convient d'inter- 
dire la lecture de l'art. 1 2 de la convention.. 

Af. le comte Môle. Cette convention est pw- 
rement militaire ; si on pouvait en feire l'appUca-' 
ûou au prév<înu , l'ordonnance du Roi du ^4 juillet 
n'aurait pas été rendue. i ' 

. Le président a mis la.questîi6a aux voix> et la 
chambre a décidé qu'on ne permettrait pas la lec-^ 
tore de l'ariicle. , - .•.*'; 

,, La séauQ^. jayabt été reprise, M\' Berryer a 
fsûntinué : .♦ ^ 

«Je crois avoir complètement justifié M. le 
maréchal Neyr sur le fait de la préniéditation dans 
le crime qui lui est imputé y je crois avoir démontré 
jusqu'à la derqièce' évidence que le maréchal n'a^ 
vait rien prévu , rien médité. Dans toute sa cbn- 
duiie, dans toutes ses aclioos, il n'a eu d'autre 
objet en vufô que )a pairie. Quelle que soil la nature 
des gouvernemeps qui se sont succédés en France; 
le mai^échal Ney , dans tous ces orages politiques^ 
n'a jamais c^ssé d'être guidp.paj* lamour de son 
pays. Ne l'a-i-on pas vu , dans le mois de mars.de 
l'an dernier, à Fontainebleau , diwatit , en faveur 
de la France, à Bonaparte, l'abdication de son 



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3o4 
pouvoîr2.NeFa-t^cm pas m /dans sa leUi'é aii goa-^ 
vernemeDt provîsbnre da incm- de îaiUel deraiery 
tecnfiereiipoTeàlapatrief et he dkasmnlaniaùcua 
des daàgers dont nous éiîops imnaees^? Eàfib, eof . 
dernier. Ueu , à LoB^Iè-Sauloîér, &'esi-ce pas en^ 
e^e h patrie tpà'ïdcdécidé à adc^ter la route falale 
qttifa suivie? Il était alors persuade deFabsenoe 
dit i^Uireriiement royal , il voyait ia gtierre civile 
prête à dëvorer la France^ et îl se décida à s0 
ridger du. parts odîetnc pour hii y ^a'il enfd>faisa. 
Rappéle^voHs^ , Messieurs , ayec queHé^ fràuchké 
îI : eut le courage , devant les rep^éseàtau^ dis M 
Bation , dé né ^ssimuler au^éiin des pétHé qf!ii nous 
environnaient de toutes parts après la bàtaûtte de 
WaCerloQi ! ' • 

. >i;Le niafrêcfaal Ne^ n'a jamais eonliu qtt'ùn sou^ 
verain au mondey la patrie; ce fu^èUlè tpH fût 
constamment rdbjet; de son cuhe ^alcré. Cetle; vé-t 
rîteincomesifdbleyeidémoBtreed'eUléut^ par liant 
d'éolaiantés aetSIoAS^ doit faire di^arétire^ toute 
idée de» crîmirialftë de la part dti ttrarééhd. Encore 
Utt coup , if fatïl âAÂbuer e^elùsivem^nt le fait 
reproché àù maréchal, au désir ardent qu'il ahrait 
rféviter que les Français répaBdissefit le sangi des 
Prancais. » 

Aprè^ avoir donne à ces idées tous les dévelop- 
pemens dont elWsont susceptibles^ M*". Berryer a 



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3o5 
commencé à traiter la question sous le point de vue 
des ràippôtts (![ueîle peut avoît avec la convention 
de Pânjs dû 5. juillet, avec lés traites conclus à 
Vienne, les i5 et ^5 mars de cette année^ et enfin 
avec îé traité du lo novembre. 

II a dëiU'o'û'tré , où plutôt rappelé , . que les traités 
de Vienne, du 1 5 et du :i5 mars , isivaient eu pour 
objet principal de maintenir dans son intégrité le 
trài^té de PàYÎs de i^ 1 4 ». et de défbndre la cause de 
la Té^itimiïé. Il a fait rémarqujér que le roi avait si- 
grié cfes divers traités ; comme allié des diverses 
p'ûisSaiicès de l'Europe, il. à invoqué divers articles 
dedèsViîîtés^et il allèiit essayer <i'en faire 1 applica- 
tion à la cause, Torsquè M. le procureur du roi 
3*ést lève. . , 

ET. Bèllàrt Avànft quéïes défenseuï*s senga- 
'géût dans de /nouveaux râosônnemèns absolument 
étrangers aù^fôît delVccusaUoo., je dois éviter un 
scanâbile de plus dans ces pénibles discussions. Nous 
sommes français ^ ce sont les lois françaises- seules 
qu'il ifaiit îûvoquër. rîous avions bien pressenti 
qu'on avait eu lldée de noiis présenter^ les moyens 
qu'on se âispôse a faire, valoir ^ 'mais nous avions eru, 
je FàVoùè, que la réÛe^pon v ferait.rehonçer; nous 
attendions , pôiir y répondre^ qu'on développât la 
défense dé l'accusé -, mais , puisqu'on s'écarte si no-* 
tairéinënt delà côntrôver^; puis^'on oublie même 

TOME II. ao 



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3o6 
rarrêt que la cour a reudu pour fermer la discus* 
sion sur la question préjudicielle, je déclare que les 
commissaires du roi s'opposent formellemeiit à ce 
que les défenseurs de Faccusé s'écartent plus long- 
temps dû point de fait qu'ils sont appelés à discuter. 

M. Bellatt a lu un réquisitoire conforme, qu il a . 
déposé sur le bureau. 

M. le président. En vertu du pouvoir discré- 
tionnel qui m'est attribué , j'aurab pu.m'opposer à 
ce que les défenseurs développassent les moyens : 
étrangers qu'ils voudraient invoquer ^ cependant j'ai 
consulté la chambre sur ce point, et, à une grande 
'majorité, elle s'est rangée de mon opinion. J'inter- 
dis aux défenseurs de raisonner d'un traité auquel 
le Roi n'a eu aucune participation ; d'un traité qui 
est plus qu'étranger à S. M. , puisque vingt-un jours 
plus tard , et en présence même des souverains alliés , 
elle a rendu son ordonnance du 24 juillet. Je dé- 
fends donc aux défenseurs de s'écarter des i^oyens 
qui n'ont aucun rapport avec le fait de l'accusation. 
M^. Dupin. Nous avons trop de respect pour les 
décisions de la cx>ur , pour nous permettre aucune 
réflexion siC|f Tarrêt qu'elle vient de rendre: l'obser^ 
vafion que je veux faire maintenant ne se rapporte 
qu'au dernier traité, célin du 20 novembre, qu'il 
est assurément permis d'invoquer. En vertu de ce 
traité, Sar-Louis ne fait plus partie de la France, et 



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ttôttft ayons vu que les individus Hes daud Uti petp 
àédésL lin autre, aviaent besoin de lettres de natu^ 
i*alisation pour conserver les droits âttaelies à leur 
eut primitir. M. le maréchal ÎV^y est ne à Sar- 
Louis^ il n^esl pas seulement sous la protection des 
lois françaises , il est sôus la protection du droit gé-» 
néral des gens. Il est toujours Français decœur; mm 
enfin il est né dans un pays qui n'est plus soumis au 
roi de France; il est dans les termes de l'article 'i6 
du traite du 3o mai (i) \ j ai cru dèToir faire cette 
Obseryatioii dans fintérêt de M. le maréchal «....^ 

« Le maréchal a vivement interrompu son dé» 
Censeur ^ et a <lit avec attendrissement : 

>) Oui , je suis français , je mourrai Français ! 

» Jusqu^ici ma défense suparu libre; je m'apêr^ 

(t) Cet article est ainsi conçu : 

«:Le$ hautes parties contractantes 4 voulant mettre 

* * etiaire mettre dans un entier oubli les divisions qui ont 

« a^té l'Europe^ déclarent et promettent que dans ks 

Ht pmfs restitués et cédés par lé précëdetit traité > aucun 

n individu , de quelque classe et condition qu'il soit j ne 

i» pourra être poursuivi , inquiète, ni troublé dans sa per^ 

» sonne et dans sa propriété , sous aucun prétexte « ou à 

» cause de sa conduite ou opinion politique , ou ie sod 

» rattachement y soit à aucune des parties contractantes ,- 

» soit à des gowepiemensrquiûnt cessé d^ exister y ou pont 

» toute autre raison, si ce n'est pour les dettes contractée^ 

» envers les individus, ou pour des actes posttrieurs as 

D pré^dùt tfaitéi » ~ 



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m 

» cbis qù'oii renlravé à IlDstaDt. Je remercie mes 
i gëb(éreux défenseurs de Ce qu ils ont fait^et de 
» ce qb'ils sobt prêts à faire ; mais je les prie de 
>) cesser plutôt de ine dlefeodre tout-à-fait j que de 
)> nie dléfendrë imparfaitement. Jaime mieux 
T» tïèlrè pâsdii tout défendu , que ^e n'avoir qu*ua 
D sunulacre de défense. 

il Je suis àtcuse coliire la foî des traités , et on 
» né vèiit pas que je les. invoque! • . , 

« ^e fais coinine MjÂréàu -, j*en appelle à TEu- 
» ropé et à Ta postérité !» 

mï. Èellari* « Il est temps de mettre un terme 
à ce système <le longanimité qu'on a constamment 
adoptai t)n a JTait valoir des maximes bien peu 
Françâîsési On a poussé jusMju'à la licenceila liberté 
de la défense. Doit-il être permb à tm accusé d'in- 
tercaler, dans sa défbusè d^â rûâtiérei qtii y sont 
iJ^flèlusieht étrâûgèi^à? J^'és défenseurs birit ieiî 
J)ïtis de lértips tnêiki'é qù'ilfé n'en àVaieni ^^emànâé. 
A qtîoi ton les dérogations du fait capital aul- 
quélles ils se livrent ?. Ce n'est porter, aucune at- 
teiiite, s^ ladéfensç, que de vouloir la faire cir- 
çonSjdrirjÇ da^s le^ faits de l'acte d'accnsalion. Les 
coimnisasiires du Roi , quelles (j^'èsîôîènt lés réso- 
lutiom d« M. le m^Véchài, pèrâsi'ëut "à^ûi lèbr 
'réquisîtôîre'.i 

Dè'présiàétitl Déféni^rs, bontiniiez la défense 
n vous renfennant dans les faits. 



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• ?<>9 

M. le maréchal. Je défends i mes défenseurs 
de parler , à moins qu'on ne leur permette de me * 
défendre, librement. 

M. Bellart. Puisque M. le maréchal veut clore 
les débats , nous tié ferons plus , denotre coté , de 
nouvelles observations. Nous ne répondrons même 
pas à ce qubn s-est pennis de dire contre quel- 
ques témoins , et nous ^terminerons p^r notre 
réquisitoire. ' ■ '' ' ' 

Ici, M. le procureur-général a donné lecture 
de $Qp réqiii9i:toire, dan^ lequel il a requis, au 
nom des commissaires' du Roi , que la chambre 
appliquât au maréchal Nèy les articles du Code 
pénal , relatifs aux individus convaincus du crime 
jîe haui^ j^Ffllliîpft Ç^ !4'?^S°îa^ ? h s^rlç^4 ^^ Vélat. 

Lepré^^d^^. Afjpu^, gyçz-yoHS qwelqftes ob- 
jpry^ffpijs ,^ ^rs ^r i'a^lf fi^JÎPfl de te p^iw? 

. -^.?,?^«?^<f^/-^p?:Âii:J»ut, j^ : 

Gpuf ^$j^ dç^içpf pe 4ans |a s^lle pour d^|ib^i:er. 

Avant dêf'dcyn^er quelques détails sur la déKbé* 
ration de la chambre , nous croyons devoir mettre 
€0uslôs';^ux du lecteur la pièce suivante : elle 
faisait- partie de la défense du maréchal , et devait 
servir de base à la réplique de M«. Dupin. 



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^ 3ï€> 

CONSipÉIUTIONS SOMMAÏIUSS 

SUR ^AFFAIRE 

PB M. LE MARÉCHAL NEY5 

Par M« PUPIN , Avocat, 



Accnsatieon « Toas Tonlez placer m tête 8oo« 
|a fûqdie 'y, «t Qoqs , noo« Tonlonp ipopMws . 
. ' comment l'orage 9*eft foifué ! 



' ce Vs homme qui , depuis vingt-cinq ans j n'a 
passe de comb^tire à la tête de nos armées \ dont 
le nom se rattache à tous les faits dTarmes qiii ont 
illustré notre pays'*^ dont l^urppe entière admire 
la valeur et le génie militaires ; qui , de simple 
soldat, sans intrigue et sans blesser Tènvie , est 
arrivé de lui-même; aux plus hautes dignités na- 
tionales ; rélève , le camarade , Fémùle des Rlé^ 
hen et des More^u , e^t iiccusé du crû^e d^ haute 
ppah^onï 

«Ilest accusé d'avoir attaqué la France et 
le Orouyemement à main armée (i) : la France 

■ ■ . ' ' ' ' ■ ' ■ 1 '. i j^ > ■ -j 

(f ) Ordonnance du 24 iiûUe^^ 



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3ii 

qu'fl aima si passionnément , qu'il défendit avec 
tant de courage I le gouvernement d'un Roi dont 
il chérissait la personne, pour se jeter dans les 
bras d'un usurpateur qu'il avait , peu de mois au- 
.paravant, forcé à l'abdication ! 

» Le maréchal Ney , dit-on , pouvait arrêter la 
marche de Bonaparte ; il pouvait sauver son pays ! 
et, par une conduite opposée, il a attiré sur la 
France tous les malheurs dont elle est maintenant 
accablée. 

» Ainsi , dans le système de l'accusation, le ma- 
réchal est encore agrandi. II semble que dans ses 
seules mains était le salut de l'état ; que lui seul 
pouvait , s'il l'avait voulu , sauver la monarchie de 
h plus funeste des révolutions ! 

» Ah ! si telle eût été la position du maréchal 
Ney , qu'il eût réuni près de sa personne les 
moyens nécessaires pour obtenir un si beau ré- 
sultat , qui peut douter que son âme ardente, sur- 
tout lorsqu'il s'agissait de la gloire , n'eût saisi avec 
transport l'heureuse occasion de nous soustraire 
au nouvel empire de notre ancien tyran ? ' 

» Mais il ne faut que se reporter à la fatale jour^ 
née du i4 mars , pour être convaincu qu'à cette 
époque , le mal de l'insurrection avait déjà fait 
des progrès si rapides, qu'il n'était plus possible 
de l'arrêter. C'était comme une marée dont la 



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3is 
force ^ toujours croisante j^ devait s'élever irrmsr 

de, Diey ; hùc usquè ifeniês^, 

» L accusation a (f abord pris tou;; |^ '^1^!? 4? ^ 
calomnie^ 

, c^ Dans les premiers temps de. l!arrçs^fiqcjp^ du 
^aréchal , on a imprimé et publié, dil el f^^iéf 

n Qu il était entré dans un cojffiplpJ^i,^çi^l \fi but 
était de remettre il^onaparte siirle trppe ; . 

» Que ^ pour le mieux seconder après .^u (dé- 
barquement , il avait pj^j^^É ses services^ .ç^ pro- 
mis de le ramener dar^ u^e cage de fei; : , ; 

y> Qu en baisant la W^p^ ç|u RqJ >^ ^ ^^six d^h 
formé dans son cœur le dessein de le trahir.; 

» Que, joignant T^jE^f^^^M^P?'^^^^^^''^'-^^^ 
|ait .compter , avant, son ^part , ^j^cj sp^ixiç de 
6qo^ooo francs; i ., 

. » Qu enfin ^ il av^t effeçtiyeiuei;i.t ^raA/ son 
prince et son pays dans la journée (lu, ï;4 P?*^? î 

» Ei qu'ainsi, il était çpupa^le du çnp^e dç hquU 
trahison et ^çtt^ntat qlqsiireté dj^,tJËU^U 

}) Aujpurd'hui il est bieo, d^fmonirç ^ • . 

» Que \e maréchal n*a ni d^i^iifig^^ i^i^ v^\x la 

prétendue somme de 6pQ^qQ9 fraçjij^,j, , : 

^ » Qu'il n'a pas offert sej^ s^rvicef j. ^i^f qu'il éfaij 

à sa terre desÇoudreau^^ lorsqu'il yjrepi|t, du if^r 

tusire de la guerre, une lettre q^ lui ordQnn^if 



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3i3 
de se rendre m toute hâte dans 4on. jrpuverne- 
ment : * ^ . . - 

. » Qu'£^\i 7 mairs il îsnar^t encore le débaccjue^ 
ment de Bonàpjirte j qn'en appre^p^nt c^t|e n^pu- 
velle , il fut frappe de surprise et de CJp^i^^lÇjr«f 
natioi^} . . ...:;_ , . ^ ;...,. .'./. ,. ' 

» Que, lorsquil prit congé du Roi ^ i^ f ^ d§ 
boQUQ foi , et (ju'il emportait -avec; lui \e ^^if de 
s opposer de toutes ^s forces à Bonaparte , ^ 
de taire échouer ce qu'il appelai^ sa Jplljf, en^r 
ireprise. .... i 

., » jpe^x (juip^ la passic]|^ a pu induire à pense/ lé 
pdniraire,, n^pilt pas réfléchi que le maréchal NeY 
avait tout a perdre et nen a gagner ai^ rçtour d^ 
Bonaparte. 

p Maréchal ^.prince , duc et n^ir ^ç Çrauce , 4 
Qu'avait plus rien a.dé^rer du ^ô.t.^ dps t^f^p^^flj 
son um(]ue désir était et dcyaii çirç J^fi J9^i}ï' tran- 
quillement de. sa gloire squç j^€| ffçuy.çrqgjpjiep{ pa- 
ternel d'un Roi qui savait gré des services mêmes 
dont il n'avait pas été l'objet :. il dêxait , au cour 
traire , appréhender le retour d'un ambitieux dont 
il avi)it autrefois briafvé la haotieàr , et qu'il avait 
contraint d'abdiquer. ' 

• » On est donc forcé de renôhcier h Fldée que le 

' ' • " . -'■'•. '.- "^ ' ^ 1. 

maréchal eût prémédité aucune trahison , qu il eut 

triamé aucun complot , ni quil fût ent^é dans a\xr 



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54 

ciine machmatioii qiii eut pour objet de favoriser 
le retour de Bonaparte. 

» D^aiUeurs , sa conduite en arrivant à Besançon ; 

» Ses dispositions pour reunir des troupes et de . 
Fartillerie; 

» Sa correspondance avec les mar^haux Suchet 
et Oudinot ; 

)» Son opinion si vraie, et si fortement émise , 
qu'il fallait couper le mal dans sa racine , et se 
porter à marches forcées au-devant de Bonaparte, 
pour P empêcher de gagner du terrain y 

» La lettre par laquelle il suppliait S. A. R. 
Monsieur, de l'employer (i) auprès d'elle et à 
tavanirgarde i 

» Ses mesures vis-àpvis des officiers et des sol- 
dats, pour les exhorter à bien faire Ieu% devoir } 
— La menace de faire fusiller les vedettes qui au- 
raient communication avec Fennemi ; — L'arres- 
tation par lui ordonnée d'un officier qui avait 



(i) Le maréchal n^. pouvait rien faire que d'après lei 
ordres de Monsieur; or> il n'en a jamais reçci a.iibua } et 
voilà pourquoi il demandait à être employa à Lyon., oii 
il e&t pu faire quelque chose d'utile , tandis que dans 
son gouvernement , oii il n'y avait que des dép6ts , il 
a'41 rien pu tenter. 



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3i5 • 

ttianifesté de mauvaises dispositions j — Cette dé^ 
claratioo si énergique , que , « s'il voyait un mo- 
» ment d'hésitation dans la troupe, il prendrait le 
» fusil du premier grenadier pour s'en "servir , et 
)» donner l'exemple aux autres ^ » 

» Tout, dans la conduite du maréchal , prouve 
json zèle pour le Roi , et la résolution de le servir 
avec énergie. 

» Il faut bien, au reste, que cette opinion (si 
différente de celle qu'on avait d'abord conçue du 
maréchal) ait acquis un grand degré d'évidence, 
puisqu'on a vu les accusateurs eux-mêmes rétracter 
devant la cour des pairs tous les faits de l'accu- 
jsaiîon antérieurs çiu i4 mars. 

» Ainsi Faccusation de M. le maréchal se trouve 
déchargée de ce qu'elle avait de plus grave en elle- 
même , de plus odieux aux regards du public , de 
plus affligeant pour l'accusé, de plus désespérant 
pour ses conseils/ Dès à présent, et ayant même 
que les débats fussent ouverts , autant par la force 
de la vérité que par la sincérité des accusateurs , 
il a été reconnu, avéré , proclamé que le maréchal 
Ney n'avait ni conspiré le retour de Bonaparte, ni 
prémédité l'horrible dessein de trahir son Roi. 

» Cette première victoire , rem^rtée , pour ainsi 
dire, sans combattre, .a du prémunir tous les gens 
pages .et impartiaux contre k danger de se laisser 



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3i6i 
îrPJR ÏÇgÇreaaçqi prçQccupct gpr (Jçs prévedi,i.on9 
|[0|)ul^îrç6^,t (|e^ l(ruits pH^Iiçf * ^hacup a du sç; difç 
qufi, si Iç i^apécjhdl éfall îgwfçpf de jtqu^ les çhe($ 
d accusation antérieurs au |4 P^^R» fl ^^H possi- 
ble encore que S2| çqpduitç ^U^peure ne fif^t pa^ 
apssi con4wip|a[|^le gp'^î^aipflt p^ le çrpire jusqv^'ici 
peux qui. ^ ajaj^nt pa^ ^nt^çn^u sa défense. 

» On m objectera qu'id au moins il pe saurait 
plus j yvojr^ ^^fl^MfP» R^fP? fl*?^^ ^? WF^p'iî?.' Spue 

» Je fepqpcjr^ ^Vf ÇP ®,%V^'' ?V9^!^ l'avoir lue j 
çaaisçjtiç cçf <!|fff^ 71^ 4^ff f!W ^f^ w¥4^ ^qfi/<s^ 
/^5 ç^rc9i^5|^^e^ grai pnt.ffjp^ur ^a yoîpnté du 
maréchal et influ^ ^m^ ^^s.i^terminationq. 

}} l'Ç/df<f sevjl pç coqsjti^i|p p^s le prime , c'est 
surtout l'fiftiej^fiQn qpi faif }ç pr^n^iopl :. yoil^ 
pourgqcîi ^^^ns jifppfécjgtij^ cjqs crimes le? p|up 
prdinaÎKes ^ p» re^erçljp Jppjpjjf? ftyec soi» y 

» 2^. ^i Va<<w§e ay^it t^/gW^ à.qQwifleittce le 
crime : 

>}V^. Et ^p|în , q^^llçs ffyai le? çirçpm^nces 
S^f î^gg'^^y^J^f î^ délit, pfi gui rattérii^ent^ : 

» Par Qons^gifeût i] ne suffit, pas qu^ le.fljaréphal 

I^H I4 1^ PR^ffi^'^9? ^ ^4> E9¥f f]pV>^ P^^^^ 
eo ponclgrp auj^ifôt qu^l g est ri^pdu coupable dp 
^aujLe traliisonvm^isilfa^ijl^pçprequil soîLprouvé 



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tjfiil i eu Vinièntiqfi (iolifiâBlê âë trakir h Roî , 
et àè tènvérser son goûuernèmèni toRSqu'ir. 

AURAir Pt7 Le bEFENDRE Avic SUOCÈS, 

i> t)ft9 pour apprécier au juste les intentions dfii 
maréchal , pour savoir quels poiivàîènt être 'ses 
jâfesseiti's iaii i4 î^ars, il faut se reporter à cette 
|iO(jue , et ne pas juge!* la moralité de son actioa 
par des événémens ûtterîèurs; qui /ont cliànge 
tout-à-faiilajposiliô'â ou chacun 's eit trouvé au mo- 
ment de forage. 

» A peine débarque , Bonaparte avait mis der- 
rière lui iine giiâiiclé eténilue dé pays. 

» Grenoble lui avait ouvert ses portes, il y avait 
trouvé utié ihàménsë àrlilîérré. 

>) SêsiTorces, déjà nombreuses, icroissâient à cha- 
que pias, 

» Le maréchal Nèy n'avait a lùî opposer que 
<ieui brigades fôridant à peine quatre régitnens J 
avec une artiltene presque nulle et fort peii àt 
munitions. 

» Il âVait échelonné ses troupes cîe L6ns-le- 
Saûlmèr sur Boui*g ,' de manière à pouvoir mar- 
cher sur Mâcon et sur Lyon. 

» Cette dernière ville semblait devoir pitrir uiie 
forte résistance , par rîmménsité dé sa population, 
la réunion d'un corps d^armée, la présence d'un 
maréchal justement 'esWe des troupes, et sur- 



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ai8 

tout d^un prince da sang que Famouf des l^ran^ 
çais avait partout accueilli. Mais»bientôt le mare^ 
chai apprit que le prince , n^ayant pu engager les 
troupes à fairérieur devoir ^ s'était replié sur Paris 
avec le maréchal Macdonald. 

» Cette défection des troupes qui formaient la 
première et la seconde lignes, laissait le maréchal 
Ney à découvert , sans moyen pour arrêter Bo- 
naparte et s'opposer à ses progrès. 

» Bonaparte marchait avec des forces supé^ 
rieures , une artillerie cdbsidérable, un nombreux 
ëtat-major; Fexaltation de ses troupes était portée 
au plus haut degré. 

» La petite armée du maréchal Ney , bien in- 
férieure en nombre , letait surtout en résolution « 

» Déjà Fesprit d'insurrection s'y faisait sentir. 

» Dans la soirée du i5 mars , le maréchal ap-« 
prit y par le préfet de F Ain y que le bataillon da 
j6\ qui lui servait d'avant-garde à Bourg , avait 
passé tout entier du côté de Bonaparte; ^ , 

» Quelesdeux autres bataillons du même corps 
gardaient à vue le général Gauthier, leur chef 5 

» Que le quinzième d'infanterie légère , placé a 
Sûnt-Amour , manifestait hautement le désir et 
la volonté de se joindre à l'ennemi. 

» Il apprit que le peuple insurgé de Châlons-sur- 
Saône s'était emparé d'un train d'artillerie tiré 



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3i9 
cTAuxonne ; sur lequel il oomptait; et que ht 
canonniers et soldats du train avaient été Qialtraités 
par la populace. 

» L'insurrection marchait devant Taudacieux in« 
sulaire et lui frayait la route ; son aigle , au vol 
rapide , avait déjà dépassé la ligne occupée par le 
maréchal Néy : les cris de vive Fempereur se ûd* 
aaient entendre jusqu'à Dijon !••.. 

» Rejeté sur la droite, le maréchal Ney se trouva 
dans un isolement complet ^ ne recevant point de 
nouvelles de Paris, point d'ordres, point d'ins- 
tructions (car il est constant que deux dépêches 
que lui avait adressées le ministre de la guerre , ne 
lui sont point parvenues ; il est constant encore 
qu'il n'avait reçu aucun ordre de Monsieur , sous 
le commandement duquel on se rappelle qu'S 
était placé ; et cependant il avait supplié le duc 
de Maiihé d'engager Monteur à lui faire passer ses 
avis , et mêjne de lui proposer une conférence 
pour concerter leurs moyens^ mais la rapidité 
avec laquelle les événemens se succédèrent n'avait 
pas permis qu'eUe eût lieu) ; 

» Que pouvait donc faire le maréchal réduit 
à ses propres forces (i), dont le nombre était 
diminué par la désertion de ses postes avancés, 
— - — •' i> I ■ 

(i) Il n'avait plas ciue âettxVégimeof. , 



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i 



20 



et par la capture de son artillerie^, au milieu (f une 
population qui s'insurgeait de toutes parts , et de 
soldats que l'exçinpla de leurs camarades entraînait 
vers la sédition ? . 
. » L'embarras de cette situation «(augmenta en- 
core ^ar 1 Vrivée dés émissaires dé .Booaparte ^ qui 
se répandirent dans lepaja^^arm^s de décrets et 
de proclapialions ^ et semant de faux bruits.^ 

>) Ils pénètrent jusqu'au maréchal ^ ils le trou* 
vent dans une extrême agitation , dans uneespèce 
ae bouleversement d'esprit ,. acceçisîble à toutes 
les impressions , et tremblant pour le sort de la 
France. 

» Ils sont porteurs d'une lettre 3e Bertrand ^ qui 
{)emt au maréchal Ney la nullité de sa position 
et la certitude d^ siiccès de Bonaparte (i). /, 

» Suivant cette lettre, Bonaparte a concerté 
son entreprise avec l'Autriebe ,.par l'entreoiise du 
«général Kolher. 



(r)B<JnkfpraTte jiariiisiàh iS s&t âe àclik Fait, quïl disait 
|iWtOirt qii'il airî^eAft à Paris ^lés rhtiihs'âans'tès pcchét. 
Il Vengageait pas leiaarëclial à revoir ii lui , ïl M^èhk- 
naù^des ordres comme U aurait. Jaii, un an aiuftirxwanl , 
et comme si leur position respective Weàt^pas changé. 
{Yojez les interîrogatôîres au maréchal. ) 



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3af 

» liAngleteiTe a fiivoriflé 6oa évasiod (i). 

jk Muraty triomphant , s'avance à grande pti$ Wr$ 
le nord de TltsJie , pour lier ses opérations ave« 
oelles de Napoléon. 

» La Prusse toute seule ne peiii pas se mesurer 
avec la France^ 

M Bertrand ajoute que le Roi de Rome et sa 
mère restaient en otages à Vienne, jusqu a ce que 
Bonaparte eût donné une constitution libérale à la 
France (â)»eic. 

» Les mêmes émissaires étaient porteurs d'une 
proclamation que Bonaparte avait fait |>répardr au 
nom du maréchal Ney* 

» Le maréchal fit appeler ses lieulenaas gâié-^ 
raui. Des lii^uieaans ddivem dire les simia de leur 



(I). Le kroit n'es êt^ii ps» Iet%.t*«iip8 couru à Paris? 
N'y vendait-on pas une caricature représentant Koiseao 
de Jupiter, renfermé dans une cage dont un Anglais 
tenait la porte fernoée , avec cette légende % Si ¥Qus^ 
bouge tj je le lâche? 

(a) Long-temps après l'entrée de Bonaparte à Paris , 
tout le monde ne c^oyait-il pas que Marie^^Louise allait 
Retenir avec son fils ? N'a-t*<jn pas , pour accréditer- ce 
bruit (aujourd'hui ridicule, alors vrai^mblaWé) , fait 
partir Ses àE|»pigei? Toas b^joufbaux n'en pariaient- 
ils pas? 

TOME II. ;il 



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généra]^ ils sont ses premiers conseillers. Le ma* 
réchal Ney leur communiqua ce qu'il venait de 
recevoir^ et les somiàa , au nom de Thonneur , de 
lui donner conseil. Quefirent^ils? Dëclarèrent-ils 
qu'il fiilhit combattre ; qu'on pouvait encore le 
. faire avec succès^ ou du moins qu'il fallait se retirer 
versle:IV(tt4^ Nullement. 

» Sans doute ils auraient voulii, comme le ma- 
réchal, que le mal fût moins grand, qu'il filit pos* 
. sible de l'arrêter, et de sauver la monarclûe; mais 
ils se repi*ésentèfent 

» La probabilité de toutes les nouvelles, annon- 
cées par Bertrand; ' 

* y> L'insurrection du peuple; 

v L'insubordination des soldats ; 
» Les» précédentes défections ; 
» La retraite de Monsieur; 

* » Celle du Roi, qu'on annonçait déjà comme 
opérée; 

» La crainte de verser inutilement le sang fran- 
çais et de prendre sur eux l'odieux et la responsa- 
bilité d'une guerre civile ! 

* » Ils pensèrent avçc douleur, mais ils crurent 
de bonoefoi^ que la cause des Bourbons était à 

jamais perdue ; . 

» Et h fatale proclamation fut lue aux soldats.... 
» Que celle lecture ait excitt; d'up côté des ciis 



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At pive Pémpereitrfpendani qite dé raiiire an ctiàU 
i^we le Roi; c'est un fait faux : les soldats furent 
UDàuiiiies(t); lés lieutenans généraux Bourmont 
et Lecourbe j furent présens; personne ne 
réclama (2). , . 

. » Maintenant I jele demande^ peut on direqud 

le maréchal Ney soit la cause des malheurs de la 

France ? Était-il en son pouvoir de lesprévenir ou 

dé les empêcher? S'il n'eût pas lu la procbmation^ 

la .révolutiop s'en fùt-dle moins opérée? PouTait-^ 

il faire ce que Macdbnald et Monsieur n'avaient 

pu exécuter avec des forces supérieures aux siennes ? 

Le pouvait-il, après que l'armée de Bonaparte 

s'était grossie de toute l'armée de Lyon? Et, quand 

quelques soldats restés fidèles auraient constenti a 

se berltre^ leur dévouement n'eût-'il pas été in-^ 

fructueux? 

» Je lé répète, il ne faut pas y pour apprécier la 
conduite du .maréchal Ney, le juger d'après l'état 
où se trouvent tes choses aufôurd'hui ; mais par 



' (1) Cest suttoiit pàritii Ui soldats et les lout-ôffici^râ 
que Bômrparie avait le pins de pattisaHS : c'cU \k ^<i'^<*> 
tait i^estioir.de TiivaDceineèt y: riméirétu* 

(i) Cène fut que le s6ir à dra litfures qte* l«4alo*^ 
ileïXhibaleQ'âenJAiklâ k se étirer. ^s 



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à 



3îi4 

réiat où «Iles éiaient au malIiQureax jour de ù 
proelaimtioii* 

» Alors , non lut (ait im reproche^ dutnoinson 
ne ItH fera plus uo crime de ti avoir paa pris sur lui 
de commeDcer la guerre civile • » 



é 



a On ne peut pds voir le n^i^hal dans une si- 
luftiton purement militaire, abutracUon faite de 
touiM tonsidiratiùju poUtiqaeSf ni rassimiler^ 
par exemf^y à un oommandaht de place <}ui ouvri*' 
râit ses portes à Fennemi. 

» Et laicore sétait-U vrai de dire qu'un oomiHt'^n * 
danl même 73^^^ oblige de tenir quf autant qiiil 
peut réaieter; et que , s'il j a bràcbe, il peut pré- 
venir Tassaut en rendant la place. 

)) De même donc « le maréchal , abandofmp 
il^une partie de ses soldats , connaissant les mauvais 
ses dispositions dés auures, voyant Tinaurreetion 
du peuple, la marche rapide de Bonaparte, la dé- 
fection générale de tous les corps armés depuis 
Cannes jusqu'à Lyoq , sans ordres, sans instruc- 
tions , sans conseils , f imagination frappée des 
nouvelles annoncées par Bertrand, a jugi la ri* 
êietance imposaibUp et a cédé au mouvement 
générai gui ê opérait autour d0 bué H mSvqI 



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fM perdre 4e w^ qoW était i Lyon le lo mam^ 
et i LoQCh4e-SaiilDÎfr le .i4» coïkuné à Paris le 
i)o mars. La révolution nesW pê$ opérée méthiv 
diquement da .jour de Tentrée de Bonaparte k 
Paris « mais progressivement à mesure qu'il gagnait 
da;p4|»et.s^van$ait sur le (erritoire. La réaislance 
devenue iinpnssihle à Pana le ao marS| était égale* 
ment impossible i LonM^S^ulnier dés le i4* 

y» Od objectera peut-étre^u'au moins le maréchal 
Nejf agirait du, ^^ommé.lenkarécbal Macdonald, 
se reûrei* vei^ le Roi^ «tJe sume a Gand! L'honr 
neuret .la fidéKié acAoinpagnaîént ce vertueux mo* 
Harque ; 4f était le pieùi Ëoee fujant avec les Aenx. 
del^apaivie.é..: :! .. : ^ .. 

» Ablsans dooteil serait à (Usirer^ pourl'tnlérét 
persoDiiel du m'avéch^l Bb^y, .^iiu'if eût pris cette 
heureuse. rfCMiluiâàDAi vil ^serait en possession de 
tontes sea.idi^ûtéa; :ili siégerait parqii^aas fuges. 
Mais n'y a^tril doncoaiiclin: milieu émre le comble 
di^Ja fai^eiàr it ledcrnieKtle^ré de la disgrâce? Le 
mar'éeh^liqui;, dami^sta jours de victoire ^ s'est 
mçntl^é si généreux fefnvccs les'émigrés> lès^trt^^ 
vera*t*il inflfipbles dans 9e$ revers? Ne .poumht^^ 
]lroi)ven auôune excuse dmïs un concoure de etr^ 
' cbMtaoees. jusqu'aloiB inoQï? 

» Depuis vingt-cinq ans oa avait va toutes lef 
fbrin^degomernei»^ se succéder ; on avait fiai 



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3%Q 
par dire et par croire çi/il ri y avait plus rien 
dimpossiblei Ainsi /on avait cru la chnte deBo« 
naparte impossible, et pourtant il était tonibe*; bi| 
avait desespéré du retour des Boarbôné, et pour'- 
tant ils étaient revenus \ leur puissance, fondée sur 
Famour du peuple et la légitimité de 'leursdroits» 
semblait à jamais afifermie> et Bonaparte , qu'on 
cropit aiiéanti pour toujours, vient de nouveau 
leur disputer la couropne! ' 

» On est fl'abord: tenté de croire c|tae sa folle 
entreprise éçhoueni ^ dd ordonne de lui courir 
sus , et de le traduire devaot les tribunaux coBïme 
un brigand ordinaire ) mais biepl/ôt it 'devien^ re^ 
dou table; plus il s'enfonce dans les teriies^, et plus 
sa troi^pe aiigmente \ oVst an torrent- qui se ré^ 
pand ; il entraîne toul oè quii'offre sur son pas^ 
sage 1* paysans V soldats, fbnciitiinnaires,' tout lui 
cède; il a déjà fqit ceqt mjg[t lieues sins i^rouver 
la moindre résistance; il marche à: <ioiip,^ùr 3 il 
parle de ses alliances ; )e!bmiioen> est si adroitènîgnt 
répandu, quon peut crpire^ qu'une parftie dé ÎËu^ 
ropea;ftvorisé son retour *, il n'avance pas eâ toit- 
quérmi^iluQy âge en poste. Un changenienc de 
gouTêmement parait itiévitaUe; et def 'fhil'^: en 
moins d'un mois, tout en Francç a;recoiiitytf 1^ 
pouvoir de. ce dominateur.; i- .:: I 

^ >? Sws dofite, (9 cwf» dn floi re^f^ii^ jtoujows F^ 



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3»: 

bonne, la seigle que Fhopneur pût avouer, la s^ule 
pour laquelle Dieu put se déclarer^ mais U niasse 
de la nation, étonnée du retour inopiné, et presque 
miraçuleu:^, de Bonaparte,, n-eiit ni le temps de se. 
reconnaître y ni la force de résister. Les soldats 
firent tqut{\) : ils ne furent.pas entraînés, ils en-» 
traînèrent leurs chefs (2). ; 

» L'armée croyait soutenir ses droits en retour- 
nant à ^n ancien général. 

» D'autres, qui détestaient ce chef, suivaient 
le torrent pour défendre le territoire contre Fin- 
vasion de Fennemi. Us croyaient qne la patrie ne, 
résidai t. que dans le sol : ils frémissaient à la seule 
idée qu'un ennemi tant de fois yaincu allait nou9 
attaquer daps nos limites ! 

» Il fallait une vertu ferme , inébranlable , et 
presque au-dessus des forces hûmaîiies pour persis- 
ter, alors dans le devoir : maïs ceui qui furent assea; 
heureux pour y parvenir, doivent -ils , pour 
cela, se montrer implacables eavers ceux qui se 
sont trouvés faibles? 

» La cojKluite du maréchal est qualifiée de 
crime par les uns ; d'autres rappelleront entrât* 

( i) BoQaparte n*a-t-ii pas dit lui-même : C<? ^ont les 
soldats et les Ueutenans qui wHont ramené? 

(2) Pouveit-oft, comme Ta dit le maxéchil ^ arrêter 
feau de la mer avec la matn ? 



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3^8 
oementi erreat*. iPbur moi^ si Ton tne demaûde 
quelle e&t la vériuible cause de nos désastres ^ je 
dirai f atec Je défeoseôr de Ogatlus ^ que é*est 
une malheureuse fatalité qui a surpris et subjugué 
les esprits^ eu sorte qu'on ne doit pas s*étonner que 
Ifi prudence humaine ait été confondue par une 
force supérieure et divine. 

NOTA- 

M Après Ce court r^sunle^ je devais répondre 
aui objections de M. le procureur-général , et vr^ 
mener toute la discussion aux deux points sui- 
vans. .... 

1^ vl Le maréchal ayant agi sans intérêt, sans 
préméditation, et isoiis Fempire de circonstances 
f:im)attér^uent le fait qui lui est imputé, qe peut 
élre considéré ni trait.é coi^me s*il avait commis 
ce fait avec toutes les circonstances portées en 
l^cie (f accusation. 

^2"*. » Il est d'ailleurs afiranchi de toute peine 
par Tartîcle i â de la convention du 3 juillet , et 
IVticJe II du traité .de Paris du ao novembre 
i^tS , qui renvoie à celui du 3o mai i8i4i ar« 
ticle i6. Ce moyen ii^a rien de préjudiciel > il 
tient éminemment au fond du procès ; il n'y a pas 
de fin de non-recevoir en matière criminelle ] tant 
(^uun homme n'est pas condanméf il peut faire 
valoir tous les moyens qui le protègent contra Tac-» 
cusation» Remarquons aussi ^ aurais^je dit, que» 



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ihoa son plumier iatentogitimn» êmmi &L le nip# 
porteur^* le maréchal s'àual réservé le drcit àTit^* 
Yoquer , lors dfis .plaidairie&.^ le inoyeo résultant 
de la con^enUon du 3. )mllet ; et > ce qui est bien 
plus fort y n'oublions pas que le traite du 20 no- 
vembre n'a paru quele 28 , et que , par conséquent , 
on n'a pas pu {'invoquer auparavant. Par la même 
raison, la chambre, en' obligeant à proposer cu- 
mulativement les moyens préjudiciels, i^^a pas en- 
tendu exclure fa proposition ultérieure de ceux 
qui , au jour de Farrét ,. n'existaient ps^ encore, — ? 
Cest ainsi que j'aurais ptacéle maréchal sous la pro- 
tection des traites, sous la sauve-garde de la foi jurée^ 
de celte foi que les anciens plaçaient dains TOIympe 
à côté de Jupiter^ et à laquelle uq de pos monar- 
ques assignait pour dernier reFuge le cœur des 
Rois. 

» La plaidoirie eût fini par des cqnsidérations 
politiques par lesquelles j'aurais essayé de désar* 
mer la. sévérité de la cour, eli lui présentant la 
clémence comme le meilleur moyen de rallier 
. tous les Français en préparant Toubli de nos dis*, 
sensions civiles, -— Enfin , j'auraia montré notre 
chère patrie , non comme une ferre sèche , al- 
térée du sang français ; mais comme une mère 
tendre , affligée sans doute des torts de ses enfans > 
mais fière em^ore de les pprter sur son smi; pr4t« 
à oublier leurs fautes , en compensation dé leurs 



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33o 
services, et sonriani malgro^dle^ àa M>nveDir de c« 
qu^ils ont fait âe grand* » 



Comité secret, commencé à six heures (i). 

Avant de pcxser la question , plusieurs pairs ont 
soutenu qu'ils étaient jures politiques y et qu'ils 
avaient évidemment par-là le <Jroit d'appliquer la 
peine qu'ils jugeraient convenable j onde la mo^ 
difier au besoin ;. d'abord par de» considération& 
d'intérêt public j ensuite parce qu'on a interdit 
à l'accusé la faculté de prononcer la dernière 
partie de sa défense-, parce qu'il élait reconnu au 
procès qu'il n'y avait pas eu de la part du marécbal 
préméditation; parce qu'il avait reodnd'énHneD9 
services à la patrie ; parce qu'enfin le codç pénal 
actuel n'est pas approprié aux circonstances. 

D'autres pairs ont soutenu , au contraire , qu il j 
aurait anarchie à se considérer comme jurés po^ 
Utiques. 

La cour consultée a arrêté, qu'il y aurait trob 
questions sur le fait et une sur h peir^e , et que 
sur toutes les questions chaque pair voterait libre- 
ment , selon sa conscience , sans être astreint à 
aucune formule. 

••«■•■•«1.1— IBW^i^i»"— ^—i^»"— ■^^■"— — •— ■— ^■•■^■•— "«i»"*"— ^"■■i""'""""^"^» 

' (i) La chambrç avait antérieurement décidé que pour 
la eondàmhatibn il ftiudrait . cinq voix mut huit* 



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33i 

La pfemièré question fat aini»! j^osée par M. lé 
pr&idént : 

M Le maréchal Ney a-l-il reçu des ëmissaire^ 
» dans la nuit dn 1 3 lau 14 i^^t^? » 

L'appel nominal lern^ine^ leprésidcfbta annono^ 
gue,- • . 

• ^Sufr 161 volatis ,11 1 pairs ont été pour Vaf* 
JtfrifHûive , et 47 pqor la négeUiuè. 

'Ttù\$ pairs , A{]^. Lànjuiuais , d'Aligre et de 
Nicolaï, ont prolesté,alléguant qu'ils ne pouvaient 
pÉgér en couscienoe ; attendu le refus qu'on avait 
fait à Faccusé d^entendre la fin de sa -défense sur la 
coiivëiition du 5 juillet. ' i . 

• Là cour a passé à la deuxième question : 

« Le maréchal JVeya^tril lu , le 14 mâfs , une 
h proctamation sur la place publique de Lbnsrle* 
«'Sajuhiilsr y et «^t-il invité les troupes ai la rébeU 
s lion et à la défection ?» 
' LVppel nominal fait sur les 161 Totabs, i58 
paifâdnt ét^ pour l'affirmative ; les trois pairs ont 
pén^lMé dans leurs protestations. ^ -. 
' t&disîmie questHm : 

^' éc 'ije- nïaréchal sr-t^l commis un atlentat à la 
ilè^téde l'état? » ' ' . 

Nouvel appel nominal. 
' ^ 187 voix sur les 161 ont étepour H affirmative t 
vm P^^h vpix 9 cc^le de M, le duc de BrogUe^ 



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33a 

pour la négatlf^0* L^a troia jmn âéàgqe^ k la 
première question ont encore persisté àm$ leur 
proiesuiion» 

On a passe kla quatrième. et dernière question» 
relative à /a/icim a appliquer. \^ 

Il a été fait de nouveau un appel nominal*^ ^ . . , 

Sur ka 161 votans , i5q mx réduite *à i^aB a 
cause d'avis semUaUes entre. paréos» ont vot* e)ii 
partie pour la peine capitale. appliquée suivant les 
formes militaires» 

Parmi ces i4S pairs, 5 ont voté en recfmpwvj 
dant le maréchal à la clémence du Roi« ;. j \i. 

1 5 pairs, usant de la faculté accordée de potwoii: 
modifier la peine, ont voté pour la dép^9rtuU(^ » 
et 4 autnea se mut abstejQUS. 

M. le président a informé la ehambrf) qu'il tdlait 
être procédé à un nouveau tour de sçmtw' fSSMt 
savoir si Ton modifierait la peine* ' : m/ :i u 

Avant lappél nominal , la chambre a ent/^u 
un éloquent discours de AL le comte d^ Mftil^yîU^f 
sur la nécessité de modifia lapdme lanl* taiti». h 
rapport politique que sous celià de l'illtiâlrMion 
de l'accusé. Cette opinion a été $oiltemie t#ur à 
tour par MM. Lemercier, Lenoir-Laroch)»! Qw>lr 
let et Lanjuinais. . 1 / 

Ce dernier pair^ d^andoonanl le $y8^kvûi^ de 
protestation dans lequd. il avait persista, ^ufirr 



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333 
ijuVilorft, pour concourir à faire attënuér la peine, 
a éi%t II n'y aurait ponnt de chambre des pairs 
OU' il ne devrait pas y eu avoir si , en fait de 
crimes d'état , elle n'était pas un grand furi po^ 
lUique astrcânt principalement aux considéra- 
tions d'utilité publique^ Ainsi, a«t*>il ajouté, 
considérant : 

t^» La conviction oà je sois qu'il y a des 
vices majeum dans l'instruction) 

y. L'art. 12 de la convention de Paris, qui 
s'applique à l'accusé ou à personne , et qui a été 
rejeté sans l'cntenclre dans ses moyens de dé« 
fense ; . 

S"". Les ârconstances atténuantes que chacun 
connaît, et ^ai, véritablement, n$ sont prévues 
par aucune de nos lois; 

^. Redoutant pour ma patrie l'abîme de 
malheurs qui peuvent nattre de la multiplication 
des supplices pour des crimes politiques , mul- 
tiplication que je verrais appelée par celui de 
Faccosé ; j^accède à Tavis pour la peine de la dé- 
portation. ' 

L'appel nominal terminé, 

Sur les i6i membres présens, 

iSg voix y réduites à 128 à cause d'avis sem«* 
blables entre parens^ ont persisté pour la peine 
capitale ; 



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3ïf 

1^ pair» pbur /a déportation :ct sont 
MM. Colaud , ChoUet , de Richebourg , Malle-^ 
ville , Leooir-Laroche ) le Mercier, Lanjuinais^ 
Henvyn, Cbasseloup^Ladebat , deBroglie, Fon- 
tanes, Cuiia), I^ayy-Tolleûdal ^ de Montmorenci; 
Gi*eniér, KJeio;, QouvioD« ' 

5 pairs, MM. le comle de Nicolaï, le 
marquis d'AIigrè , le comte, de Brigode ^ Te comte 
Sainte-Suzadne » le duc de Gboiseuil - Stainvîllej 
ont; proposé de recommander le maréchal à la 
<;IémeQce du. Roi. 



A onze heures et demie du soir Taudienccl 
publique a été rouverle* 

M. le président a dit : Appelez à haute voit 
les défenseurs. 

Les défendeurs. étaient absens (i)* 

On na pas fait venir rac^Usé. . 
. M. le chancelier président, a prononcé Fan et 
suivant : 

« Va par la chambre Tacte. d'accusation dressé 
» le 16 novembre dernier par MM. les commis- . 

(i)Asix heures et demie ils s'étaient rendus dans la salle 
servant de prison au maréchal ; celui-ci, voyant leur pro- 
fonde affliction, leur dit, après lés avoir embrassés :^*CaI- 
ï» mez-vons, inés.cbers einis, nous allons nous quitlef j 
" mais nous nous revt'rrons là-hant- >» . - ' ' 



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33S 
>i saires du Roi » nommés par ordonnances dft 
» S. M. des II et 12 dudit mois, contre Michel 
M Ney , maréobal de Frande, duc d'Elchingeû , 
» prince de la Moscowa, ex-pair de France, né à 
» Sar-Louis , département de la Moselle , âgé de 
» quarante-six ans , taiUe d*un mètre soixante^treize 
» centimètres, cheveux châtains-clairs, front haut » 
y sourcils blonds , yeux bleus , nez moyen , bouche 
» moyenne , barbe blonde-foncée , menton prp- 
» nonce , visage long , teint clair , demeurant à 
* Pans. 

)» Duquel acffe d'accusation la teneur suit (suit 
la teneur de l'acte d'accusation ) ; 

» L'ordonnance de prise de corps rendue le 17 
dudit mois de novembre contre ledit maréchal 
Neyî 

» Le procès verbal de signification tant de l'acte 
d'accusation quç de la susdite ordonnance de prise 
de corps faite audit maréchal Ney, accusé, le id . 
dudit mois , et de remise de sa personne en la 
maison de justice du département de la Seine; 

» Ouï les témoins cités à la requête du minis-«> 
tère public en leur déposition orale ; 

» Ouï également les témoins cités à la requête 
de l'accusé ; 

: » Ouï le ministère public en se$ conclusions 
^ moliyées , et tendantes à ee que l'accusé soit dé-* 



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336 
daré coupable du orime qui lut esi ioiputé 61, ean* 
d^mné à li pane qu« k loi profioude pOrur le cal 
dont il s*ltgit ; ^ 

» Ooï les défensaofs de Faccusé en leurâ plaw 
doirîei) 

» Oui également Vaccuse en ses moyens de>lé* 
fense; 

)» La chambre, après en avoir délibéré, attendu 
qu*il résulte de Tinstruction et des débats que le 
maréchal Ney , prince de la Moscowa , est con- 
vaincu d avoir, dans la nuit du 1 5 au 1 4 °^ai*5 i 8 i 5, 
accueilli des émissaires de l'usurpateur^ d avoir, 
ledit jour i4 mars i8i5, lu sur la place publique 
de Lons-Ie-Saulnier , département du Jura , à la 
tête de son armée, une proclamation tendante h 
Texciter à la rébellion et à la désertion à Fenoeuii \ 
d^avoir immédiatement donné Tordre à ses troupes 
de se réunir à l'usurpateur , et d avoir lui-^nniême 
a leur tête effeclué cette réunion*, 

» D'avoir ainsi «commis un crime de haute tra- 
hison et d'attentat à la sûreté de l'état , dont le but 
était de détruire ou de changer le gouvernement 
et l'ordre légitime de suecessibiUté au trône y 

» Le déclare coupable des crimes prévus par 
les articles 77, 87 , 86 et loa du code pénal ^ et 
par les article& 1^'. et 5 du titre I*'» de la loi du 



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337 
aibromaire anV, et encore par fart. i^''. du titre 
ni de la mëms loi ; . \ 

» En couséquencp ^ faisant applîcatiob desdîu 
articles , lesquels ^nt ainsi coaçus , savoir : 

m L^article 77 : a Sera également pnnide mort 
» quiconque aura pratiqué des manœuvres ou en- 
1» tretenu des intelligences avec les ennemis de 
» rétat , à l'effist de faciliter leur entrée sur le ter- 
» ritoire ei dépendances du ropume de France , 
» ou die leur livrer des villes , forteresses , places , 
> postes 9 ports , magasins , arsenaux , vaisseaul 
|j ou batimens , appartenant à la Ffance ; ou de 
» fournir aux ennemis des secours en soldats ^ 
» hommes, argent, vivres, armes ou munitions ^ 
» oii de seconder les progrès de leurs armes sur 
» les possessions ou contre les forces françaises 
» de terre ou de mer , soit en ébranlant la fidé- 
» lité des officiers , soldats , matelots où autres 
» envers le Roi et Tétat , soit de toute autre ma- 
» niére ; » . . 

» L'article 87 : « L'attentat ou le complot contre 
» la vie et la personne des membres de la famille 
» royale j 

p LV^tentat ou le complot dont le but sera : 
» Çoit de détruire pu chdPger le gçuverneraent 
» op rwflre de succçssihilité ^u irône , 

TOME II. A2 



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338 

» Soit d'exciter les citoyens ou habitans à s'ar* 
D mer contre rautorité royale , seront punis de la 
» peine de mort ; » ^ 

» L'article 08 : « Il y a attentat dés qu'uni actQ 
» est commis ou commencé pour parvenir à J'exé- 
)> cutioD de ces crimes , quoiqu'ils n'aient pas été 
j» consommés ; » 

)) L'artide lo:^ : « Seront punis comme, cou- 
» pables des crimes et complots mentionnés dans 
» la présente section , tous ceux qui , soit, par dis- 
» cours tenus dans des lieux ou réunions publics^ 
» soit par placards àfEchés, soit par des écrits 
>> imprimés, auront excité directement les citoyens 
?) 'ou habitans à le$ commettre ; 

)> Néanmoins , dans le cas où Jésdites provoca- 
yi tions n'auraient été. suivies d'aucun effet, leurs 
» auteurs seroiit simplement punis ^du bannisse- 



» ment; » 



M L'artide i«r. de la loi. du 21 btomalhe an 5 : 
« Tout militaire ou autre individu attaché à l'ar— 
» mée et à sa suite , qui passera à Tçunemi sans 
» une autorisation par écrit de ses chefs , sera puni 
» de mort ; » 

» L'article 5 : a Tout militaire vpu autre îndî- 
» vidu attaché h l'armée dû à sa suite , cfii sera 
» convaincu d'avoir excité ses camarades à passer 
» Aez l'ennemi , sera réputé chef de complot,' et 



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339 
W. puni de mort, qaand même Id déserlioa n aurait 
» poinf eu lieu ; » 

• » L'article i?'. , titre III : « Tout militaire ou 
^ autre iodividu , attacbé à Fermée ou à sa suite » 
» convaincu de trahison , sera puni de mort \ » 

)» Condamne Michel Ney, maréchal de France» 
duc d!£lchingen, prince de la Moscowa, ex^pair 
de France, à la peine de mort -, le condamne pa*^ 
reiUement aux frais du procès ; • « 

» Ordonne que Texécution aura lieu dans la 
ibrme prescrite par le décret du 12 mai 1795, et 
ce, à la diligence des commissaires du Roi ; 

» Et, conformément à la faculté accordée par 
l'ordonnance de Sa Majesté, en date du 12 qo- 
vembre dernier , sera le présent arrêt prononcé 
publiquement , hors la présence de faccusé , et 
^n présence de ses conseils , ou eux appelés , et 
lu et notifié à laccusé par le secrétaire-archiviste 
de la chambre des pairs, faisant les fonctions de 
greffier, à la diligence des commissaires du Roi. 

Après le jugement, M. le procureur-général a re- 
qui&que, conformément àla loi du 24 ventôsean 1 2, 
le condamné fût dégradé de la Légion d'honneur. 

M. le président a prononcé que le maréchal 
Ney avait manqué à Thonneur , et a déclaré , au 
nom de la légion d'honneur, qrfil avait cessé d'en 
être membre. 



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34o s ' 

. . » Le présenl arréi sera imprima et affiché à la 
diligeDce de MM. les commissaires du Roî^ 

«Fait et prononce en chambre des pairs, à 
Paris, le 6 décembre i8i5, en séance publique.» 



AprèVl^ prononce du jugement v Ifl chambre 
«est formée ^i| oomilé général > po»r laisser aux 
cinq membres qui ont été d*a¥is de recommander 
jl^ maréchal à la clémence du Roi » la faculté de 
renouveler leur proposition, après tôutefois^ avoir 
entendu le procureur général de la cour royale. 

Cette proposition n'a pas eu de suite. 

On a proposé ensuite que tous les membres 
présens signassent le jugement : plusieurs pairs s^ 
sont opposés, en disant qu'ils ne pouvaient s^poser 
leuf signature sur un acte fait contre leur avis; 
que néanmoins ils étaient prêts à signer le procè^- 
verbal des opinions. v 

On a fait observer que les juges d^s cours et 
tribunaux étaient pbligés de signer Tes jugenîens 
de leur chambre, à peine d'amçnde^ 

Le président a fait remarquer que y le rçfq9 de 
quelques pairs ^^entr^tnant p^s )a nuIUt^ du jiv* 
gement ^e la chai^re,^il cwyeoait 4^ pw^f 
outre. • '. ' 



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34i 
Le jugemecU ei lexpédition obi été immédia» 
teme^t^igûëé. : 

La séance a é(é levée à trois heures du matins 



' Le 7 décendire, à trob heures du matin ^ la 
garde du maréchal avait été remise à M. h marér 
chai d0 oampiMnntéde Rbohechouarty ccmiilian- 
dan,t de la place dé Paris y qài avmt été chargé par 
M. I^ • lieutenant général Beépinoîs , comoiiaodaDt 
ia première A?ifiîon, d'aprc^ les ordres de MM. 1^ 
éommissaîrbs di» Roi, 4^urer Texécution cb 
f arrêt de la coiin s • - 

A trois heures^ et demie:, Mé le chévdier Gait- 
<:hj, secrétaire ai'dbsviste de la chambre déft pairs , 
remplissant les GmÊUcns de greffier, s'est présenté 
dans la prison du marédial^ çpi dormait profea- 
dément, pour hii lire son arrêt. LorsqueM. lé dbe^ 
valier Gtinchjr en vînt h la lecture des titres et 
quafttésda maréchal; celui^<iif interrompit en lui 
disant: « Dites Michel Ney, et unpeudepùM^ 
èières.... >< ^ 

Le niarédial entendit *la leôture de Farrét avec 
le plus grand calMev 

Sur l^faservlràoii^ lui fbt faite qu'il étmtle 
maître de &ire ses^adieux à sa femme et à ses en- 
fans, il demanda qu'on leur écrivit de venir enu-e 



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34a 
m et sept Iièures du matio, « «Tespère, ajouta-t-il, 
» que votre lettre n'annoncera pointa lamaœchale 
» que son mari est condamne : c est à moi; à lui 
» apprendre quel est mon sort. )> 

M. Caucby s'est alors retiré 9 et le maréchal se 
^eta font babillé sur son Kt. ILne'urda pas à s'en-* 
•dormir»' . ! :i \ .. ..; 

- A quatre heures etdëhiie daniatîp, il futré*^ 
'veillé' par Tarrivéede^lii marédfaalë aceômj^agfnée de 
^èsenfans et de madame: Gampn v <â ^<^^^' ^^^^^ 
'femme infortunée > en en[trai^tidinisi& chambre dé 
'son'mari, tomba roide^pr lé plaiMchec;: le. maréchal^ 
aidé de ses gardes , la releva j à un-ilongfévaDOuisser 
-meut succédèrent dès pleurs et des sanglots. Ma- 
rdaine Gamon; à genoux jdevâàit le m'arëdhal^.né- 
iait'pas dans un état moins d^pferaUeique sa sœur. 
-Les enfans, sonàbres et^encieuxV n^oni pas pleu- 
ré 9 l'aîné est âgé dé onze à douze kdsv Le maréchal 
leur a parlé assez Idn^-tëmpâ-, ornais, à voix basse. 
Tout à coup il s'ést.levjé^ et ^leiig^gé^sa famille à 
•se retirer. '..,•.••". .. \\, ;«/; . > ; 

» Resié seul avec ses gardes , il s'est promené 
:daos sa chambre.. Un.de' ces igardes*, grenadier de 
Laroche-Jacquelin, lui a dit : a Maréclial, au point 
tJùvous en êtes, nedevriëz-youspas.penseràDieu? 
-C'est toujours une bonne chose que de se récon- 
cyier avecDièn.» Le maréchal s'arfêta, le regarda} 



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343 
et, aprè^ uiîi; moment de.sileoce, il lui dit : w Vous 
» avjâz raisjsn , oui, vous avez raison; il faut mourir 
)> ^n\honn,etQ hommç et en chrétien : je désire voir 
» M. le curé de Sâint-3^1pice. » Ce brave grenadier 
lie se^fi J^l p^s dire deux . fois y l'ordre fut , donné , 
et le^^|iré()6 Saint-Solpice ne tarda pas à êlre in- 
troduit; dâj^s la ; chambre du maréchal. Il resta 
enfermé trois quarts d'heure avec lui. Lorsqu'il se 
retira ,; le maréchal lui témoigtia le désir de le revoir 
à ses derniers momeqs.. Ce vertueux ecclésiastique 
Iqî tiipit parole. A huit heures et demie il était de 
retour. : A pçieuf faei^iresle maréchal, averti que le 
moment; Qifiit arriyéj a descendu'd'un air ferme et 
IraQquillQ, |iu milieu; de deux lignes de militaires, 
les degrés de Fescalier du palais du Luxémbpurg,. 
Une voilure Fattendait à la porte du jardin ; TVI. le * 
euré de Saipt-Sulpice y est monté avec lui, et le 
maréchal lui a dit : w Montez le premier ,monsieur le 
)» curé; je serai plus vite que vous là-haut. » Ar*- 
rivé à la grille qui donne du côté de TObservaloire , 
le maréchal a mis pied à terre et s'est allé placer 
plus loin , en face des vétérans commandés pour 
l'exécution de l'arrêt. 

3ur la proposition faite au maréchal de lui 
bander les yeux et de se mettre à genoux, il a ré- 
pondu : « Ignorez-vous que depuis vingt-cinq ans 
» j'ai l'habitude de regarder en faoe la balle et lo 



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344 

' TU boulet? » Il a ajouté : <c Je proteste devant Dieu 
» et la patrie, contre le jugement qui rae con- 
» damne. J'en appelle aux hommes, à la postérité, 
» à Dieu : Vive la France! » 

Les vétérans ayant reeu Tordre de ârer, !• ma-^ 
réchal leur a crié , en mettant la main sur son cœur : 
« Soldats, hâlez-vous et tirez là. » Les vétérans ont 
fait feu. 

Ainsi périt , le 7 décembre i &i 5 , à neuf heures 
vingt minutes du matin , et dans^ sa quarante- 
septième année, un guerrier dont les exploits re* 
ternirent pendant vingt-^nq ans dans toute FEu- 
rope. Sa mort n'effacera point sa vie ; et rhiatoire 
conservera soi^eusement le souvemr des hanta 
£dts qui l'ont illastrée. 



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M5 



LISTE 

Des Pairs qui ont siégé pendant te procès du 
maréchal Ney. 

M. Dambray , Chancelier de France ^ pré* 
sidenU 

MM, 

Le doc d'Uzès. 

Le duc de Ghevreuse; 

Le duc de Brissac 

Le duc de Robati. - 

Le duc de Luxembourg. 

Le duc de Saint-Aigoan. 

Le duc d'Harcourt. 

Le duc de Fitz-James. 

Le duc de Valeotinois. .. 

Le duc de la VauguyoUji 

Le duc de la Rochefoucauld. 

Le duc de Clermoxtt-Toanerre. 

Le duc de Choiseuil. 

Le duc de Coiguy. 

Le duc de "Broglie. 

Le duc de Laval-Montmidrency; 

Le duc de Montmorency. 

Le duc de Beaumout. 

Le duc de Lorges» 

Le duc de Croi-d'Havré. 



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')0. 



346 

MM. 

Le duc de £évis. 

Le duc de Sauh-Tavannçs»^ 

Le duc de la Force, t* - - i 

Le duc de Castries. 

Le duadeDoudeauvîIIe. M ,..;^ % 

Le prince de Chalais'. ^ ^ 

Le duc de Se'rent. ^ "'* ' 

Le maréchal duc de Raguse» 

Le comte .^âJbiîah /»'.«!.) cV 

Le comte Barthélémy. 

Le comte de Beaubarnais. 

Le comte de Beaumont. 

Le comte BerthoUet. 

Le comte de BeurnonYJ|[p^.j,, 

Le comte de CancIauxV ' . 

Le comte de Chasseloup-I^dbs^t 

Le comte ChoUet. , J.'[ 

Le comte Colhaud. ; ,\ * .V 

Le comte Cornet, ' ' ' '!.,.(./. 

Le comte d' Aguesseaù. * . _ . . . 

Le comte Davoust. l- '].::.,. v. 

Le comte Démon t. •'**:' 

L.e comte Depere. . ;; ...^ j, • .;; '^ ,> \ 

Le comte d'Haubersaert, ..' \', , '\ ,7^ 

Le comte d'HédouvilIe. , , ; o ^ 

Le comte Dupont. ' /. • . , .,. ,j ., j 

Le comte Dupuy. *.; ' *. • .\ 

Le comte En;mery. ;, - ,. . ' ^ijr. ,, ^ 

Le comte dé Fontau^s^ . 
Le comte Garnîer.' • ^^,., ^^ j! , 
Le comte de Gouvion." 
Le comte Herwyn» t , . 



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34? ' 
MM. 

Le comte Klein. 

Le cofQté A^ L^marlillière* . 

Le comte LaûjvuuQfôs. 

Le comte Laplace. s ' . .' . 

Le comte Lecouteulx-Canteletl^ 

Le comte Lebrun de RochemoAl. . 

Le comte Lemercier. . * 

Le comte Lenoîr-Larôcbç* r ,;, 

Le comte de Lespina3se. . '- 

Le comte de Malle viijé. , , 

Le comte de Monbadon*. /-' : ;. i 

Le comte de Pastoret. ; . ' ;, i 

Le comté Père. . ' . 

Le maréchal comte iPérîgîWHi. / • 

Le comte Porcher -de Riphehourg. 

Le comte .dq .SwiterSii;(M3tQe; ; ' 

Le comte de Saint- ValIier^Mi: 

Le comté de Sémonvillç..' .. '' .. , /, 

Le maréchal comte Serrurier. ' . 

Le comte Soulca. * :.- ; - ' -: 

Le comte Shéé.., ; ?': 

L^ comte Tascher. . 

Le maréchal duc de Vahnyi:;.' • > • ' 

Le comte Vaubois. ■ ' , - \ \ T ^ ■ ■ - 

Le comte de Villçman2y'.;.î.;j ^ 

Le comte Vimar. . • .. ! 

Le comte Maison. ...:/•! 

Le comte Dessoles. 

Le comte VictQr,.de Latour-Mâubourg. 

lue comle Curlal. ', 

Lecomlede Vaudreuil. 

Le Bailli de Criïssol. 



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MM. -^ -' 

Le marquis d'Harcourt, 

Le marquis de Clermont-G^Ieranéé; 

Le comte Charles de Damas; 

Le marquis d'Alberlas. 

Le marquis d'Aligrç. 

Le duc a Anmbiit. 

Le marquis d'Avarai. ' 

Le marquis de BoisgeHtt. ' " 

De Boissy du Coudray. 

Le baron Boissel de Monville. 

Le marquis de Bonnay. 

Le marquis de Brezë. 

Le comte de Brigode. 

Le prince de Bau&émont* ' 

Le duc de Bdlune. 

Le comte de Qenaaant-Toiiiierre • 

Le duc de Caylusi,' 

Le comte du Cayla. 

Le comte de CasieUane.; 

Le vicomte de Chateaubriatirt. 

Le comte de Choiseuil-Gouffier* 

Le comte de Contades. 

Le comte de Grillon. 

Le comte Victor de Caramati. 

Le marquis de Cbabannea^ 

Le général Campans. 

Le comte de Durfort. 

Emmanuel Dambray« 

Le comte Etienne de Damas. 

Le chevalier JAndigné. 

Le comte d'Ecquevîlly. 

Le comte François d'Escars» 



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H9 

MM. ' .:' ' 

Le comte Perrand. 
Le marquis de Frondevillen 
Le comte de fa Feronnais. 
Le comte de Gand. 
L^e marquis de Gontant^Biron. 
Le comte de la Guiche*. 
L amiral Gandierâme. 
Le comte d'Haussou ville* 
. Le marquis de Juigné. 
Le comte de LaUy-Toleiu&^ 
Le marquis de Louvois. 
Ghristiao de LamoignoiK 
Le comte delà Tour-du-Pin -Gouvernet. 
Le comte Lauriston. 
Le comte de Machaut d'Arnouville. 
Le marquis de Mortemarl. 
Le comte MrAé. 
Le marquis de Mathan. . 
Le vicomte Mathieu de Montmorency» 
Le comte de Mun. 
Le comte Dumuy . 
Le général Monnier. 
Le comte de Nicolaï ( Théodore). 
Le comte de Noé. 
Le marquis d'Orvilliers. 
Le marqui» d'Osmond. 
Le marquis de Raigecourt. 
Le baron de la Rochefoucauld. 
Le comte de Rougé.* 
De Saint-Roman. 
Le comte de Reuilly. 
Lepeletier de Rosambo. 



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35a 
MM. 

De Sèie. 

Le baron Séguier. 

Le comte de Suffren-Saint-TropeK. 

Le marquis de la Suze. . 

Le comte deSaint-Priest. ; 

Le marquis de Talaru. 

Le comte Auguste de Talleyrand. 

Le marquis de Vence. 

De Vibraye. 

Le vicomte Olivier de Vérac. 

Morel de Vindé. 

Lynch. 



ÏIN. 






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